AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Amor Towles (201)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Un gentleman à Moscou

En cet an de grâce 1922, la Mère Russie, désormais bolchevique, n'apprécie guère qu'on lui résiste. Le comte Alexander Rostov, aristocrate imperturbable et invétéré, en fait les frais. Refusant de renier sa classe sociale, il n'est condamné ni au peloton d'exécution ni au goulag sibérien, mais est assigné à résidence, et à vie, dans une mansarde du luxueux hôtel Metropol à Moscou. Noblesse oblige, le comte accepte la sentence avec élégance, sans amertume ni esprit de revanche, et prend le parti de régler sa vie comme du papier à musique pour éviter de sombrer dans l'abîme d'ennui qui le menace pour quelques dizaines d'années. Heureusement pour lui, l'hôtel est vaste et peuplé de gens intéressants, des grooms aux clients les plus illustres. A force de déambuler dans les couloirs, boutiques et restaurants du Metropol, il se lie d'amitié avec le chef-cuisinier et le maître d'hôtel; avec Nina, une jeune cliente intrépide de neuf ans (qui, des années plus tard, lui confiera sa fille Sofia); avec Anna, actrice célèbre. Il devient même chef de rang du restaurant, fréquenté désormais par l'élite soviétique et la diplomatie et la presse étrangères. Un poste de choix pour observer l'évolution de la vie politique, de Staline à Khrouchtchev, à travers les conversations et les confidences de ce microcosme. Regarder, écouter, se taire (ou presque), telle est la sainte trinité respectée par le comte, qui n'a pas renoncé à la liberté, et qui comprend qu'en réalité il est "l'homme le plus verni de Russie".



Dieu que ce comte Alexander Rostov est un personnage aimable ! Et comme on aimerait être l'objet de ses attentions! Un gentleman exquis, parfait, raffiné, séduisant,... un vrai prince charmant ! Et il faut reconnaître que cette belle histoire tient un peu du conte, avec des amitiés à toute épreuve d'un côté et de l'autre les sorcières malveillantes du stalinisme, qui tiennent votre vie entre leurs doigts crochus et arbitraires. Un jeu de chat et de souris dans les méandres de la bureaucratie et dans le labyrinthe des couloirs secrets du Metropol, entre des Gentils très attachants et des Méchants dangereux mais qu'on finit par faire tourner en bourriques. Les péripéties ne sont pas toujours très vraisemblables mais qu'importe, on a envie d'y croire et ça fonctionne, avec cocasseries, drames, grande cuisine, amour, amitié et loyauté. Mesdames, ce "gentleman à Moscou" est un pur caviar...



En partenariat avec les éditions Fayard via Netgalley.
Lien : https://voyagesaufildespages..
Commenter  J’apprécie          915
Un gentleman à Moscou

1922. Le comte Rostov est jugé par le Commissariat du Peuple et échappe à la peine de mort. Il doit désormais vivre à demeure à l’hôtel Metropol de Moscou. Mais est-ce si négatif ? Son meilleur ami lui avoue d’ailleurs que dans cette situation, il est probablement le plus verni des hommes de Russie.





Ce très gros roman m’a tenu en haleine. Je ne sais pas s’il faut le qualifier de roman historique, car il a l’allure d’un conte. L’auteur nous raconte la vie d’un microcosme grâce à une galerie d’anecdotes. Il est également le prétexte pour nous peindre en toile de fond l’évolution de la vie quotidienne en Russie et les événements politiques. L’auteur n’est pas avare en références littéraires et musicales. Rostov ne serait –il pas par ailleurs un clin d’œil appuyé à un personnage de Tolstoï ? Les réactions des personnages, en particulier de Rostov, nous enseignent une certaine philosophie de la vie. J’ai aimé la finesse de ce personnage qui vit en exil chez lui dans un monde en plein bouleversement.

Commenter  J’apprécie          732
Un gentleman à Moscou

Très décevant malgré les avis dithyrambiques. Je me suis profondément ennuyée. Il ne se passe quasiment rien durant 600 pages, un exploit ! L'auteur se complaît dans des descriptions creuses, par exemple 2 pages pour dire que le héros attend midi pour aller chez le coiffeur ... Bref je n'en rajoute pas .pas emballée mais à vous de vous faire votre opinion .
Commenter  J’apprécie          725
Un gentleman à Moscou

Le comte Alexandre Illitch Rostov (Sasha pour les intimes) a été assigné à résidence à vie dans l’hôtel Metropol où il vivait dans une suite.



On lui reproche d’avoir écrit un poème, contre la révolution (1916 !) et d’être revenu d’exil « pour prendre les armes » et "d’avoir succombé de manière irrévocable au pouvoir corrupteur de sa classe", il est donc une menace pour le régime. Il n’échappe au peloton d’exécution que parce qu’il n’a pas été tendre non plus avec le régime tsariste.



Amor Towles fait démarrer son récit alors que la révolution d’octobre vient d’avoir lieu, et on va suivre ainsi le héros de 1922 à 1954 durant toute la période soviétique, on croisera ainsi Staline alias Soso, Khrouchtchev dont on suivra les manœuvres pour prendre la succession.





Ce comte m’a énormément plu par la manière dont il réussit à transformer cet exil intérieur, cette prison qu’est devenue l’hôtel, où il a été relégué sous les combles dans un réduit qu’il va organiser pour le rendre habitable et lui donner une âme. Il fait rapidement le tri dans ce qu’il peut et veut y emporter, ce qui a de la valeur pour lui, pour se souvenir du passé, de sa sœur décédée très jeune : l’horloge de son père qui ne sonne que deux fois par jour : midi et minuit, ce que l’on a fait avant midi prouve que l’on a été efficace sans perdre son temps et quand elle sonne à minuit : il est trop tard…



Il voit défiler les nouveaux "grands du régime" : on est pour le partage, mais on garde le plaisir du bien manger et du confort (Léo Ferré ne disait-il pas : "on peut être anarchiste et aimer le confort") et leur réunionite, il rencontre Nina dont le père est un notable et cette petite fille, par sa curiosité, ses questions, va établir une relation profonde avec lui, lui faisant explorer tous les recoins de l’hôtel, les couloirs cachés, il va ainsi s’approprier un domaine qui lui était étranger.



