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Critiques de Abby Geni (119)
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Farallon Islands

Ce très beau roman où la nature des côtes déchiquetées des Farallon Islands, cinquante kilomètres environ au large de San Francisco, sert magnifiquement un huis clos pathétique, violent, rarement tendre, ne sombrant jamais dans le mélo, avec des personnages hauts en couleurs, portant tous leurs mystères, quelques fois dévoilés peu à peu, d'autres fois dissimulés à jamais.



L'héroïne, Miranda, trentenaire célibataire, photographe aventurière, est venue passer une année avec un groupe de biologistes, année au cours de laquelle elle pourra photographier requins, baleines, éléphants de mer, phoques et une variété infinie d'oiseaux, dans ces îles hostiles où elle verra s'écouler saisons et événements qui impacteront irrémédiablement sa vie.



Dès les premières pages, on apprend que Miranda est orpheline de sa mère, tuée dans un accident de la circulation alors qu'elle-même était agée de seulement quatorze ans. Et depuis vingt ans, elle lui écrit quotidiennement, confiant ses lettres qui ne seront jamais lues au hasard des postes, glissées dans des murs, des arbres ou sous des pierres. Miranda est donc la narratrice de son aventure humaine, de sa jeune vie privée prématurément de l'amour maternel et de tout l'accompagnement d'une mère pour aborder l'existence. Ses lettres relatent essentiellement du factuel, les événements survenus sur les îles, mais aussi de nombreux retours sur sa vie passée qui mettent en évidence le manque de cette mère, manque devenant encore plus intense dans les suites de son vécu sur les îles.



Malgré ce manque flagrant, Miranda est une vraie héroïne, une combattante, attentive et curieuse, dévoilant quand même quelques secrets à ceux de ses compagnons qui lui paraissent développer les meilleures qualités d'écoute. Au fil ses lettres, elle analyse les personnalités de ses partenaires, deux femmes et quatre hommes, elle sent la haine à son égard s'installer chez l'une d'elles, Lucy, elle découvre les attentions désintéressées de l'un des hommes, Mick, la violence sexuelle d'un autre, Andrew, les qualités d'observation et de compréhension de Galen, sans doute le plus mystérieux qui partagera avec elle quelques-uns de ses secrets.



Ce huis clos se déroule dans un univers maritime grandiose avec l'approche des grands maîtres de la mer, requins, baleines, mais aussi phoques et goélands meurtriers. Les images des animaux, des tempêtes, des nuits pluvieuses, orageuses, venteuses, des ciels étoilés, du cycle de vie des animaux, leur reproduction, leurs destins et aussi ceux des humains, finalement assez proches, avec quelquefois plus de méchanceté et de volonté de détruire.



Miranda livre aussi de belles analyses sur la photographie, ces prises d'images instantanées au travers desquelles elle ne perçoit pas toujours la réalité de l'instant vécu. Elle sera d'ailleurs amenée à réaliser quelques photos volées d'amour humain, décrites avec délicatesse par Abby Geni.



Et toute cette délicatesse, celle de l'héroïne notamment, côtoie une violence qui par moments s'exacerbe, trouvant des points d'orgue saisissants, en une construction romanesque indéniablement très réussie qui fait de Farallon Islands un superbe roman de nature, d'amour et de mort.
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Farallon Islands

C’est un archipel, au large de San Francisco, si petit qu’il est hautement probable que la plupart des lecteurs le découvriront avec ce roman, d’autant qu’il est peuplé essentiellement d’oiseaux et de phoques, et d’une poignée d’humains assez fous pour y passer du temps, en mission d’observation. Le décor est rude, la terre inhospitalière, les animaux défendent leur territoire avec violence. C’est là que Miranda arrive avec son matériel de photographie, accueillie froidement par les exilés volontaires qui résident sur l’île. Chacun vient y panser ses blessures, montrant les dents comme une bête malade à la moindre tentative d’incursion dans leur vie privée.



C’est un huis-clos fascinant, émaillé de drames et de morts violentes, dans un cadre austère et dangereux, au coeur d’une nature sublime et sans pitié. Il y a fort à parier que l’on regarde différemment les goélands, chapardeurs et culottés qui séjournent sur nos littoraux.



Abby Geni a l’art de partager ses connaissances sur la nature, sans que cela paraisse artificiel. Les leçons de choses qui émaillent le récit ont leur place dans l’histoire : pas d’impression de copié-collé d’une encyclopédie en ligne



Très beau récit, à la fois instructif et palpitant, une belle découverte
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Farallon Islands

Je ressors de cette lecture avec la même sensation d'oppression et d'étrangeté que lorsque j'avais lu « Shutter Islands » de Denis Lehane.



Vous rêvez d'îles paradisiaques, au climat tempéré, eau turquoise, sable blanc et cocotiers ? Alors les « Farallon Islands » ne sont pas pour vous car ces îles sont tout, sauf ça.

Ces îles océaniques au large de San Francisco, archipel composé d'îlots miniatures, sculptés de roches acérées et abruptes, ne pouvant pas accueillir de vie végétale, battus par le ressac, sont particulièrement sauvages et rudes.

« Il y a longtemps, on appelait cet endroit l'archipel des Morts. Maintenant je comprends pourquoi. L'île du Sud-Est fait à peine plus d'un kilomètre carré de surface. Les autres îlots sont nus, pelés, déchiquetés. Pas une seule plage de sable. le rivage est veiné d'algues, les pics escarpés et morcelés ».

Cet archipel je ne le connaissais pas et l'ai découvert avec ce livre. Il faut une journée de bateau pour le rejoindre depuis le continent à bord de l'unique navette qui permet hebdomadairement le ravitaillement. Accoster sur cette île est impossible : il est nécessaire d'utiliser une nacelle treuillée depuis le haut d'une falaise. Cet écosystème laissé à lui-même, sauvegardé, intact et brut n'est qu'à 50 kilomètres de San Francisco et pourtant nous avons l'impression d'être au bout du monde, sans antenne téléphonique, sans internet, sans ligne de téléphone.



C'est donc un décor meurtrier, inhospitalier, dantesque et violent que plante là l'auteure américaine Abby Geni dont il s'agit du 1er roman. Peuplé seulement de phoques, d'éléphants de mer, littéralement envahis par les souris, et, certaines saisons, par les oiseaux, son littoral renferme requins et baleines. Seuls une poignée d'humains, des biologistes, ont le courage de réaliser sur ces îles de longues missions d'observation. Miranda, photographe animalière, vient rejoindre ces six scientifiques. L'accueil qui lui est fait, dans le logement de fortune qu'ils partagent tous, est aussi glacial que cette île.

