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Citations de Carole Declercq (56)


Nini n'eut pas le droit à une tonte en public avec un écriteau et un bain salvateur dans une fontaine parisienne. Elle fut enfermée dans une cave avec deux femmes à Boches authentiques, dont une qui avait déjà eu deux enfants de son soldat de deuxième classe. Toutes les fois où elle voulut ouvrir la bouche pour parler, on la frappa à coups de poings. Une prémolaire se déchaussa. L'ossature de son visage se morcela. Ses lèvres éclatèrent à plusieurs reprises et ses yeux passèrent par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Elle fut violée jusqu'à trois fois par jour pendant une semaine. Et quand tous ces héros glorieux de la Libération eurent fini d'exercer leur traitement purificateur sur ces Françaises infestées par la vermine boche et estimèrent qu'elles pouvaient repasser sans danger de contamination, dans le patrimoine national, on la relâcha complètement folle de douleur sur le pavé parisien.
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La seule image qui s'imposait, avec une clarté qui faisait frissonner sa chair, c'était celle de cette cave sombre, humide, puante où elle avait été enfermée pendant sept jours avec deux autres jeunes femmes, jetée en pâture sur un matelas souillé jusqu'au crin des crimes et des outrages précédents, qu'on souilla encore plus de la jouissance coupable, honteuse que l'on prit sur elle. Quel déshonneur, quelle horreur des hommes, quel désespoir insurmontable pouvaient naître de cette semence ? Elle avait mis ce monstre hideux au monde et ne s'en remettait pas. Une hémorragie lente la minait.
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Elle venait de prendre un trésor à pleines mains, sans les précautions habituelles à sa fonction ou aux disciplines scientifiques et au détachement parfois nécessaire même s'il n'excluait pas l'admiration. Elle s'était glissée pendant un cours instant dans la peau du quidam qui avait un jour, voici fort longtemps, présidé à l'exécution de ce bel objet au nom du plaisir esthétique, s'attribuant le droit de disposer librement de sa possession, de l'examiner, de la manipuler pour ce qu'elle était et non pour ce qu'elle représenterait un jour.
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Les jeunes oublient souvent tout ce qu'ont vécu les vieux parce qu'il y a en eux une réserve d'optimisme indécrottable assortie d'une aptitude à désapprendre pour se contenter du moment présent.
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Je dois faire ce que je peux pour les aider. Eux, ce sont tous ces jeunes gars. Des Allemands, comme moi. Je ne peux pas leur demander de se dresser devant les Américains, debout, face à la mer et poitrine offerte en attendant la mort. Pour expier. La vie, c'est précieux. Ils ont le droit de la défendre encore un peu. Même un bourreau tient à la sienne.
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C'était la guerre. Il venait de le dire. Une chienne de guerre. Et les gens continuaient à aimer, à espérer, à se séduire, à se chercher, à se respirer.
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Voyons, comment présenter en restant polis ? "Bonjour, mademoiselle, nous allons vous fourrer dans le lit d'un officier allemand au beau milieu d'un service de contre-espionnage. Autant vous dire : un panier de crabes. Votre mission sera de tenir le plus longtemps possible, bien qu'il n'aime pas prendre ses aises avec une fille en particulier. Vous devrez photographier les rapports qui vous seront indiqués, contourner la sécurité, nous les faire parvenir sans vous faire prendre, éventuellement lui trouver la peau avec un engin fourni par la maison s'il vous surprend - on vous montrera comment faire le plus de dégâts - et vite vous carapater sans que nous ayons les moyens de vous faire de la souricière." Présenté comme ça elle ne pouvait pas dire non. On pouvait même se laisser aller à lui demander, puisqu'elle parlait allemand, de leur communiquer les petits extras qu'elle entendrait.
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— Limoges, Adeline! C’est le bout du monde. Même les chats se pendent.
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Parce qu'ici, c'est comme un damier. On y joue à toutes sortes de jeux. Et les habitants sont des pions que l'on déplace selon la fantaisie. Parfois on fait venir des gens qui n(y tiennent absolument pas. Il fallait à un moment donné que la Macédoine soit plus grecque que toute la Grèce. Alors on l'a nettoyé de force. On a enlevé les Slaves et les Turcs qui s'y étaient installés depuis des générations. On a remis des Grecs déracinés d'ailleurs et qui n'étaient pas du tout contents de venir ici. On a agi comme si ces gens étaient des plantes que l'on pouvait dépoter et repiquer.
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L'oncle Albert ignora sa dernière remarque et promena un regard amoureux sur la bibliothèque qui occupait tout un pan de mur. Pas un seul petit morceau de cellulose moderne. Que des ouvrages anciens collectés au fil des ans, avec méticulosité. Certains précieux, d'autres beaucoup moins, pour lesquels, il n'avait pas moins de tendresse.
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Ce vent du Paiko, dont les bêtes et les hommes se gavent, est un personnage à lui tout seul.