Amor Towles introduit un autre personnage savoureux avec Ossip, un dignitaire du régime qui veut tout apprendre de l’Europe, et demande à Sasha de lui expliquer la civilisation et la littérature françaises puis anglaises puis américaines ce qui donne des échanges savoureux, clin d’œil au passage à Humphrey Bogart, au faucon maltais !



J’ai beaucoup aimé Nina et la relation qu’ils tissent tous les deux ; Nina qui veut qu’il lui explique l’éducation des filles sous le tsarisme, ou Nina qui veut vérifier la loi de Newton en faisant tomber divers objets du haut de l’escalier, chronomètre à la main, Nina pleine de fougue et d’idéalisme qui va partir loin dans la campagne participer à la réforme de l’agriculture, Nina qui prend conscience de la réalité…



Sasha évolue tout au long du roman, en même temps que la société bouge, que l’on nomme des gens incompétents mais pistonnés pour servir à table, surveiller les commandes et les stocks… et faire des dossiers sur le personnel… Par exemple l’épisode des vins est extraordinaire : on arrache toutes les étiquettes des bouteilles, et on n’aura plus qu’un seul choix : vin blanc ou vin rouge, où on pourra servir aussi bien un Petrus que de la piquette pour le même prix !



Sasha réussit à s’adapter, à l’imbécillité, à la surveillance à peine voilée, devenant à son tour serveur dans un des restaurants de l’hôtel, en gardant la même élégance, la même maîtrise et forme avec ses deux amis cuisinier et ce qu’ils appelleront le triumvirat



On suit aussi l’évolution d’un autre personnage, Mischka, l’ami de Sasha, écrivain qui peut continuer son métier : il veut publier des lettres de Tchékhov mais manuscrit refusé car la dernière phrase de la dernière lettre porte atteinte au régime ! comme il ne veut pas céder, déportation… il disait que Sasha était un assigné à résidence verni, car plus libre dans sa prison-hôtel que lui en liberté…



D’autres personnages haut en couleur passent aussi dans l’hôtel, véritable lieu de rencontre, avec des Américains, tel Richard avec lequel il échange des idées en partageant un verre au bar…



Pour ne pas spolier, je ne dirai rien d’un autre personnage qui jouera un rôle important dans la vie de Sasha et montrera les ressources de cet homme.



J’ai retrouvé dans ce roman l’âme russe que j’aime tant, j’avais l’impression que l’ami Fiodor n’était pas loin, alors que le régime dégommait la statue de Gogol car pas assez souriant pour la remplacer par celle de Gorki, tout acquis au régime…



On ne s’ennuie pas une seconde en lisant ce roman et on peut l’aborder par différentes clés, la politique, la réforme agraire, la révolte des paysans, le goulag, ou par le côté délation avec l’immonde Fou, ou l’amitié entre ces trois hommes, la relation paternelle, la résilience etc….



L’écriture est magnifique elle aussi, avec des références littéraires, un éloge des écrivains de Montaigne à Dostoïevski. Et la dernière partie est géniale ! j’ai fait durer le plaisir, car je n’avais aucune envie d’abandonner les personnages…



Bref, j’ai adoré ce livre, dont la couverture est magnifique, c’est mon coup de cœur de cette rentrée, qui hélas est passé beaucoup trop inaperçu à mon goût. En fait je l’ai découvert en lisant quelques critiques sur babelio et je vous engage vivement à le lire… et comme toujours quand j’adore, je suis dithyrambique mais j’assume !



Je remercie vivement les éditions Fayard et NetGalley qui m’ont permis de lire ce roman !
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
Commenter  J’apprécie          645
Lincoln Highway

J'avais découvert l'auteur avec Un gentleman à Moscou, livre que j'avais adoré, par son décor, ses personnages et l'humour subtil de l'auteur.

Et je n'ai pas retrouvé toutes ces qualités dans ce roman qui démarre très doucement. Je me suis presque ennuyée, et puis je me suis attachée aux personnages et surtout à Billy, incroyable petit garçon dont la vie est rythmée par sa lecture du livre "Le compendium des héros, aventuriers et autres voyageurs intrépides" du professeur Abacus Abernathe. Livre qui va lui servir de référence dans les multiples mésaventures dont le livre est truffé.



Emmet Watson rentre chez lui après quelques mois dans une ferme pénitentiaire. Son père est mort, la ferme saisie par la banque. Il y retrouve son frère Billy et projette de partir avec celui-ci en Californie en empruntant la Lincoln Highway, la première route transcontinentale des Etats-Unis, route jadis suivie par leur mère quand elle a abandonné le domicile familial. Mais les plans d'Emmet vont être déjoués par la présence de deux ex codétenus, évadés du centre, dont les projets diffèrent des siens



Et s'ensuivent une série de poursuites, retrouvailles et autres incidents, racontés sous forme chorale par chacun des protagonistes.



Le résumé semble prometteur, mais la première partie du livre manque à mon avis d'intensité. Les personnages principaux, Emmet et ses deux codétenus, sont des jeunes d'à peine 18 ans, pas de dangereux malfaiteurs, et j'ai trouvé dans un premier temps le récit de leurs aventures un peu trop "gentillet". Même celui qui a le plus mauvais rôle se révèle un vrai gentil.



Et pourtant, cela valait le coup de continuer. Petit à petit on en découvre plus sur chacun des personnages, ils sont tous moins monochromes que ce que l'on pensait au départ, et surtout on veut savoir comment tout cela va finir. Les péripéties s'enchainent, sur un rythme soutenu.



La peinture de cette Amérique des années cinquante est aussi intéressante, entre la vie dans les campagnes, celle au sein de ces instituts pénitentiaires pour mineurs, où les châtiments corporels étaient courants, le traitement réservé aux personnes fragiles dans leur tête, à coup de médicaments miracle aux effets nocifs sous-estimés.



Deux beaux personnages de femme viennent compléter le quatuor masculin, Sarah la soeur de l'un des évadés d'une bienveillance extrême, mais prisonnière de son statut de femme à la maison, dépendante de son mari et Sally la voisine d'Emmet et Billy qui va elle choisir la liberté.

Et d'autres personnages secondaires, savoureux, qui enrichissent le roman.



Un livre dont j'attendais beaucoup, un peu décevant au départ, mais qui a fini par gagner sa quatrième étoile grâce surtout à ses personnages.