Avec Miranda et ses différents appareils photos (qui tous on leur petit nom) nous allons découvrir une faune incroyable : nous allons toucher le museau d'un bébé éléphant de mer égaré, frémir à bord d'une petite embarcation sous laquelle passe une baleine qui peut, d'un simple coup de queue la faire chavirer, être terrifiés par la violence assassine des goélands, suffoquer avec l'attaque d'un phoque par des requins.



« le passage des saisons ne dépend pas de la météo, mais des animaux. L'hiver est là quand les baleines et les éléphants de mer donnent naissance à leurs petits. L'été est là quand les oiseaux nidifient. L'automne appartient aux requins ».



Cette faune riche est décrite avec la précision des biologistes et la poésie de la photographe : « La présence de ces animaux me perturbe. Ce ne sont ni des proies ni des prédateurs. Les baleines existent en dehors de la chaîne alimentaire. D'une certaine façon, elles existent hors de l'espace-temps habituel. Elles vivent dans un royaume où tout est grand et lent – marées, orages, champs magnétiques. Elles plongent souvent dans les profondeurs d'encre de l'océan, là où la lumière ne pénètre plus. Elles habitent un monde bleu, loin de la terre, passant de l'eau à l'air et vice versa, se faufilant entre lueur et obscurité ».



Abby Geni arrive à nous plonger dans ces paysages iodés où le vent est incessant, souvent enveloppés de brume mais parfois cernés d'un horizon infini : « J'ai regardé l'horizon. C'était une ligne claire entre deux bleus intenses, comme un pli sur une feuille de papier ».



J'ai aimé le personnage de Miranda, jeune femme écorchée qui va, dans ces conditions pourtant extrêmes, réussir à se trouver. J'ai aimé sa passion pour la photographie qui donne lieu à de multiples réflexions passionnantes sur cet art que j'aime également en amateur : « Pour l'instant, les pellicules sont à l'abri sous mon lit. Chaque semaine mon trésor grossit, comme l'or qu'accumule un dragon. Il y a des jours où l'attente m'est insupportable. Il paraît impensable que des mois entiers s'écoulent avant que je ne puisse voir mes images. À d'autres moments, à l'inverse, j'aime ressentir cet espoir, cette attente. Comme le foetus dans un utérus, mes photos plongées dans le noir sont en gestation. Je suis curieuse de voir ce qui va naître ».

Cette passion pour la photo lui permet d'observer les choses avec recul, et poésie aussi : « Ses yeux étaient si bleus. On aurait cru des fenêtres, comme si en les regardant je voyais le ciel derrière lui ». La correspondance qu'elle entretient avec sa mère décédée est très touchante et le livre est basée sur cette correspondance, ce sont ses lettres que nous lisons.



L'écriture est fluide et les chapitres courts ce qui rend la lecture particulièrement rythmée et haletante. de plus, la fin des chapitres apporte leur lot d'étrangeté, d'ouverture des possibles. C'est bien vu, chaque fin de chapitre interpelle. J'ai été happée par le côté étrange et onirique du récit, palpitant, tout en subtilité et en évocations étranges. J'ai aimé voir ce qu'il advient des humains sur cet île précisément inhumaine, animaux parmi les autres, pas plus forts ni plus intelligents. Et d'ailleurs il n'y a pas que la nature ici qui est dangereuse, notre héroïne en fera les frais. Nature et profondeur de l'âme humaine sont entrelacées par Abby Geni avec tact et brio apportant son lot de drames et d'accidents dont les humains vont être incapables de s'extraire. L'huis-clos va se refermer sur eux. C'est oppressant, j'en suis encore toute hébétée et hagarde comme à la sortie d'un rêve.



Un grand merci à @Agneslitdansonlit à qui je dois cette lecture coup de coeur !







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Farallon Islands

Miranda est photographe animalière. Sans attache, elle parcourt le monde au gré de sa chasse aux images. Cette fois, elle a obtenu l'autorisation de séjourner sur les îles Farallon, cet archipel sauvage loin au large de la Californie, réserve protégée abritant d'exceptionnelles colonies d'oiseaux, mais aussi propice à l'observation des éléphants de mer, des baleines et des requins blancs. Elle y découvre des lieux inhospitaliers et particulièrement difficiles d'accès, où réside, dans la promiscuité spartiate d'un refuge-observatoire, un petit groupe de biologistes aussi peu accueillants que leur environnement. Un huis clos explosif se met en place, dans un climat d'autant plus pesant et menaçant que les accidents ne tardent pas à s'enchaîner.





Le cadre du roman est exceptionnel et fidèle à la réalité. On y découvre un petit bout du monde battus par les éléments, difficilement relié au continent par une presque journée de bateau à bord de la rare navette qui assure le ravitaillement, et qui ne peut même pas accoster ces îles dites de la Mort. C'est à l'aide d'une nacelle treuillée depuis le haut d'une falaise qu'on y débarque. Dans ce décor dantesque où l'homme n'est qu'un intrus, la nature est seule maîtresse et impose sa grandeur, sa violence et ses dangers. le récit d'un parfait réalisme aligne une série de tableaux aussi grandioses que terrifiants, où le miracle de la vie s'assortit de l'implacable et cruelle loi du plus fort. Ici, beauté rime avec âpreté, vie avec cruauté, et l'homme s'y sent aussi fragile qu'au tout début du monde.





Un tel théâtre devient aisément infernal si l'on s'y retrouve durablement confiné dans la promiscuité d'un étroit logement de fortune, en compagnie d'hommes et de femmes que leurs blessures et névroses, autant que leur passion scientifique, ont poussé à l'écart du monde. Dès le début de l'histoire, un climat délétère s'installe, aussi étouffant que les fréquentes brumes qui ouatent l'archipel. Face à la nature brute et à la perpétuelle sensation de danger, les faux-semblants s'effacent et les caractères se révèlent, dans une confrontation sournoise où tout peut soudainement déraper. Le moindre incident devient suspect, la plus petite parole s'interprète de travers, et la paranoïa s'empare du lecteur y compris. Il suffit d'un premier drame pour mettre le feu aux poudres.





Geni Abby nous livre ici un angoissant thriller psychologique, dont la tension et les effets en cascade doivent beaucoup à sa puissante évocation des îles Farallon : un lieu sauvage à quelques pas du monde « civilisé », où l'homme a tôt fait de redevenir un fauve parmi les autres.


