-Une fois que vous serez à Kiev, déclara son père, vous allez trouver quelque chose de très différent. Une cité dirigée par un prince païen, aux constructions austères. Igor vous traitera bien, mais pensez, ma fille, qu’il est un guerrier. Il ne connaît pas les manières que doit posséder un prince. Ne soyez pas haineuse envers lui, s’il vous parle sur un ton rude… Vous aurez toujours votre place ici. Si jamais il devait se montrer violent avec vous, soyez certaine qu’il le paiera de sa vie. On ne touche pas impunément à ma petite fille…
-Je me souviendrai de vos paroles, Père.
-Il est digne d’elle Vassili! N’oublie pas que Kiev est un solide rempart contre les barbares. Grâce à lui, Constantinople vit sans crainte d’attaques extérieures.
Vassili, ulcéré, n’en démordait pas. C’était la première fois qu’il s’opposait si violemment à une décision de l’Empereur.
-C’est une brute de la pire espèce! Il n’a de prince que le titre! Il est païen, n’a aucune manière. D’autres hommes dans l’Empire seraient plus à même de protéger votre fille.
-Il suffit maintenant! Ma décision est prise. Catherine devra épouser Igor de Kiev et partir le rejoindre avant que le légat de Rome n’arrive.
-Prince Igor, les choses ne se déroulent pas comme vous l’espériez, n’est-ce pas?
-Non, Oleg… soupira le colosse. Je n’arrive pas à trouver de solutions pour lui faciliter l’existence et pour que les choses aillent bien entre nous. C’est terrible de penser que je ne suis pas capable de la rendre heureuse et surtout, je suis tellement déçu de son refus absolu de ma présence.
-Mon prince, si j’ai un conseil à vous donner, laissez le temps faire les choses. Le temps est votre meilleur allié et surtout ne vous montrez pas brutal envers elle.
Justine avait une âme de détective. Elle n’aimait rien tant que suivre les enquêtes, les résoudre, et ce mystère tombait à pic dans sa vie. Elle venait de se séparer de son compagnon. Belle, rousse et fantasque, elle n’avait pas d’enfant et travaillait comme comptable dans un établissement public. C’était un esprit rationnel, ainsi, elle avait eu du mal à comprendre le fait que Margot aurait vu Héloïse. Elle avait besoin d’entendre l’histoire de la bouche de son amie de lycée.
Il l’avait débloquée. Après son attitude sèche, elle ne le désirait plus, ne ressentait plus rien à son égard. Elle lut ce qu’il lui avait écrit depuis qu’il l’avait débloquée. Il la suppliait presque de lui répondre. Elle ne pouvait pas laisser sa vie être chamboulée pour quelqu’un qu’elle ne connaissait pas tant que ça, finalement. Elle lui écrivit : « Ne me contacte plus jamais. À présent, c’est moi qui te bloque. »
Elle n’était plus l’épouse dévouée qu’il avait toujours connue et cela l’effrayait d’autant plus qu’elle lui donnait l’impression d’être restée la même. Fabian était un notable à Long. Il ne souhaitait pas faire l’objet de ragots, surtout si sa femme vivait sa vie sans lui. Il devait enquêter car il n’appréciait pas que son épouse fréquente Justine Lauriol, qui venait de divorcer.
Margot n’avait pas l’impression d’être la plus âgée des deux. Elle était une jeune femme amoureuse. C’était cela. Cependant, elle devait penser à l’avenir. Il était trop tôt pour savoir si Floris et elle pourraient vivre ensemble. Ils venaient tout juste de passer la barrière de la rencontre physique. Il fallait qu’ils voient s’ils pouvaient vivre ensemble.
Elle était telle que sur ses photos, grande, voluptueuse, pleine de vie, dynamique, ancrée dans son travail et sa vie quotidienne. Lui n’était pas aussi rayonnant. Cela dit, elle avait aussi un côté apaisant qui calma l’esprit du jeune homme et il put à nouveau parler, alors qu’elle sortait son repas pour le réchauffer au four micro-ondes.
Elle n’éprouvait plus autant de passion, ni d’autres sentiments douloureux qui menaçaient de tout faire exploser dans sa vie. Elle était calme, sobre et définitivement guérie de cette addiction. Elle se sourit à elle-même avant d’éteindre son ordinateur, tout en se demandant ce que lui apporterait son message à l’attention envers Héloïse.
Elle contempla ses filles et savoura ce moment de complicité, qu’elles n’avaient plus partagé depuis près de six mois. C’était comme si, soudain, Margot se réveillait d’un long rêve. Comme si Floris n’avait jamais existé. Elle était de nouveau là, bel et bien là. Les deux filles le remarquèrent et en furent ravie.