Merci à NetGalley et aux éditions Fayard pour cette lecture #LincolnHighway #NetGalleyFrance
Commenter  J’apprécie          6218
Un gentleman à Moscou

Condamné le 21 juin 1922 à l’exil intérieur l’aristocrate et sémillant Comte Alexandre Ilitich Rostov se retrouve contraint de vivre désormais dans le grand hôtel Métropol de Moscou où il avait ses habitudes , puisqu’il y séjournait déjà .....



Quittant sa luxueuse suite 217, aux dimensions grandioses il emménage dans un vulgaire bout de grenier, mansarde étroite avec deux fauteuils Voltaire, deux lampes de table en forme d’éléphant, la vaisselle en porcelaine de Limoges de sa grand-mère , un portait de sa sœur Helena disparue en 1916, deux bouteilles de cognac et surtout , surtout ses chers livres . ...



Sans amertume , en gentilhomme, reclus et décidé , il accepte la sentence et son huit- clos de bonne grâce .



Il consacre son énergie ——ni à la soif de vengeance , ni aux lamentations , ni aux aigreurs —— mais à «  la gestion des détails pratiques «  autrement dit : «  Continuer à vivre » .

Quelle belle histoire !

Où l’on côtoie les Essais de Michel de Montaigne—— Tolstoi , Techekhov, Guerre et paix, Tchaïkovski, Pouckhine , Gogol et les âmes mortes , Nicolaïsme Boukharme , directeur de la Pravda ——-et bien d’autres âmes Russes.



J’ai adoré déambuler sous les ors et les tentures épaisses ,au sein des couloirs feutrés du grand hôtel, monter les escaliers avec Alexandre ou les descendre avec lui de sa chambre à la lingerie, aux cuisines et au sous- sol qui regorge de tant de trésors , à la cave ——côtoyer femmes de chambre, couturières, serveurs polis et zélés, sans être serviles, le maître d’hôtel solennel et précis tout en retenue, les grooms , le directeur ——-

Accompagner Nina Koulikova , une fillette de neuf ans qui bouleversera le cours de la vie bien rangée d’ Alexandre Rostov. ...

Cet ouvrage nous dévoile un homme charmeur .

Il a du cœur, aime se distraire, à force de vodka, de charme et d’esprit sait obtenir des confidences en nouant des liens étroits avec le personnel. ....

Ses aventures sont relatées en évoquant par petites touches la situation politique de la Russie au long cours , durant trente ans ....N’en disons pas trop !

Quel personnage!

Cet ouvrage est un maelström subtil , original, de drôlerie ,fantaisie , insondable et gravité .



L’auteur a su reconstituer avec habileté le côté historique et la personnalité de cet homme : hédoniste ,flegmatique parfois, méditatif, typiquement un anti - héros .



L’écriture colle parfaitement au personnage et à l’histoire : riche, raffinée, posée, réfléchie , soignée dans les détails .

L’on quitte à regret les couloirs de l’hôtel Métropol, les déambulations et les réflexions d’Alexandre Rostov ....

Un récit enlevé et original.

Je tiens à signaler la première de couverture stylisée, soignée , sur fond noir et ses motifs emblématiques de l’âme Russe !







Commenter  J’apprécie          600
Les règles du jeu

Une virée dans le New York des années trente. Tentant non ?

Surtout quand le guide est la ravissante Katey Kontent, jeune femme discrète mais ambitieuse. Avec sa Colocataire et amie Evelyne Ross, elles rencontrent le séduisant Tinker Grey. Leur destin va s’en trouver chambouler. Portrait d’une époque, rythmée aux airs jazzy qui font le bonheur des lieux nocturnes, Katey tente de trouver sa place professionnelle et affective dans ce monde insouciant ou tout est possible. Bien loin des préoccupations européennes à l’aube du terrible chaos de la seconde guerre mondiale.

Il règne sur « Ces règles du jeu », un charme romantique et mélancolique indéniable. Portrait d’une époque, d’un milieu avec de beaux portraits d’hommes et de femmes complexes et attachants, on se laisse facilement embarqué. Le plaisir vient aussi des nombreuses références littéraires et musicales qu’égrène Amor Towles tout au long de ces cinq cents pages. Elles se rajoutent au plaisir que l’on prend à suivre le destin de ces personnages.

Un très beau premier roman que l’on quitte à regret.
Commenter  J’apprécie          594
Un gentleman à Moscou

Passer une trentaine d'années de votre vie dans un luxueux hôtel, ça vous tenterait ?

C'est ce que va vivre le comte Alexandre Illitch Rostov après avoir été condamné à vivre en résidence surveillée à l'hôtel Metropol de Moscou. Il va pour cela devoir quitter sa très belle suite pour emménager dans une minuscule chambre de bonne, mais il prend cette sentence avec philosophie, beaucoup de ses compatriotes n'ayant pas eu autant de chance et finissant plutôt au goulag ou devant un peloton d'exécution.



Que ces 600 pages m'ont semblé courtes !

J'ai adoré déambuler en compagnie du comte dans les immenses couloirs de ce magnifique hôtel, manger au Boyarski, le restaurant qui accueille les hôtes les plus prestigieux, monter et descendre les escaliers qui mènent de sa chambre aux cuisines, à la lingerie, au sous-sol regorgeant de trésors, côtoyer le maître d'hôtel, le cuisinier, les serveurs, le concierge, les femmes de chambre, les grooms, le directeur et les clients les plus illustres de la Russie ou d'ailleurs parmi lesquels des hommes politiques ou une célèbre actrice…



Ce roman est magistral, il nous raconte trente années de la vie d'un homme mais aussi d'un pays, il nous montre comment on peut vivre, vivre bien, et même être heureux alors que notre existence pourrait sembler si limitée et sans aucune perspective.

Il nous dévoile l'esprit et le coeur d'un homme, un homme qui aime les livres et les gens, un homme honnête avec lui-même, un homme qui aime manger, boire, rire, aimer.

Un homme qui a souffert, qui a beaucoup perdu, ses biens et ses proches, mais un homme qui garde espoir, un homme qui n'hésite pas à prendre des risques pour ce qu'il croit juste.

J'ai dévoré ce gros roman tout en essayant de ne pas le terminer trop vite, tant j'ai aimé passer du temps avec le comte Rostov, me sentant meilleure car j'ai presque eu l'impression que sa bonté, sa compassion, son humanité et son humour déteignaient sur moi.

