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EAN : 9782869301917
192 pages
Payot et Rivages (15/11/1988)
3.93/5   93 notes
Résumé :
Pour avoir voulu arnaquer un patron de bar, Roy reçoit un coup de batte au ventre. Malade, il ignore qu'il est atteint d'une hémorragie interne et ressasse son existence.

Roy a été élevé par sa mère, Lilly, une lionne n'aimant que l'argent et qui n'a jamais assumé son rôle. Parti tôt sans bagage, Roy a suivi la trace de Lilly qui lui a transmis son goût du lucre. Représentant pour la façade, il a accumulé un joli pécule après sept ans d'arnaques en t... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Je retrouve Jim Thompson après une longue éclipse et en refermant ce livre je me demande bien comment j'ai pu me priver si longtemps de la compagnie de cet auteur talentueux.
Au rayon roman noir, il est l'un des meilleurs, et avec ce titre on touche la perfection ni plus ni moins. Avec les arnaqueurs on entre dans un univers fascinant, ne serait-ce que parce que c'est déjà un monde à part, l'évocation des différentes combines et leurs mises en oeuvre se révèlent intéressantes et quasi documentaires, côté contexte, j'étais déjà comblé.
Ensuite il y a cette incursion dans la psyché des arnaqueurs, ici il ne s'agit pas d'arnaques de haut vol mais plutôt de combines à "la petite semaine", ce qui constitue une activité relativement risquée comme vous le constaterez en introduction.
Etre arnaqueur c'est une vocation et une malédiction, quand on est doué et que l'on s'est accoutumé à l'argent facile, il est difficile voire impossible de concevoir de vivre une vie normale, la psychologie de ces gens est très particulière et l'essentiel de cette histoire va nous le démontrer.
Si j'ai été bluffé par cette lecture c'est aussi en raison d'un scénario simplement génial, quasi documentaire et qui fait la part belle à la psychologie, sans aucune outrance, juste passionnant et totalement imprévisible jusqu'à une scène finale qui m'a laissé KO debout (enfin assis, mais vous voyez l'idée).
Les personnages sont incroyables de perversité et plus vrais que nature, et ce récit va s'avérer sombre et immoral le plus souvent, la spirale des événements est simplement addictive. Nous avons là l'archétype du roman noir, et pour ce qui me concerne l'un des meilleurs que j'ai pu lire, sans hésiter.
Trois portraits d'arnaqueurs en la personne de Roy, de sa mère Lilli et de Moira, ce qu'ils ont vécu explique ce qu'ils sont devenus, ce n'est pas une excuse mais très certainement une explication.
Pour information, cette histoire a été adaptée au cinéma.
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Ouah ! Que ce texte est terrible, plutôt démoralisant, noir dès le début, et quand on croit que les choses peuvent s'arranger, la situation du héros s'améliorer, et bien non, tout va de mal en pis. Les personnages sont presque tous cabossés par la vie, chacun à sa manière, presque tous font dans l'escroquerie, petite ou grande, chacun dans son genre. La plume de l'auteur est magistrale, mordante, il y a du rythme, il se passe toujours quelque chose, un happy-end semble possible, plausible, car chacun cherche à changer plus ou moins de vie, car tous sont conscients que leur situation, leur façon de vivre, est sans issue, mais voilà, la faute à pas de chance, tout capote, il y a toujours un grain de sable qui s'en mêle. Roy est coincé entre ses relations avec sa mère Lily (qu'il n'avait pourtant plus vu depuis des années) et avec les femmes, Moira et Carol. Ce roman ne véhicule aucune étincelle positive, au contraire il démolit chaque lueur d'espoir. Je suis très contente d'avoir découvert cet auteur et ce livre, mais il faut avoir bon moral pour le lire, c'est vraiment noir déprime.
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Roy Dillon reste prostré dans sa voiture. Un commerçant qu'il a tenté d'arnaquer lui a mis un coup de batte dans l'estomac. Roy est pourtant d'une très grande prudence. Il a choisi la profession de représentant pour couvrir ses larcins. de retour dans sa chambre, il reçoit la visite de sa maîtresse, Moira. C'est une femme mûre, ravissante et mystérieuse. Nos deux tourtereaux ignorent tout l'un de l'autre. Peu après, Roy reçoit une nouvelle visite, mais cette fois-ci elle est inattendue. Sa mère, Lilly, vient exercer ses activités troubles à Los Angeles. Elle trouve un fils très affaibli et décide de le faire hospitaliser. Grâce à son intervention, Roy est sauvé. Sa convalescence va lui permettre de faire une mise au point salutaire sur sa vie mais il subit l'influence de deux femmes au fort tempérament.

