Présentation de la trilogie de nouvelles "Singulières-Insolites-Atypiques" dans l'émission "Parenthèse" de France Art TV (anciennement France Pass TV).
Elle est vêtue d'une robe légère de couleur crème, avec de grands tournesols rouges qui ressemblent à l'un de ses tableaux. Elle marche pieds nus sur la plage, avance vers moi de sa démarche souple de danseuse. Ses cheveux d'or flamboient dans le coucher du soleil et leur lumière me brûle les yeux.
Je ne comprends plus ma fille. Elle n’est plus l’Emma que je connaissais. La fille joyeuse. Sensible. Toujours prête à me faire ses confidences. A rire avec moi ou sangloter dans mes bras. Elle est même devenue exactement l’inverse.
Ce superbe ouvrage est un roman choral magistral : nous sommes tenus en haleine et découvrons les personnages, en particulier ceux qui ont disparu, par petites touches. Ce récit, très bien écrit en outre, nous offre un texte fort sur des thématiques difficiles : le deuil, la résilience, l'acceptation, et la reprise de sa vie à la suite d'épreuves qui semblent insurmontables. Les personnages évoluent tous et sont très attachants. Ce texte apportera, c'est sûr, beaucoup de réconfort aux lecteurs qui sont dans la détresse.
J'ai adoré la fin, l'épilogue... (mais je n'en dirai pas plus...).
Un livre que je recommande vivement !
Pour moi, c'est bien plus facile que de parler. Sur le papier, les mots m'obéissent mieux. Ils connaissent parfaitement le chemin de mon cerveau jusqu'à mes doigts. Ils y courent comme sur un sentier tout tracé, des milliers de fois emprunté. Aucune rocaille dans la voix pour en gêner le flux.(p58)
J'ai fini par comprendre d’où venait cette jalousie incontrôlée, m'empêchant de me sentir totalement heureuse. Mes rêves récurrents par rapport à ma mère m'ouvraient la voie. En réalité, je redoute d'être séparée de mon Polynésien, comme mon père, ma sœur Amandine et moi l'avons été d’Elsa. J'ai peur qu'on ne me prenne mon homme, comme l'océan nous a brutalement pris ma mère. Les deux situations n'ont rien à voir, cependant, là aussi un traumatisme semble avoir subsisté durant toutes ces années. Mon Dieu, nous sommes si fragiles, nous les êtres humains…
Ambre
Les choses seraient-elles différentes si je ne portais pas le nom d'une résine fossile ? Je me le suis souvent demandé. Depuis plusieurs années, j'éprouve des sensations extrêmement désagréables. Comment si au fond de moi étaient logées des impuretés. des tas d'impuretés. A l'image de l'ambre, qui renferme parfois en lui des insectes englués. Prisonniers à travers le temps, depuis des milliers d'années.
(Page 9)
À défaut de se développer dans mon ventre, mon intrigue grandit sans bruit dans l'espace intime de mon esprit. Et elle y occupe de plus en plus d'importance. De plus en plus de place. J'y pense le jour, mais aussi la nuit lorsque je ne dors pas. Mes personnages prennent de l'épaisseur, de la présence. Les lieux dans lesquels ils évoluent aussi. J'écris, je retravaille, je me surprends à ciseler mes phrases comme un sculpteur affine inlassablement les formes, les détails d'une statue de marbre. Je plonge sans effort dans cet état particulier que je nomme : « en création ». En fait, il me suffit juste que je me « branche », j’amorce puis je laisse venir. Les idées viennent. Et peu à peu, non œuvre prend forme sous mes doigts.
Je n’aurais jamais cru que l'écriture puisse ainsi combler ma solitude. Mon isolement. Ce profond repli sur moi-même, dû à ma surdité.
Je me suis dit encore que dans la vie, rien n'est vraiment simple. Personne n'est tout noir ni tout blanc.
Chaque matin, en me réveillant, je remercie l'Univers d'être encore là. Nos jours et nos nuits nous sont gratuitement offerts, comme le plus précieux des cadeaux. Souvent, pris dans le rythme de nos activités, nous ne le réalisons pas .
Si je pouvais communiquer comme tout le monde, je ferais tellement plus de choses. Je m'inscrirais dans une association pour pratiquer un sport en groupe, irais chanter dans une chorale, partagerais parfois un film au cinéma avec mes amis. Au lieu de quoi, je me promène seul au Jardin des Plantes, fredonne dans ma cuisine et ne me confronte pas au grand écran, faute de saisir la plupart des répliques des acteurs. Heureusement, j'ai le goût de la lecture depuis l’enfance. Alors, je dévore des tonnes de livres empruntés à la bibliothèque de notre quartier populaire.