- Danser encore, de Charles Aubert aux Editions Istya & Cie.
"Une pure merveille par un auteur qui écrit merveilleusement bien !" - Gérard Collard.
L'histoire du boxeur tsigane qui osa défier Hitler. Ce roman en dix rounds s'inspire de la vie de Johann Trollmann, dit " Rukeli ", boxeur tsigane qui vécut en Allemagne sous les nazis et fut assassiné le 9 février 1943 dans le camp de concentration de Neuengamme. À retrouver sur lagriffenoire.com
https://lagriffenoire.com/danser-encore-2.html
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Belles lectures !
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Depuis quelques jours, ils ne parlaient plus de canicule à la radio, car les nuits s'étaient légèrement rafraîchies, mais dans la journée, le soleil continuait de crépiter comme une ligne à haute tension et je ressentais toujours la même impression entêtante de désagrégation.
Le lendemain du jour où elle a pris l'avion, j'ai commencé à ressentir des difficultés à me lever le matin. Ensuite tout s'est enchaîné, avec cette impression de faire de l'apnée dans le tambour d'une machine à laver. Le programme essorage a duré plus d'une année.
Je prenais les chemins les uns après les autres. Je les connaissais par coeur. Je longeais les lagunes, le canal. Je suivais la côte. J'étais parti vers l'ouest. On part toujours vers l'ouest.
Vers là où le soleil se meurt.
Bautista se tenait le buste bien droit, les mains posées l'une sur l'autre sur le plateau de son bureau comme Giscard s'apprêtant à dire au revoir aux Français en mai 1981.
Malkovitch a croisé ses mains sur sa tête comme s'il s'apprêtait à traverser une rivière. Vu la grimace qu'il faisait, ce devait être un torrent de haute montagne.
Vieux Bob disait parfois que j'étais un décroissant, comme lui, un de ces gars qui ne croient plus au progrès, qui rejettent l'idée même de consommation, et méprisent plus que tout la course à la réussite sociale. J'avais peut-être en apparence quelques points communs avec les décroissants, mais aucune prise de conscience, aucun choix politique, aucune volonté de sauver la planète n'était à l'origine de ma décision de vivre dans une cabane. Simplement une grande fatigue causée par un ras-le-bol de l'humanité qui s'était carambolée avec une cruelle désillusion sentimentale. Je me sentais ainsi plus proche d'un misanthrope ou d'un amoureux déçu que d'un militant altermondialiste.
Entre deux offices, je rentrais dans une église. Je m'asseyais sur un banc. Je m'imprégnais de l'atmosphère. Les lumières des vitraux, les parfums de myrrhe, l'air plus épais, plus enveloppant, le silence surtout. (...) Plus tard, je me levais à peine plus léger et plongeais à nouveau dans la rumeur de la rue comme dans une rivière en crue.
Mettre des mots sur des maux. On lisait ça dans toutes les revues de psychologie. Tout le monde s'évertuait à vous faire cracher le morceau, vous encourageait à déballer votre intimité.
Mes livres. J'en avais beaucoup trop. J'ai fait un tri et n'ai gardé que ceux que j'aimais vraiment, ceux qui avaient réellement contribué à ma construction intime.
J'aimais beaucoup les couleurs saturées qui arrivaient avec l'orage. C'était comme si la vie gagnait en intensité. De mémoire, il n'y avait que les orages et l'amour pour donner cette sensation-là. Mais je n'étais plus vraiment sûr en ce qui concerne l'amour.