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Critiques de Dominique Barbéris (218)
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Une façon d'aimer

Un portrait jauni sous-titré « Douala, allée des Cocotiers, 1958 » et une allusion sibylline échappée il y a bien longtemps à sa grand-mère - « Parles-en donc à ta tante, de ce genre de bêtise. Elle a failli en faire une, et une grosse. Tu gardes ça pour toi, bien sûr. » - ont longtemps intrigué la narratrice sans que rien ne lui permette jamais de cerner le secret de Madeleine, cette tante toujours si discrète et élégante dont on disait qu’elle ressemblait à Michèle Morgan et que son mari en était fou, au point de mourir de chagrin lorsqu’elle s’éteignit, il y a seulement quelques années. Désormais « passée de l’autre côté du temps », Madeleine a néanmoins laissé quelques vieilles lettres et photographies. Ce sont elles qui permettent aujourd’hui à sa nièce et à sa fille de retracer son histoire oubliée, une histoire où ne serait arrivé qu’un « presque rien » qui a pourtant tout changé, une histoire qui, « d’une certaine manière » a fait d’elle « l’héroïne d’un roman que personne n’écrira. »





Madeleine a vingt-sept ans lorsqu’en 1958, elle se laisse épouser par Guy pour le suivre depuis Nantes jusqu’au Cameroun, où il est négociant en bois. Transplantée de son modeste et paisible milieu provincial dans un pays d’Afrique en pleine effervescence indépendantiste, la jeune femme bientôt maman d’une petite fille découvre le huis clos de la microsociété formée à Douala par les colons français. Alors que dans la touffeur tropicale fermentent doucement inquiétude et incertitude face à l’avenir, instaurant un climat de tension de plus en plus palpable, l’on y trompe angoisse et ennui dans l’apparente insouciance des mêmes sempiternelles soirées, où, entre danse et alcool, se nouent des liaisons faussement secrètes alimentant les conversations de cet entre-soi à qui rien n’échappe. « Avec sa beauté raide, un grand fond de timidité, et cet air provincial décourageant, à la fois sévère et désemparé, avec lequel elle cherchait à donner le change », la discrète et sage Madeleine se retrouve ouvertement courtisée par un certain Yves Prigent, un administrateur dont la réputation d’aventurier parachève la séduction. Que se passe-t-il alors exactement ? Quatre ans après l’installation du couple à Douala, on retrouve Madeleine et Guy de retour à Nantes, silencieux sur leur épisode africain.





Sur la pointe des mots, une infinie mélancolie se mêlant à l’exquise délicatesse de son écriture, Dominique Barbéris explore patiemment l’histoire de la tante Madeleine, et « peut-être, à travers elle, celle de beaucoup de femmes de sa génération, la génération de la guerre : une histoire sage, une vie retirée et discrète traversée d’un bref coup de folie, une romance secrète. Difficile de savoir ce qui arrive à une femme. » « Avec son élégance datée, discrète et raisonnable », « un peu comme si elle portait le fantôme de ce qu’elle était autrefois », Madeleine aura poursuivi en silence sa vie d’épouse irréprochable, laissant à jamais ses désirs, non pas seulement au rayon des souvenirs, mais à celui des possibles perdus. A observer ce couple âgé qu’ils ont fini par devenir, elle résignée sans le dire, lui lui pardonnant, toujours sans mot non plus, parce que l’aimant sans mesure, l’on s’émeut des non-dits et des abysses secrètes cachés par tant de ces vies apparemment sans histoires…





Après une très vraisemblable Bovary contemporaine dans Un dimanche à Ville-d’Avray, Dominique Barbéris nous propose cette fois une subtile Princesse de Clèves, en tous les cas un nouveau personnage de femme tiraillée entre réalité conjugale et désirs sacrifiés, pour un texte délicatement empreint de la nostalgie du temps passé et des possibles évanouis. Très grand coup de coeur pour cette fiction où « toute ressemblance avec des personnes existant ou ayant existé serait fortuite », à ceci près que l’auteur est née au Cameroun en 1958 dans une famille d’origine nantaise.


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Une façon d'aimer

La narratrice de Une façon d'aimer plonge dans ses souvenirs d'enfance à partir d'une photo de sa tante Madeleine, la soeur aînée de sa mère. La photo représente Madeleine, jeune, en Afrique, où elle a suivi Guy, son mari, muté là-bas : « Douala, allée des Cocotiers, 1958 ». Elle sert de prétexte à la reconstitution d'un univers disparu, épisodiquement celui de la vie à Nantes, dans cette famille où, après la mort du père, il ne reste que des femmes, mais surtout, elle sert de déclencheur à la reconstitution d'un monde que la narratrice ne connaît pas du tout, cette Afrique du temps de la colonisation, je devrais dire de la fin de la colonisation. La narratrice s'appuiera sur les souvenirs de sa mère, Olivia, de sa grand-mère, Régine, et de sa cousine, Sophie, la fille de Madeleine, pour rebâtir une histoire dont elle ne sait pas grand-chose. Sa grand-mère lui a confié que Madeleine avait bien failli faire une bêtise, là-bas, aux colonies…

