AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Claude Esteban (Traducteur)
EAN : 9782070712045
152 pages
Gallimard (02/03/1988)
4.38/5   12 notes
Résumé :
"Nul ne s'étonnera si le premier des éléments, le feu, n'abonde guère dans le livre d'un homme qui a plus de quatre-vingts ans. A l'heure de sa mort, une reine dit qu'elle est air et feu ; je ressens, pour ma part, que je suis terre, terre lasse. Je continue, cependant, à écrire. Quelle autre chance me reste-t-il, quelle autre merveilleuse chance ? La fortune d'écrire ne se mesure pas aux vertus ou aux faiblesses de l'écriture. Toute œuvre humaine est périssable, af... >Voir plus
Que lire après Les conjurés (précédé de) Le chiffreVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Un recueil mineur d'un auteur majeur


Difficile, a priori, de reprocher quoi que ce soit à ce recueil du grand écrivain argentin Jorge Luis Borges, mixant poésie en vers et courts textes en prose. L'ouvrage rassemble en fait deux recueils : le chiffre et Les conjurés, écrits tous deux après les 80 ans de Borges. le livre réunit un peu moins d'une centaine de poèmes ne dépassant généralement pas une ou deux pages.

On y retrouve la finesse, le gout pour l'érudition et les nombreuses références littéraires, mythologiques et historiques de l'auteur. Et pourtant... pourtant, sur la plupart des textes le charme n'a pas opéré. Sur la majeure partie du livre, on se désespère de ne pas retrouver le petit "quelque chose en plus", la pointe de génie, de folie et le jeu des paradoxes qui font la magie des textes de Borges. Il faut attendre le dernier quart du livre pour, à mon avis, retrouver ses meilleurs textes comme par exemple "Rêvé à Édimbourg" (Texte court mais qui joue habilement sur le concept fini/infini et n'est pas sans rappeler la loterie de Babylone ou la bibliothèque de Babel du même auteur) ou les feuilles du cyprès (qui chemine brillamment sur la frontière entre rêve et réalité).

Un recueil qui rempli son office mais qui reste d'un intérêt très relatif par rapport aux nouvelles contenues dans des recueils comme le livre de sable ou L'aleph.
Commenter  J’apprécie          100
Le Chiffre (1981) et les Conjurés (1985) sont les deux derniers recueils de poésie de Jorge Luis Borges.

Les thèmes récurrents de l'oeuvre borgésienne apparaissent ici encore, qu'ils soient mythologiques ou littéraires. On se perd toujours dans les mêmes rêves, dans les mêmes labyrinthes et dans les reflets infinis des mêmes miroirs. Cependant ces références ne s'épuisent jamais sous la plume (ou plutôt sous la dictée) du poète aveugle. On peut noter l'utilisation fréquente de l'anaphore et l'énumération de listes, dans des poèmes au style plus épuré que dans ses oeuvres précédentes, à l'instar de ses contes dont les plus récents sont plus simples et plus épurés que les plus anciens.

Le deuxième recueil, les Conjurés, contient de nombreux courts textes en prose, et l'un de ceux-ci, les feuilles du Cyprès, est un excellent petit conte onirique qui aurait pu avoir sa place dans l'Aleph, par exemple.

Pour l'anecdote, le tout dernier texte, les Conjurés, qui donne son nom au recueil complet, fait référence à la fondation de la Confédération helvétique, et à la ville de Genève que Borges appelle sa patrie. C'est dans cette ville qu'il mourut l'année suivante et c'est là que se trouve sa tombe aujourd'hui. Comme une vertigineuse prémonition, comme une labyrinthique intuition, comme ... dans un conte de Borges.
Commenter  J’apprécie          40
L'ivresse des listes dans Borgès
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
NUAGES (I)

