C’est à ce moment là, à l’âge de dix-neuf ans, que mon père m’a révélé ses grands secrets, ceux de Grazyn et des villages aux alentours. […]
Il était un vivisecteur, qui pratiquait des expériences abominables sur des êtres vivants. Il était un criminel, un tueur d’enfants, même. Il était un profanateur, un voleur de cadavres. Toute la fortune et toute la renommée des Grazyn étaient fondées sur des décennies, des siècles, deux cents ans d’actes innommables qu’il avait commis, comme ses ancêtres avant lui.
Malgré tout, il était mon père.
Tout cela, était-ce vraiment mes propres souvenirs ? Ou n’était-ce qu’un rêve ? Le rêve de notre vie qui se déroulait et qui se coagulait dans mon esprit ravagé par la culpabilité ?
Je ne me souviens pas. Je ne peux dire ce qui est vrai de tout ça. Mais je sais une chose : lorsque ma mère est morte des années plus tard, je me suis agenouillée à côté de son lit et j’ai pleuré, et les loups dans la forêt ont pleuré avec moi.
Tricoter est une bonne façon de passer le temps lorsqu’on attend que quelqu’un meure.