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sur 349 notes
°°° Rentrée littéraire 2023 # 52 °°°

1367. Deux jeunes moines dominicains prennent la route vers Toulouse, chargés par leur prieur d'aller acheter du parchemin vélin de la meilleure qualité afin de rédiger ses mémoires. Plutôt heureux de quitter la monotonie de leur couvent, les deux candides ne se doutent pas du guêpier dans lequel ils se sont fourrés. L'Inquisition les attend, alertée par les projets du prieur dont les confessions pourraient révéler un secret capable d'ébranler l'Eglise et ses fondements.

Dès que parait un polar historique érudit situé au Moyen-Age, mettant en scène des ecclésiastiques, des inquisiteurs et des controverses religieuses, on le compare inévitablement au Nom de la rose d'Umberto Eco, le maitre étalon du genre, absolument indépassable. Dans ce cas précis, oui, j'y ai pensé, évidemment, mais la comparaison s'arrête vite car ici, pas de huis clos, on est autant dans le roman d'aventures que le polar car l'auteur fait voyager ses personnages de Toulouse à Paris, en passant par Cologne, Avignon où siège la papauté à cette époque, et surtout le Moyen-Orient sur la route de la soie.

A partir de là, Antoine Sénanque construit un récit à deux temps maitrisé de bout en bout : le récit au passé des mémoires du prieur racontant sa jeunesse aux côtés de Maître Eckart, renommé théologien, ainsi que les origines de la Peste en 1347 lors du siège de Kaffa ; vingt ans après, le récit au présent de la lutte entre l'Inquisition et les moines dominicains menés par le prieur.

L'auteur alterne avec brio scènes de bravoure ( incroyables descriptions du siège de Kaffa, comptoir génois, par la Horde d'Or tatare du Khan Djanibeg, ou encore des geôles cauchemardesques de l'Inquisition toulousaine ) et scènes plus intimistes, notamment celles centrées sur la philosophie religieuse de Maître Eckart dont le prieur a été le disciple. C'est une prouesse de rendre accessible sa théologie complexe qui est au coeur de l'intrigue. J'ai eu l'impression de tout comprendre de sa mystique abolissant la distance de majesté entre Dieu et les hommes à partir du moment où ces derniers accomplissent un dénuement radical de l'âme. Maître Eckart n'a jamais été déclaré hérétique ( il s'en est fallu de peu ) mais ses écrits ont été condamnés et censurés.

Et puis, il y a les personnages, tous formidablement incarnés, tous dotés d'une psychologie fouillée qui se révèle progressivement ( pour les plus âgés comme le prieur Guillaume et son sacristain ) ou se transforment ( pour les plus jeunes, Antonin l'érudit et Robert, plus rustique ), y compris le « méchant », le fourbe inquisiteur Louise de Charne, qui avait tout pour être caricatural et finalement est bien plus complexe, et donc intéressant, que l'expression manichéenne de sa haine et de son ambition. Sans oublier les formidables béguines formant des communautés de femmes pieuses et travailleuses vivant leur foi de façon enflammée, quasi charnelle.

Le récit est rempli de surprises, de secrets révélés, de rebondissements au coeur de la folie des luttes intestines entre les différents ordres religieux ( ici Franciscains vs Dominicains ) et au sein de ces mêmes ordres religieux. On se régale des dialogues enlevés,. Bref, ce roman est palpitant et passionnant !
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Polar mêlant L Histoire et la fiction, en plein Moyen-Age religieux, où la fureur de la peste le dispute aux atrocités de l'Inquisition…
Dans « Croix de cendre », Antoine Sénanque nous invite tout à la fois à descendre et à monter, à voir le pire possible en l'homme et à déceler ses sommets de pureté. La noirceur la plus absolue de l'âme humaine côtoie le sacrifice le plus extrême de soi par amour pour son prochain. Ascenseur émotionnel remarquable dans lequel nous embarque l'auteur, nous faisant découvrir la vie, la philosophie et les secrets de Maitre Eckhart, dominicain allemand de grande renommée qui enseignait dans les universités, les monastères, les béguinages et les confréries religieuses de toute l'Europe.

A l'hiver de sa vie, au 14ème siècle, le prieur Guillaume, avant de partir au ciel, souhaite révéler d'importants souvenirs au sujet de son maitre, feu Maitre Eckhart. Vu l'importance des révélations, il souhaite les faire écrire sur un matériau noble, le vélin, peau de veau à la texture douce, fine et qui sait comme nulle autre capter la lumière. Il envoie ainsi frère Robert et frère Antonin, deux moines liés par une forte amitié, auprès de tanneurs afin d'aller chercher les matériaux nécessaires à son projet, le vélin donc mais aussi l'encre bien spécifique et les plumes. Une fois arrivés sur place, les deux frères se font étrangement amener chez l'Inquisiteur du Languedoc qui décide de séquestrer Robert dans une terrible geôle au doux nom de Couloir, le soupçonnant d'hérésie, et propose un marché à Antonin : il lui promet de libérer Robert si, en contrepartie, Antonin, chargé d'écrire dans le scriptorium sous la dictée de Guillaume ces fameuses révélations, lui livre secrètement et régulièrement les confessions de Guillaume dont il semble craindre ou attendre le contenu. Force est de se demander, avec Antonin, quel secret ce parchemin va contenir pour intéresser autant l'Inquisition…