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Farallon Islands

Photographe spécialisée dans la faune sauvage ayant sillonné moult pays et mers, Miranda a décidé de poser ses valises sur les îles Farallon. Un ensemble d'îles très sauvages et peu accessibles, à 50 kms au large de San Francisco, où résident, pendant des mois, voire des années, des biologistes et des ornithologues. Lorsque la jeune femme débarque en ces terres inhospitalières, ils sont au nombre de six. Six hommes et femmes venus étudier et observer les requins, les oiseaux, les baleines et autres éléphants de mer avec qui elle devra cohabiter. Si les conditions météorologiques s'annoncent d'emblée mauvaises, l'accueil qui lui est réservé est tout aussi glacial. Chacun devra composer avec l'autre. Avec ses faiblesses, ses blessures, ses démons et son passé...



Pourtant pas loin des côtes californiennes, l'archipel des Farallons semble retiré du monde tant son climat est rude, sa végétation sauvage et ses habitants exilés des préoccupations habituelles. Ici, l'on vit pour et à travers sa passion, que ce soit celle des requins ou des oiseaux. Miranda, jeune photographe fraîchement débarquée, va devoir s'accoutumer à sa nouvelle vie, s'accommoder avec chacun. Au fil des saisons, elle retranscrit, par écrit, sa vie au quotidien. Des écrits qui, comme à son habitude, sont destinés à sa maman, décédée des années plus tôt. Dans ce huis clos, à la fois oppressant, angoissant et hors du temps, Abby Geni oscille habilement entre thriller psychologique et nature writing. Dans cet Archipel de la Mort, escarpé, menaçant et soumis aux vents violent, il n'y a pas que la nature qui peut s'avérer être dangereuse. Et la jeune Miranda l'apprendra à ses dépens. Ce roman fait, évidemment, la part belle à cette nature brute et sauvage mais aussi aux profondeurs de l'âme humaine. Un roman palpitant et foisonnant...
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Farallon Islands

Les îles Farallon sont situées à seulement 50 km à l'ouest de la Californie, mais l'atmosphère sur ces îles est tellement étrange qu'on a l'impression d'être au bout du monde, complètement isolés, à des années lumières des hommes et de leurs préoccupations.

Miranda est photographe et elle va rejoindre pour une durée d'un an les six scientifiques qui vivent sur une de ces minuscules îles.

Ces îles sont le territoire exclusif des requins, des baleines, des éléphants de mer et des oiseaux, et la vie des scientifiques est rythmée par l'observation et l'étude de ces animaux, jour après jour, saison après saison.

Avec Miranda, nous allons découvrir la vie et les secrets des animaux qui peuplent ces îles, mais celle des rares humains sera plus difficile à appréhender, chacun étant là pour des raisons personnelles.

Au gré des marées et des jeux de lumière, nous finirons par découvrir ce que chacun a à coeur de trouver, de découvrir ou de cacher.



J'ai beaucoup aimé suivre le quotidien de ces sept personnes et de ces milliers d'animaux, j'ai eu envie d'attendre avec eux pendant des heures l'apparition des requins dans la baie, j'ai été émue par le retour des éléphants de mer venus donner naissance à leurs petits, j'ai eu peur assise dans une barque fragile à côté d'une baleine qui aurait pu la retourner d'un seul coup de queue, j'ai été horrifiée par l'attaque foudroyante d'un phoque par plusieurs requins blancs, j'ai adoré trouver par hasard une pierre d'estomac, j'ai été émerveillée par les nappes de brouillard qui surgissent d'un coup et les rayons du soleil qui les transperçaient tout aussi rapidement.

Le credo des scientfiques est d'observer mais de ne jamais interférer sur la vie de l'île.

Ca signifie qu'en aucun cas, ces hommes et ces femmes pourtant dotés d'intelligence et de compassion ne sont censés protéger un animal blessé des prédateurs, ils ne sont pas censés aider un petit éléphant de mer qui serait perdu, loin de son groupe, il ne viennent pas en aide à un bébé oiseau tombé du nid, ils se contentent d'assister à tout ce qui arrive, les combats, les blessures, les morts lentes, les cris de douleurs et d'agonie et consignent tout dans leurs carnets.

Miranda elle, vit à travers ses objectifs photographiques, le cadran de verre lui sert de rempart contre la douleur, la froideur et l'indifférence.

Le danger est partout sur ces îles, sur les rochers glissants, dans le brouillard, le froid, la nourriture répétitive, le manque de contact avec le continent, les animaux qui peuvent se révéler agressifs et les hommes qui eux-même peuvent être la pire menace qui soit pour leur semblables.



J'ai eu beaucoup de plaisir à parcourir avec Miranda des kilomètres de cotes escarpées, à prendre des photos de tous les animaux qui trouvaient sur cette île un lieu de repos, j'ai été happée par le travail quotidien des scientifiques, j'ai été heureuse de jouir d'une pause avec mon propre quotidien bruyant, car ici, pas de téléphone, pas de télévision, pas de foule, pas de voiture, rien de ce qui rend nos vies à la fois si rapides et si remplies de tout un tas de choses sans intérêt.

Loin d'être un havre de paix, ces îles replacent l'homme dans la nature, et il apparaît comme l'animal qu'il est réellement, ni plus malin, ni plus fort, ni plus intelligent, ni meilleur que les autres animaux vivant sur cette terre.

Un gros coup de coeur pour ce roman où les notions de dangerosité et de compassion sont décortiquées, analysées, retournées dans tous les sens jusqu'à prendre des formes inattendues.

Un roman qui bouscule nos certitudes et qui nous hante longtemps après la lecture.

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Farallon Islands

J'aime beaucoup les récits qui évoquent la nature, les animaux, et en particulier la faune marine. Ce premier récit d'Abby Geni, judicieux mélange de thriller psychologique et de nature writing, est une très grande réussite.

*

Longtemps appelées l'archipel des Morts, les îles Farallon sont un petit ensemble d'îlots rocheux et inhospitaliers au large des côtes californiennes. Ce petit sanctuaire pour animaux sauvages, livré aux caprices d'une nature impitoyable, est une des îles les plus dangereuses au monde.



« Les Miwoks croyaient que l'endroit était aussi bien spirituel que physique. Ils le voyaient comme un enfer sur terre où étaient envoyées les âmes damnées pour y vivre dans l'inconfort et la solitude. »



Seuls, quelques scientifiques et chercheurs passionnés y résident dans des conditions de vie très rudimentaires, étudiant autour de ce lieu protégé, les cétacés, les requins, les populations d'otaries, de phoques, d'éléphants de mer, et les colonies d'oiseaux marins.

A leurs risques et périls…

*

Sous la forme d'un récit épistolaire, nous découvrons Miranda, la narratrice, une photographe de la nature, qui a voyagé partout dans le monde à la recherche de paysages extrêmes. Expérimentée, elle a reçu l'autorisation de passer une année entière sur les îles Farallon pour y photographier les paysages aussi envoûtants qu'hostiles, ainsi que la faune dans son milieu naturel.



