" À supposer qu'il y ait un sens à vouloir expliquer pourquoi ce fut justement moi, parmi les milliers d'autres êtres équivalents, qui pus résister à l'épreuve, je crois que c'est justement à Lorenzo que je dois d'être encore vivant aujourd'hui, non pas tant pour son aide matérielle que pour m'avoir constamment rappelé, par sa présence, par sa façon si simple et facile d'être bon, qu'il existait encore, en dehors du nôtre, un monde juste, des choses et des êtres encore purs et intègres que ni la corruption ni la barbarie n'avaient contaminés, qui étaient demeurés étrangers à la haine et à la peur ; quelque chose d'indéfinissable, comme une lointaine possibilité de bonté, pour laquelle il valait la peine de se conserver vivant"
Primo Levi a dit que l'écriture lui avait permis de se purger et de se libérer de son terrible vécu à Auschwitz.
Ses livres, outre "Si c'est un homme", sont marqués par l'envie de comprendre la nature humaine.
Et Lorenzo Perrone en est la pièce maîtresse, lui qui l'a sauvé et qu'il tenta de sauver par la suite...
"Qui sauve une vie, sauve l'humanité entière" dit le Talmud.
Avec "Un homme sans mots", Carlo Greppi veut raconter son histoire, leur histoire, sans oublier tous ces Justes de la Nation, des lumières dans les ténèbres d'une partie de l'histoire du XXème siècle.
Un livre remarquable, instructif, bouleversant nécessaire...
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Auschwitz,
1943,
Lorenzo Perone est envoyé dans ce camp en tant que travailleur étranger, il est maçon et est employé par sa société pour agrandir le camp de concentration
Il y rencontre Primo Levi, 25 ans, lui est un détenu…
Lorenzo est identifié, il garde son nom, car il s’est porté volontaire et y vit dans des conditions précaires mais acceptables
Primo, non identifiable, car est un prisonnier,
matricule 174 517, tatoué comme des bêtes…
J’ai lu très récemment « Si c’est un homme » de Primo Levi
L’un ne va pas sans l’autre, l’autre ne va pas sans l’un, ils sont complémentaires
Ce livre reflète à la perfection les hommes et les femmes qui ont sauvé une personne, 10, 100, 1000 ou plus et qui sont restés dans l’oubli…
Ces hommes et ces femmes qui ont fait actes de bravoure tout en restant dans l’anonymat, qui ne se mettent pas en avant, qui ont su rester humbles.
Leur cœur a seulement parlé… sauver son prochain, son ami, sa sœur, son père, son voisin, ou un simple inconnu…
L’auteur est historien
C’est une vision plus éloignée de ces camps. Une vision plus analytique…
C’est à la fois un regard élargit, c’est la perception de l’extérieur mais c’est aussi un décryptage à la loupe de ce qu’ont pu être les liens entre certains hommes et certaines femmes et ici surtout entre Primo Levi et Lorenzo Perone
Il y a aussi l’après… impossible de s’en sortir pour Lorenzo contrairement à Primo
La fin est extrêmement touchante avec la mort de Lorenzo en 1952 et Primo qui prénomma sa fille Lisa Lorenza
Lorenzo, cet homme, ce civil italien, lui a donné pendant 6 mois, tous les jours, un morceau de pain et le fond de sa gamelle et une écoute attentiste
Lorenzo a été reconnu en tant que Juste de la Nation
Une amitié hors du temps,
Je salue le travail de recherches qui a du être faramineux, ce récit est alimenté de photos, de lettres diverses, de tickets de cantine…
Les archives sont notre mémoire du temps et de notre histoire…
À lire absolument !
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