Derrière sa jolie couverture et un titre accrocheur, se cache une histoire bien sombre que celle de La Fabrique de Poupées, d'Elizabeth Macneal. Des poupées comme on en connaît, il y en aura peu dans ce roman historique. Il faut plutôt s'attendre à un tout autre genre de "poupées"... Du genre empaillées. C'est peu avant l'Exposition Universelle de 1850 à Londres, que débute cette sombre histoire où l'art et le suspense se confondent. Une histoire où l'odeur de térébenthine du peintre Louis Frost se mêle à celle, plus morbide, d'un taxidermiste nommé Silas pour enfin ricocher sur celle d'Iris, jeune femme en quête de liberté. Quel est donc le rapport entre ces trois personnages ? Si l'amour est partie prenante du roman, il serait aisé de le placer en son cur. Car chacun de ces protagonistes n'aspire en premier lieu qu'à combler leurs ambitions artistiques et ce, de façons bien différentes... Tandis que la lumière et la sensualité inondent la toute fraîche relation entre le peintre et son nouveau modèle et apprentie sous les traits d'Iris, l'ombre grandissante et inquiétante du taxidermiste grandit. De façon obsédante et entêtante, l'image de la jeune femme nourrit ses fantasmes longtemps enfouis... Avant de te dévoiler ma gourmandise associée au livre, laisse-toi embarquer par ce court podcast !
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"Cueillez dès à présent les roses de la vie,
Car le temps jamais ne suspend son vol
Et cette fleur qui aujourd'hui s'épanouit
Dès demain sera flétrie."
Robert Herrick
"Aux vierges, pour profiter du temps présent",
extrait du recueil Hespérides (1648)
Elle a dessiné chaque pétale, chaque tige. Maintenant, elle doit ajouter des couleurs, insuffler la vie avec chaque coup de pinceau.
"Elle songe au visage de Louis quand il pose pour elle, à la pureté enfantine de ses traits, à ses cheveux sombres et bouclés - elle devrait ajouter une pointe d'émeraude sur sa palette."
…Mais je veux qu'on me prenne au sérieux en tant que peintre. Crois-tu qu'une femme puisse l'être ?
- Eh bien, tu as toutes les chances de ton côté, car tu as du talent.
Parfois, j'ai du mal à croire que nous allons mourir. Et que, après ma mort, le monde continuera de tourner comme il l'a toujours fait. (…) Quand ma mère est morte - c'est stupide, je le sais -, je me rappelle avoir été surpris de voir le soleil se lever quelques heures plus tard. Il m'aurait semblé plus naturel que tout s'arrête, que le soleil cesse de briller, puisqu'elle n'était plus là pour le voir.
"La liberté est une chose précieuse."
"_Venez. Je ne supporte plus d'être enfermé ici. Allons nous promener !
Elle rit.
_Etes-vous devenu fou ?
_J'ai toute raison de le craindre. Et je souffre d'une maladie grave.
_Sans espoir de guérison ?
_L'apothicaire m'a assuré, répond-il après avoir croisé le regard hautain de la bonne dans le hall d'entrée, que mon unique chance de rémission réside dans la fréquentation d'une amie attentionnée."
Tous ces êtres humains, avec leurs soucis, leurs joies, leurs amours, leurs frustrations, leurs larmes, leurs rêves et leurs rires, ne sont-ils pas glorieusement semblables?
Je suis ici, maintenant, pense-t-elle, et Louis est ici , maintenant. Tout est parfait. Ou parfaitement imparfait. Elle est parfaitement perdue.
"La solitude est une calamité. Il a toujours prétendu le contraire - quand on n'a pas le choix, à quoi bon regretter ce que le destin nous impose ? Mais le silence qui règne dans sa boutique, la place froide et vide à côté de lui sous les draps, les récits qu'il se fait à lui-même, faute d'interlocuteur, le va-et-vient lancinant de ses pensées - tout cela l'a laissé exsangue."