« Les îlots sont les étoiles principales d'une galaxie de vie marine. Il y a les grands requins blancs, en visite périodique, qui quittent leur orbite mystérieuse pour venir traîner au large. Les baleines, pareilles à des comètes lointaines, qui viennent ici en quête de krill. Il y a les macareux huppés. Les loutres de mer. Les cténophores. Je suis bien partie pour rester une année entière sur ces îles. J'aurai besoin de tout ce temps pour photographier ce coin de bout du monde. »

*

A travers son courrier, le lecteur fait la connaissance avec cette jeune femme solitaire et fragile sur le plan émotionnel et psychologique. Fascinée et séduite par cet endroit isolé, elle n'en ressent pas moins beaucoup d'appréhension.

En effet, la beauté sauvage des îles Farallon se heurte à la rudesse du climat, au hurlement du vent, au fracas des vagues, aux violentes tempêtes, aux animaux sauvages et à la dangerosité du site.



« La mort n'a jamais été aussi présente pour nous sur les îles Farallon qu'en ce moment. Il n'y a pas si longtemps, elle était comme le bruit de l'océan diffusé par l'arrondi d'un coquillage – distante, vague, à moitié fantasmée. Elle est désormais sur le devant de la scène. »



Nous découvrons, en même temps que la narratrice, les six résidents, leur personnalité, leurs secrets.

La présence des biologistes n'apporte pas la chaleur tant attendue malgré la promiscuité imposée. Etranges et taiseux, ils amplifient le phénomène d'isolement, d'insécurité, de malaise et de défiance.

La confiance envers les résidents est très vite mise à mal, leurs comportements aussi étranges qu'étouffants. L'atmosphère s'épaissit rapidement, rendant le récit inquiétant, menaçant, mais aussi particulièrement captivant et addictif pour le lecteur.



« En fait, on peut mourir d'une centaine de façons sur ces îles. Il est même fascinant que nous ne soyons pas déjà tous six pieds sous terre – abandonnés au vent, à l'océan et au don formidable qu'ont les humains pour la mort accidentelle. »



Les silences sont tendus comme de cris de colère, de souffrance, de chagrin, de haine ou de ressentiment. Construit autour des thèmes forts comme le traumatisme, la douleur, le deuil, le déni et le poids de l'absence, ce thriller offre au lecteur un véritable huis-clos à ciel ouvert.

L'épilogue raconté par un des biologistes est particulièrement réussi, apportant des réponses à certaines de nos interrogations.

*

Le métier de Miranda nous amène à côtoyer de nombreux animaux marins, à découvrir et mieux comprendre, au contact des biologistes, la vie de la faune marine.

Le roman se découpe en quatre saisons, selon l'espèce présente sur les îles à ce moment-là, formant un cycle avec ses naissances et ses décès. Pour chacune d'entre elles, saison des grands requins blancs, saison des baleines, saison des phoques, saison des oiseaux, Abby Geni décrit les impressionnantes migrations, les combats parfois sanglantes pour s'approprier les femelles, les modes de reproduction, l'alimentation, ...



*

Le travail d'écriture de cette jeune auteure est vraiment incroyable, à la fois poétique et pesant, lumineux et sombre, très descriptif, merveilleux tout comme tragique. Elle crée une atmosphère de tension, de suspicion et de fébrilité entre les personnages qui s'accorde totalement au décor naturel.



Le lecteur se sent emporté par cette ambiance terrifiante et séduisante, ressentant l'influence de l'archipel, sa beauté brute et sauvage, le rivage glissant, les embruns salés, la brume froide et humide, le frisson glacé porté par le vent, à tel point que l'île peut être perçue comme un personnage à part entière.



C'est un roman très sensoriel.

L'auteure excelle à nous faire ressentir les fortes odeurs de guano, la répulsion face à ces milliers de souris qui ont envahi l'archipel, le chant presque humain des baleines, les cris tapageurs des oiseaux marins, le hurlement du vent, le fracas des vagues qui s'écrasent sur les falaises abruptes et déchiquetées.



*

C'est aussi une belle réflexion sur l'art photographique. Par le choix de son matériel et du cadrage, Miranda raconte une histoire, capture certains moments, mais également manipule notre interprétation.



« Quand les visiteurs d'une exposition regardent un tableau, ils ont accès, pour une fraction de seconde, à l'esprit de l'artiste. Un genre de télépathie. de voyage dans le temps. À l'avenir, quand les gens regarderont mes photos des îles, ils verront ce que j'ai vu. Ils se tiendront au même endroit que moi, entourés de cet océan. Peut-être éprouveront-ils même un peu de l'allégresse qui m'a saisie ici. »



Aby Geni a également une idée très précise de ce qu'elle veut que le lecteur perçoive.

Par le choix d'un angle de vue rapprochée sur Miranda, elle cherche à créer une certaine proximité et une certaine intimité avec la jeune femme.

Mais l'auteure écrase également la perspective et change la perception globale de la scène. En racontant une histoire à l'intérieur du cadre et en laissant dans l'ombre d'autres scènes comme les coulisses d'une scène de théâtre, elle manipule le lecteur, induisant des émotions et des sentiments plutôt que d'autres.



*

Ce huis-clos, troublant, fascinant et dérangeant, m'a empoignée et ne m'a plus lâchée jusqu'au dénouement. Il m'a rappelé « Les dix petits nègres » d'Agatha Christie, ainsi que « Les oiseaux » d'Alfred Hitchcock, avec la présence fascinante, dérangeante et écrasante des mouettes et surtout des goélands.



Un coup de coeur pour ce superbe roman que je vous encourage à découvrir à votre tour.

Ce roman m'a tellement plu que lorsque j'ai déniché involontairement dans une petite bouquinerie « Zoomania », un autre roman de l'auteure, j'y ai vu une invitation à le lire et il est venu tout naturellement s'ajouter à tous mes livres en attente.



Pour finir, je tiens à remercier Selias qui m'a donné envie de lire ce roman.

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Zoomania

À chaque rentrée littéraire, il y a les livres que tu attends et qui confirment cette attente, tandis que d’autres la déçoivent. Et puis il y a des livres qui échouent chez toi par hasard et qui t’embarquent sans prévenir ! C’est le cas de Zoomania de Abby Geni, acheté sur la seule recommandation de sa traductrice, Céline Leroy, combiné à l’attrait de son incroyable couverture. À quoi ça tient parfois le choix d’un livre…



Résumer en un picth (beurk !) un livre aussi riche tient de l’impossible. Mais c’est le jeu ma pauvre Lucette, alors allons-y. Orphelins de mère très jeunes, puis de père à la suite d’une tornade qui a dévasté leur maison, les enfants McCloud (Darlène, Tucker, Jane et Cora) survivent soudés dans leur caravane de Mercy, Oklahoma. Jusqu’à ce que Tucker s’enfuie à la suite d’une violente dispute avec Darlène.



