Juliette est la locomotive de notre couple, elle s’occupe de tout organiser au quotidien, de régler les factures, de gérer les courses, ranger l’appartement et j’ai le sentiment parfois d’être un fardeau pour elle. Lorsque nous sortons avec mes copains, je sens bien qu’elle se demande comment je peux traîner avec une bande de gamins irresponsables et immatures. Mais j’ai besoin de retrouver un peu de la vie de campus que mon déménagement à Londres a écourtée.
Elle rit et je ressens de la gratitude pour ce moment, fugace capture d’un bonheur si complet, je voudrais graver ce moment pour l’éternité. Je ne veux pour rien au monde laisser ce précieux instant partir emporter par les remous de la vie comme l’eau tumultueuse de la Veules sous nos pieds dont le cours est immuable comme le temps. Je ne peux retenir mon élan, je l’embrasse fougueusement, désespérément, amoureusement, follement, éternellement.
Je n'arrivais pas à effacer de ma mémoire mes dernières paroles horribles pour ma mère et je culpabilisais, étant persuadée que notre dispute avait, par un terrible enchaînement du destin, abouti à sa mort.