Un jeune garçon parle de la dépendance à l'alcool de son père. Sans jugement ni colère mais aussi avec beaucoup d'humour.
Malgré tout on s'attache à son père. On passe de la peine à la colère et enfin au rire. Ce petit livre de 28 pages nous montre à quel point nos addictions, notre caractère et nos actes ont des répercussions fortes sur nos enfants et qu'ils ne cherchent, malgré nos défauts, que de l'attention et de l'amour.
Je ne pensais pas rire avec un livre traitant d'un sujet aussi grave et triste.
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C'est le premier texte lu qui m'a fait rencontrer cet écrivain-poète-comédien- cinéaste...peu de temps après sa parution...Un auteur dont j'ai aimé de suite, l'esprit, le ton faussement naïf, les pirouettes de clown, l'autodérision,un humour grinçant...
LE RIRE pour cacher ou dédramatiser les chagrins, les épreuves qui tombent sur nos vies...Et notre écrivain en aura eu : un papa médecin au grand coeur, gentil mais totalement dépassé, la création de sa propre famille, ses deux fils handicapés dont il s'est occupé [ cf. "Où on va papa"], la mort de la maman [cf. "La mère du Nord ], le décès prématuré de son épouse, Sylvie [cf. "Veuf" ], l'éloignement et une mésentente avec sa fille unique, accaparée par la religion [cf "La servante de Dieu" ], etc.
"Il soignait les gens, des gens pas riches, qui souvent ne le payaient pas, mais ils lui offraient un verre en échange, parce que mon papa, il aimait bien boire un coup, plusieurs même, et le soir, quand il rentrait, il était bien fatigué. Quelquefois, il disait qu'il allait tuer maman, et puis moi aussi, parce que j'étais l'aîné et pas son préféré.
Il était pas méchant, seulement un peu fou quand il avait beaucoup bu.
Il a jamais tué personne, mon papa, il se vantait. Au contraire, il a empêché beaucoup de gens de mourir."
J'avais été touchée par le ton faussement naïf d'un petit garçon qui raconte son enfance un peu bousculée avec un papa médecin, trop porté sur l'alcool...tout en lui rendant un hommage plein de tendresse...et de compassion !
Je rédige avec un important décalage ce billet...n'étant pas encore sur Babelio...car je viens d'achever son dernier ouvrage , "Je ne suis pas seul à être seul"; une sorte de bilan de vie d'un écrivain octogénaire, ayant perdu , en grande partie, les êtres les plus chers...et parlant d'un fléau sociétal : la Solitude...tout cela avec le même humour , une autodérision, de l'humour grinçant comme son grand ami, Pierre Desproges, des pirouettes pour faire rire . Un auteur "écorché vif"... qui parvient à faire rire de toutes les "gravités" de l'existence !
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Quand il est devenu grand et docteur, papa a toujours gardé dans sa poche un chapelet. C'était un vieux chapelet avec des grains noirs comme des grains de café. Il disait à maman que c'était pour résister à la tentation. Et papa, il avait beaucoup de tentations. Dans le Nord, il y a beaucoup de cafés.
Papa, il disait à maman que, quand il passait devant un bistrot, il serrait son chapelet très fort. Mais il rentrait quand même dans le bistrot.
Le chapelet de papa, ça devait pas être un bon chapelet.
Il soignait les gens, des gens pas riches, qui souvent ne le payaient pas, mais ils lui offraient un verre en échange, parce que mon papa, il aimait bien boire un coup, plusieurs même, et le soir, quand il rentrait, il était bien fatigué. Quelquefois, il disait qu'il allait tuer maman, et puis moi aussi, parce que j'étais l'aîné et pas son préféré.
Il était pas méchant, seulement un peu fou quand il avait beaucoup bu.
Il a jamais tué personne, mon papa, il se vantait. Au contraire, il a empêché beaucoup de gens de mourir.
Un jour, dans un café, c'était pendant la guerre, papa avait acheté un vrai savon de Marseille au marché noir. Avant de le rapporter à maman, il l'a essayé pour voir s'il l'avait bien. Puis il l'a fait essayer à ses copains.
Dans le café, tout le monde s'est lavé les mains.
Chaque fois qu'un nouveau client arrivait, papa lui faisait une démonstration de lavage, puis il lui faisait essayer le savon et on buvait un coup à la santé du savon.
À la fin de la journée, tout le monde dans le bistrot était dans un sale état, mais tous ils avaient les mains propres.
Le soir, quad papa est rentré à la maison, il était bien fatigué. Le gros savon qu'il a rapporté à maman, il était plus petit qu'une pièce de cinq francs.
Le bonheur, c'était tout simple. Il suffisait que papa soit gentil, alors maman devenait heureuse, et nous les enfants avec.
Le lendemain, papa, il est rentré tard, très fatigué, il était plus gentil du tout, c'était plus le même papa.
Pour papa, ça devait pas être aussi simple que ça, le bonheur.
Papa, il était pas comme les autres docteurs. Il était pas bien habillé. Il avait toujours une grosse canadienne en cuir et surtout, il y avait ses souliers.
Ils étaient tellement usés que les semelles s'étaient décollées, elles s'ouvraient devant, ses souliers avaient tendance à sourire.
« Éditeur en marchant, écrivain en courant »
Avec Justine Lévy, Marie Modiano & Peter von Poehl, Éric Reinhardt, Anne Plantagenet, Isabelle Jarry, Teresa Cremisi, Capucine Ruat, nicole Lapierre, Jean-Louis Fournier...
Animation : Sandrine Treiner
Jean-Marc Roberts fut l'une des figures les plus flamboyantes des lettres françaises. Écrivain précoce, il publie son premier roman à dix-sept ans et découvre alors ce que sera sa vie : se mettre au service des auteurs et des livres. Immense découvreur de talents, il insufflera à la littérature audace et élégance, ne se souciant jamais de la bien-pensance. Pas de ligne éditoriale, plutôt un air de famille joyeusement recomposée qui lui ressemble. Il publie notamment Vassilis Alexakis, Didier Decoin, Christine Angot, Erik Orsenna, et aussi Nina Bouraoui, Philippe Claudel, Aurélie Filippetti, Jean-Louis Fournier, Brigitte Giraud, Luc Lang, Justine Lévy, Eric Reinhardt, François Taillandier…
À l'occasion du 70e anniversaire de sa naissance, cette soirée composera un portrait à son image, vivant et éclectique. Il y sera question de music-hall, de football et de cinéma, de Michel Piccoli et de Nathalie Baye, d'une petite femme et d'un père américain, des émissions de Jacques Chancel, Bernard Pivot et Pierre Desproges, de Hervé Guibert et de Jean Cayrol, de poker, de variétés française et italienne… et bien sûr de fêter la littérature.
À lire – Collectif, sous la direction de Capucine Ruat, “Je vous ai lu cette nuit”. Hommage à Jean-Marc Roberts, Albin Michel, 2023.
Son par William Lopez
Lumière par Iris Feix
Direction technique par Guillaume Parra
Captation par Claire Jarlan
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