***

Je n'avais encore rien lu de Dominique Barbéris, et je sors enchantée de ce roman délicat et sensible. Dès la brève première partie, sorte de mise en situation, les réflexions sur le travail de la mémoire, sa fragilité, sur la rémanence et l'interprétation des souvenirs, occupent une place importante, comme d'ailleurs les remarques sur les livres, les écrivains, le cinéma et la culture en général. La deuxième partie nous propose de suivre Madeleine, jeune fille puis jeune femme, la rencontre avec Guy, les fiançailles, le mariage et le départ à Douala. L'autrice excelle à rendre l'ambiance de l'époque, la vie en province, le milieu social. Elle restitue avec précision le climat de l'époque, les non-dits, les tabous, la sorte de pudeur d'alors qui finissait par brimer les relations affectives. La troisième partie se déroule à Douala, au Cameroun, à la toute fin des années 50. La vie s'est ralentie, presque arrêtée : on attend l'inévitable indépendance et on cultive quelques craintes, mais le microcosme de la société constituée par les colons garde ses habitudes. Les soirées à la Délégation réunissent tout ce qui compte à Douala. Madeleine y rencontrera Yves Prigent, un séducteur impénitent, attiré par cette jeune femme timide qui ressemble à Michèle Morgan. J'ai beaucoup apprécié la finesse avec laquelle Dominique Barbéris évoque la perception de l'Afrique par les nouveaux arrivants : la chaleur, les insectes, l'omniprésence des lézards, le bruit assourdissant des oiseaux au crépuscule. Ce sentiment de décalage social qu'éprouve Madeleine s'illustre avec cruauté dans la réprobation pas toujours muette de Charlie, le boy de la maison, qui ne se prive pas de la comparer aux autres « Madames » qu'il a servies. La jeune femme timide, provinciale et d'un « petit milieu » n'en sort pas gagnante. Vous l'avez deviné, je ne vous révèlerai pas si Madeleine a ou non fait cette bêtise dont parlait la grand-mère. Vous devrez lire ce roman pour le savoir. Une certaine mélancolie en ressort, forcément plus encore si on a connu cette époque, les chansons alors à la mode, les relations parents-enfants à mille lieues de celles d'aujourd'hui, le poids du regard des autres, le silence sur les sentiments, les phrases leitmotivs de la grand-mère… Je me suis plongée avec délices dans ce roman subtil et délicat.



[Lu dans le cadre du Grand Prix des lectrices de Elle 2024]

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Un dimanche à Ville-d'Avray

Après une enfance étriquée et morose dont elles s’évadaient par de grandes rêveries romanesques inspirées de Jane Eyre, deux sœurs, l’une parisienne, l’autre habitant Ville-d’Avray, mènent désormais une vie rangée, sans éclat ni surprise, entre mari et enfant. Un dimanche d’ennui, l’aînée et narratrice rend visite à sa cadette. Au cours de leur tête à tête au jardin, le soir tombant, elle recueille avec stupéfaction les confidences de sa sœur sur ses envies vagues et réprimées d’autre chose, qui l’ont un jour conduite à une rencontre inattendue, à quelques rendez-vous secrets, et à l’éternel regret d'un possible finalement repoussé.





Il se passe peu de choses dans cette histoire, à l’image de l’existence étale de ces deux femmes engluées dans un quotidien morne et sans vie. Pourtant, bien des courants serpentent dans les profondeurs de ses non-dits, venant soudain troubler la surface apparemment sans ride de ce qui semblait un bonheur tranquille. Un bonheur dont avait d’ailleurs fini par se persuader la narratrice, perturbée que sa sœur ose laisser le doute s’infiltrer. Etait-ce donc finalement cette vie à laquelle aspiraient les deux fillettes romantiques, quand elles rêvaient de grands sentiments passionnés dans leur quotidien gris ? En toute honnêteté, n’ont-elles pas refoulé au fond de leur âme bien des élans déçus, piétinés par une réalité aussi morne aujourd’hui qu’autrefois ?





Par simples allusions où insidieusement le doute affleure, se laissent peu à peu deviner désenchantement et regrets, d’autant plus prégnants que l’une des deux femmes aura cru croiser un parfum d’aventure, presque tendu la main pour l’attraper, pour finalement reculer au moment de confronter rêve et réalité. Au gré de petites touches presque sans couleur, imprégnées des ombres du couchant et de l’odeur de la pluie d’automne, se dessinent deux silhouettes de femmes restées en marge de leur vie, portant au plus creux d’elles-mêmes les rêves et les aspirations qu’elles auront laissé échapper.





Un texte délicat, subtilement et poétiquement empli de sensations et d’impressions mouvantes, où la nostalgie du temps passé et des possibles à jamais perdus donnent vie à une très vraisemblable Bovary contemporaine.


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Une façon d'aimer

*Les histoires d'A. *



Dominique Barbéris, dans "une façon d'aimer" nous entraine en Afrique. Plus précisément à Douala au Cameroun en pleine guerre d'indépendance.



Allez, je vous raconte ce qu'il se passe là dedans, mais juste un peu !



