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EAN : 9782752910431
108 pages
Phébus (01/04/2016)
3.33/5   111 notes
Résumé :
Une libraire, ça crée des dettes. D’argent parfois bien sûr, mais surtout de cœur. Lorsque Yvonne meurt, les souvenirs affluent pour Abdel, un jeune professeur de Roubaix. Il se revoit enfant entre les murailles de bouquins, prêt à avaler tout Balzac sans rien y comprendre. De là à accepter la succession, il y a un pas… que l’inconscient fait à l’aveuglette. Le voici bientôt en butte aux problématiques économiques du métier. Mais aussi aux dangereuses archives photo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (59) Voir plus Ajouter une critique
3,33

sur 111 notes
Un court roman qui se situe dans la ville la plus pauvre de France,
Roubaix...pétrie de chômage et de misère. Au milieu de ce décor, une libraire passionnée, Yvonne, vient de décéder, en cédant sa librairie à un de ses clients, Abdel Duponchelle, jeune professeur, qui se laisse prendre au jeu, même si il découvre très vite qu'une librairie, " ça créé des dettes" mais ça créé aussi des liens, des échanges, de la solidarité...

Et voilà notre jeune enseignant, transformé en "apprenti libraire",entouré de quelques habitués et amis de la librairie, qui viennent lui prêter main forte !
En s'attelant au travail: trouver des financements pour "redresser "la librairie, faire l'inventaire du stock, mettre en ligne les épuisés et introuvables, etc. Abdel va tomber sur les "archives dangereuses"
d'Yvonne !

Dangereuses, car en fouillant dans la multitude de clichés pris par Yvonne dans les années 60, c'est tout un pan de la guerre d'Algérie qui ressurgit entre partisans du FLN, harkis et OAS...

Découverte d'évènements que je méconnaissais....

Un texte prenant, émouvant, attachant à plus d'un titre sur l'un des plus beaux métiers: celui de Libraire, médiateur, acteur des échanges dans une ville.... d'autres thématiques, comme cette France multiculturelle, riche de ses différences, portée par la solidarité et l'entraide...

Il est aussi question en arrière-plan de la misère urbaine, de l'illettrisme mais également de la disparition des libraires de quartier au profit des grandes surfaces, des liseuses, des ventes impersonnelles, où le conseil du libraire, les contacts, les échanges s'évaporent....ou deviennent superflus !!

Mais pas de défaitisme, ni de pessimisme dans les lignes de Michel Quint... la petite équipe comme notre apprenti libraire sont bien décidés à faire vivre la librairie d'Yvonne...
"Les libraires ont une responsabilité civile, à eux de refuser la démagogie et le profit facile, pas possible de jouer les Ponce-Pilate !" (p. 79)
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Voici un texte court, généreux, solidaire, attachant, prenant, à l'écriture dense, séductrice, élégante, pétrie d'humanité!
L'auteur nous montre au travers d'une galerie de personnages tels que Saïd, Rosa, Abdel, Rita que reprendre une librairie dans la ville la plus pauvre de France où perdurent misère et chômage c'est possible.....
Comment? Grâce à l'entraide, à la convivialité, la bonne volonté, le dépassement de tous les préjugés, la richesse littéraire et la culture par la transmission.....
Yvonne, la libraire vient de décéder.
Le jeune professeur Abdel, l'arabe blond, entré en littérature, malgré le rejet, la honte et le racisme, grâce à ses succès scolaires, accepte la succession, s'attelle au travail gigantesque de refinancement, fait des inventaires, se mue en apprenti libraire ...
Cet ouvrage brosse et condense avec bonheur des thèmes qui me sont chers: celui de libraire indépendant, médiateur culturel important, acteur puissant de la lutte contre l'illettrisme, une France multiculturelle
portée par la richesse de ses différences, lien fort d'entraide et de solidarité, enfin la lente disparition des librairies de quartiers au profit de bien tristes grandes surfaces, et autres liseuses.........
Ce texte généreux fait du bien, donne un vrai plaisir littéraire.
Pour l'auteur , le livre à l'évidence est un outil efficace d'entraide, de transmission et de partage !
Je laisse aux futurs lecteurs le pan de la guerre d'Algérie que je connais moins bien!
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Mauvaise nouvelle : Yvonne, la libraire de quartier est morte. Et voilà Abdel, Saïd, Zita ou encore Zerouane tout retournés. Car c'était une brave femme Yvonne, le coeur sur la main.
Et avec sa disparition, c'est maintenant l'histoire d'un quartier de Roubaix qui risque de s'éteindre. La petite librairie, déjà fort malade, est poussée vers le cimetière des petits commerces par la grosse artillerie de guerre commerciale de la vente à grande échelle bien impersonnelle. À moins que nos bonnes âmes ne se retroussent les manches pour la résurrection de la boutique. Et Abdel Duponchelle, l'orphelin, l'Arabe blond devenu prof de lettres et amoureux des livres grâce à Yvonne, va relever le défi, aidé par les fidèles de la défunte libraire.
Mais faire le tri dans les archives fera ressurgir le passé, les douloureux souvenirs des années 60. Ce passé que certains souhaitaient oublier, ce passé que d'autres s'étaient imaginé sous le plus bel angle, ce passé qui met à jour un présent bâti sur des non-dits, mensonges ou contre-vérités.