Le roman est d'une grande fluidité narrative, l'écriture est incisive, sans temps mort, les dialogues sont concis. "Les arnaqueurs" est moins sombre et moins violent que les autres titres de l'auteur. Il n'en reste pas moins d'une grande noirceur. Les personnages tentent sans succès d'échapper à leur condition, conscients qu'une vie consacrée à l'arnaque ne peut connaître de fin heureuse. le récit est centré sur la relation tortueuse et perverse de Roy Dillon et de sa mère, une vraie mante religieuse. Et comme toujours chez Jim Thompson, à la fin, c'est le cynisme qui l'emporte.
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Les auteurs de genre contemporain auront beau faire , aucun ne pourra jamais atteindre le niveau de Thompson .
Méme Ellroy ou Lehane.
Cette histoire entre les mains du premier tacheron venu n'aurait rien donnée .
Entre les mains de Thompson c'est un éniéme roman culte .
Cette histoire est glauque , trés trés noire , mais jamais graveleuse , sans aucun temps mort .
Le style est l'un des plus beaux et acérés jamais vu .
Thompson délivre ici une symphonie macabre , qui laisse le lecteur exsangue tellement l'expérience est forte .
On à beau lire et relire ce roman incroyable, jamais aucune lassitude , et une nouvelle découverte à chaque lecture .
Ce roman est un chef d'oeuvre !
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Le roman suit les tra­jec­toires imbri­quées de trois arna­queurs fon­da­men­ta­le­ment très dif­fé­rents. le per­son­nage prin­ci­pal, Roy Dillon, joue dans la cour des petits : soli­taire, il applique deux ou trois “trucs” pour gagner quelques dol­lars faciles, pas de par­te­naires, pas de coups trop ambi­tieux, une vie de VRP médiocre qu'on croi­rait bien ran­gée, sans luxe appa­rent mal­gré un beau magot amassé au fil des ans. Il y a la mère, Lilly, qui joue dans la cour des grands : pour Bobo Jus­tus, un book­ma­ker mafieux avec lequel on ne rigole pas, elle joue de grosses sommes pour tra­fi­quer les cotes des che­vaux sur les champs de courses. Oh bien sûr Lilly joue un peu avec le feu, his­toire de se mettre de temps en temps quelques dol­lars de côté. Il y a Moira enfin, la maî­tresse de Roy, qu'on croi­rait « inno­cente » mais dont on apprend au fil du roman qu'elle tente de refour­guer de faux dia­mants et qu'elle a passé dix ans avec un autre arna­queur, Cole « le fer­mier » qui lui fit vivre ses plus belles années avant de perdre la rai­son. Moira n'est pas en soi une arna­queuse, c'est une asso­ciée à la recherche de son aco­lyte, le genre de fille qui use de ses charmes pour mieux ama­douer les pigeons.

Le roman com­mence quand Roy, à la suite d'une petite arnaque, se prend un coup de batte de base­ball dans le ventre.

« A pré­sent, ins­tallé dans sa voi­ture et recon­si­dé­rant les événe­ments, il n'arrivait pas à déce­ler d'erreur dans sa démarche, il n'y avait eu aucune faille dans son numéro. C'était seule­ment un manque de chance. Il était tout sim­ple­ment tombé sur un os, un os impré­vi­sible.
Il devi­nait juste. Et sans le savoir, il devi­nait juste aussi pour tout autre chose.
[…] Il pour­rait éviter la mort s'il se soi­gnait conve­na­ble­ment. Sinon, il ne lui res­tait que trois jours à vivre. »

La fin du pre­mier cha­pitre bien sûr donne le ton et le nar­ra­teur nous réserve bien des sur­prises. Lilly, sa mère qu'il n'a pas revue depuis qu'il a quitté la mai­son fami­liale, réap­pa­raît sou­dain et lui sauve la vie en le fai­sant admettre à l'hôpital. C'est à par­tir de cette seconde nais­sance que tout se complique…

La noir­ceur qui entoure peu à peu ces trois per­son­na­li­tés n'est pas lourde mais vapo­reuse, elle s'immisce len­te­ment : lâcheté, men­songe, tra­hi­son, ins­tinct de sur­vie, cupi­dité extrême, amour inces­tueuse, haine… le tableau se noir­cit cres­cendo, on veut croire avec Roy qu'il y a une issue pos­sible à ce cau­che­mar, que la rédemp­tion est pos­sible, que même les fan­tasmes les plus obs­cures doivent res­ter inas­sou­vis… Mais quand les engre­nages sont en route, plus rien ne les arrête…

C'est un roman court dont la fin ful­gu­rante nous laisse KO au der­nier round, comme si on avait soi-même, comme Roy, pris un coup de batte dans le ventre.
Lien : http://www.labyrinthiques.ne..
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
L'uniforme cède, puis les sous-vêtements. Puis cette pudeur farouche, ces frayeurs profondes et tout le passé. Elle naquit à nouveau dans l'obscurité voilée de la chambre; le passé s'efface devant l'avenir.
La marque bleutée était là bien visible sur le bras gauche nonchalamment étendu, mais ça n'était désormais qu'une cicatrice enfantine, presque oubliée; estompée par le temps, amoindrie par la croissance. Elle n'avait plus d'importance. Et les souvenirs qui s'y rattachaient n'avaient plus d'importance ( la stérilisation, et la perte de virginité) tout cela n'avait plus aucune signification, même le tatouage indélébile du cap de Dachau.
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La mine verdâtre, Roy Dillon sortit en titubant du magasin, chacune de ses respirations le plongeant dans des affres inimaginables. C'est souvent ce que provoque un bon coup dans les tripes et Dillon venait d'en recevoir un fameux. Non pas un coup de poing, c'eût été déjà suffisamment douloureux, mais un coup asséné de l'extrémité d'une lourde batte.