Un très grand merci à Beverly qui m'a conseillé ce livre.
Commenter  J’apprécie          522
Un gentleman à Moscou

"A la question du procureur sur les raisons qui le poussèrent à rentrer à Moscou après s'être enfui à Paris, le comte Alexandre Ilitch Rostov, imperturbable, répondit : « le climat me manquait. » Après une brève délibération, le comte fut condamné à rejoindre l'hôtel Metropol où il avait déjà passé quelques années de détention.

Arrivé en terrain connu et salué de tous, il atteignit la suite du deuxième étage dont « les hautes fenêtres donnaient sur les tilleuls de la place du Théâtre », pensant reprendre le fil des jours passés. Au lieu de quoi, le capitaine qui l'escortait lui montra ses nouveaux quartiers, trois étages plus haut, dans un grenier passablement encombré…

Après avoir récupéré quelques effets personnels, Alexandre Illitch mit un peu d'ordre dans son nouvel habita, sous l'oeil d'un chat « bleu de Russie borgne qui ne laissait jamais rien de ce qui se passait entre les murs de l'hôtel lui échapper », puis retrouva ses amis, Andreï, le maître d'hôtel, Vassili, le concierge et Marina, promue couturière, avec lesquels il trinqua joyeusement à leurs retrouvailles.

L'hôtel Metropol est le lieu privilégié des dîners officiels et des réunions politiques, témoin parfait de l'histoire de la Russie des années trente et de l'ambiance qui règne à Moscou à cette époque. C'est aussi le lieu où l'on raconte des histoires de princesses, où l'on croise des actrices, des touristes émerveillés, des journalistes et autres personnages influents de tous pays, C'est là, donc, que réside Son Excellence, le comte Rostov, aristocrate né à Saint-Pétersbourg qui, nullement déstabilisé par sa détention, donne vie à cet espace clôt, somme toute plutôt confortable, qui devient, au quotidien, ville, voire pays tout entier. Habitué à voir le meilleur en chacun, il met son éducation et son érudition au service d'un sens de l'observation inné et d'une rapidité de jugement qui lui permettent de dénouer les situations les plus improbables avec élégance.

Ce roman en forme de poupée russe ne cesse de nous surprendre et de nous enchanter. Par son verbe enjoué, parfois grave, le narrateur rend un bel hommage à la culture russe. On entend Pouchkine, Dostoïevski, Maïakovski, on déguste les mets et les vins qui rappellent le temps d'avant et l'on assiste aux drames qui accompagnent les transformations de la Russie soviétique."

Elisabeth Dong ( Extrait) pour Double Marge




Lien : https://doublemarge.com/un-g..
Commenter  J’apprécie          510
Lincoln Highway

Si vous ne connaissez pas la Lincoln Highway c’est le moment où jamais de prendre la route.

Un roman choral avec des laissés pour compte, de jeunes chiens fous évadés d’un centre pour délinquants.

Quand Emmett sort du centre de correction il a des idées bien arrêtées sur son avenir mais rien ne se passe comme prévu. Son jeune frère Billy va tout bouleverser par ses révélations.

Et puis arrivent Duchess et Woolly le bien nommé, tous deux évadés de ce même centre et là, ça se complique.

Nous passons du road trip à la course poursuite avec des rencontres inattendues. Bien entendu Duchess, fils d’un acteur Shakespearien, au passé sombre, qui vit comme on joue, sème la pagaille et tout le monde se retrouve à New-York.

C’est une peinture de l’Amérique puritaine des années cinquante. On y découvre les familles des pères fondateurs, Woolly en est la bien triste proie car il n’entre pas dans le moule qui lui est imposé par contre le père d’Emmett leur a échappé. C’est très intéressant , ces lignées qui perdurent.

Un beau tableau des années cinquante avec quelques personnalités : Sinatra, Di Maggio et une série assez connue Dragnet.

Un très bon moment de lecture, des moments asse drôles mais aussi des événements tragiques .

Une première lecture d’Amor Towles qui donne envie de lire d’autres titres.

Merci aux éditions Fayard

#LincolnHighway #NetGalleyFrance

Commenter  J’apprécie          480
Un gentleman à Moscou

Un gentleman à Moscou fait partie de ces histoires un peu grinçantes et enchâssées où le passé tout à la fois éclaire et trouble le présent.



Le lecteur est entraîné dans les vestiges d'un monde aux apparences trompeuses.

Il est question de réclusion entre quatre murs d'un hôtel, sous cloche, et pour autant l'enfermement n'a jamais semblé aussi vaste, mouvementé, riche et enchanteur.



Cette fresque romanesque est perlée d'anecdotes, de témoignages d'amitié, de saveur de nostalgie, de plusieurs exercices de mémoire et des réflexions sur le temps qui passe.



On côtoie les grands noms de l'art, de la culture, de la musique, et de la littérature russe du début du siècle, ainsi que des grands moments qui ont marqué la vie socio-politique de la Russie de l'après la Première Guerre mondiale. L'âme russe de cette période est clairement omniprésente tout au long du récit.



Parfois l'ironie frise la loufoquerie car Amor Towles a une manière toute particulière de raconter la brillante épopée d'un gentleman exceptionnel qui refuse de tomber dans les affres d'une existence recluse.



Bien que souffrant de quelques longueurs, Un gentleman à Moscou et portée par une étonnante forte centrifuge et de belles envolées poétiques.





Commenter  J’apprécie          482
Un gentleman à Moscou

Porté par un franc succès outre Atlantique, Un gentleman à Moscou se présente aux lecteurs francophones, derrière une très belle couverture noir et or, illustrée symboliquement par quelques thèmes du roman. Un bien beau volume de presque six cents pages, auquel on reprochera juste son poids. L'auteur, un Américain du nom d'Amor Towles, est devenu romancier sur le tard, après une carrière d'analyste financier.



J'ai toujours aimé les histoires d'aventuriers gentlemen. Leur élégance, leur sang-froid, leur humour, dissimulant des qualités intellectuelles et physiques exceptionnelles, ont nourri mes rêves d'enfant et d'adolescent : Phileas Fogg, le so british héros de Jules Verne, m'a fasciné ; j'aurais voulu être Arsène Lupin, le génial gentleman-cambrioleur ; j'ai été ébloui par James Bond, l'agent très spécial et très séducteur au service secret de Sa Majesté. Un gentleman à Moscou m'a donc ramené à ma jeunesse et m'a fait penser à un best-seller des années soixante, que je me souviens d'avoir lu et relu avec enthousiasme à l'époque : On n'a pas toujours du caviar, de Johannes Mario Simmel.