Madeleine et Guy. Guy est fou amoureux de sa femmes depuis toujours. Ils ont une fille Sophie. Le temps passe, Madeleine décède.

Grâce à certaines photos, lettres, aux souvenirs des uns et des autres, la nièce de Madeleine va retracer l'époque camerounaise de sa famille.

L'amour de Madeleine et de Guy aurait pu ne pas survivre à cette époque et cache un triste secret. Amant ou pas ???



La plume de Dominique Barbéris est magnifique et pousse à elle seule la lecture de ce roman. Malheureusement cette histoire d'amour se révèle un peu plate, manque de purée de piments douala. J'aurais aimé aussi que les débuts de la guerre d'indépendance du Cameroun soient traités, plutôt qu'apparaitre comme décor somme toute anecdotique.



Ce n'est pas un mauvais roman, mais ce n'est certainement pas la pépite incontournable de cette rentrée littéraire.

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Un dimanche à Ville-d'Avray

Je suis parvenue au bout de ce roman pour deux raisons : une écriture qui m’a captée, la belle écriture de cette autrice que je ne connaissais pas, et parce que le récit est court, heureusement, car l’histoire m’a semblé des plus banales : deux sœurs qui se voient rarement, des conjoints qui ne semblent pas apprécier la belle famille, la narratrice, pour qui il est compliqué de se rendre de Paris à Ville-d’Avray, qui passe le Dimanche avec sa sœur avec qui elle ne semble pas très complice, la sœur, femme de médecin, lui raconte un événement survenu dans sa vie, un événement que de nos jours, on qualifierait de banal, pas très passionnant. Ce type de roman n’est pas pour moi : pas d’action ou très peu, deux vies, ou plutôt une vie et demie, car si l’une des deux femmes raconte son aventure, l’autre ne fait que rapporter les faits ce qui la rend bien transparente.



L’histoire semble ne pas avoir de fin, ou laisse le lecteur imaginer cette fin.



Concernant l’écriture, les descriptions sont magnifiques, on sent les odeurs, on imagine sans peine les couleurs d’automne, on entend les bruits, on vit dans le roman. Cela atténue vraiment l’ennui généré par le récit.



Lecture mitigée bien qu’intéressante.
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Une façon d'aimer

Si “le silence est une façon d'aimer…”, il est une règle d’or s’il s’agit d’un amour adultère. Il confine alors au secret, tel celui que souhaite percer la narratrice à l’évocation des émois amoureux de sa tante Madeleine.



A travers l’exhumation de photos souvenirs, de lettres jaunies et de films en super 8, Dominique Barbéris fait revivre l’aventure sentimentale de Madeleine, dans la moiteur tiède et épicée du Cameroun, encore considérée comme une colonie à la veille de l’indépendance.



L’Afrique, Madeleine la découvre grâce à son mari employé à la Société des Bois du Cameroun.

Jeune provinciale, raide et introvertie, elle fait aussi l’expérience d’une société d’expatriés, “vivant les uns sur les autres”, avec son lot d’intrigues et de tromperies. S’ouvre à elle un monde, dont elle restera en marge, mais qui lui offrira une rencontre inattendue avec un baroudeur, administrateur civil, séducteur et intrigant.



Malgré son style classique et délicat, Dominique Barbéris semble s’être enfermée dans le postulat que le “mariage, c'est comme la mort : on ne peut pas en parler puisqu'on le voit toujours de l'extérieur”. Les ressorts de la personnalité de Madeleine nous sont impénétrables, comme cette scène avant le départ où elle se dérobe aux gestes de tendresse de son mari pour une raison qui ne sera jamais éclaircie. Rapidement, il apparaît que le roman repose sur un personnage central dont la personnalité ennuyeuse n’est pas aimable voire échappe au lecteur, comme une poutre qui ferait s’affaisser l’ensemble de l’ouvrage.



C’est dommage, ce roman est, par ailleurs, composé de très bons éléments (comme le dénouement que je ne dévoilerai pas) , qui aurait pu en faire un très beau roman; toutefois, m’est resté ce sentiment dérangeant d’incomplétude, voire de vacuité pendant toute la lecture, qui ne m'a pas permis de l'apprécier pleinement.

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Un dimanche à Ville-d'Avray

C'est au dernier moment que j'ai pris connaissance de cette masse critique de septembre. J'ai choisi ce livre de Dominique Barberis dans l'urgence, ne sachant rien d'elle (j'ai dû consulter plus tard Wikipédia pour apprendre qu'elle était une femme). À ma décharge je dois avouer que je lis peu mes contemporains sauf à l'occasion des masses critiques de Babelio.

Alors pourquoi mon choix s'est porté sur ce livre ? Sans doute pour le titre qui a réveillé mes souvenirs d'enfance. De ce jour qui était synonyme de solitude, de vide et d'inquiétude. Le dimanche naissait l'appréhension de la semaine à venir. Le soir j'aurais voulu tomber malade.

C'est aussi le nom de Ville-d'Avray qui sonne bien à mes oreilles. J'imaginais une ville au bord de la Seine (je dois revoir ma géographie) où j'aurais pu regarder passer les péniches le ventre plein de sable ou de charbon, avec au loin le cri du train passant dans un tunnel sans déranger des vaches pensives.