L'amitié extrêmement forte qui lie Antonin à Robert le pousse à obéir, mais il est également loyal et fidèle à Guillaume. le jeune moine étant visiblement totalement tiraillé, Guillaume ne tarde pas à se douter du terrible dilemme que vit le jeune moine. Aussi, à l'aide de son fidèle sacristain Jean et du tanneur, il va tenter de secourir Robert tout en évitant, avec subtilité, de céder au chantage de l'inquisiteur. le manuscrit lui, s'écrit peu à peu et nous découvrons, en même temps qu'Antonin, qui était Maître Eckhart, ce célèbre théologien dont Guillaume fut ainsi le fidèle assistant, esprit libre, brillant et controversé, aux idées spirituelles hétérodoxes, rendu fou par la cruauté des hommes d'église. Ce manuscrit évoque également la peste qui ravagea l'Europe décimant les populations, faisant des villes et des villages des lieux de désolation.

Ce roman est un livre dont la belle érudition s'entrelace à merveille avec le récit d'aventure romanesque. Une érudition de qualité qui se base sur des faits historiques véridiques. J'ai été impressionnée par la maigre bibliographie sur laquelle s'est basée Antoine Sénanque. Quatre livres en tout et pour tout, dont j'ai noté précieusement les références, pour nous expliquer les épidémies de peste, dénommée alors « le fléau de Dieu », sa propagation et ses effets dévastateurs. L'épidémie de peste de 1348 est particulièrement bien relatée avec en point de mire l'incroyable siège de Kaffa par les armées Mongoles qui l'abandonnèrent après avoir été décimées par la peste, non sans avoir contaminé au préalable la ville en catapultant tous leurs cadavres atteints par la maladie. L'auteur nous explique également les différences entre les Dominicains et les Franciscains et leur rivalité ; il nous narre les médecines de l'époque à base de saignées et de concoction de Simples, ces herbes médicinales ; nous relate les riches idées spirituelles de Maitre Eckhart, notamment celle du Détachement le plus total, ou encore l'existence des béguines, ces femmes veuves, extatiques, libres, sans voeux, ni clôture, dont les vibrants et passionnés poèmes spirituels entachent leur réputation auprès de l'Inquisition. Sans oublier justement le voile soulevé sur les rouages perfides de l'Inquisition basées sur la délation facile et les preuves sorties de leur contexte, pour se débarrasser rapidement de quelqu'un, ainsi que ses méthodes de torture totalement effarantes.

« C'est la peste qui a redressé la chrétienté. Aucun de nos châtiments, aucune de nos tortures n'auraient pu terrifier les pêcheurs à ce point. Depuis, le peuple fait pénitence. En Allemagne et tout au long du Rhin, entre Bâle et Strasbourg, des groupes de laïcs se regroupent dans la simplicité et le service des autres. Leur seule inspiration est d'imiter le Christ. On les appelle les « amis de Dieu ». Ils ne sont pas guettés par les hérésies car ils ne réfléchissent pas. Ils ne pensent pas leur foi, ils la vivent. Simplement. La peste a tué la pensée. Les idées sont mortes sur les charrettes qui portaient les corps de ses victimes. Les catastrophes ont cet effet sur l'humanité, elles tuent les ambitions».

Entre fresque historique, polar religieux et quête spirituelle, l'auteur nous plonge avec délice et de façon haletante, dans une Europe hantée par le fantôme de la peste et rongée par la corruption des élites religieuses. C'est un livre qu'on ne lâche pas, superbement écrit, qui touche à la fois le coeur et la raison !