Le propre du gentleman est de s'en tenir scrupuleusement à une éthique et à des règles de comportement qui lui sont propres, sans se préoccuper de l'air du temps, sans se soucier de l'opinion du commun, sans chercher non plus à en imposer. Tel est bien le personnage imaginé par l'auteur, le comte Alexandre Ilitch Rostov, membre de l'ordre de Saint-André, membre du Jockey Club, et j'en passe. Ce comte Rostov, Sasha pour les intimes, n'est ni français, ni british, mais russe, profondément russe, russe jusqu'au bout des ongles, russe de la première à la dernière ligne du roman.



Mais en 1922, du seul fait de sa naissance, cet homme se trouve hors des normes bolcheviques, un crime qui dans le régime soviétique, mérite la peine de mort, ou à minima, la déportation au fin fond de la Sibérie. Heureusement, grâce à un poème dont on lui attribue – à tort (*) – la paternité, le comte Rostov n'est condamné qu'à une assignation à perpétuité à son domicile, le luxueux hôtel Metropol, en plein centre de Moscou, où il réside depuis la Révolution et la perte de la propriété familiale.



Pendant plus de trente ans, le comte ne franchira pas les portes de l'hôtel, où l'on lui attribue une minuscule mansarde sous les toits, un lieu qu'il saura agrémenter à sa façon, à l'insu de ses geôliers. Pendant toutes ces années, son ingéniosité, son entregent et son humour lui permettront de tirer les ficelles d'intrigues et de manipulations en tout genre, pour la plupart avec bienveillance. Il influera sur le fonctionnement de l'établissement, notamment celui des restaurants, qui conserveront grâce à lui un niveau de qualité apprécié par les nouveaux maîtres du Kremlin et leurs visiteurs étrangers.



Un gentleman à Moscou, c'est trente ans d'anecdotes romanesques plaisantes, drôles, parfois émouvantes, mêlées de commentaires philosophiques de bon aloi, émaillées de références culturelles brillantes et d'évocations de l'âme russe, le tout sur fond d'histoire de l'Union Soviétique, depuis la rédaction de sa Constitution, jusqu'à l'habile prise de pouvoir par Khrouchtchev en 1954.



Les déviations absurdes du régime sont illustrées dans leurs applications les plus ridicules. L'exemple le plus cocasse est l'arrachage systématique des étiquettes sur les bouteilles de la somptueuse cave à vins de l'hôtel, afin de mettre un terme à une inégalité contraire aux idéaux de la Révolution. Désormais, au Boyarsky, le meilleur restaurant de Moscou, ce sera rouge ou blanc, à prix unique.



Le livre est très agréable à lire, même si le texte français aurait peut-être mérité un peu plus de fignolage. Il faut saluer la cohérence globale des nombreuses péripéties. Je m'interroge juste sur une paire de chaussures disparue dans la dernière partie du livre, sans que j'aie vraiment compris l'intérêt de cette disparition. Ce n'est qu'un détail sans importance.



(*) L'histoire du poème en prologue est dévoilée dans les dernières parties du livre. Si tu veux la connaître, chère lectrice, cher lecteur, tu devras lire le roman jusqu'au bout.


Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
Commenter  J’apprécie          463
Un gentleman à Moscou

Moscou, 1922. Alexandre Ilitch Rostov, comme beaucoup d'aristocrates de l'époque, est dans la ligne de mire du nouveau régime qui se met en place. Sur base d'un poème écrit quelques années auparavant, ré-interprété, il sera condamné et assigné à résidence, sa vie durant, à l'hôtel où il séjourne depuis quatre ans, le Metropol.

De la suite qu'il occupait, il sera "déménagé" dans une chambre de bonne au dernier étage; ses biens seront confisqués, hormis ceux qu'il choisira comme indispensable à sa nouvelle vie, dont ses livres et une grosse malle.



Le Metropol était l'hôtel par excellence, où se côtoyaient hommes d'Etat, stars de cinéma, aristocrates de tous les horizons, offrant à ses hôtes le nec plus ultra des services et des plaisirs : restaurants, bar, salles de bal et de réunion, mais aussi barbier, couturière, etc...



Au cours des 32 années confiné dans cet hôtel (et oui, lui aussi...), Alexandre Rostov était pour tous "Votre Excellence" ou "Monsieur le comte". Il devient "Monsieur", puis "Alexandre". Il troqua son costume de ville pour le tablier de serveur au restaurant le Boyarski.

Mais jamais il ne se départi de son élégance, de son calme, de son humour. Savoir-vivre, bonnes manières, érudition, l'ont toujours aidé à se faire apprécier et respecté, auparavant par ses pairs, puis par les clients qu'il servait. De grandes amitiés sont nées.



Il en a vu passer des gens et des personnalités au fil des années ! Bien qu'il soit toujours resté égal à lui-même, comme vivant sur son nuage, il ne manqua pas d'observer que les suites de l'hôtel, la fine cuisine et l'orchestre, tout cela continuait à servir les nantis du pays. Mais, ce n'était plus "Votre Excellence" qui était usité, mais "camarade".



Alexandre Rostov est un personnage romanesque très caractéristique : haut en couleur, fidèle à ses valeurs, courageux, fin observateur, d'une élégance rare. Hautain, mais d'un caractère noble.

Aidé de ce personnage, Amor Towles nous emmène en Russie, à travers son histoire si lourde, si riche, si complexe, empreint de mélancolie, mais enveloppé d'un beau voile blanc.



Véritable coup de coeur pour moi, autant pour le héros principal et tous les personnages secondaires (qu'il faut découvrir aussi !), que pour la trame historique, le tout servi par une écriture fine et limpide, qui se lit comme un vrai roman d'aventure. Avec beaucoup d'humour aussi, des scènes dignes de grands vaudevilles, des bons petits plats, de la grande littérature russe. Bref, l'auteur est un amoureux.



Je relirai très certainement ce livre. J'ai appris aussi des tas de petits faits historiques amenés sous forme d'anecdotes dans l'histoire ou de notes en bas de page.



L'évasion est au rendez-vous.

Le plaisir est garanti.

Commenter  J’apprécie          432
Un gentleman à Moscou

Il faut commencer par rendre hommage au livre physique lui-même qui est superbe ! Couverture noire et dorée, en relief, donne envie de le tenir en main.

