Cornelia Funke nous accueille chez elle, en Californie, pour nous parler du deuxième tome de "Cavalier du dragon" : "La plume du griffon" à paraître en octobre 2018.
Il y a des livres que l'on déguste,
D'autres que l'on dévore,
Et quelques-uns, rares, que l'on mâche,
et que l'on digère, entièrement.
p.18
Quand tu emportes un livre en voyage (...), il se passe quelque chose d'étrange : le livre se met à rassembler tes souvenirs et, plus tard, il suffit que tu l'ouvres pour te retrouver à l'endroit même où tu l'avais lu. Dès les premiers mots, tout revient : les images, les odeurs, la glace que tu mangeais alors... Crois-moi, les livres sont comme le papier dont on se sert pour attraper les mouches. Les souvenirs n'adhèrent nulle part aussi bien que sur des feuilles de papier imprimé. (p.29-30)
Les livres aimaient quiconque les ouvrait, ils donnaient un sentiment d'intimité et d'amitié sans rien attendre en échange, ils ne vous quittaient jamais, même si on les traitait mal.
Si quelqu'un vole des livres ou ne rend pas des livres empruntés, que dans sa main le livre se métamorphose en un serpent féroce. Que la foudre le frappe et paralyse ses membres. Qu'il demande grâce en criant et en gémissant et que rien ne vienne apaiser ses souffrances avant qu'il ne tombe en putréfaction. Que les vers des livres rongent ses viscères comme le ver des morts qui jamais ne meurt. Et à l'heure du Jugement dernier, qu'il se consume à jamais dans le feu de l'enfer.
Inscription dans la bibliothèque du cloître de San Pedro à Barcelone
" Je crois que nous ne perdons pas totalement ce pouvoir de l'imaginaire [que nous avions enfant], c'est juste que nous nous en interdisons l’accès. On n'a pas le droit de rêver. Parce que l'imaginaire est une force libératrice. Et les adultes voudraient être tout à fait sûrs de savoir qui ils sont, dans quel monde ils vivent... Les enfants, eux, ne sont pas enfermés dans ce genre de certitudes. Au fur et à mesure qu'on grandit les possibles se rétrécissent. Sauf peut-être chez les artistes. Eux conservent un lien avec ce monde de l'enfance.
[La revue des livres pour enfants n° 276]
" J'aime quand une intrigue garde ses secrets et m'entraîne petit à petit. Je ne veux pas tout programmer [.......]. Mes personnages doivent garder une certaine autonomie de choix par rapport à ce qui leur arrive.
[La revue des livres pour enfants n° 276]
Pourquoi le coeur ne pouvait-il aimer que ce qu'il risquait de perdre? page 567
"Tu as remarqué que les livres deviennent plus gros quand on les lit plusieurs fois ? lui avait demandé Mo lors de son dernier anniversaire, comme ils regardaient ensemble ses vieux volumes. On dirait que chaque fois quelque chose reste collé entre les pages. Des sentiments, des pensées, des bruits, des odeurs... Et quand tu feuillettes le livre des années plus tard, tu te retrouves dedans, un peu plus jeune, une peu différent, comme s'il t'avait conservé, à la manière d'une fleur séchée, à la fois familière et étrangère."
Le livre qu'elle avait glissé sous son oreiller avant d'éteindre se pressait contre son oreille comme s'il voulait l'attirer de nouveau entre ses pages imprimées.
" Avant de commencer à écrire un roman, j'accroche beaucoup d'images, des reproductions, des vieilles photographies... pour construire visuellement le monde que je vais représenter. L'image est là en premier. "
[La revue des livres pour enfants n° 276]