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Petit écho à Umberto.
En 1367, l'église ne sent pas la rose, et le prieur Guillaume charge deux jeunes frères dominicains de se rendre à Toulouse pour lui ramener du vélin, parchemin de luxe tiré de la peau d'un veau mort-né. Ils vont se faire tanner pour ramener la rame de papier. L'homme d'église ne veut pas se lancer dans les enluminures pour soigner ses majuscules mais pour révéler le destin du plus grand théologien de l'époque, Maître Eckhart, dont il fut le novice et compagnon de déroute.
Cet illustre mystique qui a vraiment existé et dont émanait, parait-il, un feu sacré, sans pourtant finir au bûché, a eu quelques démêlés avec les autorités ecclésiastiques de l'époque, qui lui firent un procès en hérésie pour avoir eu un peu trop d'influence spirituelle et pour avoir aussi un peu trop béguiné avec les béguines, ces femmes qui vécurent en communautés religieuses laïques le long du Rhin.
Le grand inquisiteur du Languedoc va chercher à contrarier l'écriture de ces mémoires, la révélation de certains secrets pouvant causer du tort à ses ambitions papales et un séisme au sein de l'église.
Je propose à tous les déclinistes de partir un faire un stage au 14ème siècle dans ce roman pour relativiser nos petits soucis actuels. Au programme des calamités : peste noire qui toucha un européen sur trois, famines à répétition avec une vague glaciaire, la guerre de Cent ans qui dura 116 ans (c'est un peu comme les 3 mousquetaires qui étaient quatre), pas de wifi, pas de retraite autre que spirituelle avec une espérance de vie de libellule et une Inquisition en avance sur son temps puisqu'elle décarbona ses barbecues en faisant de l'hérétique un bon combustible attisé par des larmes de repentir.
Antoine Senanque, qui a choisi comme pseudonyme le nom d'une magnifique abbaye Cistercienne, a habilement construit son récit en alternant les machinations du grand inquisiteur pour contrarier la rédaction des mémoires du prieur Guillaume et le parcours presque biblique de Maître Eckhart avec l'ombre de la peste noire comme châtiment divin. D'ailleurs, le récit du siège de Caffa par l'armée Mongole qui catapulta ses pestiférés derrière les remparts avant de plier boutique et yourtes est saisissant d'effroi. Ils ont inventé la guerre bactériologique.
Dans ce polar médiéval, l'auteur mêle bubons et goupillon, aventures à la bure et érudition, scapulaires et crapules, réalité historique et fiction. C'est passionnant de bout en bout, et même les paragraphes qui vulgarisent les théories complexes et arides de Maître Eckhart ne m'ont pas donné envie de bouffer du curé après le chapon.
Cette histoire s'amuse aussi des luttes d'influence peu glorieuses entre les Dominicains et les Franciscains, deux ordres mendiants qui n'ont pas le même maillot et qui muèrent leurs voeux d'humilité en résolutions de nouvelle année à l'approche d'une salle de sport et d'agités en lycra.
C'est aussi un beau roman sur l'amitié et la fraternité, thèmes qui climatise un peu l'enfer des fléaux de ce siècle.
Croix de cendre, superbe titre, sans égaler « le nom de la Rose », mérite copistes et enluminures.
Bon, je peux aller à confesse je crois.


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Lorsque leur prieur les envoie à Toulouse y chercher la meilleure qualité d'encre et de vélin pour son testament, les frères dominicains Robert et Antonin sont loin de se douter que cette mission va les mener tout droit dans les griffes de l'Inquisition. Tandis que, retenu en otage, le premier est jeté au plus secret des terribles geôles du tribunal pontifical, le second se voit contraint, pour espérer le libérer, de transmettre au grand Inquisiteur les confessions à venir de leur maître. Quels secrets sont-elles donc supposées dévoiler pour, en pleine Inquisition, faire trembler l'Église et son ambitieuse et intrigante hiérarchie ?


Désormais doublement tenus en haleine, par le sort De Robert livré aux affres de la torture et par les mystérieuses révélations qui vont occuper plus de quatre cents pages aussi denses en surprises qu'un polar, nous voilà, par une habile mise en abyme nous plaçant dans la même perspective qu'Antonin, récipiendaire des mémoires de son aîné Guillaume, les témoins emplis de curiosité du monde intellectuel du XIVe siècle. le récit à l'intérieur du récit nous place cette fois dans les pas de Maître Eckhart, personnage bien réel disparu quarante ans plus tôt, en 1328, et dont Guillaume fut le jeune disciple et assistant.


A son époque, Maître Eckhart était un théologien de grande renommée qui enseignait dans les universités, les monastères et les confréries religieuses de toute l'Europe. La narration de Guillaume est l'occasion de découvrir sa pensée, de considérable influence, dans le contexte d'effervescence intellectuelle qui, en ce tournant du XIVe siècle, accompagnait la renaissance des villes et l'essor des échanges à travers l'Europe. Monastères, ordres, mais aussi confréries à vocation religieuse - béguinages ou autres - se développaient, en même temps que les écoles et les universités où clercs et laïcs se disputaient l'accès au savoir et à l'enseignement. Les rivalités étaient telles que l'on en venait souvent aux mains entre factions étudiantes, ces frictions reflétant à leur échelle les luttes politiques pour le pouvoir entre les diverses autorités.