Pas une chose au monde qui ne soit
nuage. Nuages, les cathédrales,
pierre imposante et bibliques verrières,
qu'aplanira le temps. Nuage l'Odyssée,
mouvante comme la mer, neuve
toujours quand nous l'ouvrons. Le reflet
de ta face est un autre, déjà, dans le miroir
et le jour, un labyrinthe impalpable.
Nous sommes ceux qui partent. Le nuage
nombreux qui s'efface au couchant
est notre image. Telle rose
en devient une autre, indéfiniment.
Tu es nuage, tu es mer, tu es oubli.
Tu es aussi ce que tu as perdu.
Commenter  J’apprécie          20
RONDA

L'Islam, qui fut l'épée
qui ravagea l'aurore et le couchant
et le vacarme sur la terre des combats
et une révélation et une discipline
et la destruction des idoles
et la conversion de toutes choses
et une Dieu terrible, qui reste seul,
et la rose et le vin du soufi
et la prose rimée alcoranique
et les fleuves qui répètent les minarets
et le langage infini du sable
et l'algèbre, cette autre langue,
et ce vaste jardon, les Mille et Une Nuits,
et les hommes qui commentèrent Aristote
et les dynasties qui ne sont plus que des noms en poudre
et Tamerlan et Omar qui saccagèrent,
il est ici, à Ronda,
dans la pénombre douce de l'aveugle,
un silence concave dans les cours,
le loisir d'un jasmin
et la rumeur ténue de l'eau, qui conjurait
toute mémoire de déserts.
Commenter  J’apprécie          10
Le lendemain, je découvris un vide sur le rayon des livres ; il manquait le tome d'Emerson, qui était resté dans le rêve. Dix jours plus tard, on vint m'apprendre que mon ennemi était sorti de chez lui, et qu'il n'était pas revenu. Il ne reviendra jamais plus. Enfermé dans mon cauchemar, il continuera de découvrir avec terreur, sous la lune que je n'avais pas vue, la ville aux horloges aveugles, les faux arbres qui ne peuvent grandir et je ne sais quoi d'autre encore.
Commenter  J’apprécie          00
BEPPO

Le chat blanc et célibataire se regarde
dans la face limpide du miroir
sans savoir que cette blancheur,
ces yeux d'or qu'il n'a jamais vus
entre ces murs sont sa propre image.
Qui lui dira que l'autre qui l'observe
est à peine le rêve du miroir ?
Ces deux chats harmonieux,
le chat de verre et le chat de sang vif,
sont, me dis-je, les simulacres qu'un archétype
éternel a prêtés au temps. Ainsi l'affirme,
ombre à son tour, Plotin dans les Ennéades.
De quel Adam antérieur au paradis,
de quelle divinité indéchiffrable
sommes-nous le miroir rompu ?
Commenter  J’apprécie          10
BLAKE

Où est-elle, cette rose qui dans ta main
délivre, sans le savoir, ses dons intimes ?
Non pas dans la couleur, car la rose est aveugle,
ni dans le doux parfum inépuisable,
ni dans le poids d'un pétale. Ce ne sont là
que des échos perdus.
La rose véritable est au plus loin.
Peut-être est ce une vasque, une bataille,
un firmament d'archanges ou bien un monde
infini, secret et nécessaire,
ou la jubilation d'un dieu que nous ne verrons pas
ou dans un autre ciel une planète d'argent
ou quelque archétype terrible
qui n'a pas la forme d'une rose.
Commenter  J’apprécie          10