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-Et c'est toi, la femme d'expérience qui est censée s'incruster dans les habitudes du monsieur ? Le capitaine Michel t'a présentée comme la nouvelle Mata Hari. Tu as couché une fois avec un homme ? C'était bien, au moins ? II a bien fait son travail ?
-Je ne sais pas. Je n'ai pas de comparaison, répondit platement Marianne qui avait décidé de jouer franc-jeu avec ce mentor d'un genre inédit. C'était assez nouveau pour lui aussi. Il est homosexuel.
Nini se leva en jetant les bras au ciel au cas où il y aurait quelqu'un là-haut pour la soutenir morale. Ne recevant pas de réponse, elle se mit en colère :
-Alors, là, la Résistance débloque. Comment je vais faire, moi ? Ils me prennent pour Merlin l'Enchanteur ? Attends, stop, on réfléchit deux secondes : Ils veulent te flanquer, toi, une gamine qui a vu le loup une fois, comme qui dirait jamais, dans le lit de Max von Wreden ? Un homme à femmes notoire qui rôde dans tous les cabarets de Montmartre et qui a vu la petite culotte de tout ce qu'il y a de potable dans Pars ? Et quand je parle de loup...Non, mais, dites-moi un peu, je rêve !
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La dure réalité est préférable à un faux espoir. Marianne faillit laisser échapper un soupir.
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En logeant à Adlon, vous n'avez pas dû vous en rendre compte, mais, oui, certaines denrées sont rationnées. Pour avoir des canons, il faut savoir renoncer au beurre.
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- J'ai l'impression d'être sur une autre planète. C'est un peu effrayant, tous ces drapeaux. Même l'hôtel en est couvert.
Un tissu rouge marqué en son centre d'une grosse araignée noire à laquelle on avait arraché des pattes claquait à proximité de la fenêtre, attirant l’œil malgré lui.
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- Pour tout vous dire, je ne lis que des romans.
Hans parut surpris.
- Vous ne lisez pas Hugo, Lamartine, Vigny, Baudelaire? Mallarmé, Valéry? Et vos nouveaux poètes? Eluard, Aragon.... Le théâtre, ça se conçoit. C'est d'abord un spectacle. Je connais un tas de gens qui ne supportent pas de lire une pièce. Mais un poème...
- Non, vraiment. Je ne lis que des romans, répéta-t-elle. Je ressens le besoin de m'identifier aux personnages des histoires que je lis. Avec des poèmes, c'est impossible. Je ne suis pas sensible à ce qu'ils expriment. Quant au théâtre, c'est trop d'agitation pour moi…
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Les nazis détestent Berlin. Tout projet visant à le réduire d'abord en miettes avant de le reconstruire leur convient. […] Ils considèrent que c'est un petit noyau de palais de riches entouré d'une énorme ceinture de Rouges. À leurs yeux, les Berlinois
sont des esprits indépendants qu'il est impossible de réformer. Ils les trouvent arrogants, brutaux, hargneux.
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Anna, dont la tête tournait un peu de pouvoir admirer sans retenue ni barrière ces objets étrusques posés avec une désinvolture étudiée, se sentit prise de vertige à l'idée qu'il y avait sans doute quelque part dans cet appartement et dans les multiples coffres de la fondation Borelli d'autres pièces encore plus précieuses pour nécessiter qu'on les mette à l'abri.
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-La littérature et la musique avancent de front, me répète-t-il à l'envi. Elles forment l'attelage qui fait progresser l'humanité et reculer l'obscurantisme. Elles se nourrissent l'une de l'autre. Savez-vous que je ne lis qu'en écoutant de la musique et que je ne peux m'empêcher d'établir des correspondances entre phrases et phrasés ? Entre écrivains et compositeurs ? C'est une espèce de valse-tourbillon, d'abysse insondable, vertigineux. Cela peut m'occuper des heures. Une journée entière, parfois. Une poignée de mots peut me figer, me torturer avant que la révélation musicale ne se fasse jour dans mon esprit. Berlioz pour Les travailleurs de la mer d'Hugo. Telle sonate de Mozart sur un poème de Nerval. Rachmaninov pour Pouchkine. Debussy et Thomas Mann. C'est inexplicable, c'est parfois injuste ou insensé, mais c'est comme cela.
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J'ai été dès le départ l'un de ces êtres parfaits dont on attend qu'ils croissent, vivent puis s'éteignent dans un état de sublimité absolue. Un être qu'on ne jalouse même pas tant il nous paraît hors de la réalité. Un être de magazine spécialisé et de couverture de luxe. Un être que rien ne fait dévier d'une trajectoire balisée par les feux de la rampe. Ou alors, il faut avoir pris soin de glisser un scrupule ou deux dans l'engrenage. Je me suis donc mise à les chercher, ces petits cailloux, car, très vite, très tôt, dès l'âge de la conscience, je me suis mesurée à mes parents et j'ai vite compris que je n'étais pas à la hauteur.
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