Dans une telle foire d'empoigne, un moyen radical de se débarrasser d'un importun consistait à le dénoncer à l'Inquisition, pour peu que, comme Eckhart, certains de ses propos sortis de leur contexte pussent fleurer l'hérésie. Si sa mort avant la fin de la procédure d'Inquisition coupa court à toute sanction, son oeuvre ayant été condamnée post mortem à l'oubli, toutes les mesures furent prises pour qu'elle disparût avec lui. Un retour à l'obscurité qui en devançait un autre, d'une ampleur cataclysmique, puisque vingt ans plus tard, en 1348, la peste ravageait et terrorisait l'Europe, tuant les idées dans un regain de ferveur religieuse. Cet épisode noir de l'Histoire offre à l'écrivain l'un des passages les plus impressionnants de son livre, à l'occasion du siège de Caffa que les armées mongoles abandonnèrent, décimées par la peste, mais non sans contaminer la ville en y catapultant leurs cadavres pestiférés...


Mêlant l'Histoire et la fiction avec autant de réalisme que d'originalité, Antoine Sénanque signe un roman passionnant, polar médiéval mâtiné d'aventures, habile emboîtement de symboliques et éclairante vulgarisation de la pensée philosophique et religieuse de l'époque. Quelle ironie que ce personnage qui, après avoir tant travaillé à son union à Dieu selon le principe de divinisation de l'homme, se fait plus vengeur que le plus biblique des Dieux, allant jusqu'à préférer la compagnie des rats à celle de ses semblables ! Coup de coeur.

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« …. Je te porterai comme une croix de cendre,
Une croix de vent et de néant.
Je te porterai au coeur même de ma fin, dans ma nuit,
Au point où défaite de matière et de temps
Ne subsistera de moi que la longue étreinte de ta grâce.
Et au coeur même de cette étreinte,
Le secret de ton amour et de mon éternité :
Le long désir. »

Tout commence par la discussion de deux jeunes moines, qui laisse paraître une certaine animosité entre les différents ordres
Le prieur Guillaume sentant sa mort venir à décidé d'écrire ses mémoires et de raconter les années qu'il a passé auprès de Maître Eckhart. C'est ainsi que nous allons connaître les aventures des chiens de Dieu (des dominicains) moines prêcheurs qui empruntaient la route de la soie
A partir de ce moment une incroyable aventure nous attend qui se terminera par un bras de fer entre le prieur et un inquisiteur. Les personnages se dévoileront petit à petit
Un Moyen-âge qui porte les stigmates de la peste, où sévit la lèpre. Différents ordres viennent en aide aux miséreux et parmi eux les fameux béguinages qui suscitent beaucoup d'animosité.
Des êtres mystiques d'une grande spiritualité comme Maître Eckart et quelques autres seront la proie des médisances et des membres de l'inquisition
Des hommes bons seront persécutés, acculés, sombreront dans la folie ou commettront l'irréparable
Haine, ambition, cruauté, abus de pouvoir, vengeance mais aussi loyauté tissent une oeuvre romanesque de grande qualité.
Un suspense qui va crescendo et une atmosphère envoutante qui m'ont laissée scotchée au livre.
Une trame toute à la fois romanesque et historique qui nous réserve de grands moments. Je ne connaissais pas Antoine Sénanque mais quel auteur ! Quelle érudition !
Un roman à lire et à offrir assurément.
Merci aux éditions Grasset.
#Croixdecendre #NetGalleyFrance
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Pour maintenir tout un peuple dans l'obéissance, rien de tel que la peur. Ainsi l'homme inventa la damnation éternelle en plus d'avoir inventé les guerres. Mais Dame Nature le supplanta en inventant les maladies. Quoi de plus terrifiant que la maladie? Quand rien ne peut vous protéger de cet ennemi qui vous tue de l'intérieur.

En 1346, les Mongols se trouvent en Crimée et font le siège de la ville de Caffa. Se sachant atteints par la peste et devant lever le camp, ils catapultent leurs cadavres par-dessus les murs de la ville pour infecter la population. Nous sommes au XIVème siècle et l'homme vient d'inventer la pire des guerres, la guerre bactériologique. Car une fois les Mongols partis, les Génois qui avaient leur comptoir à Caffa s'empressent d'affréter leurs navires pour regagner l'Italie, emportant dans les cales des centaines de rats infestés. C'est ainsi que l'Europe connut sa plus grande épidémie, qui lui fit perdre environ un tiers de sa population, soit 25 millions de personnes.

L'intrigue de Croix de cendre se situe vingt ans plus tard et commence dans le paisible monastère de Verfeil, en Haute-Garonne, dirigé par le Prieur Guillaume. La terreur de la peste s'est éloignée et la vie a repris son cours. Guillaume, sentant ses forces décliner, veut à tout prix laisser un témoignage de ces années de peste auxquelles il a miraculeusement survécu. Il envoie donc à Toulouse deux jeunes moines, Antonin et Robert, avec pour mission de lui ramener du vélin pour écrire son livre. Et c'est là que les péripéties commencent pour nos deux moinillons qui ne connaissent rien du monde et des bassesses humaines. Revenu à Verfeil, Antonin sera la main du Prieur Guillaume, celui qui devra graver dans le précieux vélin son histoire, notamment ce jour où Maître Eckhart l'a choisi pour être son assistant et les nombreuses années d'enseignement qu'il a passées à ses côtés. Entre le Maître et son disciple s'est tissée une solide amitié que rien, semble-t-il, ne peut défaire si ce n'est le terrible secret que Guillaume tient à graver sur le parchemin.

