La plupart du temps, lorsque nous naviguons sur Internet, nous ne passons que par des sites référencés sur les moteurs de recherche. Mais le Web est en réalité beaucoup plus vaste, avec des zones difficilement accessibles, qui abritent parfois des activités à la limite de la légalité, voire interdites. Sur ce « Dark Net », il est possible de trouver des armes, de la drogue, mais aussi – dans un registre moins alarmant – des logiciels très pointus.
Difficile d'imaginer, en s'imprégnant du calme qui règne en ces lieux, que Belzébuth en personne s'y soit introduit par une sombre nuit d'été. Et pourtant, les événements qui s'y sont déroulés le 11 août 1676 ont marqué à tout jamais cette partie de la Sicile, au point de fasciner écrivains, journalistes et scientifiques. Tous ont été, et sont parfois toujours, animés par le même désir de percer le mystère de la possession de la pauvre Isabella Tomasi. Religieuse bénédictine, Isabella s'appelait, depuis son entrée dans les ordres en 1660, sœur Maria Crocifissa della Concezione, une référence à la Conception du Christ et à sa mort sur la Croix. Un nom chargé de souffrance, donc, qui s'avéra prémonitoire lorsqu'elle fut, selon ses dires, attaquée par le diable.
Malgré les menaces de Belzébuth, qui avait promis de la punir si elle ne portait pas son message au Tout-Puissant, sœur Maria Crocifissa Della Concezione cacha toute sa vie et emporta avec elle dans la tombe deux des trois documents, aujourd'hui à jamais perdus. Le dernier, en revanche, fut dévoilé (même si les conditions de sa conservation restent floues) : il s'agissait d'une lettre en apparence indéchiffrable, composée de caractères inconnus et de différentes langues mélangées entre elles. Au fil des siècles, nombreux furent ceux qui tentèrent de percer les secrets de la lettre du Diable. L'écrivain italien Giuseppe Tomasi di Lampedusa – l'auteur du Guépard (1958) – se pencha longuement sur la question. Duc de Palma di Montechiaro, il faisait partie de la famille de sœur Maria Crocifissa Della Concezione et connaissait évidemment la légende. Malgré tous ses efforts, il n'arriva pas à traduire la fameuse lettre.
L'abondance de somnifères dans son estomac ne s'explique pas non plus : l'a-t-on forcée à ingérer les pilules ou les a-t-elle prises de son plein gré ? La police pourrait alors avoir eu raison depuis le début : épuisée par des années de solitude et de changements d'identité, ne supportant plus sa vie d'espionne, elle aurait mis fin à ses jours au milieu de nulle part, sans laisser de traces. Du travail de pro, tant le mystère autour de sa mort reste épais.
Si l'idée de tirer sur un fantôme vous fait sourire, sachez que l'imaginaire fantastique de l'époque n'était pas du tout le même qu'aujourd'hui : le spiritisme moderne n'allait être inventé que seize ans plus tard avec les sœurs Fox. Mais ça, c'est une autre histoire…
C'est à ce moment de son histoire que la cité du Croissant fut en proie à un étrange personnage animé de deux passions : écouter du jazz et fracasser des crânes à coups de hache.
Pour autant, la réalité s'avère parfois décevante, plus complexe aussi.