Nous voilà en 1922 avec le comte Alexandre Illitch Rostov qui est condamné à être assigné à résidence dans l’hôtel de luxe de Moscou où il occupe une suite depuis plusieurs années, le Metropol, ce qui est relativement bénin en ces temps agités en Europe et en Russie. Situé au cœur de Moscou, proche du Kremlin et du Bolchoï (un plan au début du livre qui ne sert pas à grand-chose mais c’est toujours agréable), il est au centre de la vie culturelle et politique moscovite. Pendant toute la durée du livre, c’est à dire environ trente ans, nous allons suivre le comte et assister par son intermédiaire original aux bouleversements de l’ex Union Soviétique.

La force du roman : le comte lui-même et sa définition du « gentleman », personnage romanesque s’il en est, cultivé, fidèle en amitié, aux manières aristocratiques, et surtout les personnages féminins qui vont croiser sa route (bien que dans cet hôtel, route...). Ce roman est donc aristocratique lui aussi, plaisant et agréable à lire.

Cependant ne cherchez pas une description précise des bouleversements s’étant produits en U.R.S.S, vous n’aurez droit qu’à quelques touches impressionnistes, des réflexions sur le temps qui passe, des dissertations sur les cultures comparées occidentales et russes, la poésie et la littérature, des alcools divers...

Peu d’action, beaucoup de digressions.

Commenter  J’apprécie          415
Un gentleman à Moscou

Pour un poème qu'il n'aurait pas fallu publier, le comte Alexandre Rostov est assigné à résidence. A priori, il s'en tire bien, puisque la résidence en question est le luxueux hôtel Metropol: même s'il doit quitter sa suite pour les combles, on le laisse emporter quelques meubles dont un lourd bureau garni de pièces d'or dans ses tréfonds secrets. A posteriori aussi, d'ailleurs: avoir été retiré du monde dans les années 20 lui évitera de connaître une guerre mondiale et bon nombre de purges staliniennes.

Mais tout de même, que faire, même cousu d'or, si la flânerie et les théâtres vous sont désormais interdits? Et si le seul livre que vous avez pu emporter a été écrit par Montaigne?

Se souvenir de Robinson Crusoé, tout d'abord: gérer les détails pratiques. Aménager son antre, se faire livrer savons parfumés et pâtisseries fines, prendre rendez-vous chez son barbier. Mais bien entendu, pas de Robinson sans Vendredi: le conte évitera le désespoir grâce à une petite fille délurée qui lui fera connaître l'envers du décor: un hôtel ne fonctionne que grâce à ses petites mains, affairées dans les arrière-boutiques, les celliers et les bagageries. Revenu de sa naïveté d'ex-privilégié, le comte découvrira les vertus du travail sans se départir de ses vertus mondaines: art de la conversation, nez impossible à prendre en défaut, diplomatie à laquelle aucun plan de table ne résiste...

Houlà! Qu'est-ce que c'est que c'est que cette défense et illustration de l'Ancien Régime, pourraient soupirer certains? La courtoisie et la culture érigées en contre-modèles qui sauveraient le monde s'il n'avait pas eu la mauvaise idée d'évoluer... Mais ce qui rend ce roman absolument délicieux et si peu réactionnaire, c'est son humour équilibriste qui réussit à maintenir le lecteur entre sourire et cruauté, moralisme et ironie.

Amor Towles écrit finalement à la manière De Voltaire qui lutta contre les dogmes en imaginant des contes philosophiques rétifs à l'analyse univoque. Son Infâme à lui, c'est Soso, plus connu de nous sous le nom de Staline, qui, tel Dieu dans la Genèse, décide que la vie des Soviétiques va s'améliorer. Et de fait, nous dit Towles, cela va mieux : les jolies filles de Moscou peuvent désormais s'offrir un chapeau coquet qu'elles porteront sans discontinuer, faute de posséder un placard à elles dans l'appartement communautaire où elles logent.

Contrairement à Soso, l'auteur d'Un gentleman à Moscou, lui, ne fait pas surgir aux forceps la réalité dont il a besoin: il pratique la litote (« un jeune hussard rendait son dîner sur l'herbe que ce dernier avait broutée »), sème des indices (aucun détail qui ne trouve ensuite son écho et sa justification), écrit de merveilleuses notes de bas de page (capables de ruiner l'illusion romanesque tout en redoublant le plaisir de la lecture), et glorifie le doute, l'hésitation et la variabilité, ferments de la littérature. Par exemple, Les Essais ennuient le comte parce qu'il ne comprend pas où Montaigne veut en venir; ils enchantent au contraire son père et sa fille; le comte, ne sachant quoi faire de son exemplaire, utilise le volume pour caler un meuble ; il finira par y cacher un trésor: Les Essais dessinent ainsi tout au long du roman un leitmotiv qui tout à la fois exalte la littérature et s'en moque, fait du livre un objet trivial aussi bien qu'un symbole. Les films aussi (car les dignitaires du régime se repassent en boucle les chefs d'oeuvre d'Hollywood pour espérer comprendre l'Amérique), tels qu'ils sont décrits, sont, même méprisés, les vecteurs d'un plaisir immédiat, le lieu d'une identification (Casablanca et l'hôtel Metropol ne sont-ils pas les deux confins où attendent les mêmes désespérés à qui l'action est refusée?) et surtout le prétexte à d'infinis questionnements : Rick Blaine en repoussant Urgate s'est-il conduit en salaud indifférent? Ou Bogart en redressant un verre tombé pendant l'arrestation du petit délinquant n'est-il pas celui qui cherche à remettre de l'ordre en ce monde ?

L'art de raconter des histoires a donc beaucoup à voir avec Les Mille et une nuit, cette histoire qui enchante, sauve et peut-être aussi justifie le bourreau, plaisir enfantin et savoir ambigu.

Nous resterons donc enfermés 30 ans avec le conte sans voir le temps passer. Inutile de vous dire que j'ai détesté la fin, pour m'avoir donné l'impression d'être violemment congédiée (et aussi parce qu'elle transforme cette histoire étonnante en un convenu donc décevant roman d'espionnage).