Ce roman n'est pas sans rappeler Avec des mains cruelles du même auteur qui utilise les mêmes codes : un décès, des archives, un triangle amoureux, une enquête sur un passé flou et L Histoire en trame de fond (ici la guerre d'Algérie) qui sert à rabibocher les ennemis d'autrefois et réveiller la belle humanité qui sommeille en chacun. Mais quand dans le premier, la confusion et l'irréalisme de certaines situations régnaient en maître, le style est ici largement simplifié. Ouf. Car j'ai craint un temps de retrouver ce fouillis historique qui m'avait fort déplu. Alors, certes il y a toujours de quoi se perdre dans les méandres de ce combat pour l'indépendance de l'Algérie. Entre MNA, FLN, OAS, messalistes ou harkis, nous sommes parfois noyés dans ce torrent de combattants. D'autant que Michel Quint ne s'embarrasse pas à expliquer les tenants et aboutissants de ce conflit, là n'étant pas son objectif. Finalement quelque soit le camp choisi et les convictions d'antan, comme dans toute guerre, tous les coups bas étaient permis, et on retiendra simplement que personne n'est sorti indemne.

Sa plume s'attarde sur les séquelles et les stigmates d'après-guerre, toujours présents quelques cinquante ans plus tard. En laissant la place aux émotions, aux larmes, aux regrets, à la colère encore parfois. Mais la sensibilité et la générosité d'Abdel, tout à son amour des livres, de son prochain, dominent le récit. de solides liens se nouent alors, guérissant les blessures du passé.
Toujours dans l'économie de mots, mais au style incisif, l'auteur parvient en peu de pages à faire de ses protagonistes une famille, unie, soudée. Avec Roubaix et sa misère sociale en toile de fond, l'heure est à l'entraide et la réconciliation. Apaise le temps renoue avec la tolérance, l'amitié. Place enfin à la noble richesse de cette France multiculturelle.

Babelio et Phébus, soyez remerciés de ce généreux envoi. Michel, sois béni pour ce puissant récit porteur d'espoir sur la bienveillance humaine.


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Quand on passe le seuil de la librairie Lepage, à Roubaix, on fait entrer un peu de soleil qui manque tant dans cette vieille ruelle. Un petit grelot vous annonce, on vous laisse déambuler au gré des aventures, parmi les romans, rangés du sol au plafond. Ici vous ne trouverez pas de « lectures Facebook », formatées pour plaire à tout le monde, en enlevant toute la magie de l'imaginaire, de l'aventure au pays des mots, de la réflexion, de la surprise, de l'émotion pure.

