Mal de mère…
Ce mal de mer... Vous savez, lorsque le comportement du bateau vous semble illisible, ce qui a pour effet de ne pas contrôler les sensations reçus... Sensations qui vous donne le vertige et la nausée. (Nausée venant du mot "Naus" en grec ancien signifie navire)
De plus, la maison d'édition Quandrants dispose d'une jolie petite boussole incrustée dans son nom.
Ce roman graphique est pour moi comme une chavirement qui me ramène avec turbulences sur les côtes du passé. Cette tristesse, incompréhension et solitude qui ronge lentement et qui vous fait devenir adulte un peu plus vite, un peu plus fort.
Ici, nous sommes embarqués sur un navire qui donne le
mal de mère.
Nous suivons ce jeune garçon de neuf ans, Rodéric, ainsi que sa famille.
Famille ou règne le désamour et dans lequel il n'est pas du tout armé pour ce monde qui s'effondre.
La mer est toujours calme avant la tempête...
Des enfants embarqués sur un bateau devant affronter les bourrasques avec le vent de face.
Et lorsque le vent se lève, il faut bien se tenir... garder fermement les mains sur le gouvernail pour ne pas vriller.
Parce que les vagues font tanguer le navire, comme l'alcool fait lui aussi tanguer. On s'accroche comme on peut.
Ces enfants encaissent tous. Certains jettent une bouteille à la mer (mère) sans être entendu ni écouté.
Pendant que la mère boit la tasse et s'épuise, ce sont les proches qui trinquent et qui manquent d'air.
Avoir une mère alcoolique, c'est avoir peur au quotidien. Cette boisson qui pour certains aide à faire la fête et qui pour d'autres, aide à s'enterrer dans un gouffre un peu plus chaque jour.
La majorité du temps, la personne alcoolique est aidée, mais les enfants et conjoints ne sont pas toujours entendu car maintenu la tête sous l'eau.
Parce que oui, ma mère buvait pendant que c'était moi qui guidais le navire familial du haut de mes 8 ans. Seule avec un petit frère de 5 ans.
En tant qu'enfant, avoir un parent alcoolique, c'est comme avoir la nausée en permanence causée par le mal de ‘mère'...
Parce que le pire, n'étant pas tant les effets de l'alcool produit sur le parent, mais les gestes, comportements et paroles qui en découlent. Cette culpabilité qui nous fait ressentir que c'est de notre faute.
À travers cette bande dessinée, on s'aperçoit que nous sommes beaucoup à avoir traversé à plusieurs reprises ce genre de tempête.
Aujourd'hui, j'ai amarré le navire pour descendre sur la terre ferme en prenant la décision de continuer d'avancer plutôt que d'y rester noyé. La tempête est finie, le mal de ‘mère' a réussi a se dissiper en laissant place à un ciel bleu et une mer calme.
Cette critique est intime et sincère. Je me le permets, parce que je sais qu'ici, nous sommes bien entourés sans aucun jugement.
J'espère avoir mis en avant la force de cet auteur. Un courage d'avoir mis sur papier ce sujet tabou.
Un sujet pour lequel je n'hésite plus à parler ouvertement. Parce que en parler permet de faire écho chez d'autres personnes concernées. Ce sentiment de savoir que d'autres vous comprennent peut réchauffer un coeur.
Grâce à ce livre, j'ai également appris et compris quelque chose de très important au sujet de la famille qui sait, mais qui ne fait rien.
Alors, sincèrement, un ÉNORME merci à l'auteur,
Rodéric Valambois, que j'applaudis fortement d'avoir retranscrit son histoire. Un témoignage de ce
mal de mère qui m'émeut et me touche intimement en plein coeur et qui a réussi à le rendre plus léger.