Finalement, ce roman élégant qui nous dit que la nostalgie et les scrupules peuvent être les auxiliaires de l'action trouve son principe inversé dans cette définition des certitudes après lesquelles nous courons : « À présent, en accord avec les tendances du jour, la plupart des [gens] avaient tourné le dos à l'Église, mais uniquement en faveur d'autres types de consolations. Ceux qui préféraient la clarté de la science adhéraient aux idées de Darwin et voyaient partout la marque de la sélection naturelle ; d'autres optaient pour Nietzsche et sa récurrence éternelle, ou bien pour Hegel et sa dialectique – systèmes qui se défendent tous les deux, sans doute, à condition de tenir jusqu'à la page 1000. »
Commenter  J’apprécie          407
Un gentleman à Moscou

A cause d'un poème écrit dans sa jeunesse, le Comte Alexandre Rostov est condamné en 1921 à vivre en résidence surveillée dans le somptueux hôtel Metropol de Moscou. De client oisif, il va devenir un membre essentiel du personnel, grâce à ses manières exquises et son sens du tact et de la discrétion. Pendant plus de trente ans, et sans jamais sortir du palace, il va nouer des amitiés, une histoire d'amour, et des relations quasi-paternelles avec deux fillettes. Et c'est tout.

(ce qui peut déjà être beaucoup)

Sur plus de 600 ( ! ) pages, Amor Towles brode une douce chronique sur un ton savoureux. Mais sur 300 pages, cela aurait été tout aussi bien. L'intrigue est originale, mais difficilement exploitable sur une telle longueur. Car même si les personnages sont pittoresques, il ne se passe finalement pas grand-chose, et les bruits de la grande Histoire en train de se faire à l'extérieur n'ont qu'un écho très feutré dans le couloirs du Metropol. Et dans le roman.

En dépit de quelques réflexions sur les Russes (et les Américains) qui m'ont semblé pertinentes, et malgré le charme désuet plutôt sympathique de l'ensemble et le style léger et humoristique de l'auteur, je me suis ennuyée. Et c'est avec un désolant soulagement que j'ai terminé ce livre.
Commenter  J’apprécie          3911
Lincoln Highway

12 juin 1954 : Emmett vient d’être libéré du centre de détention pour mineurs où il purgeait une peine pour avoir tué accidentellement un homme qui se moquait de lui et de son petit frère Billy. C’est le directeur de l’établissement qui l’a ramené chez lui, après le décès de leur père.



La ferme a été mise en vente car le père croulait sous les dettes, il s’était improvisé fermier mais ne connaissait rien à l’agriculture. Emmett veut quitter la région et commencer une vie ailleurs, avec Billy. Il avait envisagé plusieurs possibilités, mais Billy veut tenter de retrouver leur mère qu’il pense, sur la foi d’une dizaine de cartes postales qu’il a retrouvées récemment qu’elle demeure en Californie et leur donne rendez-vous pour le feu d’artifice du 4 juillet…



Affaire conclue, ils iront en Californie via la route mythique « Lincoln Highway » au volant de la vieille voiture d’Emmett. Mais deux « ex codétenus », Duchess et Woollie ont profité du retour d’Emmett pour s’évader en se cachant dans le coffre de la voiture du directeur. Et les ennuis commencent… les envies ne sont pas les mêmes : Emmett veut se donner une seconde chance, alors que Duchess vaut mette la main sur un mystérieux coffre-fort appartenant à la famille de Woollie et partager le magot.



Emmett estimant qu’il a contracté une dette vis-à-vis de la société, est bien décidé à ne plus se laisser emporter par la violence, à prendre sa vie en mains et prendre soin de son petit frère. Mais peut-on raisonner quelqu’un qui est dans le déni, ne se remettant jamais en question car tout est toujours de la faute des autres.



Duchess est touchant au départ, car il a été abandonné par son père, acteur shakespearien qui faisait passer sa « carrière » (de loser en fait !) et ses histoires de cœur avant son fils. Hélas, cela ne dure pas et il devient très vite horripilant.



Woollie est sympathique, mais fragile psychologiquement. Mon préféré dans cette histoire qui tourne vite en rond est bien sûr Billy, jeune prodige, brillant en maths et dont le raisonnement est très affuté du haut de ses huit ans. Billy qui emporte partout avec lui le livre du Pr Abernathe qui raconte de manière résumée tous les grands mythes ou les romans célèbres. Billy adore lire, par exemple, l’histoire du Comte de Monte-Cristo à d’autres personnes sans jamais se lasser car il l’a déjà lue de nombreuses fois.



Une autre personne est attachante, Sally, la fille du fermier voisin qui veille sur les deux frères.



Ce roman démarrait bien, avec des personnages intéressants, une histoire qui faisait penser à « Nous rêvions juste de liberté » mais très vite on a les bons d’un côté, souvent à la limite de la naïveté, le méchant de l’autre, prêt à tout pour régler ses comptes avec la société et récupérer l’argent.



L’auteur a bien su raconter la dureté des établissements dit de redressement de l’époque des années cinquante, les brimades, les châtiments corporels etc. Ainsi que la manière de considérer les personnes fragiles psychologiquement : on enferme, on met sous tutelle et on s’approprie ce qui leur appartient. On a une photographie des USA de l’époque.



J’ai choisi ce livre après avoir été conquise par « Un gentleman à Moscou » un précédent roman d’Amor Towles, donc j’en attendais probablement trop. Ce roman est agréable à lire, le rythme est soutenu, l’écriture est belle et on passe un bon moment, mais on finit par tourner un peu en rond, ce qui amène un peu de déception.



Un grand merci à NetGalley et aux éditions Fayard qui m’ont permis de découvrir ce roman et de retrouver la plume de son auteur.



#LincolnHighway #NetGalleyFrance




Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
Commenter  J’apprécie          362
Un gentleman à Moscou

Le comte Alexandre Illitch Rostov revient à Moscou en 1922. Trentenaire, c'est un client habituel du Metropol, l'hôtel de luxe situé aux abords du Kremlin. A peine arrivé, il est arrêté par les Bolcheviques. mais grâce à la publication d'un de ses poèmes, quinze ans plus tôt, considéré comme pré-révolutionnaire, il évite le peloton d'exécution et est assigné à résidence dans l'hôtel, avec interdiction d'en sortir sous peine d'être abattu. le comte Alexandre prend alors possession de ses quartiers qui, malheureusement, ne sont plus la suite qu'il occupait avant la révolution, mais un garni exigu au cinquième étage, une pièce de 9 m² qu'il peut aménager avec quelques uns de ses meubles personnels. Grâce à ses bonnes manières, il se fait accepter par Vassili le concierge, Emil le chef, et tout le personnel qui le connaissait déjà en tant que client, et qui vont rapidement le prendre sous leur aile, quand le comte devient, pour gagner le gîte et le couvert, serveur dans l'hôtel.



