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3.92/5 (sur 1276 notes)

Nationalité : Argentine
Né(e) à : Lanus, Buenos Aires , 1973
Biographie :

Mariana Enriquez est écrivain et journaliste.

Née d'un père ingénieur et d'une mère médecin, elle a fait des études de journalisme à l’université de La Plata et dirige Radar, le supplément culturel du journal Página/12.

Elle a publié trois romans – dont le premier à 22 ans – et un recueil de nouvelles avant "Ce que nous avons perdu dans le feu" (Las cosas que perdimos en el fuego, 2016), actuellement en cours de traduction dans dix-huit pays.

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(POUR AFFICHER LES SOUS TITRES CLIQUEZ SUR L'ICONE SOUS TITRES) Vous vous demandez s'il existe une astuce commune à tous les écrivains pour progresser régulièrement, améliorer vos intrigues, maîtriser la structure de vos chapitres et affiner votre style d'écriture ? Tout comme les musiciens qui s'améliorent en écoutant et en analysant la musique, les écrivains recommandent la lecture. Mais attention, il ne s'agit pas d'une simple lecture divertissante, mais d'une lecture d'écrivain qui examine et décortique le travail d'autres auteurs. Dans cette vidéo, vous découvrirez les conseils de 6 écrivains internationaux : Claudia Durastanti (romancière italienne), Jan Carson (nouvelliste, romancière et professeure de creative writing irlandaise), Maria Sonia Cristoff (romancière et professeure de creative writing argentine), Jonathan Coe (romancier anglais), Mariana Enriquez (romancière et nouvelliste argentine) et Jakub Szamalek (romancier Polonais). Ils partagent leur point de vue sur l'importance de la lecture pour devenir écrivain. Ne manquez pas les moments clés de la vidéo : 00:10 Claudia Durastanti 01:15 Jan Carson 03:23 Maria Sonia Cristoff 03:47 Jonathan Coe 05:20 Mariana Enriquez 06:20 Maria Sonia Cristoff 06:43 Jakub Szamalek Avec leurs expériences variées et leurs perspectives uniques, ces écrivains vous guideront vers une pratique de la lecture qui vous permettra d'améliorer considérablement votre écriture. Regardez dès maintenant et prenez votre plume pour devenir un écrivain accompli ! Interview : Amoreena Winkle, Julie Fuster, Lionel Tran. Caméra : Lionel Tran - Montage : Ryu Randoin. QUI SOMMES-NOUS ? Les Artisans de la Fiction sont des ateliers d'écriture situés à Lyon. Nous prônons un apprentissage artisanal des techniques d'écriture et avons pour objectif de rendre nos élèves autonomes dans l'aboutissement de leurs histoires. Pour cela nous nous concentrons sur l'apprentissage et la transmission des techniques de base de la narration en nous inspirant du creative writing anglophone. Nos élèves apprennent en priorité à maîtriser : la structure de l'intrigue, les principes de la fiction, la construction de ses personnages… Nous proposons également des journées d'initiation pour vous essayer au creative writing et découvrir si cet apprentissage de l'écriture de fiction est fait pour vous. Retrouvez tous nos stages d'écriture sur notre site : http://www.artisansdelafiction.com/

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Citations et extraits (155) Voir plus Ajouter une citation
Le frapper, l'ouvrir avec mes ongles, lui imprimer d'autres cicatrices, une façon d'être au plus près de lui, qu'il m'appartienne davantage. Je devais contenir ce désir, ces envies de me rassasier, de l'ouvrir, de jouer avec ses organes, comme des trophées cachés. Je m'imposais de menus châtiments : ne pas manger de toute la journée, ne pas dormir pendant soixante-douze heures, marcher à en avoir des crampes dans les jambes...D'infimes rituels, comme une gamine qui a souhaité la mort de sa mère parce que cette dernière n'a pas voulu lui acheter quelque chose, puis les remords et les petites pénitences, "je ne dirai plus de gros mots, mon Dieu, je te le promets, mais ne fais pas mourir maman", et le gros mot qui lui échappe soudain et la cavalcade la nuit pour voir si maman dans son lit respire toujours.