Ce tableau impressionniste était effacé par la couverture en noir et blanc d'un homme sous un parapluie, au milieu de la chaussée humide, que des réverbères éclairaient d'un halo mystérieux. Qui est-il ? où va-t-il ?



"L'autre dimanche, je suis allée voir ma sœur".

C'est ainsi que débute un Dimanche à Ville-d'Avray qui nous parle de la nostalgie de l'enfance, des bonheurs simples, mais aussi du temps qui passe, des occasions manquées, des regrets inutiles, de l'incompréhension des êtres, de la difficulté de communiquer en créant une atmosphère de confidence.

Claire-Marie a-t-elle raison d'en demander plus à la vie, d'être à la recherche d'un bonheur factice et sans doute illusoire ? Elle sait si peu sur cet homme qui rentre dans sa vie par effraction alors que le bonheur est devant elle dans son pavillon de banlieue avec sa fille, dans des petits riens, de petites habitudes, des bonheurs minuscules qui deviennent grands une fois perdus.

Les personnages des deux sœurs sont formidables de justesse sous la plume de Dominique Barbéris qui trouve le ton précis pour recréer cette ambiance de confidence au cœur de ce jour languide.

C'est un livre davantage nourri de sensations, d'impressions que d'action, ce qui rend à cet ouvrage un air de tableau impressionniste tant par l'évocation des étangs entre chien et loup que par la présence de la jeune fille qui joue du piano la fenêtre ouverte sur le jardin au grand cèdre.

On pourra être sensible à cette France apaisée, sans bruits ni fureur, sans pour autant oublier que dans ce pays un rappeur a chanté : pendez les blancs, pendez les blancs, pendez les ...



Merci à Babelio et aux Éditions Arléa pour l'envoi de ce livre. Remerciements particuliers à Lise aussi mystérieuse que Marc Hermann...
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Une façon d'aimer

Un brin de nostalgie, une histoire douce-amère et un style très fluide : c’est la recette du dernier livre de Dominique Barberis qui a reçu le Grand prix du roman de l’Académie française.



L’histoire se passe dans les années 50, dans un univers encore très corseté de l’après-guerre, à Nantes où réside la famille. Madeleine, jeune femme timide et discrète, épouse Guy, un peu par défaut. Guy est nommé « aux colonies », plus exactement au Cameroun.



Une fois en Afrique, elle vit une vie d’expatriés classique. Elle accouche d’une petite Sophie un peu chétive, tandis que le pays gronde et veut l’Indépendance. Nous sommes à la fin des années 50, et le tout petit milieu des colons forme une petite société française dans laquelle tout le monde se connaît.



Alors, quand la discrète et mélancolique Madeleine s’éprend d’un homme, un certain Yves Prigent, mi – administrateur, mi-aventurier, tout le monde s’étonne : que va faire cette épouse aussi discrète que timide aux bras d’un séducteur comme Yves Prigent ? Ira-t-elle le rejoindre à l’Akwa Palace de Douala ?



Mais Yves Prigent va prendre un avion qui n’atterrira jamais et Madeleine rentrera bientôt à Nantes parce que l’heure de l’Indépendance aura sonnée.

Dominique Barberis restitue une atmosphère désuète et surannée pleine de mélancolie. C’est avec Sophie, sa cousine, qu’elle évoque le souvenir de cette tante Madeleine, à partir de quelques photos et de lettres échangées avec sa sœur que l’autrice a imaginé la vie de cette tante plutôt esseulée.





De Dominique Barberis je connaissais « Les Kangourous » écrit en 2002, et j’en avais gardé un joli souvenir. « Une façon d’aimer » est tendre et plein de mélancolie et de nostalgie, dans un style qui mérite l’attention. Pas étonnant qu’il ait obtenu ce Grand Prix du roman de l’Académie française : une lecture agréable et qui nous rappelle qu’il y eut une époque pour les femmes, où avoir une « aventure » consistant à marcher dans la rue à distance de son mari était très mal vu et beaucoup critiqué. Une époque bien plus figée que celle d’aujourd’hui, avec une liberté dorénavant acquise pour les femmes : formons le vœu qu’il n’y ait pas de retour en arrière comme on peut le constater dans certains pays.

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L'année de l'Éducation sentimentale

Voici un beau livre reposant où il ne se passe rien et poutant...

Muriel, Anne et Florence, trois femmes d'aujourd'hui, la cinquantaine , enseignantes ,se retrouvent dans une grande maison de campagne , isolée, sans piscine , ce que déplore Florence, la parisienne.

A Paris, en cette fin d'été" le ciel du soir était couleur soufre, on s'empoisonnait, ici, dans l'Ouest de la France, en pleine campagne l'air était pur. ..."

On aurait pu se croire au dix- neuvième siècle et l'immobilité de la campagne faisait peur à Anne et Florence et les étouffait sauf que dans ce merveilleux décor de campagne, écrasée de chaleur , l'orage menaçait ..