Proche de la nature et du monde animal, Tucker est persuadé que le monde vit la fin de l’anthropocène, l’ère du règne de l’homme qui a réussi en plusieurs millénaires à dompter, canaliser et organiser son environnement. Et que tout cela peut et doit être accéléré par des actions militantes. Après s’être formé et préparé au sein d’un groupe écoterroriste, il revient à Mercy faire sauter l’usine locale après avoir libéré les animaux de labos, puis disparait dans une fuite erratique vers l’Ouest et Les Friches, avec la jeune Cora qu’il a récupéré.



Bien que je ne sois pas particulièrement proche du thème de la défense animale et de la sauvegarde des espèces, ce livre m’a littéralement happé par son originalité et l’empathie dégagée par ses protagonistes. Alternant les scènes d’actions puissantes (qui ouvrent et ferment le livre) avec les passages d’attentes plus apaisés et propices au recul, Zoomania propose surtout de formidables passages proches d’un nature writing qui n’en porterait pas le nom.



À l’image de la nature, les personnages d’Abby Geni sont à la fois fragiles et résilients, sincères et entiers, sauvages et pacifiés. Ils sont tout simplement beaux et portés par un souffle d’humanité qui fait tellement de bien à lire, à défaut de le respirer. Précipitez-vous donc sur cette très belle découverte de la rentrée 2021, encore trop peu vue par ici, et qui va me conduire rapidement vers Farallon Islands que j’avais manqué à sa sortie.
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Farallon Islands

Un nouvel Nature-Writing a débarqué de Chicago, oui c'est certain, de retour d'une île où seuls les animaux osent frayer, "Farallon Islands", un archipel inhospitalier, dit-on. C'est simple il faut prendre la mer et naviguer au large de San Francisco. Ce beau bébé de près de 400 pages c'est une femme qui le porte, Abby Geni. La narratrice, Miranda photographe de la nature sauvage, en parle à vous gaver, et cohabite avec 6 pingouins, des taiseux qui ne l'ont pas attendue pour cultiver leur savoir.





J'imagine les commentaires de notre planète, "Lire-Télérama", où une colombe fera un beau papier pour nous susurrer : "Je la vois Abby Geni encapuchonnée, affronter la mer, seule, portée par toutes les images qui flottent dans ses rêves marins".

Dans cette nature hostile, c'est une réalité bien différente qui vous attend.

Ce magnifique roman, d'espaces et d'aventures est aussi un huis clos où nos pingouins, sont des biologistes à la carcasse taillée dans de vieux chênes. Les quatre femmes ont elles aussi des tempéraments inaltérables même par gros temps.





Miranda écrit tous les jours à sa mère depuis ses 14 ans, quand elle s'est retrouvée orpheline devant un père dévasté. Les " îles Farallon" offrent une opportunité idéalisée pour y glaner des prises de vue improbables, des images qui peut-être feront la une des journaux. Prendre sur le vif la naissance de bébés phoques, et pourquoi pas des jumeaux serait pour elle marquer les esprits et inscrire un nouveau maillon dans la chaîne des grandes photos insolites de la faune sauvage.





Imaginons son rêve de gamine réalisé, dans le plus beau décor qu'une terre vierge puisse porter, où la nature s'exprime sans retenue. Ses premiers pas dans l'île principale est un choc pour la jeune femme, même pour elle qui a parcouru le monde.





Ce matin j'ai exploré les lieux.

Je ne peux pas expliquer la joie que j'ai éprouvée.

Tout ce qui constitue ces îles m'a semblé exquis.

L'air iodé.

Le fracas des vagues.

La danse des souris qui s'égaillaient à la limite de mon champ visuel.

Le granit qui craquait et s'effritait sous mes bottes.

page 60





Quand elle débarque à la fin de l'été c'est la saison des requins blancs, des grands requins blancs dont Galen et Foster sont les spécialistes, ils sont intarissables sur ces bêtes féroces qui dégustent un phoque ou une otarie, comme un hamburger. Mais sur le passé de Galen et de Foster rien ne perce.

Elle pensait bien avoir à affronter les pires conditions de survie. Face aux carnages engendrés par les requins blancs, Miranda faisait l'expérience du vent, un vent dévastateur, qui parfois se transformait en un feulement doux et rêveur.





A la fin de l'automne, les baleines se multiplient autour des îles. Les voici, "dans les eaux comme des cauchemars, elles se confondent avec les vagues, les nuages, les îlots et reflètent la lumière, les baleines bleues comme les baleines grises". Mick spécialiste des baleines, est fasciné, et comme lui c'est peut-être ce spectacle qui est le plus déroutant. Imaginez des nageuses synchronisant des chorégraphies, les baleines sont capables de défier nos sirènes, un moment inoubliable.





Le brouillard s'installe de façon permanente, c'est la mi-décembre la saison des phoques commence. Pour Lucy et Andrew coiffé de son "bonnet rouge cramoisi" c'est aussi la bonne saison pour observer les océanites de Wilson. Oiseaux nocturnes, ils nichent dans les falaises. Lucy allait ainsi découvrir une vraie cité dortoir.





Mais au printemps, le temps redevient majestueux, c'est l'île aux oiseaux, avec la nidification, la couvaison, le travail des biologistes est alors intense pour répertorier toutes les espèces présentes, ou celles qui migrent. Cette planète, la demeure des macareux et des guillemots est aussi celle des oiseaux de nuit, les nocturnes comme les chauves-souris ou les océanites qui font la nuit un bruit d'enfer.





"Farallon Islands" est un roman magnifique aux multiples facettes, Melissa ou souricette selon les surnoms qu'on lui attribuait, évoquait souvent le souvenir de sa mère, et lui dévoilait son dialogue intérieur imprimant au récit une respiration, des moments de calme qui allaient devenir au fil des pages, indispensables pour suivre son regard sur cette équipe fragilisée.





Comment éviter une confrontation, avec ces 6 chercheurs biologistes et une stagiaire Charlene, qui donnent le sentiment de tempéraments introvertis, formant dans ce refuge exigu une communauté dévouée au silence, à un passé que nul doit connaître.

Il est difficile de se mettre à nu. Malgré le vacarme qui règne au dehors tous les bruits sont écoutés, entendus, interprétés. Seul Nick cherche à coopérer dans les corvées ou dans les coups durs. Le temps des drames et des accidents les surprend tous, incapables de s'en extraire, le huis clos va se refermer sur eux.





