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EAN : 9782072636165
336 pages
Gallimard (07/01/2016)
3.9/5   29 notes
Résumé :
Né à Paris le 28 juillet 1950, Zéno Bianu est poète, dramaturge, essayiste, traducteur et auteur d'anthologies. Revendiquant une oeuvre multiforme qui ne craint pas de tout interroger, il peut ainsi être lu tout au long de cette anthologie comme celui qui a créé une sorte de poème-randonnée, dont l'architecture d'ensemble, en modulations et variations constantes, invite à reconsidérer la poésie comme une forme ultime d'engagement existentiel.
" De la Grammai... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Je ne connaissais ce poète que comme traducteur , pour la très belle " Anthologie du poème court japonais". Je découvre un artiste puissant, original, cosmopolite et inspiré.

Ses poèmes coulent fluides, ils se chantent, d'ailleurs l'un d'entre eux a pour titre " Invocation". " J'ai toujours voulu mesurer le poème au souffle, façonner une sorte d'écriture orale", écrit-il.Il utilise souvent le principe de l'anaphore, comme autant de refrains d'un même c(h)oeur.

Le recueil, autre particularité, fourmille de citations d'autres poètes, auteurs ou musiciens ( le jazz est une de ses passions) et même certains poèmes leur sont directement adressés. Cela crée un univers riche, pluridimensionnel, généreux car l'auteur s'associe aux autres artistes, les célèbre, leur parle.

Il y a une douceur indicible, un élan de vie, même pour évoquer la mort, qui me touche dans ses vers, notamment dans le magnifique " Bleu de silence"

" Alors le vent parle
Il dit mille choses(...)

Il dit
je suis un silence bleu
invraisemblablement
bleu
le souffle
de ta note bleue

la colonne d'air
de ton coeur"

Ce livre est tout à la fois un tourbillon de mots, une escale de sérénité, une plongée dans l'intériorité, un souffle ouvert sur les autres et la vie.Un chemin de lumière où se régénérer...
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Une découverte éblouissante, on redécouvre ici la puissances évocatrice des mots, les images fusent, les impressions se succèdent, l'auteur nous fait entrer dans un monde étourdissant, la mort, le temps, la découverte de soi-même, l'amour, autant de thèmes évoqués avec finesse. La pensée de l'auteur cisèle chaque poème, ils deviennent des chants à la beauté surprenante... A lire à déguster...
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Excellent ouvrage de poésie. Zeno Bianu est un amoureux et un optimiste, il sublime les instants magiques de la vie. Ses poèmes sont magnifiques.
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Citations et extraits (42) Voir plus Ajouter une citation
Le monde est un arbre



Un arbre dressé
qui regarde les veines du ciel
un arbre perdu
qui pousse au centre du monde
un arbre éperdu
qui se couche lentement sur le lit du vent



le monde est un arbre
le monde est un arbre
et nous sommes les feuilles
de ses branches



c'est l'arbre étoilé d'anges
qui vit un jour
le tout jeune William Blake
au milieu d'un champ



c'est l'arbre qui depuis toujours
regarde les amants
par la fenêtre des chambres d'hôtel
les regarde
les abrite
et les protège



c'est le chêne dans la neige
définitif
de Caspar David Friedrich
un arbre état d'âme
un arbre
d'une tendresse convulsive
qui s'agrippe doucement
aux artères



le monde est un arbre
et nous sommes les feuilles
de ses branches
nous feuillons infiniment



c'est cet olivier mystérieux que croisa
Rilke
un soir de 1911
dans le jardin du château de Duino
cet olivier
qui lui transmit un sentiment
le sentiment absolu
l'impression
d'avoir traversé la nature pour en sortir de l'autre côté



arbre de cœur arbre de vie



ce sont les arbres-poumons d'Amazonie
qu'il faut défendre pour l'éternité



ce sont
avant tout et à jamais
les oliviers de Giotto
oliviers bienveillants
frères arbres
attentifs à la descente du bleu
dans l'esprit de saint François



attentifs à la descente
pour mieux s'élever
descendre
au plus profond des racines
pour atteindre le fond du ciel



le monde est un arbre
et nous sommes les feuilles
de ses branches
nous feuillons infiniment
entre splendeur et souffrance