Elles se sont connues en Fac, au Quartier latin ---- la conversation tourne autour de ces années - là-----les années de leur jeunesse ...celles des années 80---où elles avaient suivi les cours de Boulis , leur prof de litterature, dont Anne était amoureuse ....leur année commune en Fac avait pour sujet essentiel : " L'Education Sentimentale " d'où le titre de l'ouvrage....

L'auteur tisse une oeuvre délicate , pétrie de mélancolie, cerne leurs émotions anciennes , disséque à la loupe et de belle maniére leurs souvenirs communs, leur voyage en Italie , sac au dos , et short désuet, ...montre à mots feutrés au sein de ce huit clos de plein air , leurs réussites et leurs échecs, leurs destins qui se croisent et se parlent ....

Elles perçoivent avec acuité le temps qui passe,partagent leurs anciennes photos de vacances , leurs premières amours, les cours , les profs , les amis disparus, les rêves abandonnés , leurs chagrins, s'observent en silence, se jaugent , cachent certaines choses...

Iront- elles au delà de leurs souvenirs ?

Le temps du bilan viendrait-il?

L'orage vient avec la tombée de la nuit tandis qu'Hugo, , dernier fils de Muriel s'entretient avec sa petite amie aux USA sur Skype, il parle des amies de sa mére: "Deux Vioques plutôt sympa " ...

Quand l'ancien monde rencontre le nouveau monde ......

Au final, une langue subtile et nostalgique sur fond de campagne en toile de fond ., riche en émotions fugaces ....



Une belle oeuvre, fine, à la psychologie ciselée , un calme moment de lecture bien agréable

Je ne connais pas l'auteur .





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L'année de l'Éducation sentimentale

Trois femmes d’une cinquantaine d’années, toutes trois enseignantes, qui furent amies pendant leurs années de fac à la Sorbonne dans les années 80 et se sont depuis perdues de vue se retrouvent pour la première fois dans la maison de l’une d’entre elles, qui vit à la campagne.



Papotages, ragots, souvenirs… Dans la chaleur accablante de ce mois d’août caniculaire, tandis qu’au loin l’orage gronde, se rapproche et peine à éclater, on échange des nouvelles des uns et des autres, des vieux copains, de ce prof charismatique qui leur fit étudier "L’Education sentimentale" ; on évoque les souvenirs d’un voyage d’été en Italie, on parle de tout, de rien, des carrières, de l’amour, des anciens flirts, des maris désormais grisonnants. Les idées ont changé, les valeurs et les engagements aussi, on ne se reconnaît plus, ou mal, on se compare en silence pour mieux prendre la mesure de sa propre vie. On s’avoue, à mi-mot, le vieillissement, le temps qui passe, les illusions perdues, la solitude - présente ou à venir…



Il ne se passe vraiment pas grand chose dans ce très court roman, mais l’écriture est belle et le récit, tout en nuances, en évocations brossées par petites touches, a un parfum de nostalgie qui ne manque pas de charme.



Un roman qui se lit très vite, une lecture agréable et sans prise de tête, pour un petit moment de détente.

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Une façon d'aimer

Tout en délicatesse, Dominique Barbéris tisse le silence, imagine ce qui a pu se passer au Cameroun, dans la vie de la tante de la narratrice, les amours interdits simplement suggérés et peut-être simplement inventés. C'est une époque et un lieu que convoque l'autrice, des odeurs et des couleurs, des chansons d'antan, une façon d'être et d'aimer tombée en désuétude (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2023/09/28/une-facon-daimer-dominique-barberis/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Un dimanche à Ville-d'Avray



Il y a des livres qui ont leur petite musique intime, ce court roman de Dominique Barbéris, auteure que je découvre, a murmuré la sienne...Et je l'ai écoutée avec plaisir.



La narratrice, plus témoin que personnage à part entière, se rend comme le titre l'indique chez sa soeur, qui habite un quartier résidentiel à Ville-d'Avray. " C'était typiquement un dimanche, le degré de vide, d'incertitude légère , d'appréhension vague, qui caractérise un dimanche".... Au cours de leur conversation, Claire-Marie va lui confier un secret troublant: ses rencontres clandestines, il y a quelques années, avec un homme mystérieux d'origine hongroise.



La trame du roman est légère, presque inconsistante, et tient en quelques souvenirs d'enfance des deux soeurs, qui rêvaient à autre chose pour échapper à la morosité familiale, et en confidences de Claire-Marie, dont les déambulations amoureuses un peu erratiques font penser à l'univers de Modiano.



Pourtant, le lecteur est sous le charme des mots emplis de nostalgie, il est ému par cette quête d'un ailleurs, d'un rêve. Car Claire-Marie imagine-t-elle? Ou a-t-elle vraiment vécu ce qu'elle raconte?



Si vous aimez " le bruit frissonnant et permanent" des pluies d'automne, la douce lumière réconfortante des lampes en fins d'après-midi, les promenades de hasard, les vers lancinants du passé qui reviennent en ritournelle,

" La pluie au jardin fait des bulles;

Les hirondelles sur le toit

Tiennent des conciliabules"...



alors, vous serez envoûtés par ce roman doux-amer, doux comme les gouttes fines s'écoulant sur les feuilles, amer comme un songe inaccessible, déjà enfui...