J'ai lu à de nombreuses reprises que Croix de cendre était un polar médiéval que l'on compare volontiers au Nom de la Rose. le terme polar me semble exagéré même si intrigue il y a. le héros étant un très jeune moine, il s'agirait plutôt d'un roman d'apprentissage ou d'aventures. Mais surtout, les pages qui décrivent les échanges entre Maître Eckhart et son jeune ami Guillaume sont d'une grande profondeur. Antoine Sénanque a étudié la pensée de Maître Eckhart et nous en livre la substance avec une remarquable aisance, rappelant au passage combien la pensée du Maître s'est enrichie de celle de Marguerite Porète, béguine et poétesse nous ayant laissé de merveilleux chants adressés à Dieu.

Maître Eckhart: " -Que tu dises qu'Il est infini ou qu'Il fait la taille d'une mouche, Dieu n'est rien de ce que tu peux en dire. Mieux vaut dire alors que Dieu n'est rien. Ou dire ce qu'Il n'est pas, plutôt que ce qu'Il est à l'horizon de notre faible intelligence. Dès que tu parles de Dieu, dès que tu le qualifies, tu le fais exister comme une créature. Et c'est cela, dont il faut se séparer. du Dieu créature."

Roman historique, Croix de cendre s'inscrit dans un Moyen-Âge tourmenté ou le Grand Inquisiteur faisait régner la terreur au nom de Dieu, ayant le pouvoir de torturer et tuer qui bon lui semblait. Mais curieusement, les hérétiques étaient surtout des pauvres et des femmes. Pas de seigneurs pour allumer les bûchers. Pourtant certains, luttant contre l'obscurantisme, faisaient copier des textes et des sermons interdits qu'ils cachaient ensuite dans les doubles-fonds de leurs bibliothèques. Qu'ils en soient remerciés.
Étrange époque que ce Moyen-Âge de tous les excès, de la peste et de la barbarie mais aussi des courants spirituels les plus purs. Mais sans Dieu, comment les hommes auraient-ils pu supporter cette existence difficile?

Et voilà sans doute le coeur même de ce roman, l'interrogation qui le traverse de bout en bout. Quelle quantité de souffrance pouvons-nous endurer avant de douter de Dieu? Face à la maladie, la cruauté, la mort de ceux qu'on aime, dans le pire dénuement, serons-nous capables, comme l'a fait Job, de garder la Foi? Ou au contraire serons-nous de ceux qui accusent? Car les fléaux qui s'abattent sur l'humanité, si Dieu ne les a pas envoyés, pourquoi ne les a-t-il pas empêchés? Tout vrai croyant, un jour, connaît le doute qui égare. C'est un chemin semé de pierres. le mieux est de ne pas le parcourir seul car le retrait du monde est un poison dangereux pour l'âme et l'esprit.