je n'y suis pour personne
dit l'arbre nu d'Emily Dickinson
chaque arbre est un dessin d'herbier
lui répond Sylvia Plath



chaque arbre
ouvre à la plus haute qualité d'attention
chaque arbre dit
son infinie révérence
à tout ce qui est
chaque arbre écoute
notre éclosion



arbre de cœur arbre de vie
chemin de veine en paradis



c'est l'amandier toujours fleuri
l'ultime tableau de Bonnard
qui nous souffle l'ostinato
de sa pulsation
afin que nous refleurissions
sans relâche et sans fin
en arbre de vie vivante



le monde est un arbre
et nous feuillons infiniment
entre la nuit et le jour



nous sommes les bourgeons d'un même arbre
répète Nietzche
d'un arbre qui habite trop près
du siège des nuages
d'un arbre
qui attend le premier coup de foudre
d'un arbre qui sait
qu'il en est de l'homme comme de l'arbre
racines enfoncées dans l'abîme
branches happées vers le plus haut



arbre du ciel axe des nuits
chemin d'éveil en infini



ce sont les peupliers qui vibraient
scintillaient
comme nacre sous ta fenêtre
frémissaient
vaguelettes de mercure sur l'eau
quand tu m'appelais chaque samedi



peupliers
compagnons de haute mélancolie
pour un frisson de vert
pour un frisson de bleu
pourvu que le souffle soit là
pourvu que le frisson frissonne
pourvu que le silence chante



arbres
qui habitez les haikus
je vous écoute
j'écoute votre sève de silence



et Ryokan m'émerveille
le monde
est devenu
un cerisier en fleur



et Shiki me murmure
sur un seul arbre
dans la plaine immense
les cigales s'attroupent



et Issa m'enseigne
prépare-toi à la mort
prépare-toi
bruissent les cerisiers en fleur



le monde est un arbre
et nous feuillons infiniment
entre la mort et la vie



nous feuillons
comme le grand arbre blanc
de Bernard Nöel
par lequel
nous voici verticaux sous l'étoile



nous feuillons et nous voyons
Michaux
qui vit un arbre
dans un oiseau



nous feuillons
passage à la mort
passage à la vie
passage par l'arbre-seul d'André Velter
passage à la racine
passage à la fleur
serons-nous morts
serons-nous vivants



nous feuillons
au diapason des infinis
nous feuillons et soudain nous comprenons
oui nous comprenons Novalis
qui perçoit la nature comme un arbre
dont nous sommes
les boutons de fleurs
qui voit l'arbre
comme flamme fleurissante
et l'homme
comme flamme parlante



et Artaud nous bouleverse encore
qui évoque
un arbre au centre du vent
un arbre
forêt sombre d'appels
qui mange le cœur de la nuit



et voici Césaire devenu arbre
à force de regarder les arbres
devenu bel arbre immense
arbre-athlète
mouillé de toutes les pluies
devenu arbre
dont les longs pieds creusent le sol
de hautes villes d'ossements



le monde est un arbre
arbre dressé jusqu'à l'esprit
chemin de sève où tout s'inscrit
arbre d'automne dans l'air qui bouge
de Schiele
idéogramme de souffrance absolue
pulsant vers le haut
toujours vers le haut



arbres noués en tourments
de Soutine
arbres en autoportraits de nerfs
griffonnés par Wols



clairières d’humains
d’encore humains
de malgré tout humains
tirés vers le haut par Giacometti



peupliers de Paul Celan
tendant leurs mille bras à travers les eaux
pour ne plus jamais brûler



arbre d'étoiles recueillies
chemin de cœur chemin de vie



chemin que prennent sans répit
les cyprès de Vincent
en poussières d'étoiles
cyprès galaxies
eaux vives de l'instant
émergeant toujours du présent
cyprès foudroyants
hors du mesurable
énergie pure
discontinuité créatrice
vision d'une vie enfin complète



le monde est un arbre
et nous sommes les feuilles
de ses branches



un arbre dressé
qui regarde les veines du ciel
un arbre perdu
qui pousse au centre de lu monde
un arbre éperdu
qui se couche lentement sur le lit du vent.
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chant
dans les muscles du chant
pourquoi craindre la mort
pourquoi inventer mille croyances
pour la déguiser
trou noir
ou nuit semée d’étoiles
oublions la marche du temps
nous dit Tchouang-Tseu
appelons-en à l’infini

