Plus tard, la pâtisserie lui avait servi de refuge face aux tourments de l'adolescence-les inquiétudes, les angoisses et les amitiés qui changeaient en permanence. Adulte, la cuisine était demeurée l'activité idéale pour se vider la tête et oublier ses problèmes.
Plus tard, pendant qu'ils faisaient la vaisselle, Bo se tourna vers Emil.
- Sur une échelle de un à dix, cette journée a été hyggeligt à combien, d'après toi ?
- Dix, sans aucun doute, répondit-il.
Elle était bien d'accord.
Le hygge, c’est une sensation de bien-être. Le plaisir d’être ensemble, en bonne compagnie. […] Ce qui compte, dans le hygge, c’est ce qu’on vit ensemble, pas le résultat.
« Ballotée dans la rame de métro bondée qui l’emmenait au travail, Bo Hazlehurst, en ce lundi matin, ne parvenait pas à se défaire de l’idée que sa vie n’était pas telle qu’elle aurait dû être. Pourtant, du haut de ses vingt-six ans, elle n’était pas à plaindre. Elle avait un travail respectable, une famille aimante, une vie sociale active ; autant de raisons de sourire, non? Sauf qu’un article sur la « crise du quart de vie » lu dans un journal quelconque avait éveillé en elle l’impression que quelque chose clochait ; que, d’une certaine façon, elle n’était pas vraiment une adulte, mais plutôt une petite fille qui jouait à être grande. »
C’est alors qu’elle revit le moment où, à Skagen, Emil lui avait parlé du concept de hygge – lorsque, devant un Simon sceptique, il avait expliqué qu’il ne se résumait pas à un intérieur agréable, mais qu’il signifiait aussi prendre le temps d’apprécier ce qu’on a, de se montrer reconnaissant et de se recentrer sur les choses qui comptent vraiment. Prendre le temps… C’était la première chose qu’elle avait cessé de faire en s’installant à Londres.
- J'aimerais quand même savoir ce qu'il écrit, déclara Bo en nouant son écharpe. Du polar scandinave, à mon avis. Détectives dépressifs, paysages désolés, tueurs psychopathes.
- Ou alors un récit bien trash où il raconte en détail comment il va nous massacrer et cacher les corps, suggéra Florence avec entrain.
- Nous découper et nous jeter dans le poêle.