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C'était l'après-midi, Juancho était bourré et faisait le caïd sur le trottoir, même si plus personne dans le quartier ne se sentait menacé, ni même inquiété, par sa présence toxique. Plus loin, Horacio lavait sa voiture comme tous les dimanches, en short et claquettes, ventre tendu, proéminent, poils blancs sur le torse, radio diffusant un match de foot. Au coin, les Espagnols du bazar buvaient le maté, la bouilloire posée par terre entre les deux fauteuils inclinables qu'ils avaient mis dehors, car il y avait un beau soleil. En face, les fils de la Coca prenaient une bière à
l'ombre, et un groupe de filles qui sortaient de la douche, trop maquillées, bavardaient devant la porte du garage de Valeria. Mon père avait tenté, plus tôt, de dire bonjour et de parler avec les voisins, mais il avait fini par rentrer à la maison, comme d'habitude, tête basse, légèrement contrarié, parce que c'étaient de braves gens mais ils n'avaient pas de conversation, tous les dimanches après-midi il disait la même chose.
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Il aimait les pluies violentes et brèves de Misiones, les fleurs de terre rouge, prévude à la nuit noire et chaude, avec les étoiles qui palpitaient dans le ciel. Un scintillement, le silence, un autre scintillement, comme un cœur fatigué.
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Nous avons continué d’avancer. Il y avait plus d’oxygène. Le tronc des arbres est devenu plus fin. Laura a remarqué, la première, quelque chose dessus, qu’il n’était pas facile de distinguer au premier coup d’œil : des mains. De nombreuses mains, les unes sur les autres, étreignant le tronc des arbres. Coupées, amputées, collées aux troncs, paumes pliées, doigts arqués. Des mains humaines, rigides et crispées. Toute la forêt était ainsi à cet endroit. Des arbres et des arbres de mains mortes. Quelqu’un les installait avant que survienne la rigor mortis. Sur le premier tronc, on en a compté douze. D’autres en avaient davantage encore. Certains n’en avaient qu’une. J’ai pensé à la Main de Gloire que je désirais tant.
C’est un collectionneur, ai-je dit. Un artiste. Ou bien ils sont plusieurs. À droite de la Forêt des Mains, telle que nous l’avons baptisée, se trouvait ce que Juan indiquerait plus tard sur la carte comme la Vallée des Torses. On aurait dit des pierres dressées ou des tombes. Aussi symétriques que dans un cimetière militaire. Mais c’étaient des torses humains. Sans bras, sans tête ni jambes. Certains avec la peau marquée de personnes âgées, d’autres avec de beaux seins de jeune fille, des torses d’enfants, gros, maigres, bruns, pâles, des ventres plats, des ventres obèses, des poitrines de femmes qui avaient allaité. J’ai reconnu sur un dos les cicatrices laissées par des ongles, identiques aux marques qu’exécute Juan pendant le Cérémonial, comme celles de Stephen.
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Le jour s’était levé et Gaspar se protégea les yeux avec une main, en
guise de visière, contre le soleil. Il n’avait pas mangé depuis des heures, il
risquait d’avoir une migraine. Il en informa Esteban, qui, rapidement, se
gara devant un café où on servait des petits déjeuners. Il ne sait pas
s’occuper de moi, pensa Gaspar, et il est très inquiet. Malgré sa faim, il eut
du mal à avaler son croissant. Pourvu qu’il meure. Pourvu que papa meure
une fois pour toutes, se dit-il, qu’on en finisse et que je vive avec l’oncle
Luis ou chez Vicky ou tout seul à la maison. Terminé les pièces fermées, les
voix dans la tête, les cauchemars de couloirs et de morts, les familles
fantômes, les boîtes de paupières, le sang par terre, et ce père qui
disparaissait parfois. Pour aller où ? Qu’il meure. Si seulement il pouvait
arrêter de l’aimer, l’oublier. Le croissant passa difficilement.