chant
dans les muscles du chant
dans la fraîcheur du lâcher-prise
ou
dans le givre du matin
ou
dans ce saut de pensée soudain
ni ici ni là
ou dans
tout ce que vous voulez
ou plutôt
tout ce que vous aimez
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ÉLÉMENTAIRE
(sur une chorégraphie de Brigitte Chataignier)


je ne sais pas
j'ouvre
les yeux
sur le monde
je ne sais pas
ne sais pas
dans la nuit
dans le noir
les mots
apparaissent
les mots
résonnent

le mot danse
apparaît
j'aimerais tant
oh oui
avec
tout mon corps
avec
toute ma voix
m'incarner
complètement
absolument

j'aimerais
j'aimerais
oui
j'aimerais tant

je ne sais pas
j'ouvre les yeux
sur chaque moment
le regard
l'infini
le regard
l'infini
j'écoute
j'écoute de toutes mes forces

et le mot terre apparaît

je respecte la terre
le son de la terre
je sonde la terre
le corps de la terre
les éléments se tiennent
par la main
tous les éléments

je descends dans la terre
les manteaux
qui me recouvrent
tombent les uns après les autres
je passe
de l'autre côté de la tombe
de l'autre côté des cendres

p.215-216
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je crois à ces chemins
où le corps avance dans l’esprit
où l’on surprend
le bruit de fond des univers
par ces yeux
que la nuit
a pleurés en nous
par ces yeux que la vie
a lavés en nous
     

     
je crois qu’il faut penser
comme chute une météorite
comme pleure une étoile-mère
     
qu’il faut saisir
l’intime conscience de son désastre
pour commencer
à vraiment sourire
pour s’aventurer
au plus bleu du bleu
     
'Credo', extraits
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chant
dans les muscles du chant
tu écoutes
inlassablement
cette grande réserve de bouches
en lisière de tout
ce souffle premier
intarissable
comme il retentit dans le corps
par tout le corps
comme il s’exacerbe
comme il traverse le temps
autrement
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Vidéo de Zéno Bianu
Avec douze écrivains de l'Anthologie Avec Anne le Pape (violon) & Johanne Mathaly (violoncelle) Avec Anna Ayanoglou, Jean d'Amérique, Camille Bloomfield & Maïss Alrim Karfou, Cyril Dion, Pierre Guénard, Lisette Lombé, Antoine Mouton, Arthur Navellou, Suzanne Rault-Balet, Jacques Rebotier, Stéphanie Vovor, Laurence Vielle.
Cette anthologie du Printemps des Poètes 2023 proposent 111 poètes contemporains et des textes pour la plupart inédits. La plus jeune a 20 ans à peine, le plus âgé était centenaire. Tous partagent notre quotidien autour de la thématique corrosive des frontières. Leurs écrits sont d'une diversité et d'une richesse stimulantes. Ils offrent un large panorama de la poésie de notre époque. Avec notamment des textes de Dominique Ané, Olivier Barbarant, Rim Battal, Tahar Ben Jelloun, Zéno Bianu, William Cliff, Cécile Coulon, Charlélie Couture, Jean D'amérique, Michel Deguy, Pauline Delabroy-Allard, Guy Goffette, Michelle Grangaud, Simon Johannin, Charles Juliet, Abdellatif Laâbi, Hervé le Tellier, Jean Portante, Jacques Roubaud, Eugène Savitzkaya, Laura Vazquez, Jean-Pierre Verheggen, Antoine Wauters…
Mesure du temps La fenêtre qui donne sur les quais n'arrête pas le cours de l'eau pas plus que la lumière n'arrête la main qui ferme les rideaux Tout juste si parfois du mur un peu de plâtre se détache un pétale touche le guéridon Il arrive aussi qu'un homme laisse tomber son corps sans réveiller personne Guy Goffette – Ces mots traversent les frontières, 111 poètes d'aujourd'hui
Lumière par Iris Feix, son par Lenny Szpira
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