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Les Kangourous

C'est une chronique douce-amère dans un Paris désenchanté.

C'est une histoire ordinaire, presque ordinaire, et c'est dans ce presque que viennent s'engouffrer les mots d'une femme, les sensations qui la bercent, l'étreignent, celle d'une femme seule à qui rien n'arrive jamais.

La narratrice travaille au service contentieux d'un grand cabinet d'assurances parisien. Chaque matin elle arrose la plante verte de son bureau avant de s'engloutir dans des dossiers juridiques inextricables. Elle vit seule dans son appartement, dans un quartier de Paris, près de la rue Monge.

De temps en temps, elle rejoint en fin d'après-midi après son travail sa collègue Maryse pour boire un thé. C'est presque un monologue, Maryse évoquant ses fantasmes sentimentaux, la narratrice l'écoute d'une oreille distraite, tandis que les battements de son coeur s'égrènent dans une sorte de solitude urbaine et hivernale.

Son existence semble terne, presque vide. En dehors de son implication professionnelle, il semble que ses seuls centres d'intérêt résident dans sa famille, sa tante Louise et sa mère qui est malade, presque en fin de vie. Souvent elle se rappelle Saint-Martin près De Nantes où elle vécut, elle pense à sa relation désormais achevée avec un certain Philippe.

Les émotions sont belles, peintes par petites touches pour dire ce temps qui fuit, qui glisse sans laisser de traces... Longtemps elle croyait que sa vie ressemblait aux fleurs. C'est la voix d'un coeur triste qui ne fait pas de bruit.

Depuis peu, des événements peu ordinaires sont venus affoler le quotidien de la narratrice car tout près du quartier où elle réside, une femme a été retrouvée sauvagement assassinée... Puis il y a eu un deuxième meurtre dans le jardin des Plantes, un troisième enfin dans un périmètre toujours très resserré... La narratrice prend peur...

Un jour à la cafétaria un homme s'assoit près d'elle pour déjeuner. Il ne travaille pas au cabinet d'assurances, mais tout près. Il est blond, a les yeux clairs, un air un peu mystérieux qui ne lui est pas indifférent. Malgré la différence d'âge entre eux, elle se dit qu'elle aimerait qu'il revienne de temps en temps déjeuner à la cafétaria. C'est d'ailleurs ce qu'il lui suggère...

C'est un roman qui traverse les saisons de Paris.

J'ai aimé la plume faussement désinvolte de Dominique Barberis pour dire cette petite douleur du quotidien. En quelques touches légères, elle pose un décor, une atmosphère, une tension...

Elle a son propre langage pour dire la blancheur immatérielle des étoiles, les souvenirs d'immobilité, une mère qui va mourir, la beauté arrangée des actrices hollywoodiennes des années cinquante, pour poser des questions aussi intrigantes que celle-ci qui m'a toujours turlupiné : « John Steed et Emma Peel étaient-ils amoureux l'un de l'autre ? »

J'ai été subitement accroché à l'histoire de cette femme ordinaire, dont la vie ressemble à la pluie qui tombe sur Paris. Mais dans son coeur solitaire qui bat, elle aime se laisser envahir par cette idée irréversible et merveilleuse du printemps.

Mais me direz-vous, que viennent faire les kangourous dans cette histoire, à part apporter un peu d'exotisme ? Ce sont les kangourous du jardin des Plantes. Ils ont assisté au meurtre, avec impuissance, indifférence, avec leurs yeux étranges comme ceux des lapins, leurs regards qui doivent partir en oblique, avec leurs mains presque infirmes. Ils sauraient reconnaître le meurtrier s'ils pouvaient parler.

Parfois à certaines heures, en certaines saisons, à Paris mais sans doute ailleurs, les gens ressemblent plus ou moins à des kangourous.

J'ai aimé me laisser envahir par la mélodie de ce roman, comme une chanson qui reviendrait avec un doux entêtement.

Les Kangourous, c'est ma première incursion dans l'univers littéraire de Dominique Barbéris et ce ne sera pas le dernier.

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La vie en marge

Qui est cet homme qui arrive tard à l’hôtel du col, réclame une chambre calme, puis commande un bon dîner sans quitter des yeux les lumières qui brillent dans la vallée ?

Qui est-il, cet homme énigmatique ?

Hum hum, ça sent le fait divers cette histoire…

Et ça fait quoi, un fait divers, dans la vie des gens ?

Par exemple, dans la vie d’une personne qui connaît tout des villages, des routes, des habitants : l’infirmière du coin ?

Ou dans la vie de ses patients, qui n’ont parfois rien d’autre à faire que d’observer de leur fenêtre ?

Une intrigue délicieusement construite, avec ce qu’il faut de mystère et de suspense.

Mais le personnage principal... c’est la montagne.

Pas la grandiose vision des sommets, non, mais la montagne vécue en hiver par la population : le soleil qui disparaît si tôt dans l’après-midi ; la neige, les routes en lacets, verglacées, interminables, au travers des oppressantes forêts de sapins.

