La grande force de l'histoire, c'est que ce n'est pas qu'une histoire de cheveux, la réflexion est beaucoup plus profonde qu'elle y paraît à la base. Nous allons suivre Rose, née sur l'île de la Réunion, qui rejoindra la métropole et Paris pour y faire ses études. A travers son histoire, nous aborderons bien des choses, alors que tout a commencé avec des cheveux crépus.
La bande dessiné qui est un one-shot est édité par Delcourt et de
Lou Lubie qui documente son récit. Elle a une façon intéressante d'aborder bien des sujets, et en même temps nous éduque, nous apprend des choses, nous en fait réviser d'autres, tout en montrant que rien n'est si simple. Son trait graphique est assez agréable, coloré, réaliste, dynamique.
Elle est aussi à l'origine entre autre de "Comme un oiseau dans un bocal", "
La Fille dans l'écran", "
L'Homme de la situation", "
Goupil ou face", "
Et à la fin ils meurent" etc.
Nous allons suivre Rose depuis qu'elle est jeune, en lutte contre ces cheveux crépus, sa mère qui la coiffait et ça la tirer, et pourtant ils sont naturels. Elle vit très mal la situation, encore moins bien sous le prisme de la société. Elle va d'ailleurs être confronté aux remarques, regards des gens constamment. D'une part, vous allez apprendre à connaître les cheveux crépus, les différentes solutions, les soucis rencontrés, tout ce qu'elle a expérimenté, assister à son évolution en tant que personne et ce qu'elle fait selon les possibilités aussi à chaque stade. Car il y a entre autre des conséquences, mais aussi un coût financier, et en temps.
Rose ne sent pas belle à cause de ces cheveux, mais par ailleurs elle est dans une situation idéale pour tenter de percer, de "réussir". Elle est créole, mais blanche de peau, ce qui en surprendra également plus d'un. Au-delà de la généalogie de Rose,
Lou Lubie évoque également l'esclavage, les empreintes qu'il a laissé, des ironies etc.
Le tout avec toujours un certain humour.
Mais au-delà de tout cela, qui nous cultive déjà bien, Rose est attachante. On voit combien ça la fait souffrir par moment, combien elle peut être désemparée. D'autre part,
Lou Lubie y rajoute des réflexions piquantes en général : les différences hommes et femmes, ainsi que le coût au niveau des produits capillaires (la taxe rose), le harcèlement, les remarques acerbes, une fois rendue "belle" selon les standards de la société avec des cheveux lisses qui lui plaisent bien combien elle se fait draguer lourdement, en gros elle montre des aberrations ainsi que des comportements irrespectueux. Finalement, c'est un peu comme si la femme, quoi qu'elle fasse, elle se retrouve à avoir tort, et en plus est moins bien payée.
En bref, un ouvrage à découvrir, documenté, qui abordera bien plus de choses que vous pourriez le penser à la base, doublé de la quête de Rose d'acceptation d'elle-même et de ses origines.