Videos de Jorge Luis Borges (46) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jorge Luis Borges
INTRODUCTION : « Le siècle qui commence trouve une Argentine confiante en l'avenir. le positivisme à la mode met une foi illimitée dans les avancées du progrès et de la science, et la croissance de la jeune république autorise une vision optimiste du destin national. La classe dirigeante a bâti son programme sur la base d'une instruction publique et gratuite pour tous, destinée à réaliser l'intégration culturelle de la deuxième génération d'une masse énorme et hétérogène d'immigrants à peine débarqués d'Europe. Cette Argentine, qui est à l'époque une toute jeune nation - sa guerre contre les Indiens n'est terminée que depuis vingt ans -, dépend économiquement de l'Angleterre, est fascinée par la culture française et admire autant l'opéra italien que la technologie allemande. Ce qui ne l'empêchera pas de tâtonner à la recherche de sa propre identité, à la faveur d'un sentiment nationaliste exacerbé dès 1910 […]. L'avant-garde poétique porte le sceau du modernisme, largement diffusé à Buenos Aires par Rubén Darío qui […] marquera d'une empreinte durable la vie culturelle du pays. […] La quête de la modernité inscrite dans le nouveau courant anime déjà ce pays avide de rallier un monde qui ne jure que par Le Louvre, la Sorbonne et Montparnasse. […].  […]  La seconde décennie du siècle […] marque un tournant décisif dans la réalité argentine. […] Hipólito Yrigoyen accède au pouvoir. Avec lui surgit une nouvelle classe sociale, issue de l'immigration et amenée, pour un temps, à prendre la place de la vieille oligarchie qui a dirigé le pays depuis les premiers jours de l'indépendance. […] Cette modernité, qui relie les poètes argentins à l'avant-garde européenne, se concrétise avec le retour au pays de Jorge Luis Borges, en 1921. […] Dans un article polémique paru dans la revue Nosotros (XII, 1921), Borges explique : « Schématiquement, l'ultraïsme aujourd'hui se résume aux principes suivants : 1°) Réduction de la lyrique à son élément fondamental : la métaphore. 2°) Suppression des transitions, des liaisons et des adjectifs inutiles. 3°) Abolition des motifs ornementaux, du confessionnalisme, de la circonstanciation, de l'endoctrinement et d'une recherche d'obscurité. 4°) Synthèse de deux ou plusieurs images en une seule, de façon à en élargir le pouvoir de suggestion. » […] […] les jeunes poètes des années 20 se reconnaissent au besoin qu'ils éprouvent de revendiquer une appartenance et de se trouver des racines. […] Il faut attendre une dizaine d'années encore pour que, dans le calme de l'époque, de jeunes créateurs, avec l'enthousiasme de leurs vingt ans, apportent un élan nouveau et de nouvelles valeurs poétiques. Prenant leurs distances par rapport à l'actualité, ils remettent à l'honneur le paysage et l'abstraction, ainsi qu'un ton empreint de nostalgie et de mélancolie. […] Les années 60 correspondent en Argentine à une période d'apogée culturel. le secteur du livre est en plein essor ; de nouvelles maisons d'édition voient le jour et, conséquence du boom de la littérature sud-américaine, la demande d'auteurs autochtones augmente, ce qui facilite l'émergence de noms nouveaux. […] La génération des années 70, à l'inverse, est marquée au coin de la violence. Plus se multiplient les groupes de combat qui luttent pour l'instauration d'un régime de gauche, plus la riposte des dictatures militaires successives donne lieu à une répression sanglante et sans discrimination qui impose au pays un régime de terreur, torture à l'appui, avec pour résultat quelque trente mille disparus. […] » (Horacio Salas.)
CHAPITRES : 0:00 - Titre
0:06 - Alejandra Pizarnik 2:30 - Santiago Kovadloff 3:26 - Daniel Freidemberg 4:52 - Jorge Boccanera
5:51 - Générique
RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE : Horacio Salas, Poésie argentine du XXe siècle, traduction de Nicole Priollaud, Genève, Patiño, 1996.
IMAGES D'ILLUSTRATION : Alejandra Pizarnik : https://universoabierto.org/2021/09/27/alejandra-pizarnik/ Santiago Kovadloff : https://www.lagaceta.com.ar/nota/936394/actualidad/santiago-kovadloff-argentina-pais-donde-fragmentacion-ha-perdurado-desde-siempre.html Daniel Freidemberg : https://sites.google.com/site/10preguntaspara1poeta
+ Lire la suite
Dans la catégorie : Mélanges littérairesVoir plus
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature espagnole et portugaise>Mélanges littéraires (71)
autres livres classés : argentineVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (31) Voir plus



Quiz Voir plus

Créatures étranges.

Serpent bicéphale rencontré par Caton.

Amphisbène
Basilic
Mandrake
Mermecolion

5 questions
12 lecteurs ont répondu
Thème : Le livre des êtres imaginaires de Jorge Luis BorgesCréer un quiz sur ce livre

{* *}