Dans Croix de cendre, Antonin et Robert font le chemin ensemble et c'est peut-être là le plus beau du livre, cette fraternité qui vous sauve de tout, y compris de vous-même, cette intime faiblesse que l'on peut avouer sans qu'elle vous soit reprochée.
Robert: -"La vie est sèche, Antonin, c'est pour çà qu'il faut pleurer dessus. Pour qu'on puisse y faire pousser quelque chose."
Et ces deux-là cultivèrent le plus pur et le plus noble des sentiments, l'amitié.
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Hep hep hep ! Trois heures et demi du mat ! Debout là-dedans les feignasses ! c'est l'heure des Laudes !
La quatrième de couverture vantait un roman d‘aventures, fresque historique, étude théologique et polar médiéval.
Tout était plutôt bien parti avec de mémorables premières lignes dans lesquelles il est question de moines qui se les gèlent au monastère de Verfeil dans le Languedoc en février 1367.
Cependant mon enthousiasme est assez vite retombé car j'ai très trouvé l'ensemble assez inégal. S'il y a des passages très intéressants sur la vie des moines au moyen âge, les liens hiérarchiques entre eux, les relations entre franciscains et dominicains avec une salvatrice pincée d'humour, j'ai décroché à la lecture des passages sur la théologie d'Eckhart, maître que servait que le prieur Guillaume dans sa jeunesse.
Guillaume, prieur du couvent de Verfeil, décide de coucher ses souvenirs sur vélin au soir de sa vie. Il fait pour cela appel au jeune Antonin, frère chargé d'écouter ses souvenirs puis de les retranscrire.
Certaines lignes m'ont transportée, fait voyager à Kaffa en Crimée, lorsque des Tartares ont eu l'idée dévastatrice de remplacer leurs boulets de pierre dans leurs trébuchets par des cadavres de pestiférés. Des passages m'ont séduite par leur beauté et poésie sombres. Cependant, d'autres interminables m'ont assommée sur la théologie d'Eckhart à laquelle Guillaume dit ne pas voir compris grand-chose. Et bien, j'avoue ne pas avoir compris beaucoup plus, j'ai fini par survoler ces paragraphes très obscurs.
Je me suis perdue dans les derniers chapitre entre les batailles entre dominicains et inquisiteurs et mon intérêt s'est émoussé. La fin du roman n'a donc pas arrangé les choses, elle m'a semblé un peu facile, venant trop vite clore et laisser en suspens les sujets.
Déçue par ce rendez-vous raté, un livre qui témoigne de l'érudition de son auteur, que je n'ai peut-être pas lu au bon moment, qui n'aura pas résonné en moi tout cas (ou alors ça a sonné trop creux). J'ai eu envie de crier Hep ! Hep ! pour qu'on vienne me tirer de là, interjection au sujet de laquelle le livre m'a appris la chose suivante :
« Hep ! Hep ! »
-Sais-tu ce que cela signifie Antonin ?
-Non, mon père.
-Ce sont les initiales de « Hierosolyma est perdita », Jérusalem est perdue. Un cri de croisés qui appelle au meurtre des juifs. Tu l'entends encore aujourd'hui.
(p.228)
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« Toutes les mémoires étaient recouvertes de croix de cendre, de grands cimetières d'actes dont l'oubli avait emporté les ombres. Chacun pouvait prétendre renier leur existence. Mais les croix demeuraient, elles prouvaient qu'on ne décidait pas du destin de nos actes et qu'aucune trace ne s'effaçait jamais de la surface de la terre. »

Quel roman passionnant !
Je suis une fervente lectrice de littérature historique et ce roman m'attirait depuis sa parution. Et là, je dois bien avouer que j'ai pris énormément de plaisir à cette lecture qui m'a emportée dans une période historique qui me fascine, le Moyen-âge. le récit évolue autour de l'année 1348, date marquée la terrible peste noire.
C'est un roman baigné de lumière et de ténèbres. Il nous parle de foi, de vocation et de liberté ; d'Inquisition et d'hérésie, de tortures, de persécutions et de condamnations au bûcher ; d'ambition et de folie, de jalousies et de rivalités, de haine et de trahisons, de regrets et de sacrifice.

*
Le roman arbore deux temporalités : il débute en 1367 dans un monastère du Languedoc où le prieur Guillaume, un des hommes les plus respectés de l'ordre des Dominicains, sentant sa mort approcher, décide de se confier en couchant ses mémoires sur le plus beau des parchemins, le vélin.

« Son heure était proche, son coeur de vieil homme le savait. La prière aurait bien mieux valu que le dévoilement de son passé. Mais la prière ne suffisait pas. Les croix de sa mémoire y résistaient, veillant sur de grandes sépultures dont il devait à présent rendre le souvenir au monde. »

Il confie à deux jeunes frères dominicains, Antonin et Robert, la mission à priori anodine de se rendre à Toulouse pour se procurer des vélins, des plumes et de l'encre de qualité. Les deux hommes quittent le monastère de Verfeil, heureux d'échapper pour quelques jours à la vie monacale. Mais les révélations du prieur font peur et menacent l'ambition de certains membres haut placés de l'Eglise.
De ce voyage à Toulouse, un seul des deux frères reviendra avec les parchemins et deviendra la plume du vieil homme.

« Il fallait percer cette mémoire comme un abcès. »

Nous sommes en présence de deux temps historiques qui s'entrelacent, de deux intrigues qui se répondent. En effet, les aveux du prieur Guillaume remontent le fil de l'Histoire jusqu'à l'an 1313, date à laquelle jeune novice, il devient l'assistant d'Eckhart de Hochheim, un des plus grands intellectuels, théologiens et philosophes dominicains de son époque. Sa confession révèle la destinée de son maître au temps de la Peste noire, il confie la vérité sur les origines de ce fléau qui s'est propagé en Europe en 1348 et qui a décimé un tiers de la population.

« … les souvenirs ont des bras. Pour nous enlacer comme ceux d'une mère bienveillante et réchauffer nos coeurs ou bien serrer nos gorges pour étouffer notre soif de vivre. »

A chaque instant, on ressent la présence d'Eckhart dans la cellule du prieur qui lui aussi, semble conscient de cette ombre qui l'enveloppe. Elle paraît même s'étoffer, prendre corps à chaque souvenir ravivé et inscrit sur le parchemin.
Ainsi, « Croix de cendre » invite les lecteurs à suivre l'incroyable destinée de Maître Eckhart. Cet homme charismatique et mystérieux, qui prêche en allemand, séduit, fascine, envoûte le peuple, mais l'arrogance de sa foi et son aura grandissante font des envieux. Malgré la puissance de l'ordre dominicain, il est accusé d'hérésie et poursuivi avec acharnement par l'Inquisition.

