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Annet Schaap (Autre)Maurice Lomré (Traducteur)
EAN : 9782211335065
144 pages
L'Ecole des loisirs (03/04/2024)
3.78/5   9 notes
Résumé :
Roya et sa famille viennent d'obtenir une maison aux Pays-Bas après avoir fui l'Afghanistan. Tout le monde est heureux et soulagé, mais pour l'adolescente, cette maison ne peut être la sienne sans un animal domestique. Avec ses trois frères, elle adopte un lapin nain du nom de Mischka, à qui elle raconte la fuite hors d'Afghanistan. Un jour, le lapin disparaît.
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Incontournable Mai 2024


Un peu à la manière de "L'Étoile du Soir", de Siècle Vaëlban, "Mischka" utilise l'intermédiaire d'un animal pour faire écho à un enjeu à l'échelle humaine. Ici, ce thème est le déracinement, la fuite, liée à la nécessité de sécurité, quand son propre pays n'en est plus le garant.


Roya n'avait que trois ans quand sa famille, ses parents et ses trois grands frères, prennent la route de l'exil, pour quitter leur Afghanistan devenue périlleuse et hostile envers certaines libertés, dont celles des femmes. Leur périple a duré six mois, avant que se succèdent cinq années de déménagement incessants et de réponses négatives de la part du gouvernement néerlandais. Puis, un jour, ils ont leur accord et la petite famille peut enfin se poser. Roya, maintenant âgée de neuf ans, pense que toute famille bien implantés sous sont toit se doit d'avoir un animal de compagnie. C'est ainsi que se joint à la maisonnée Mischka, un adorable lapin nain tout blanc. Dans le quotidien marqué par une normalité bien méritée, la famille semble se prendre d'affection pour le petit animal et assez naturellement, il devient leur confident.


On dit que les humains éprouvent le besoin de se raconter. le récit de Mishka et de la petite famille en est un bel exemple. Après avoir expérimenté la perte de leur maison, de leurs possessions matérielles, de leurs cercles sociaux et de leurs repères autant culturels que linguistiques, la famille se retrouve nomade, entre bagages et bords de route. Ça implique d'être exposés à toute sorte de dangers et aux intempéries, ça implique de connaitre la faim, le froid et l'insécurité. Et pourtant, on entend dans les souvenirs échangés entre les membres de la famille, qu'ils ont eu aussi leur moments heureux. Une chanson donnée généreusement, un semblant de routine, des rencontres mémorables. Comme si malgré toutes les embuches la famille a su garder le positif de leur périple. Mais, comme on le constate, ils ont mit un certain moment avant de verbaliser tout ça.

Mischka était en quelque sorte le "témoin neutre", l'être de confiance qui recevait les témoignages des membres de la famille, au début, seul à seul. Ça me fait sourire, car j'y retrouve là le besoin des gens de traiter ce qu'ils ont vécu. Pour moi, c'est tout-à-fait normal et même très sain. Mieux encore, quand ils se sont rendu compte qu'ils partageaient ainsi leur souvenirs, ils ont fini par le faire entre eux. Les bons souvenirs comme les moins agréables. J'estime que c'était là le début de quelque chose d'important, la prise de conscience que désormais, tout cela est derrière eux. Au final, le récit de Mischka est ce passage entre déracinement et enracinement, qu'il fallait adresser et endosser. La petite famille afghane est maintenant "hollandaise d'origine afghane". Ils sont ici chez eux.


Un autre élément qui permet de parler de la transition que fait la famille tout doucement dans l'histoire est la fuite de Mischka vers la fin. Il me semble y voir un symbole, une version à petite échelle de ce que les membres de la famille ont vécu et expérimenté. C'est en tout cas ce qu'à penser Roya, qui a ainsi pleurer pour la première fois depuis fort longtemps. Elle transpose donc une réalité un peu trop abstraite pour son âge dans une situation davantage concrète et en tire des enseignements, des réponses. Surtout, elle me semble enfin mesurer la portée de ce que sa famille a traversée, alors qu'elle était trop jeune pour en saisir les nuances, les tenants et aboutissants. D'ailleurs, c'est grâce aux fragments de mémoire de ses frères Bachir, Hamayun et Navid, qu'elle en dresse un meilleur portrait, ce qui illustre encore plus l'importance du partage des souvenirs au sein d'un groupe. Se souvenir et se remémorer est un acte social en soi, qui permet non seulement de donner divers points de vue d'un même situation, cela permet de cimenter des relations. Ça n'a rien de banal.


À partir d'ici, il y aura quelques petits divulgâches.