L’autrice nous fait entrer brillamment dans cette vie en marge, ce quotidien inconnu de beaucoup (pour ma part j’habite à 60 mètres au-dessus du niveau de la mer), et nous raconte aussi comment se transforme cette ancienne petite ville industrielle, avec les lotissements et les immeubles, le centre commercial qui draine toute l’animation…

C’est dépaysant, et de plus c’est très bien écrit : une agréable découverte.



Challenge Solidaire 2023

LC thématique septembre 2023 : "Première rencontre"

Challenge gourmand (Pain d'épices : Se déroule pendant la période de Noël)
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Une façon d'aimer

A partir de vieilles photos jaunies , de quelques lettres et de coupures de journaux, la narratrice retrace la vie de sa tante Madeleine et , en particulier, un épisode de sa vie lors de son séjour à Douala en 1955 lorsqu'elle y a rejoint son époux .



C'est une époque troublée au Cameroun , puisqu'elle marque le début de la Guerre d'indépendance , la tension est palpable mais la vie des expatriés se poursuit avec ses fêtes, ses commérages et ses adultères ...

Que s'est-il passé pour Madeleine , difficile de savoir jusqu'où son inclination pour un autre homme que son mari a comptée pour elle ?



Et c'est bien là l'écueil de mon ressenti .

Beaucoup de choses ne sont que supposées , on ne sait pas ce que pense Madeleine, elle reste une ébauche et je n'apprécie pas le mode narratif des peut-être ...



J'aurai essayé , le roman étant court, cela n'a pas été trop difficile, il me tardait tout de même de passer à autre chose de plus consistant .

Mais ce n'est que mon avis !

lu en Novembre 2023
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Un dimanche à Ville-d'Avray

Une enfance à Bruxelles, des dimanches qui puent l’ennui, on fait le tour du parc avec la consigne de prendre l’air en respirant « bien par le nez, pour ne pas avaler l’air humide. » Au retour, on a le droit de regarder Thierry la Fronde à la télé.

Les études, c’est pas terrible alors la mère brandit la menace suprême à ses deux filles : « Si vous ne travaillez pas, vous finirez caissières. Caissières à Prisunic. »



Pour échapper à la monotonie de la vie, Claire-Marie s’est enlisée dans un mariage sans surprise, sans amour, même si elle peine à se l’avouer.

Installée à Ville d’Avray, « Ville provinciale et tranquille avec ses rues bordées de maisons particulières, leurs baies vitrées luisantes, leurs vérandas, leurs faux airs de villa Art déco ou de villa normande, leurs jardins plantés de rosiers et de cèdres. »



Sa sœur cadette ne partage pas cette vision du bonheur monotone, parisienne convaincue, cette petite commune des Hauts-de-Seine ne lui inspire qu’ennui et malaise lors de ses rares visites.

Un jour, Claire-Marie lui avoue ; « J’ai fait une rencontre, il y a des années, je ne te l’ai jamais dit. Il m’est arrivé quelque chose. »



« Un dimanche à Ville d’Avray est un roman intimiste et envoûtant qui lève un pan de voile sur une histoire gardée secrète comme un ultime rempart face à la solitude d’une vie sans relief.

Beaucoup de non-dits au cours de cette histoire et c’est peut-être ce que j’ai le plus aimé, car après tout, chacun d’entre nous n’a-t-il pas droit à sa part d’ombre, à son jardin secret ?



J’ai lu ce livre d’une traite et une fois refermé, j’ai ressenti un grand vide, empli de la nostalgie du temps qui passe, de ce qui aurait pu être et qui n’a pas été, des souvenirs qui mis bout à bout font une vie.

Ce n’est pas triste, seulement troublant.

L’écriture est belle, précise. Dominique Barberis réussi à dépeindre une magnifique héroïne, sorte de Madame Bovary moderne.

Une belle lecture.





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La vie en marge

Passage à l'an 2000.



Un homme mystérieux vient d'arriver dans cette petite ville de montagne à quelques jours de l'an 2000. Il se prétend représentant de commerce ou ingénieur, mais qui est-il réellement ?



Sympathique découverte d'une auteure qui m'était inconnue. Qui est Richard Embert ? Beaucoup d’habitants l'ont croisé à la nuit tombée. La vie est morne et sans surprise dans cette petite ville. Ce n'est pas le passage à l'an 2000 qui changera cet état de fait.



Nous suivons le parcours de Richard Embert au travers des yeux de mademoiselle Verny, l’infirmière de la ville. Ils ont évolués proches l'un de l'autre sur cette courte période. Les couleurs dominantes sont le noir et le gris avec quelques touches de blanc. L'ambiance est feutrée mais quelque chose dissone. Cette dissonance va se faire de plus en plus présente au fil du récit.



L’excellente plume de l’autrice permet de s'immerger totalement dans le récit. Que ce soit dans le temps présent ou les souvenirs de la narratrice, les lieux et les personnages ont une vie propre. Il ne s'agit pas de simples éléments de décors ou de figurants. Tout est important.



Bref, une bonne première lecture de Dominique Barbéris.
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Une façon d'aimer

Comment raconter une non-histoire ? Il faut énormément de talent ; cela paraît simple mais D.Barbéris réussit avec délicatesse à décrire un climat secret, sans bruit.