*
Si « Croix de cendre » se rapproche davantage dans les premières pages du roman historique, de la quête spirituelle et de l'étude théologique, véritablement passionnant d'ailleurs mais demandant un peu d'attention pour ceux qui, comme moi, ne connaissaient pas les oppositions et les rivalités qui opposaient les Dominicains et les Franciscains, la suite du récit se découvre peu à peu comme un thriller médiéval et prend les allures d'un superbe roman d'aventure.
Après donc ce petit temps d'adaptation, je me suis laissée emporter par l'écriture d'Antoine Sénanque qui se révèle un superbe conteur, par l'atmosphère pleine de tensions, de remous politiques et religieux, de confidences dévoilées.

« Les bûchers s'allumaient à travers le pays. On brûlait pour une parole, pour un livre. On chassait les juifs, les bégards, les sorciers. Chaque jour moissonnait une énergie puissante et sombre. le monde grondait sous ces courants contraires qui s'entrechoquaient. »

Cette fresque historique nous fait voyager à travers les universités d'Europe, les communautés de béguines d'Allemagne et de Flandres, jusqu'aux portes de l'Asie où les caravanes commercent avec l'Orient. Riche en rebondissements et en secrets divulgués, elle mêle avec brio complots et passions humaines, temps et Espace.

Antoine Sénanque fait revivre des personnages historiques auxquels il associe des personnages de fiction. Monstrueux ou attachants, redoutables ou bons, ambitieux ou fraternels, ils sont captivants, tous magnifiquement incarnés, à tel point qu'ils prennent vie sous la magnifique plume de l'auteur.
L'auteur nous offre également de beaux portraits de femmes. Je suis entrée dans l'intimité des béguines et j'ai savouré la douceur de vivre des béguinages.

*
A aucun moment, je ne me suis égarée dans la narration. L'histoire m'a emportée par la richesse de ses détails, par la finesse de sa construction, par la personnalité complexe des personnages, par le mystère qui entourait la vie d'Eckhart et de son jeune disciple Guillaume. J'ai eu envie de reprendre maintes fois ma lecture, j'ai tourné les pages avec envie, avec avidité, avec émotions.

*
Bref, Antoine Sénanque réussit avec beaucoup de talent à marier petite et grande Histoire dans ce roman passionnant et émouvant, magnifiquement écrit et au suspense redoutable.
Un très grand plaisir de lecture, un coup de coeur assurément.
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* DISSONANCE *

On dirait bien que je vais être la voix dissonante de Babelio concernant ce roman. Moi, il ne m'a pas emportée, ni intéressée. Pourtant, il y a un beau fond historique mais l'histoire ne m'a absolument pas scotchée à mon canapé.

Le prieur dominicain Guillaume envoie deux novices, Antonin et Robert, chercher du vélin à Toulouse. La peau de veau étant rare et chère, on devine qu'il a quelque chose d'important à raconter. Oui mais Guillaume a des ennemis... dont l'inquisiteur. Celui-ci pressent que ce que va raconter Guillaume sur son Velin va lui servir, et il engeôle Robert.
Le prieur Guillaume va décrire son apprentissage auprès de Maître Eckhart. La vie de celui-ci, jusqu'à sa mort... qui n'est pas celle qu'on croit.
Qu'y a-t-il de si important sur ce vélin pour qu'il intéresse à ce point l'inquisition ? Ca vous le découvrirez en lisant le bouquin.

J'ai trouvé le titre particulièrement bien choisi. le Mercredi des Cendres, la croix tracée à la cendre sur le front des fidèles représente l'éphémérité de la vie et le repentir vis-à-vis de ses propres péchés.

Ce roman met en scène un personnage historique : Maitre Eckhart von Hochheim, théologien allemand, un des maitres à penser de la Mystique rhénane. Il est dénoncé à la fois par les dominicains et les franciscains devant l'inquisition pour hérésie. Cela a conduit l'église à le frapper de damnatio memoriae mais sans vraiment le condamner. D'ailleurs, certains ont voulu le réhabiliter en 1992... mais l'église a dit qu'il n'y avait pas lieu de le réhabiliter étant donné qu'il n'avait jamais été condamné !
Le roman d'Antoine Sénanque en fait un super méga méchant, entre Jack Torrance (pas le boxeur, l'autre ) et Gargamel. Dans l'esprit collectif, ça ne va pas aider à la réhabilitation de ses thèses. (Pour ceux qui l'ont lu, moi j'entendais clairement le MOUHAHAHHAHAHHHHH quand il emballait le pain!! Pas vous ?)

