« Vous pouvez toujours compter sur un cafouilleur pour se croire unique en son genre, pour croire que son cafouillage est pareil à une empreinte digitale, qu’il n’appartient qu’à lui. La vérité, c’est que le monde est peuplé de cafouilleurs qui vous ressemblent en tous points, et se croire spécial n’est qu’un cafouillage de plus. » (p. 195)
[...] je cataloguai immédiatement Wesley Mincher pour ce qu'il était : c'était un personnage, lui aussi, le genre de personnage du Sud convaincu d'être un personnage du Sud, c'était manier le double langage, avoir perdu la guerre de Sécession et refuser que d'autres en parlent mais être incapable de s'arrêter d'en parler, et avoir de vieux parents sages et lugubres et des vérandas où ils peuvent s'asseoir, et des Noirs, toujours des Noirs, dont vous savez tout mais dont les autres ne savent que dalle, et l'idée que l'autocritique est un art mais que la critique extérieure est de l'hypocrisie, et des shérifs sages et rustauds et Dieu et des animaux de ferme et de la bonne cuisine qui ne serait pas bonne si vous la mangiez dans un restaurant et non dans la cuisine de maman, et un jeu de pneus à flancs posés contre la grange qui feraient bien sur la Buick de 1957 à propos de laquelle vous avez une savoureuse anecdote à raconter.
« Comment sommes-nous censés reconnaître nos erreurs avant qu’elles ne deviennent des erreurs ? Où est le livre capable de nous enseigner cela ? » (p. 152)
J'avais envie de pousser un cri de triomphe en chemin, quelque chose comme, Ouais ! ou bien Putain, ouais ! exactement comme l'auraient fait Marlowe, Poirot, voire Holmes, même si c'était peut-être pour cela qu'il gardait Watson à ses côtés : pour lui dire de calmer sa joie et ne pas trop s'emballer.
Et c’était peut-être pour ça aussi que les gens lisaient : non pour se sentir moins seuls, mais pour paraître moins seuls aux yeux des autres gens, et ainsi éviter d’être pris en pitié et avoir la paix. (p.235)
Les fruits et légumes étaient bio - des écriteaux me le disaient - et moches, n'ayant pas été cultivés avec les engrais et les insecticides qui les rendent si beaux et si savoureux.
J'empruntais cette technique à ma mère. . Quand j'étais petit et que je disais une bêtise, elle me la répétait afin que je puisse entendre combien c'était bête.
Non pas que Mincher fût sourd ; non, c'était un de ces universitaires distraits qui sont tellement absorbés dans leur propre tête qu'il leur faut longtemps avant avant de se rendre compte qu'on a peut-être besoin d'eux dans le monde extérieur.
Après tout, les études ne servaient-elles pas à ça ? A débarrasser son esprit des choses dont on ne veut pas se souvenir et à le remplir de choses nouvelles avant que les vieux souvenirs indésirables aient le temps de refaire surface.
(...) l'hystérie d'autrui étant un remède bien connu à la vôtre.