Ce que je veux dire par "cimenter"les relations est que Roya et ses frères n'ont jamais été aussi proches les uns les autres qu'en partageant des souvenirs. Cela les a unis dans leurs recherches de Mischka également. Cela les a réunis dans cette petite classe d'école, à faire littéralement un exposé de leur "voyage", cette fuite incroyable qui a duré six mois. Je pense que de tous les thèmes, la bienveillance fraternelle, cette tendre unité et cette douce solidarité qui les unis, m'a semblé la plus touchante.


Comme l'ont fait remarquer d'autres critiques de ce roman, pas besoin de mots complexes ou de situation sensationnalistes pour donner du poids et de la profondeur à une histoire comme celle-ci. C'est un quotidien tranquille, avec quelques retours sur des souvenirs qui pétillent par-ci , par-là, et le foyer qu'ils oeuvrent à construire ensemble, avec leur lapin domestique. Pourtant, avec les mots sobres et les choix de Roya dans ce qu'elle évoque, nous livre avec sincérité et candeur de réels enjeux. C'est un exercice difficile de mettre en mots simples des sujets nuancés, mais c'est là, il me semble, toute la magie de la littérature jeunesse.


Le roman est illustré, vous aurez donc tous les membres de la famille et même madame Slagmolen, illustré avec Mischka. C'est le cas de le dire, Mischka est la mascotte de la famille, en plus du confident. le point focal, en somme.


Je souligne aussi un aspect de cette histoire que j'ai beaucoup aimé, sans doute parce que c'est en grande partie vrai, mais aussi parce que c'est là la vision du monde que j'aimerais voir se concrétiser: L'empathie des gens face à la famille de Roya. Quand Roya fait son exposé, elle fond en larme. C'est sans doute là le poids de la fuite de son lapin qui retombe, mais il entraine avec lui celui laissé par le voyage. C'est donc un gros déluge de pression qui s'externalise enfin et je remarque que la maitresse de classe a été remarquable. Douce, empathique, à l'écoute, pleine de compassion et compréhensive. Les petits camarades aussi ont été respecteux.ses. Je trouve beaucoup de romans dans lesquels les enfants immigrants deviennent des cibles d'intimidation ou de rejet social, alors en voir un qui fait le pari contraire me touche beaucoup. Je réitère: C'est de ça dont on a besoin, collectivement. de plus, l'intérêt éveillé chez les enfants par Roya et ses frères, qui ont partagé avec eux leur récit de voyage, était attendrissant. La curiosité est bien plus constructive que la méfiance et mène vers de meilleurs relations entre les diversités, je pense. Et puis, il faut dire que je les comprend: Quel périple! le courage des immigrants, leur rage de vivre et leur espoir, sont hallucinants.


Certains pourraient trouver le tout "gentillet", parce que ça ne correspond pas aux images et aux réalités qui nous parviennent des situation irrégulières et migratoires, mais je vais nuancer la chose en disant que nous voyons les choses du point de vue de Roya, qui avait 3 ans et qui en a maintenant 9. Donc, je pense que sous la loupe de Roya et ses frères, il y a un certain filtre. Ils se sont davantage intéresser aux éléments comiques, étonnants ou neutres qu'aux choses effrayantes et dangereuses. Mais le danger était là, oui. Je pense qu'il s'agit là d'un trait typique des enfants, leur positivisme, leur résilience et leur curiosité facile. Et peut-être y a t-il aussi de la volonté de garder en mémoire le meilleur, ne serait-ce que pour le bien de leur santé mentale. Par ailleurs, tout n'a pas été dit, certains détails sont laissés vagues, comme la présence des soldats, par exemple ou le fait de devoir détruire d'éventuelles "preuves" de leur passage ou encore l'identité des passeurs. Ce ne fut pas une balade de santé, n'en doutez pas.


Enfin, à titre de libraire jeunesse dans le Grand Montréal, je sais déjà que ce genre de livre sera plus que pertinent vu le nombre de petit.e.s réfugié.e.s que nous avons dans cette région, en plus des dizaines d'autres nations qui y coexistent. Nous avons besoin autant des histoires qui parlent d'immigration, que de romans avec des personnages d'ethnies diverses. Pas seulement pour les enfants qui s'y reconnaitront, mais aussi pour les petit.e.s québécois.e.s qui les accueillent dans leur classe comme dans leur quartier. Parler de la diversité, la nommer et s'y intéresser, fera en sorte que nous puissions la célébrer et la comprendre.


Et puis, comment résister à un adorable petit lapin blanc?


Pour un lectorat intermédiaire du second cycle primaire, 8-9 ans+
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Roya a neuf ans, elle a quitté Kaboul en Afghanistan avec sa famille lorsqu'elle avait trois ans. En effet, son père enseignait aux jeunes filles, ce qui était interdit. Après un long périple, Roya, ses parents et ses trois frères, Bashir, Hamayun et Navid, sont arrivés aux Pays-Bas ou ils ont vécu en centre de rétention puis dans l'illégalité avant d'obtenir enfin un titre de séjour. Ils viennent d'emménager dans une maison et Roya veut enfin un animal domestique, ce sera un lapin nain blanc aussitôt baptisé Mischka.