Un récit original et quelque peu désuet avec ce comte Alexandre qui traverse les salons de l'hôtel avec toute l'élégance naturelle qu'il a dans la vie. Contraint d'habiter à demeure l'hôtel qu'il connaît si bien, il s'adapte aux évènements et aux personnes qu'il rencontre, comme la petite Nina, fille d'un responsable communiste, éveillée, curieuse qui lui fait découvrir tous les endroits mystérieux du bâtiment, ou comme Ossip, un militaire qui souhaite connaître les us et coutumes français et américains pour mieux négocier ou encore Sofia, qui deviendra pianiste. Les années passent, les événements historiques se font entendre mais restent amortis quand ils affectent les résidents de l'hôtel qui représentent un microcosme du monde extérieur.

Avec le comte Rostov, Amor Towles s'empare d'une sorte de Candide au pays des Soviets...Si l'on s'attache à la véracité des faits historiques et du climat politique de l'époque, le récit n'est pas vraiment crédible mais si l'on privilégie les sentiments du comte Alexandre Rostov et sa personnalité élégante, on peut apprécier le regard de ce personnage sur les références historiques évoquées, un regard décalé, bienveillant, où l'on peut deviner sa philosophie, masquant bien souvent de la douleur.

J'ai été séduite par le charme désuet du roman et surtout de l'hôtel Métropol, de son restaurant le Boyarski, du bar Chaliapine, et de la salle accessible facilement à tous les moscovites, la Piazza. Sous des airs un peu léger, un gentleman à Moscou, avec une galerie de personnages extrêmement bien campés, illustre la diversité des situations et des citoyens sous l'ère communiste, leurs difficultés de vivre, la liberté d'expression muselée.

Un gentleman à Moscou peut ne pas plaire aux historiens purs et durs; quant à moi, j'ai pris ce roman comme un peu de douceur dans un monde de brutes et cela fait du bien.
Commenter  J’apprécie          340
Un gentleman à Moscou



J’attendais beaucoup de ce livre tant les critiques sont élogieuses et j’en ressors avec un avis plus que mitigé.

Tout avait pourtant bien commencé.

En découvrant le conte Alexandre Rostov assigné à résidence dans un luxueux hôtel de Moscou pour avoir osé composer des vers jugés anti système par les bolchéviques, j’étais persuadé qu’il allait m’entraîner dans de folles aventures.



Contraint de quitter la suite confortable qu’il y occupait depuis de nombreuses années notre homme se retrouve dans une minuscule chambre à l’étage des domestiques.

Acceptant son sort avec un certain fair-play, il organise sa vie, observe, fait des rencontres, noue des amitiés.

Une fillette toujours vêtue de jaune, munie d’un précieux passe-partout lui fait découvrir des lieux inconnus des clients fortunés du palace.

Une superbe comédienne toujours accompagné de ses deux lévriers attire son attention.



Nous voilà avec la trame d’un roman qui aurait dû être passionnant, seulement voilà… Rien n’est abouti.

J’ai eu l’impression que l’auteur créait des personnages et des situations mais s’en trouvait rapidement embarrassé et passait à autre chose.

Une multitude de personnages se succèdent dans des scènes aussi brèves qu’inconsistantes et peu à peu, ma lecture s’est ralentie tant l’ennui me gagnait.



J’ai traversé ce livre avec l’impression de regarder défiler un paysage terriblement monotone sans aucune aspérité pour attirer l’œil.



En conclusion « Un gentleman à Moscou » bien que servi par une écriture assez agréable bien que sans originalité, ne m’a pas convaincue.





Commenter  J’apprécie          340
Un gentleman à Moscou

Aujourd’hui, nous partons à Moscou pour un confinement de trente ans dans un hôtel luxueux…



Suite à un procès, le comte Rostov est condamné à vitre en résidence à l’hôtel Metropol sans avoir le droit de mettre un pied dehors sous réserve d’être exécuté ! Autre surprise désagréable, il doit quitter immédiatement sa suite luxueuse pour s’installer dans une chambrette mansardée minuscule au 5e étage, que l’ascenseur ne dessert pas… Quelle dégringolade pour ce comte habitué aux fastes d’une existence bourgeoise.



N’ayez crainte, le comte n’est pas homme à s’apitoyer sur son sort, il va s’adapter. Sa rencontre avec Nina, neuf ans, va être un réel réconfort, elle va l’aider à supporter cet enfermement en lui faisant visiter tous les recoins de l’hôtel ; seules ses lombaires en souffriront !



Au fil du temps, Alexandre va se lier d’amitié avec une partie du personnel de l’hôtel et s’il ne peut pas sortir, le monde va venir à lui ! Il va ainsi recevoir la visite de son ami et côtoyer quelques clients de l’hôtel…



Au final, dans cette petite chambre qu’il saura aménager à son image, au sein de cet hôtel où il va avoir ses habitudes, la vie va lui réserver quelques agréables surprises…



Honnêtement, au départ, je me suis dis, oh la la, trente ans dans cette mansarde pourrie, et ce pendant 668 pages, on va un tantinet s’ennuyer ! Eh bien, pas du tout ! Parce qu’il va se passer de nombreux évènements, et que l’histoire est racontée de façon totalement addictive ! Et petit bonus, il y a de nombreuses références à la littérature !



Bref, un super roman, drôle, attachant, qui va vous embarquer dans ce Metropol duquel vous n’aurez aucune envie de sortir. Et une fin… Ah ! Lisez, vous verrez !



À lire confortablement installé(e) sur une méridienne, en dégustant des toasts avec du caviar (des œufs de lompe, éventuellement) avec un verre de Vodka ! Bonne lecture !
Commenter  J’apprécie          320




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Amor Towles (996)Voir plus

Quiz Voir plus

BOULE DE SUIF et l'hypocrisie des autres

Qui est l'auteur de cette nouvelle?

Honoré de Balzac
Victor Hugo
Guy de Maupassant
Gustave Flaubert

26 questions
1239 lecteurs ont répondu
Thème : Boule de suif de Guy de MaupassantCréer un quiz sur cet auteur

{* *}