Nous sommes dans une version marine d'Agatha Christie. Hercule Poirot chez Abby Geni n'est pas prêt à imaginer l’enchaînement dramatique, qui va peu à peu balayer la vie et l'univers minéral de ces chercheurs. Comment les rêves de Miranda vont ils être laissés un temps à l'abandon pour une autre lumière, comme si un jour le soleil avait enfanté une déchirante foison de couleurs, pour lui montrer une autre traversée.





Un véritable bijou, tout converge pour émerger de ces heures, sombres, tumultueuses ou lumineuses, avec un autre regard sur la nature, et sur nos compagnons de route les hommes. Des biologistes passionnés, que l'on adoptera, et comprendra, les douleurs comme leurs faiblesses étaient les clés de leur humanité, l'écriture et la délicatesse de Abby Geni les rendaient crédibles et sensibles.



Un très grand roman.

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Farallon Islands

Miranda, jeune femme de trente cinq ans, photographe, arrive dans les îles Farallon pour y faire un reportage qui doit durer un an. Ces îles perdues au large de San Francisco, sont difficiles d'accès et inhabitées, excepté celle du sud-est, qui abrite une station de recherche où cohabitent des scientifiques, des biologistes spécialisés, Galen le responsable, encadre Forest avec qui il observe les requins, Andrew et Lucy, ornithologues, Mick, specialiste des mammifères marins et Charlene, une jeune stagiaire. La jeune femme dès le début, est appelée par erreur Melissa, sans qu'elle ne cherche à corriger ses interlocuteurs, une attitude qui s'explique par l'état d'abstraction au monde qu'elle ressent depuis vingt ans, depuis la mort accidentelle de sa mère, une mort qui l'a laissée en suspend et qui la pousse à lui écrire des lettres qu'elle envoie sans y apposer d'adresse.

Dès son arrivée, la jeune femme ressent les tensions, les obsessions de chacun, enfermés dans leur spécialité, taiseux, se retranchant dans leur espace réservé mais exigu une île battue par tous les vents, une situation à laquelle s'ajoute un isolement physique, les visites du bateau ravitailleur dependant des conditions climatiques difficiles. Les scientifiques sont surtout confrontés chacun à leurs sujets d'études, des milliers d'oiseaux qui crient, agressent pour protéger leurs oeufs et déposent des montagnes de déjections, des requins qui dévorent les morses, les éléphants de mer qui s'entretuent, mais cette nature offrent également des éblouissements avec les chants de baleines et la danse des dauphins.



Un coup de coeur avec Farallon islands, un roman angoissant, à la limite du thriller, avec ce huis clos dans lequel des êtres enfermés dans leur propre solitude doivent cohabiter et partager des moments contraints et forcés. Des événements dramatiques, accidents, blessures, décès vont pousser les suspicions et doutes chez certains des protagonistes, renforçant encore les tensions existantes.

Un roman réussi, qui tient en haleine et maintient une tension tout au long de son déroulement.
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Farallon Islands

J'ai adoré ce roman, autant vous le dire de suite. C'est un roman d'atmosphère. Il règne dans ce roman et sur cette île, une atmosphère particulière qui vous embarque, en tout cas ça c'est passé comme ça pour moi.

Farallon islands ce sont des petites îles inhabitées, hostiles au large de San Francisco.

Miranda, jeune photographe qui se cherche depuis la mort de sa mère, à l'adolescence, débarque pour un contrat d'un an. Elle va rejoindre une communauté scientifique de biologistes marins qui étudient les oiseaux, les éléphants de mer, les phoques, les baleines et les requins. Chacun a sa spécialité et ils surveillent les animaux par tous les temps, sur des chemins escarpés et dangereux, complètement obnubilés par leur étude. Quand Miranda arrive, elle est surprise par l'ambiance et l'accueil inhospitalier qu'elle reçoit. Les biologistes l'ignorent, lui passent à côté sans lui parler, ne l'aident pas à s'installer.

Miranda va peu à peu faire sa place parmi les biologistes et apprendre à les connaître. Elle parle peu et observe ses compagnons. Leurs caractères et personnalités se dessinent peu à peu. L'île est arride, battue par les vents et les embruns, couverte de guano puant, difficile à explorer avec sa géographie accidentée, elle est le lieu de résidence de milliers d'oiseaux qui viennent pour nidifier et pondre, hurlant toute la journée et tres agressifs dès qu'on s'en approche.Les humains qui résident sur l'île ne sont pas plus chaleureux. Le récit développe une tension qui ne fait qu'augmenter, Miranda sent une menace peser sur elle, est-ce le decor inamical ou l'ambiance crée par les biologistes qui lui donne cette sensation ? Au fur et à mesure du récit, le lecteur sent monter un malaise, une angoisse, un danger règne sur cette île où les événements se déroulent en huis clos sans possibilité d'y échapper.

Ce premier roman d'Abby Geni est une réussite, entre roman sur la nature et thriller psychologique . Le lecteur est en immersion sur l'île, pris en otage dans cette ambiance particulière et pesante, où le suspens augmente au fur et à mesure, il a l'impression d'être dans un cauchemar éveillé dont il espère comme Miranda pouvoir s'évader.

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Farallon Islands

Si jamais j'avais été tentée par une petite escapade aux Iles Farallon, un archipel à seulement une cinquantaine de kilomètres des cotes de la Californie, après avoir lu ce roman, c'est encore une destination à supprimer...



Pourtant c'est là que Miranda a été autorisée à séjourner pour y prendre des photographies, son activité professionnelle .

Des iles aux falaises interdisant toute embarcation d'y accoster, battues par les vents , la pluie, le froid , où vivent une poignée de biologistes pour y étudier la faune locale ou de passage .

Miranda n'est pas spécialement la bienvenue, les quatre hommes et les deux femmes sur place ne sont pas plus accueillants de prime abord que leur lieu de résidence. Mais la jeune femme n'en a cure , ce paysage rude, dangereux convient à son isolement affectif . La vie , elle ne la voit que par les objectifs de ses chers appareils photos .

La cohabitation forcée sans intimité, l'entraide indispensable entre les insulaires , les accidents fréquents et parfois fatals, les événements même traumatisants vont faire sortir Miranda de sa carapace.



Narrée sous forme de lettres non envoyées par Miranda à sa mère défunte, l'histoire progresse au rythme de chaque saison d'observation des espèces : requins, baleines , phoques ou oiseaux et ce renouvellement saisonnier assez immuable avec la période des naissances, des reproductions et des nouveaux départs des jeunes constitue le travail des scientifiques jamais lassés par ce spectacle ...



A travers ces écrits, longs cris de souffrance d'une jeune femme qui n'avait pas réussi à se projeter au delà de la disparition de la mère , le lecteur assiste à la lente transformation de cette femme .