Yvonne aimait la culture, elle tentait de la partager avec tous les habitants de cette ville pauvre et multiculturelle, pour leur redonner des repères autres que ceux dictés par la télé et les idées préconçues, les idées courtes. Elle collectionnait les clichés photographiques, des images muettes, des secrets et des drames sans légendes.
À son décès, la librairie est au bord de la faillite, avalée par les grandes enseignes, les liseuses, la mode des lectures faciles sans réelle saveur.

Saïd écrit des listes de mots, il épèle les émotions à sa manière, il archive le temps, fait parler les morts. Il est un personnage de livres, il les côtoie comme des amis proches.

Abdel, professeur de français assis entre deux cultures a une dette envers Yvonne. Lorsqu'il était enfant, sa librairie lui a sauvé l'enfance, elle lui a offert un refuge, un lieu de voyage, d'écoute. Maintenant c'est à lui de prendre le relais, de créer du lien, de relier les gens, d'éveiller la mémoire, de la raconter en mots et en images, de l'apaiser.

La librairie est la toile de fond pour évoquer la culture qui fout le camp, la jeunesse à la dérive, les vieux et leur mémoire qui n'en finit pas de ressasser toujours les mêmes guerres. La guerre des cafés, la guerre d'Algérie, le FLN, les harkis et l'OAS. J'avoue que je n'y connais pas grand-chose à ce conflit. Mon père était soldat en Algérie mais n'en a jamais parlé. Il en a rapporté des tas de photos, certaines absolument magnifiques, d'autres très sombres. Elles racontent une histoire, avec trop de silences, de devinettes.

J'ai aimé cette belle histoire, ses personnages simples et généreux, cet atelier-librairie, où les livres sont chez eux et nous invitent à faire la paix, à penser, à devenir libre.

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J'aime l'écriture de Michel Quint. Certaines de ses phrases me trouent l'âme et me transpercent le coeur. Je suis submergée par la puissance de ses mots. Et que dire de ses personnages, sinon qu'ils sont sublimes d'humanité.

Des petites gens touchées par l'Histoire de près ou de loin, essaient de vivre, de se construire ou de se retrouver. Au coeur de Roubaix, cité jadis prospère grâce à ses industries textiles, une petite librairie et sa propriétaire se meurent. Ce n'était pas seulement un lieu pour la lecture, c'était aussi un lieu d'espoir, d'entraide. Alors quoi ? Faut-il tout laisser tomber et baisser les bras ? N'y aurait-il personne pour relever le défi ? Abdel Duponchelle, né de parents aux cultures différentes mais unis par l'amour, est désigné d'office légataire universel. C'est grâce à Yvonne, la libraire, qu'il est entré en littérature, lui l'Arabe blond, rejeté par les uns et par les autres. C'est grâce à Yvonne qu'il est maintenant professeur agrégé de lettres. Mais reprendre une librairie au bord de la faillite quand tout se meurt autour de soi, quand la culture est dictée par des émissions de télévision débilitantes, quand le chômage rode, quand le racisme est latent ainsi que la haine, est-ce bien raisonnable ? "Ici penser est une faute, un oubli de l'instinct de survie."

Dans ce petit livre, Michel Quint fait encore une fois mouche. Peu de pages mais des thèmes essentiels : guerre d'Algérie, ville en perdition, cohabitation difficile, illettrisme, racisme... Michel Quint n'en finit pas de revenir au passé pour expliquer le présent.

Qui est-on sans les autres ? Et pourquoi au lieu de s'entretuer, on ne s'entraiderait pas ? Illusion, naïveté, utopie ? J'm'en fous, moi je veux y croire. Moi, j'veux du bonheur. J'veux des belles histoires, de la solidarité, du rire, des larmes de joie. J'veux des histoires d'hommes et de femmes qui luttent pour s'en sortir, qui refusent la fatalité, qui croient en l'avenir et surtout qui croient aux autres.

