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Citation de migdal


Les rencontres que fait Clavière à Neuchâtel lors de la première étape de son exil illustrent bien ce bariolage à nos yeux étrange. Elles ont lieu en juillet 1782 chez Pierre-Alexandre DuPeyrou, un milliardaire en termes de pouvoir d'achat actuel qui s'est fait construire dans ce coin de l'Helvétie, entre montagne et lac, un somptueux palais. Clavière et son épouse y sont reçus à plusieurs reprises. Ils y retrouvent Jacques-Pierre Brissot dit de Warville, futur chef révolutionnaire français, dont Clavière fait la connaissance un mois plus tôt à Genève. C'est la que se resserre leur amitié : « Plus je me liais avec les Genevois, écrit Brissot dans ses mémoires, et plus je m'attachais à eux ; mais celui qui me séduit surtout, celui que je commençai dès lors à regarder comme mon ami, comme mon Mentor, fût Clavière. »

Au mois d'août, Clavière et Brissot sont présentés par leur richissime hôte à Honoré Gabriel Riquetti, comte de Mirabeau, autre future figure de la Révolution en visite à Neuchâtel. Clavière, Brissot et Mirabeau, qui six années plus tard se retrouvent à Paris pour lancer ensemble la Société des Amis des Noirs, reconnaissent DuPeyrou comme un des leurs, bien qu'ils sachent que sa fortune colossale provient en partie des revenus générés par ses plantations en Guyane hollandaise. Il faut dire que DuPeyrou est un planteur esclavagiste assez particulier : c'est un admirateur de Montesquieu, de Voltaire et, surtout, de Jean-Jacques Rousseau, doublé d'un défenseur du modèle constitutionnel libéral de l'Angleterre.

Dans ses mémoires, Brissot se dit enchanté du mois passé chez DuPeyrou: «Cet agréable séjour me parut le temps le plus court de ma vie. » II y jouit du luxe de la grande demeure aristocratique et des charmes du vaste domaine qui l'entoure. Mais, non sans quelque affectation, il regrette d'être «entouré de trop de somptuosité». Le grand salon doré du palais, écrit-il, « convenait plus à Paris qu'à des montagnes solitaires (...)». Brissot aurait voulu que «M. Dupeyrou (...) eût (...) employé les revenus immenses qu il tirait de ses habitations de Surinam à des objets d'utilité publique (..,)».
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