Un beau roman fort et sauvage
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Zoomania

Une fratrie de quatre enfants orphelins, victime d’une tornade, vit désormais dans une caravane, se débrouillant tant bien que mal. Tucker, l’aîné, s’enfuit après une dispute avec sa sœur aînée. Son combat pour sauver les animaux va se renforcer jusqu’à l’activisme. Il reviendra, trois ans plus tard, à Mercy dans l’Oklahoma dynamiter un laboratoire pour y libérer les bêtes et embarquera avec lui sa petite sœur Cora. La fillette, fascinée par ce grand frère, va devenir sa complice avec des actes de plus en plus dangereux auxquels elle ne saura plus quoi penser. Cette traversée des fugitifs vers l’ouest dans des voitures volées complique le quotidien. Darlène, qui en tant qu’aînée a sacrifié ses études pour les élever, n’aura de cesse de rechercher la petite.

Des personnages très attachants, des passages somptueux sur la nature et les relations entre la fratrie. L’apothéose dans la dernière partie avec des scènes très visuelles. Original et engagé.
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Zoomania

A Mercy, petite ville de l'Oklahoma, une tornade de force 5, dévaste la ferme des McCloud, tuant le père et tout le bétail . Les quatre enfants, déjà orphelins de mère, se retrouvent seuls, sur les ruines de l'exploitation agricole. Darlene, l'aînée, va prendre la situation en main. Mettant de côté ses projets d'études universitaires, elle va jouer les mères de substitution. Tucker, son frère de deux ans plus jeune, est traumatisé par la tornade, c'est un garçon sensible, qui adore les animaux, cette tornade est pour lui un catalyseur, un signe, une sonnette d'alarme. Il veut trouver un sens à tout ça. Il dit que la tornade lui a ouvert les yeux, que les hommes sont les grands responsables qui détruisent les territoires des animaux sauvages et la nature. Il s'enfuit, après une dispute avec Darlene. Il réapparaît trois ans plus tard, après l'explosion d'un laboratoire de recherche en cosmétologie où tous les animaux de recherche ont été libérés. Il est grièvement blessé il se réfugie au mobil home, il embarque Cora, sa petite sœur de 9 ans, avec lui.Il va l'entrainer dans son sillage, dans sa cavale à travers l'ouest américain, car il est recherché par le FBI . Tucker et Cora vont mener une vie d'errance, en volant des voitures pour se déplacer. Tucker va essayer de gagner Cora à sa cause d'activiste, la fillette boit ses paroles. Tucker continue de déclencher des opérations coups de poing en faveur de la cause animale avec l'aide de Cora. Tucker défend, au début, une cause légitime mais très vite la machine s'enraye, il entraîne Cora dans des situations de plus en plus périlleuses. Il devient fanatique, détaché de la réalité, obsessionnel. Il est obnubilé par l'idée de frapper un grand coup, il néglige Cora qui tombe malade et la fait vivre dans des conditions épouvantables et dangereuses.

Le roman vers la fin devient stressant, un véritable page turner, on pressent qu'il va arriver une catastrophe ce qui fait monter la pression. J'ai eu tres peur pour Cora à laquelle je me suis attachée.

J’ai beaucoup aimé ce roman, le style est fluide, agréable , émaillé de belles descriptions .L'auteure brosse de beaux portraits de personnages, tres fouillés. Le récit m'a happée.

C'était le premier roman de Abby Geni que je lisais, traduit par l'excellente Céline Leroy. Heureusement, J'ai "Farallon islands" dans ma pal que je vais pouvoir bientôt sortir.
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Farallon Islands

Fraichement débarquée sur les iles Farallon, Miranda, jeune photographe naturaliste va devoir s'adapter à ce nouvel environnement.

L'accueil des scientifiques est froid, l'environnement est inhospitalier, la vie ne va pas être paisible.



Abby Geni raconte avec une maitrise étonnante, le quotidien de ses biologistes, prêt à tout les sacrifices pour étudier les animaux qui les passionnent. Elle relate, sans jamais lasser le lecteur, le mode de vie des animaux, leurs comportements. Très instructif, je ne pensais pas autant apprécier un tel récit.



Le roman, découpé en 4 parties distinctes, représentant tour à tour un animal diffèrent : les requins, les baleines, les phoques puis les oiseaux monte en puissance et c'est alors que l'on s'aperçoit que les plus mauvais ne sont pas ceux avec les plus grandes dents.

En parallèle, la cohabitation des résidents de Farallon Island, est difficile, la tension augmente, l'atmosphère se fait pesante, les accidents, fréquents, ne sont peut être pas toujours si hasardeux et l'on se pose énormément de question jusqu'à la toute dernière page.



Une lecture addictive qui m'a énormément plu, désormais les iles Farallon n'ont plus aucun secret pour moi (ou presque).
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Farallon Islands

Admirable, fascinant, et original. En ouvrant ce livre, je ne savais pas trop ce qui m'y attendais, repéré lors de sa sortie, le voilà lu et aimé.

Un huis clos remarquable, ou se côtoient des êtres taiseux, solitaires, cachant une part de leur profonde nature. Des biologistes exilés sur une île perdue quelque part dans l'océan, ou viennent séjourner selon les saisons : goélands, requins, baleines, etc... Le cycle de la vie s'instaure selon. Ils sont seuls parmi cette nature sauvage, sans pitié, à observer, noter, comprendre.

La nature omniprésente tout le long du récit, beaucoup de détails sur la vie de ces animaux, mais au grand jamais je n'aurai pu imaginer chose pareille. J'en ai appris des vertes et des pas mûres.

Entre les mailles du filet, s'échappent la vie des uns et des autres et tout particulièrement celle de Miranda, dit Souricette, ou encore Mélissa, elle nous conte sa souffrance à travers les lettres qu'elle écrit à sa mère disparue. Ce que représente pour elle la photographie. Comment elle évolue parmi ces biologistes, et quelle direction va prendre son destin suite à l'événement qui va chambouler sa vie.

J'ai beaucoup aimé ce roman pour la nature, la vie sur l'île déserte, pour les rapports entre les personnes, l'évolution de chacun, et le cheminement du roman avec les drames en cascade.

Une belle découverte et lecture.

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Zoomania

Le roman s’ouvre sur une tornade de force 5, quatre frère et sœurs se retrouvent orphelins. Trois ans après, nous retrouvons les sœurs habitant une caravane et un frère sorti de leur vie suite à une dispute.



Les chapitres sont construits de façon chronologique et chaque partie du livre s’étale sur un mois, et nous alternons entre le récit de la cadette Cora, et l’aînée Darlene.



