Ce père de famille à la mise simple, toujours en chemisette claire, continue de
voyager en seconde classe. Comme si le succès planétaire de son benjamin était un rêve dont i l risquerait à chaque instant de s'éveiller.
Dépassé par l'aura de son rejeton surdoué,impassible dans toutes les occasions, que son fils marque le but de la victoire en Coupe du monde ou qu'il soit reçu par le président algérien, Smaïl reste un père comme les autres. Bien entendu fier,mais aussi protecteur et inquiet.
Cette panenka, Domenech ne la pardonnera jamais. On ne met pas en danger une équipe pour forger sa propre gloire. Avec un « geste fou », selon les propres termes de Fabien Barthez, qui mime l'action à l'autre bout du stade.« Quel panache ! » répliquent en choeur tous les commentateurs sportifs de la Terre. Qu'importe.Ce but offre définitivement au numéro 10 le statut d'un véritable héros de l'antiquité.
Adulé, admiré, Zidane semble ne plus s'appartenir depuis cette fantastique finale de 1998. Pis, son coup de tête de 2006 l'aura propulsé défenseur des opprimés, à l'insu de son plein gré. Pour cet homme qui s'est forgé une image d'homme timide et qui a tant voulu cloisonner sa vie, la célébrité.voulue qu'à moitié, est parfois vécue comme une épreuve.
Zizou est de ces stars qui bercent le sommeil des enfants et enchantent la vie des adultes.Chercher à savoir qui il est, ce qu'il fait, c'est un peu comme soulever la longue robe du père Noël,critiquer un bienfaiteur de l'humanité, ou s'intéresser de près à son meilleur ami. Cela ne se fait pas.Interdit. Prohibé.
Le joueur s'accommode mal des bavards. Y compris parmi ses proches. Si par malheur ceux-ci osent parler de lui sans son accord, les mesures de rétorsion sont impitoyables : un silence radio durant plusieurs mois, voire l'exclusion définitive du clan. Une punition redoutable quand on sait que la grande majorité de l'entourage du sportif possède,de près ou de loin, un intérêt professionnel ou financier à le côtoyer.
Le joueur n'a fait que céder à ses pulsions, dans une société qui les contient de
moins en moins. Voilà pour le mobile. Reste à justifier la violence de la pulsion en question. Le publicitaire joue son va-tout : afin d'expliquer le coup de folie de Zidane, il invoque la supposée fierté des Berbères.
Ce n'est pas parce que vous n'avez pas fait de grandes études que vous ne pouvez pas avoir de grandes responsabilités. Car i l y a une chose plus importante encore que les diplômes : Les frottements de la vie.Parce que, dans la vie, il y a des frottements.
Zidane est un « excellent stratège » malgré cet air un peu naïf qu'il affectionne
tant. Le joueur connaît la force de son charisme et sait mettre ses adversaires dans la poche.
Adulé par les foules, celui qui règne en maître dans le cœur des Français depuis des années est au final, paradoxalement, l'un des hommes les plus secrets du pays.
Le foot, i l l'a appris dans les quartiers nord. On ne peut pas comprendre le personnage si l'on ne sait pas ce qu'est le football des rues.