Alors, des mots de Michel Quint, j'en veux encore l



Un grand merci à Babelio et aux éditions Phébus pour ce beau partage.

Lien : http://mes-petites-boites.ov..
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Citations et extraits (54) Voir plus Ajouter une citation
                  VI


   L'apéritif, Abdel le prend avec Rosa dans le jardin
hirsute de la grande maison, au bord de Tourcoing. Abdel
a mené sa petite Clio à travers des quartiers autrefois
ouvriers, interlopes, d'habitat séculaire à l'agonie, à
économie parallèle, avec mille petits commerces de
débrouille, où croisent des autos hors de prix, où paradent
des filles et des types dorés sur tranche, où toute librairie
serait un casus belli. Seuls les poussettes des trop jeunes
mères provoquent des encombrements. Tous deux n'ont
pas commenté, ils savent les trafics, l'islamogangstérisme
souterrain et puissant, et le grand banditisme, la délin-
quance nue, sans idéologie aucune, le territoire dont on
dit qu'il ne s'est pas remis de la guerre des cafés, avec
pourtant, comme un défi, le Centre Chorégraphique
National respecté parce que réputé pas dangereux.
Danser ne serait pas penser. Et ici penser est une faute,
un oubli de l'instant de survie.

p.60

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Tout le monde, pas que les immigrés, s'occupe de sa personne, pas des autres, même pas de ses petits. Ça s'appelle la misère, monsieur. Et c'est des catastrophes à venir, pas d'études, pas de boulot pour les gamins ni les parents, pas de bonheur. Sauf la télé. Mais personne baisse les bras : on n'a plus que de la mémoire, on est des gens sans destin écrit d'avance. Et même si on avait : on est illetrés, on saurait pas le lire...
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Yvonne a également hérité de l’officieux fond social de son père qui partageait ses enthousiasmes de lecture avec les clients pour combattre l’analphabétisme, l’illettrisme, enchanter le monde et faciliter l’intégration des polacks, espingouins, portos, macaronis, niakoués, bicots et bouboules, Oui monsieur faut pas avoir peur des mots, les gros faut les convoquer, les regarder en face et leur faire honte en public. Après ils maigrissent, se refont une beauté, retrouvent une dignité : le melon est un fruit. Il parlait de la sorte, George, disait que les guerres sont finies et que les livres sont comme des amis communs à tous les hommes, des lieux où faire une paix. Des lieux d’égalité possible si on sait lire. Alors tu peux revendiquer tes racines en bloc, négritude, exil, pauvreté, descendant de victime de l’esclavage et du colonialisme, flamezoute de toute éternité, ce n’est pas d’affirmer ta différence qui te rendra égal, ni de prendre les armes, c’est de te donner les moyens d’être aussi fort que n’importe qui. Par la matière grise. Il prêchait, Georges.
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Abdel a eu des parents miraculeux, mais il était l'Arabe blond, ni baptisé, ni fils d'Allah, mécréant, et il a vécu son enfance comme une monstruosité, et pire encore parce qu'il a dépassé la honte par les succès scolaires. Crachats et taloches, pas de Facebook à l'époque Dieu merci mais la guerre des pupitres, la guerre des chiottes, des couloirs, des cartables, des petites amies impossibles, des méprisantes qui inventaient des histoires d'exhibitionnisme, qu'il leur montrait sa queue toute petite et ça lui valait des tannées par les valeureux mecs de ces gamines ratées, la guerre de celles qui s'en prenaient plein la gueule de lui tenir la main et qui le répudiaient comme une épouse de douzième rang.
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Mais sa vraie patrie est ici, au creux de la librairie, blotti entre les bouquins comme une fleur séchée entre deux pages. C'est ici qu'on lui a reconnu le statut d'être humain, et à cause de l'hostilité qu'il ressent sitôt qu'il n'est pas ici, dans la maison des livres, les autres sont clairement divisés, bons ou méchants. (p. 15-16)
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