Lire ce roman est une plongée saisissante dans la psyché d’un jeune homme, Tucker, convaincu que l’écoterrorisme est le seul moyen d’intervenir efficacement pour lutter contre la maltraitance animale et les ravages de l’ère anthropocène.



Un beau roman qui parle des limites de la loyauté et de l’engagement :

jusqu’où doit-on aller ? Quels sacrifices doit-on exiger de soi-même et des autres ?



L’auteure arrive à nous pousser dans nos propres réflexions en fonction de nos valeurs sans être moralisatrice. Cet ouvrage n’apporte pas de réponses, mais pose à sa manière les bonnes questions.



La plume d’Abby Geni est très métaphorique, et nous emporte avec elle dans son récit.



Par contre, j’aurai davantage apprécié s'il y avait moins de pages… Certaines scènes sont tirées beaucoup trop en longueurs et c’était un chouilla trop long à mon goût…



Autre gros hic, Cora, la fille de 8 ans parle et se comporte telle une adulte. Beaucoup de situations ne sont pas très crédibles selon moi.



Bien que la moralité de cette histoire m’ait touchée, je pense que ce livre sera très vite oublié. Avis mitigé donc…

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Farallon Islands

Le temps s'est arrêté pour Melissa. A 14 ans, la perte de sa mère a suspendu sa vie. Elle vit désormais sur un fil, comme un funambule, repoussant les limites de son destin comme elle repousse le genre humain.

Le temps s'est arrêté pour elle, malgré tous ses voyages aux quatre coins de la terre, aux confins du froid, de la sécheresse, du danger, sans attache, munie uniquement de ses appareils photos.

Le temps s'est arrêté et elle le fige dans ses photographies. Animaux de toutes sortes peuplant la terre sont ses seuls liens avec le vivant et ce, depuis vingt ans. Devenue animal elle-même, elle s'arrête aux îles Farallon, des îles inhospitalières, dangereuses, nauséabondes, où se croisent au fil des saisons requins, baleines, phoques et oiseaux. Melissa partagera un an de sa vie avec les six occupants de l'île, biologistes, scientifiques spécialisés dans cette faune locale qui devient vite, aux yeux du lecteur, une faune aussi repoussante qu'envoûtante. Odeurs, vacarme incessant, violences perpétuées par ces animaux sont encerclés de brouillard, de vents qui rendent dangereuses chaque sortie du refuge. Melissa y vivra de longs mois, capturant cette nature, obstinément. On devine la force et la beauté des photos.



Les habitants cohabitent, avec pour seule intimité leur chambre, territoire respecté de chacun. Pourquoi ont-ils fait ce choix ? S'entourer de cette force vitale tout en s'éloignant de l'homme et de la civilisation ? Ici, "on ne parle pas du passé". Cela convient à Mélissa qui se confine dans son mutisme et vit dans le déni total. Déni de la disparition de sa mère à qui elle écrit depuis vingt ans. Déni des vivants restés sur le continent. Déni d'une grossesse dont elle ne s'aperçoit que cinq mois plus tard. Déni de sa propre personne, laissant les habitants de l'île se méprendre sur son prénom. Les interrogations de chacun, les conséquences de son silence lui importent peu. Elle ne s'en rend même pas compte.



Livre intimiste malgré la vie bouillonnante. Livre de silences et de cris, où la perte d'un être cher et le relationnel prennent ici toute leur place.

J'ai beaucoup aimé malgré un certain malaise ressenti par rapport à la personnalité du personnage principal.





PS : voudriez-vous lire aussi mon commentaire ?

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Farallon Islands

Miranda, 34 ans, photographe naturaliste, débarque sur les îles Farallon, véritable réserve naturelle, à 45 km a l’ouest de San Francisco (surnommées l’archipel des Morts 😵). Elle a choisi cet endroit singulier pour préparer son nouveau livre de clichés extrêmes.

Elle va passer une année en compagnie de 6 biologistes, qui sont autorisés à y vivre toute l’année pour mener leurs recherches.

Leur accueil est froid et distant, la cohabitation va se révéler bien vite difficile dans l’unique maison de l’île...

Qui de la nature sauvage ou des humains va se montrer le plus terrible?



Au final, un premier roman fascinant, dépaysant, hypnotique et troublant.

L’auteure parvient à maintenir un suspense tout au long du récit et nous accrochent avec des descriptions passionnantes de ces îles Farallon et des espèces animales (requins, baleines, phoques, oiseaux).

Un magistral huis-clos en milieu hostile.

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Zoomania

Oklahoma, la famille McCloud est dévastée. Et pour cause une tornade de niveau 5 a frappé la ville de Mercy et donc leur maison envolée à tout jamais avec leur père et leurs animaux dont les corps n'ont jamais été retrouvés. La fratrie est désormais orpheline. Darlene, l'ainée, va tout faire pour ses sœurs et son frère et notamment Cora qui a 9 ans. Ils s'installent dans le camping communal et c'est décidé Darlene ne partira pas à l'université où elle avait pourtant été sélectionnée préférant s'occuper de sa famille. Jusqu'à la dispute avec Tucker qui fera tout vaciller. Il disparaîtra des mois jusqu'à l'explosion de l'usine Jolly Cosmectics où de nombreux animaux retrouveront la liberté et l'enlèvement fatidique de sa petite soeur Cora avec qui il partira en roadtrip, en échappée criminelle du moins pour certaines actions.



La famille a perdu tous ses animaux lors de la tornade, et cela a profondément marqué Tucker qui de plus voulait aller sauver son père en pleine tornade à l'extérieur, empêché en cela par Darlène qui lui bloqua la porte de l'abri anti-tornade. Tucker est ce qu'on appelle un animaliste, il n'hésite pas à s'engager pour eux et on le verra est prêt à tout même si cela doit détruire sa petite soeur. Il le répète l'homme détruit tout et il ne laissera personne lui barrer le chemin vers la libération animale. En cela c'est un personnage intègre pour lequel j'ai pu ressentir parfois de l'empathie. En revanche, Cora n'a rien à faire à son âge à ses côtés et c'est là que ça pèche pour lui. Elle n'est pas consentante si ce n'est qu'elle prend son frère pour son dieu et est prête à tout pour lui faire plaisir. Darlène, elle, souhaite plus que tout retrouver sa petite soeur car elle la sait sous mauvaise influence. Leur sœur Jane est en retrait dans ce livre, petit bémol car je trouve qu'elle est absente, comme un fantôme par rapport aux autres personnages.

L'écriture est juste magnifique et l'alternance du point de vue de Darlene et de Cora parfait ! Aucun personnage n'est ici bafoué et le lecteur est libre de se faire son propre jugement selon ses valeurs.



Quel roman ! Un coup de cœur 2021 assurément !
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