Sinon, ce qui est très sympa, c'est la description de la vie ecclésiastique et monastique du 14ème siècle. La vie des béguines et moniales, les conflits entre dominicains et franciscains.
Les débuts de l'épidémie de peste, au siège de Caffa en Crimée, où est née la première guerre bactériologique ! Eh oui, les Mongols ont réellement balancé des cadavres de pestiférés au dessus des remparts de Caffa pour y introduire la peste. Les marchands génois transportèrent ensuite dans la cale de leurs bateaux la maladie à travers l'Europe.

A mon sens, l'intrigue est faible et les licences historiques trop fortes.
Je ne vais pas déconseiller ce roman, peut-être que j'en attendais trop, tout simplement.


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Partons au Moyen-Age du XIV ème siècle en 1367, 20 ans après l'épidémie dévastatrice de la Peste pour des aventures riches en péripétie en France , en Italie et vers les terres orientales , mêlant fiction et Histoire.

Depuis le monastère de Verfeil dans le Languedoc , le vieux prieur Guillaume envoie deux jeunes frères , Antonin et Robert de sa communauté de dominicains à Toulouse chercher des vélins, parchemins de qualité car il veut écrire ses Mémoires .
Les deux jeunes hommes sont ravis de quitter l'austérité du monastère , de parcourir les chemins et de découvrir la ville et ses tentations, ils y font la connaissance d'un jeune tanneur ...
C'est sans compter sur la surveillance de l'Inquisiteur, .Louis de Charnes, qui, inquiet des confessions à venir de Guillaume qu'il connait bien , fait emprisonner les moines .
Seul Antonin revient , Robert, lui, reste dans les redoutables geôles comme otage .

La partie suivante du récit concerne ces fameuses confessions que le prieur dicte à Antonin.

Il y raconte , en particulier, ses jeunes années où il a accompagné Maitre Eckhart, un dominicain lui aussi, grand théologue et philosophe allemand qui a publié de nombreux traités et sermons en latin, bien entendu, mais aussi en allemand, ouvrant la voie de la connaissance aux non-membres du clergé .
C'est un homme puissant, influent qui va se faire beaucoup d'ennemis dans la communauté chrétienne, ses discours prêtant à de nombreuses discussions intellectuelles , ses paroles pouvant être provocantes et la hardiesse de ses propos ont beaucoup choqué.
Il a également eu une grande influence dans les béguinages , ces communautés de femmes non religieuses qu'il aimait fréquenter . Elles ont été considérées parfois comme hérétiques, publiant des écrits et des poèmes souvent enflammés qui n'étaient pas du goût des hommes d'église qui traquaient le Libre Esprit et certaines d'entre elles ont fini sur le bûcher comme Marguerite Polete , évoquée dans le bon roman La nuit des béguines d'Alice Zeniter où il était fait mention déjà à Maitre Eckhart.

La pérégrination des deux hommes les entraine sur la Route de la Soie en 1347 vers l'Asie Centrale , ils arrivent dans le port de Kaffa en Crimée juste avant le siège par les mongols , siège qui va durer presque deux ans et qui se termine de façon tragique avec l'arrivée dans des circonstances morbides de la peste et qui sera suivie par sa dispersion en Europe ce qui fait partie intégrante des secrets révélés .

Entre ces récits dictés , les péripéties continuent pour les dominicains de Verfeil, Guillaume, son sacristain et compagnon de jeunesse , les jeunes moines et le tanneur créant dans l'adversité une forte fraternité dépassant les générations et qui leur permet de franchir les obstacles .

Le mélange entre un récit d'aventures au présent et celui au passé plus spirituel avec les échanges entre franciscains et dominicains et entre les contempteurs du Maitre Eckhard et ses disciples mais également les longs voyages du Maitre et de son disciple entre l'Allemagne, la France avec Avignon où siège le Pape et les routes de l'Orient rend la lecture passionnante .

Quelque soit sa foi, ses convictions spirituelles , les discussions philosophiques sont rendues abordables pour peu qu'on fasse l'effort de se débarrasser d'éventuels préjugés. Elles concernent , bien sûr, une époque lointaine et révolue mais les ambitions sous-jacentes, les jalousies, les trahisons sont intemporelles et facilement transposables .

Quant au "détachement" auquel aspire le Maitre Eckhart, on peut le rapprocher d'autres croyances ou pratiques actuelles ...

L'évocation des béguines prend une place non négligeable et montre bien qu'en cette période de Moyen-Age, certaines femmes pouvaient acquérir une indépendance et un pouvoir et qu'elles étaient craintes à défaut d'être toujours comprises .

J'ai beaucoup aimé ce roman qui m'a plongé dans une période qui me fascine et qu'Antoine Sénanque fait vivre avec talent et une belle écriture pour une épopée réussie .

Je remercie grandement les Éditions Grasset et NetGalley pour cette belle lecture .
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