Encore un lourd secret dissimulé dans les méandres du cercle familial. Toujours quelque chose à cacher, à se reprocher. Rien n'est jamais clair dans le passé des anciens.
Si de nos jours, on ne peut pas dire ce que l’on pense. Dans quel monde vit-on ?
La honte l’envahit peu à peu. La transperce de millions de petits trous, à travers lesquels pénètrent l’humiliation et l’embarras. Elle savait sa famille sans retenue,sans pudeur. Cependant, à ce moment précis, cette dernière est sans vergogne. S’étriper de cette manière devant une inconnue pour une histoire de cheveux relève de l’exploit. Elle se rend compte que Paris a été sa bouée de sauvetage.
S’enfuir à plus de 700 kms de chez elle, lui a été bénéfique. Elle s’est détachée progressivement de l’emprise de sa mère. Couper ce cordon, si étouffant et manipulateur. Elle s’est construit son petit monde, qui est devenu sa famille d’adoption. Elle a pu s’épanouir avec sa personnalité, son comportement loufoque, sa joie de vivre, et sa voix qui porte. Sans supporter les reproches, qui finissent toujours par la faire douter de son comportement.
Dans un grincement de porte, Hélène descend du bolide, suivie de près par Altesse ; tandis que Marlon, les poings sur les hanches, le torse en avant, s'approche de la voiture, avec une démarche de cow-boy.
"En quoi puis-je vous être utile, ma p'tite dame ?", demande-t-il.
La conductrice soupire. S'essuie les mains avec un mouchoir. Regarde autour d'elle. Souffle. Puis balance, sur un ton sec et cassant :
"Cela se devine, non ? [...]
- Ma p'tit dame... Je vais vous expliquer un peu comment cela se passe ici... Les gens désagréables m'ont toujours gonflé ! Alors vous mettez une once de chaleur dans votre voix ainsi qu'un minimum d'intérêt, pour moi, dans votre regard... Et peut-être... J'ai bien dit peut-être... Que je serai enclin à vous aider !" [...]
Hélène entrouvre la bouche de nombreuses fois, tel un poisson hors de l'eau. Personne ne lui a jamais parlé sur ce ton.
Elle n’est pas si jolie que ça ! Pourquoi en font-ils tout un pataquès ! C’est vrai qu’elle a du charme ! Mais bon, quand même, je ne me relèverai pas la nuit !
Tout en esquissant un sourire en coin, Dolorès sait à qui elle a affaire. Son physique agréable à l’œil cache une femme de caractère. Droite, presque rigide. Une mâchoire carrée exprimant subtilement le contentement. Elle dégage un doux parfum d’omnipotence. Hélène donne l'impression d'être une femme perspicace, usant de son charme à tours de bras, pour obtenir ce qu’elle veut.
Selon la légende, cet arbre est l'Arbre de Justice du roi Saint-Louis. Il s'asseyait juste en dessous pour rendre justice.
- L'arbre de justice dont tu parles est dans le bois de Vincennes. Jean de Joinville l'a situé à cet endroit !
- Mais, c'est que Madame s'y connait ! lâche Jeanne, étonnée.
- Oui ! Tu ne savais pas ? Elle a un Master en "Sciences, Sociétés et Phénomènes dits légendaires" précise Bérénice, avec une pointe d'ironie.
- Ce cursus existe vraiment ?
- Pourquoi toujours la même question ! soupire Hélène.
« La rédaction est plutôt hésitante. On dirait que l’auteur cherche ses mots, surtout en français. Ce n’est en aucun cas une écriture fluide. C’est ce qui me fait dire que c’est une jeune fille. A contrario, l’histoire couchée sur le papier est très mature. Voire trop mature. Comme si l’auteur avait fait une introspection. Il a analysé ses erreurs et essaye d’en tirer les enseignements. Cette femme m'intrigue ! »
Elle en a fait monter sur tous ses bijoux, car, le jade a le pouvoir de protéger son propriétaire des mauvais esprits. Une croyance que sa mère a adopté, suite à un de ses nombreux voyages en Amérique latine. Hélène n’a jamais compris comment une femme aussi cultivée que sa mère pouvait avoir peur de quelque chose qu’elle ne peut ni voir, ni entendre et surtout, qui n’existe pas.
"[...] Ils n'auraient pas caché l'objet, le parchemin ou je ne sais quoi d'autre dans une pauvre latte de parquet ! C'est une cachette de pauvre !
- Et donc, quelle serait selon toi une cachette digne des templiers ?
- Selon moi, une bonne cachette est une cachette que l'on a sous les yeux. Une cachette visible aux yeux de tous la rend invisible ! ", explique Bérénice.
Cinq femmes, bavardant sans relâche, dans un immense espace, créent rapidement une cacophonie tintinnabulante. Un doux et lent piaillement, qui prend de plus en plus d’ampleur, pour finir en un glouglou impressionnant. Une cacophonie digne d’une gigantesque basse-cour, habitée par une vingtaine de pintades.