Edward van de Vendel est né aux Pays-Bas. Instituteur de formation, il a longtemps été proviseur dans un établissement qu'il a cofondé. Il publie son premier ouvrage en 1996 et se consacre dès lors à l'écriture : albums, poésie, documentaires, romans et même des chansons. Il a reçu plusieurs prix, comme le Prix Golden Kiss et le Silver Pencil, et est traduit dans de nombreuses langues. En France, il a publié notamment au Rouergue, chez Thierry Magnier, à L'École des loisirs et chez Pastel. Il vit à Rotterdam.” source : Ricochet. Edward van de Vendel a publié de nombreux albums et, en romans pour la jeunesse, nous nous souvenons de le choix de Sam en 2016 à l'Ecole des loisirs suivi de la disparition de Sam en 2020 puis récemment, de Mes copains, les maths et moi chez Nathan jeunesse.
Anoush Elman est un écrivain afghan. C'est son premier roman traduit en français.

Mischka décrit avec une infinie tendresse la vie d'une famille réfugiée aux Pays-Bas après avoir fui l'Afghanistan. Il n'y a aucun effet grandiloquent mais une juste description de la vie d'une famille qui a enfin obtenu son titre de séjour après des années de vie dans les camps de rétention et s'installe dans une maison. La plus petite de la fratrie veut un animal domestique à l'occasion de cette installation dans une vie plus paisible : le lapin nain va devenir l'interlocuteur de toute la famille et chacun va raconter certes au lapin mais aussi à la petite fille qui avait seulement trois ans au moment de la fuite d'Afghanistan, les conditions de l'émigration en Europe, les longues marches, les relations avec les passeurs, la vie en commun avec d'autres émigrés. Cette émigration forcée est vue au travers de petits détails de la vie d'une famille aimante avec simplement des anecdotes de son quotidien, c'est ce qui donne toute la force à ce beau texte, il n'y a pas de long documentaire, pas de discours prescriptif mais la réalité d'un parcours. Dans une dernière partie, la fugue du lapin nain de son clapier prend une dimension symbolique bouleversante.

Coup de coeur.
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Un petit livre touchant qui parle subtilement et à hauteur d'enfant de l'histoire d'une famille afghane, réfugiée en Hollande. Autour du lapin nain Mischka, Roya et sa famille se réunissent pour partager des souvenirs de ce long voyage qui les a conduits de Kaboul jusqu'au centre de rétention où ils ont passé cinq ans. Roya essaye de comprendre son histoire, et le lecteur aussi, par la même occasion découvre la réalité et la difficulté d'un tel périple. Puis le lapin s'échappe et cette fuite bouleverse la jeune fille, comme un écho de sa propre histoire. le sujet est traité avec beaucoup de tendresse et sans tomber dans le pathos. de superbes 'illustrations parsèment le livre, des portraits de tous les membres de cette famille unie et aimante, toujours accompagnés de Mischka.
Un court roman à mettre dans les mains de tous les jeunes lecteurs, tant il est important selon moi de communiquer sur la réalité souvent méconnue des demandeurs d'asile.
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Service presse

J'ai été très surprise par l'histoire. Je suis toujours très circonspecte quand on parle d'immigration aux enfants. Mais là, c'est fait de manière réaliste, aventureuse, douce.
En lisant cela à 8, 9 ou 10 ans, on est dans la peau de Roya. Ses frères, ses parents, la maison, l'école, les déménagements et le grand voyage qui les a amenés là. Pour des petits Français, le fait que ce soit aux Pays-Bas rend les choses un peu dépaysantes. Poue eux, c'est Roya qui doit leur expliquer puisqu'elle parle le néerlandais.
Tout enfant comprendra la relation de Roya à Mischka, qui devient l'être le plus important pour elle, avec ses frères, et lui permettra de lier plus de liens avec les autres.
C'est bien connu que les fous d'animaux de compagnie se reconnaissent entre eux...
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Court roman bien écrit sur une petite fille afghane qui a dû fuir son pays avec ses parents et ses 3 frères. Elle vit désormais en Hollande et se rappelle peu de choses de son voyage (sa fuite comme ils le nomment) car elle avait 3 ans à l'époque. Enfin officiellement acceptés dans ce pays, a famille adopte un petit lapin qui va être le confident et "médiateur" de la petite fille. Roman ancré dans le quotidien qui raconte de façon clairement l'exil et la vie en transit. le discours de cette famille est emprunt de douceur, de tendresse et de résilience.
Chapitres ponctués de jolies illustrations.
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