Là Où Chantent Les Écrevisses - Bande-annonce officielle (2022)
Un marais n’est pas un marécage. Le marais, c’est un espace de lumière, où l’herbe pousse dans l’eau, et l’eau se déverse dans le ciel. Des ruisseaux paresseux charrient le disque du soleil jusqu’à la mer, et des échassiers s’en envolent avec une grâce inattendue – comme s’ils n’étaient pas faits pour rejoindre les airs – dans le vacarme d’un millier d’oies des neiges.
Puis, à l’intérieur du marais, çà et là, de vrais marécages se forment dans les tourbières peu profondes, enfouis dans la chaleur moite des forêts. Parce qu’elle a absorbé toute la lumière dans sa gorge fangeuse, l’eau des marécages est sombre et stagnante. Même l’activité des vers de terre paraît moins nocturne dans ces lieux reculés. On entend quelques bruits, bien sûr, mais comparé au marais, le marécage est silencieux parce que c’est au cœur des cellules que se produit le travail de désagrégation. La vie se décompose, elle se putréfie, et elle redevient humus : une saisissante tourbière de mort qui engendre la vie.
Quand on a besoin des autres, on finit par souffrir.
Les visages changent avec les épreuves de la vie, mais les yeux demeurent une fenêtre ouverte sur le passé.
Les corneilles ne gardent pas les secrets mieux que la boue ; à peine ont-elles aperçu quelque chose de bizarre dans la forêt qu'il leur faut en parler à tout le monde.
La pluie se calma. Une goutte par-ci par-là agitait une feuille comme l'oreille d'un chat qui tressaute.
Ô lune qui décrois,
Éclaire et suis mes pas
Dissipe de ta lumière
Les ombres de la Terre
Viens éveiller mes sens
Pénétrés de silence
Tu sais comme le temps
Étire les moments
Jusqu'à l'autre rivage
Quand nul ne les partage
Le ciel n'est qu'un soupir
Quand le temps se retire...
Sur le sable mouvant.
Les feuilles d’automne ne tombent pas, elles volent. Elles prennent leur temps, errent un moment, car c’est leur seule chance de jamais s’élever dans les airs.
Son père lui avait dit de nombreuses fois que la définition d’un homme, un vrai, c’était qu’il savait pleurer sans honte, qu’il pouvait lire de la poésie avec son cœur, que l’opéra touchait son âme, et qu’il savait faire ce qu’il fallait pour défendre une femme.
Le temps fait que les enfants ne connaissent jamais leurs parents jeunes.
Je veux des jours de vent,
nuages défilant,
embruns tourbillonnant,
jets d'écume fusant
et cris des goélands.
[Fièvre marine de John Masefield]