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Au coin de la rue, Pablo entendit Gaspar sur son vélo avant même qu’il
apparaisse. Comme chaque fois, il sourit, puis s’obligea à redevenir sérieux.
Il avait honte de montrer à quel point il était heureux de le voir. Il n’était
pas le seul à avoir cette réaction. Tout le monde aimait Gaspar : le
marchand de journaux, l’épicier, le garagiste et presque tous les parents, les
filles qui gloussaient quand il passait devant elles. Gaspar vivait dans une
grande maison, fréquentait le collège le plus cher du quartier qui possédait
sa propre piscine, et il était bilingue. Mais il n’était pas arrogant et ne faisait
pas sentir qu’il avait de l’argent. Il était simple et généreux, prêtait tout,
vêtements, magnétoscope, abonnement au vidéoclub, livres. La vie de
Gaspar était très différente de celle des autres : son père, qui était malade et
ne sortait presque jamais, ne travaillait pas. Une femme venait faire le
ménage et la cuisine, elle préparait tout quand Gaspar était au collège, il ne
la croisait pratiquement pas. Les autres visiteurs, avocats et conseillers
financiers, selon Gaspar, apportaient de l’argent et s’occupaient des frais
scolaires et autres. Personne ne vivait ainsi, du moins pas parmi les gens
que Pablo connaissait. Pourtant, bien qu’ils fussent riches, les Peterson
vivaient très modestement, possédaient très peu d’affaires. Mais ils ne
manquaient jamais d’argent et, dès qu’ils avaient besoin de quelque chose,
immédiatement apparaissaient ces employés très étranges qui surgissaient
avec la ponctualité de gardes du corps.
En plus, Gaspar est super beau, pensa Pablo, mais il se mordit aussitôt
la lèvre inférieure. Il savait qu’il ne devait pas penser ça, son père lui avait
tiré les cheveux moins d’une semaine plus tôt car Pablo avait mis un long
moment à choisir sa tenue pour aller à l’anniversaire de son oncle. Son père
n’avait jamais fait cela avant. Son haleine sentait le maté. “Tu serais pas un
peu pédé ?” lui avait-il demandé. Pablo aimait s’habiller. C’est ce qu’il
avait répondu à son père, qui avait failli le frapper. Au retour de
l’anniversaire, il avait élaboré un plan : il avait écrit la liste de tous ses
vêtements sur la dernière page de son cahier de devoirs, sur trois colonnes,
puis avait dessiné des flèches, sorte de tableau synoptique avec des crayons
de différentes couleurs, ainsi qu’il avait appris à le faire en classe pour
assembler des phrases. Il devait connaître les combinaisons par cœur ou
leur jeter un rapide coup d’œil avant de sortir. Comme ça, il ne perdrait pas
de temps à faire des essayages pour vérifier si tel pantalon marron en
velours se mariait bien avec tel sweat-shirt vert.
Gaspar n’avait jamais ce genre de problèmes. Pablo le regarda arriver
sur son vélo. Il portait un sweat extrêmement fin, un peu trop grand pour
lui, jaune, un jean bleu et des sandales. Des fringues pas géniales, mais qui
lui allaient super bien. Même quand il mettait un truc bizarre, le résultat
était d’enfer : par exemple des ceintures en cuir très longues qui, parfois,
pendaient sur le côté. Elles appartenaient à son père et il devait les enrouler
deux fois autour de sa taille. Mais ces ceintures d’homme, avec leur vieux
cuir, ne semblaient pas sur lui un déguisement, c’était l’élément qui le
distinguait des autres. Bien entendu, ce n’étaient pas seulement ses
vêtements. Il y avait aussi la manière dont il balayait les cheveux sur son
visage, ses grandes jambes et ses yeux bleu marine, ronds et doux en
apparence, du moins tant qu’il ne souriait pas ou ne se mettait pas en colère.
