Lecture magique et musicale par l'auteur accompagné de Philippe Beau, ombromane
Festival Paris en toutes lettres
Première Guerre mondiale dans la région de Besançon, un garçon de 14 ans est sous le feu des bombes. Blessé, il se réveille dans la cave de son « sauveur », un savant fou qui pratique des greffes abominables. Or le jeune homme découvre une proéminence qui sort de son nombril
Une main ! Récit fantasque et fantastique, aussi drôle que troublant, fable sur la différence et la monstruosité, ce roman-journal est mené tambour battant dans une langue riche et raffinée.
Ce soir, Arthur Dreyfus nous invite dans son livre d'une drôle de façon : par une lecture accompagnée de musique, de magie et d'ombres chinoises proposées par les merveilleuses mains de l'ombromane Philippe Beau.
« Cette troisième main, qui va mener mon personnage vers le pire comme le meilleur, sauver sa vie puis l'anéantir, incarne cette bête tapie en chacun, dont nous avons besoin pour vivre et pour créer, et qui demeure notre seul véritable et inévitable ennemi. Elle est invisible. J'ai voulu lui donner un corps. »
Arthur Dreyfus, La troisième main
À lire Arthur Dreyfus, La troisième main, P.O.L, 2023.
Son : Axel Bigot
Assistante lumière : Hannah Droulin
Direction technique : Guillaume Parra
Captation : Claire Jarlan
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" Je ne peux te fuir qu'en toi " . ( énigme immuable de l'amour) ....
Proverbe soufi.
Tous les garçons dignes de prétendre au sacro-sain statut d'homme s'évaporèrent du jour au lendemain. Des chapelets de "soldats" que j'avais aperçus jeunes aux champs, ou en classe de morale, rejoignirent balluchon sur l'épaule un pays que les adultes nomment Honneur ou Patrie, que moi je nomme Trépas.
La coréenne est-elle la femme parfaite du parfait machiste?
Une chose est sûre: les mariages arrangés - dans les campagnes comme dans les grandes familles- existent toujours, et l'on trouve encore aujourd'hui bien des femmes à qui leurs époux interdisent d'exercer une profession. Moyennant quoi, nombreuses sont celles qui décident de renoncer à la vie conjugale (et aux enfants) pour travailler librement.
tout le monde disait Véronique et Bernard, et non pas la famille Florestan, car au fond il y avait deux types de couples: ceux qui se rencontraient, qui s'appréciaient, qui s'ennuyaient, qui s'étaient vite tout dit et qui, pour renouveler les sujets, faisaient des enfants; puis d'autres, les couples d'évidence, ceux pour qui l'univers s'était plié en deux, afin qu'ils se rencontrent, et eux ne s'ennuyaient jamais, le miracle était d'être ensemble présent au monde, et si des enfants tombaient du ciel, on les aimerait quand même, mais on les élèverait en marge d'un amour qu'ils importuneraient toujours, tel était le couple que formaient les parents d'Alexia, elle l'avait conçu à la longue, et en avait pris son parti, ...
L'immense majorité de nos frustrations, de nos souffrances, de nos tristesses - de notre malheur - résulte d'une interprétation hâtive.
Aussi, lorsqu'au dernier jour de classe verte, sous une tente en Lozère, vêtu de ma plus belle chemise à manches courtes, je me mets au défi de "sortir avec une fille", je prends une décision sincère. Tous les garçons connaissent le tourbillon de la langue dans une autre langue. Le lendemain, j'en fait le serment, j'aurai aussi tourbillonné.
C'est un beau couple, voilà ce qu'on se disait en contemplant Véronique et Bernard, lui le rude, elle la délicate, l'image était banale, digne d'Epinal, mais quand deux coeurs s'aiment ils s'aiment pour tous les autres, je veux dire: pour ceux qui ne s'aiment pas ou pas assez.
On sait très bien que le mariage à la base, c'est un contrat économique. C'est un outil inventé par la civilisation humaine pour consolider la vie des plus fragiles ! A deux, t'es plus fort que tout seul, en gros ! C'est prouvé, hein ! Tu partages des frais, monsieur va chasser le mammouth pendant que madame cueille des baies ou qu'elle surveille la grotte.
La dernière fois qu’il l’a vue vivante, c’était dans le métro parisien, quelques secondes après la fermeture des portes à l’arrêt République ; un garçon de vingt ans assis face à eux les a observés se dire au revoir, il a été touché par leur affection imperceptible et, bien qu’il fût monté à la station précédente, il avait compris avant le moindre échange de paroles, de regards, que ces deux-là formaient un couple – son intuition était due, estimait-il, à leur apparence : on s’approchait de Beaubourg, de l’Hôtel de Ville, après les arrêts Jourdain, Goncourt, et Belleville; la plupart des voyageurs connaissaient la mode, une jeune femme à la frange parfaite et chatoyante avait inscrit sur son sac en toile my chanel is at home, il y avait aussi un garçon africain aux cheveux rasés d’une façon très stylisée, dont la chemise était boutonnée jusqu’au col, qui écoutait une musique au tempo lent, il y avait deux adolescentes vêtues de leggings roses et parées.
«Madec se dirigea vers la cuisine pour chercher un couteau à pointe fine. Comme s'il était surveillé, il s'interdit la lumière. L'obscurité ne faisait pas disparaître les formes, mais les couleurs. Est-ce ainsi que voyaient les gens dans les vieux films? L'enfant ouvrit le tiroir à ustensiles.»