C’était au temps des colonies ; Dans les années 50 , Guy très amoureux de Madeleine, nantaise, l’épouse ; pour elle, c’est plutôt un mariage de raison. Quelques temps plus tard, elle le rejoint au Cameroun où il travaille dans le bois.

La découverte de ce nouveau pays bruyant, coloré déconcerte Madeleine, elle est guindée et à du mal à s’adapter à la vie et aux intrigues des « expat ».Elle s’accroche à sa petite fille Sophie comme pour se protéger d’une attirance soigneusement rejetée pour un homme rencontré lors d’une soirée.

Madame Bovary, c’est un peu ça, la Princesse de Clèves aussi, raconté par l’auteure en s’appuyant sur des photos ,des lettres que possède une cousine. Elle imagine avec élégance le carcan dans lequel a vécu Madeleine, les regrets, les désirs qui accompagnent un amour platonique.

D.Barbéris rappelle également la fin du mandat français entamé par de Gaulle et les nombreux troubles qui suivirent.

Un très beau roman couronné par le grand prix de l’Académie française.

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L'année de l'Éducation sentimentale

Un livre court, plaisant, tout simple où il se passe peu de chose. Un sujet banal : les retrouvailles de trois femmes, Muriel, Florence et Anne, trois anciennes amies de fac, maintenant quinquagénaires. Elles avaient vingt ans quand elles se sont connues à la Sorbonne au début des années 80. Etudiantes en lettres elles suivaient en particulier les cours du professeur Boulis, consacrés à l'Education Sentimentale de Gustave Flaubert.



Jeunes, jolies, insouciantes, elles croquaient la vie à belles dents et faisaient partie d'une petite bande d'étudiants qui après les cours se retrouvaient au café Malebranche pour discuter de tout et de rien, parfois de politique ou de métaphysique. Toute une époque, leur «Grande Epoque».



Les ans ont passé, chacune a suivi son chemin avec ses hauts et ses bas, ses réussites et ses échecs, ses affaires de couple, ses querelles familiales. Mais elles sont toutes trois toujours enseignantes en collèges ou à l'université (pour Anne). Cette rencontre à la campagne dans la maison de Muriel est un moment privilégié. On égrène les souvenirs, les amitiés, les amourettes et la perception des moments vécus ensemble. On évoque les vacances insouciantes en Italie, le copain Maurizio et le tube de l'été "Sarà perché ti amo". Tout cela est bien loin !

L'heure est aussi au bilan, elles s'interrogent, s'observent, se jugent et se confient discrètement : qu'ont-elles fait pendant toutes ces années, que peuvent-elles encore attendre alors que la cinquantaine a vraiment sonné, que les enfants sont devenus adultes et vivent leur vie. Elles ont vieilli, c'est une évidence. Comme dirait Hugo, le fils de Muriel ce sont "des vioques plutôt sympas". Elles essaient de se maintenir coûte que coûte.

Et il ajoute aussi avec humour et gentillesse. "Mum ! Elles sont très sympas tes copines. Vous étiez mignonnes autrefois, dans vos shorts. Très rétro". On aurait pu penser "qu'il avait vu des femmes du dix-neuvième siècle sur des gravures"...



Je ne connaissais pas Dominique Barbéris et viens de la découvrir grâce au Challenge solidaire 2023. C'est avec un certain plaisir que j'ai lu ce roman simple, paisible et touchant où il est question de femmes, de l'amitié et du temps qui passe. Il est tout en pudeur, nostalgie et réalisme. Moi qui suis retraitée et qui ai passé la cinquantaine depuis un moment, me suis laissé charmer par la plume de l'autrice, son sens de l'observation et sa psychologie, avec de temps en temps des remarques, des conversations et des situations cocasses qui rappellent des moments vécus. Cela m'a fait sourire.



#Challenge solidaire 2023













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Un dimanche à Ville-d'Avray

"L'autre dimanche, je suis allée voir ma soeur"

c'est par ces mots que s'ouvre ce court roman de Dominique Barberis, une auteure que je découvre via le challenge solidaire.

En ce début septembre, par un dimanche ensoleillé, elle prend le train pour Ville-d'Avray où vit Claire Marie, sa soeur ainée. Tout semble séparer les deux soeurs. L'une, citadine dans l'âme vit dans le mouvement, le bruit, la foule, l'autre a adopté un rythme de vie paisible où ses journées semblent être remplies de vide ... les voilà réunies autour d'une orangeade dans le jardin, les souvenirs de leur enfance, de ces dimanches où les heures semblaient ne jamais s'écouler mais il y avait Thierry la fronde et il y a eu Rochester...

Ah ces dimanches où les enfants s'ennuyaient à cent sous de l'heure.... et puis Claire Marie raconte, se raconte. Rêve ou réalité ? peu importe pendant un moment elles se sont retrouvées ..

Une écriture soignée, un phrasé en phase avec la narration et .. une lecture qui me laisse un goût étrange en bouche mêlant un ennui profond à une empathie certaine. Surprenant cocktail !







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