Car alors il se produisait quelque chose de très bizarre : ses yeux seuls
changeaient toute son expression et Pablo ne savait pas comment on pouvait
appeler ce phénomène qui lui plaisait et le forçait à se tenir sur la défensive,
lui rappelant son chat qui se laissait caresser en ronronnant et, soudain, sans
raison, donnait un coup de griffe en l’air, sans intention de blesser, juste
pour montrer clairement qu’il avait reçu tout ce dont il avait besoin.
Quand il fut près de lui, Gaspar fouilla dans la poche arrière de son jean
et offrit à Pablo un chewing-gum légèrement écrasé. Ils se mirent à faire des
bulles sur le trottoir, sous un balcon, car il avait commencé à pleuvoir.
— Tu viens avec moi au parc ? (Gaspar montra son vélo.) Je suis
tombé, mais je ne me suis pas fait mal.
Il avait dit ça tranquillement et Pablo savait qu’il n’avait sans doute
même pas eu peur. Il y avait quelque chose de dur chez Gaspar. Ils avaient
beau avoir le même âge, Pablo le sentait beaucoup plus mûr que lui. Peut-
être parce qu’il n’avait pas de mère, que son père était malade, qu’il n’avait
pas de famille proche et était assez seul. Il ne riait pas beaucoup et écoutait
toujours très attentivement. La mère de Pablo disait qu’il était traumatisé ;
la mère de Vicky qu’il était triste ; et la mère d’Adela, quatrième membre
de leur groupe inséparable, disait Juan est veuf et malade, ce n’est pas facile
d’élever un enfant tout seul, Gaspar va très bien.
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- L'autre jour j'ai lu un truc sur Internet qui m'a semblé... je ne sais pas, n'importe quoi.
- Tu ne devrais pas passer autant de temps sur Internet, ça rend fou. Mais raconte-moi.
- Je ne me souviens pas très bien, mais plus ou moins les Japonais croient qu'après la mort les âmes migrent dans un lieu où le nombre de places est limité, disons. Et quand cette limite est atteinte, quand il n'y a plus de place pour les âmes, elles reviennent dans ce monde. Ce retour annonce la fin du monde, en réalité.
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Il n'a pas protesté quad je lui ai dit que j'en avais marre. Que je voulais le voir. Poser la main sur son cœur délivré des côtes, de sa cage, le tenir dans ma main, palpitant, jusqu'à ce qu'il arrête de battre, sentir les valvules désespérées s'ouvrir et se fermer à l'air libre. Il a juste dit qu'il en avait assez, lui aussi.
Et qu'on allait avoir besoin d'une scie.
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Il n'obtint pas de réponse, ferma les yeux. Il vit une fille blonde, nue, qui marchait sous un ciel sans étoiles. Perdue, mais pas effrayée. Elle dansait sur un chemin en terre rouge, avec des fils de laine qui pendaient de son bras et de ses jambes, libre, déchaînée. Il vit une planète noire au-dessus du fleuve. Il vit sa grand-mère sans lèvres et sans nez. Il vit des bougies dans la forêt et une jeune femme à quatre pattes marchant sur des os. Il vit des hommes et des femmes qui couraient, tous mutilés, certains sans jambes, se traînaient ou tournaient sur eux-mêmes. Il vit un chien blanc affamé, avec des sortes de boules de métal incrustées sur l'échine en guise de colonne vertébrale. Il vit une fille avec une robe rouge, assise à côté du marais ; quelque chose sortait de l'eau et lui mangeait les jambes, mais elle ne se plaignait pas. Il vit un tronc humain pâle dans un champ de fleurs jaunes.
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Comme il détestait ces films et feuilletons TV où on voyait des malades héroïques qui souffraient en silence ! Il connaissait suffisamment les hôpitaux et la maladie pour savoir que la plupart des patients étaient tyranniques, odieux, et faisaient tout pour que les autres souffrent autant qu’eux. (p.305)
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