Tant bien que mal il regagna sa voiture et parvint à e glisser sur le siège. Il ne pouvait faire plus. Le changement de position contractant ses parois abdominales, il émit un râle puis réprimant un hoquet se pencha par la portière.
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- Lorsque vous êtes entrée, je lisais justement une histoire merveilleuse. Un auteur du nom de Bluegum La Bloat. Vous connaissez ?
- Mmm, ça me dit vaguement quelque chose.
-Je trouve que c’est ce qu’il a fait de mieux, poursuivit Roy. Cela se passe dans les toilettes pour hommes d’une gare d’autobus, et les personnages en sont un vieil homme très bien de sa personne et un jeune garçon obèse, qui tous deux vivent dans des latrines payantes. Ils ne prêtent aucune espèce d’attention au restant du monde Simplement désireux de soulager leurs besoins intimes et naturels. Mais y parviennent-ils vraiment ? Bien sûr que non ! Chaque fois qu’ils se mettent en branle – veuillez excuser mon langage – un connard atteint de diarrhée se rapplique en vitesse et glisse une pièce dans la fente. Sacrifiant à la nature, sans retenue aucune, l’abruti leur coupe tous leurs effets, et leur envie disparaît aussitôt. A la fin, frustrés de toute satisfaction, ils ramassent des trognons de pommes qui traînent dans les gogues et se réfugient au plus profond de la forêt pour se confectionner une tarte.

Moira lui jeta un regard noir.
- je vais me plaindre au contrôleur, déclara-t-elle.
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Mais qui lui était-il arrivé? Pourquoi n'avait-il pas rectifié le tir?

Il y avait eu erreur, c'est certain. Mais dans l'histoire, elle n'était pas vraiment perdante. Pourquoi n'avait-il pas réussi à le lui faire comprendre? Pourquoi? Lui qui pouvait d'habitude rouler le premier venu dans la farine sans rien craindre en retour?

On ne peut tromper les honnêtes gens, songea-t-il. Et cette seule pensée suffit à l'agacer démesurément.
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La mère de Roy Dillon venait d’une famille de bouseux établie dans un trou paumé du sud. Elle avait treize ans lorsqu’elle épousa un cheminot de trente ans, et presque quatorze lorsqu’elle donna naissance à Roy. Un mois environ après la naissance, son mari fut victime d’un accident qui la laissa veuve. Les circonstances du drame furent telles que, pour quelqu’un de sa condition, elle se retrouva alors plutôt bien nantie. Deux cents dollars par mois pour elle seule. Elle entendait bien en profiter.
Sa famille, chez qui elle s’était empressée de larguer Roy, ne le voyait pas de cet œil-là. Ils élevèrent l’enfant pendant trois ans, extorquant à l’occasion quelques dollars à leur fille. Puis un beau jour, son père débarqua en ville, Roy sous un bras, et de l’autre agitant un fouet de cocher. Il s’appliqua alors à faire la démonstration d’une théorie qui lui avait toujours été chère et selon laquelle une fille n’est jamais trop vieille pour tâter du fouet.
Le caractère de Lilly Dillon était formé depuis longtemps déjà et la correction n’eut que peu d’effet. Cependant, n’ayant pas le choix, elle dut garder Roy et redoutant la promesse que son père avait faite de l’avoir à l’œil, elle déguerpit au plus vite.
Installée à Baltimore, elle se fit engager comme entraîneuse, un emploi lucratif et fort peu pénible. Fort peu pénible surtout, vu la façon dont elle entendait l’exercer. Lilly Dillon ne tapinait pas ; du moins certainement pas pour un verre et quelques dollars. Son incorrigible arrogance agaçait souvent les clients, mais lui valut pourtant d’impressionner favorablement ses patrons. Après tout il ne manquait pas de catins, de roulures qui se laissaient embarquer pour un verre ou un sourire. Mais une jolie poupée comme elle, qui avait de l’allure, de la classe et était en plus extrêmement dégourdie, on trouvait certainement son compte à l’embaucher.
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Vidéo de Jim Thompson
L?action se déroule sur une journée, un samedi de Pâques. Tôt le matin, la foudre s?abat sur Richard Weatherford, pasteur respecté d?une petite communauté de l?Arkansas. Son jeune amant vient lui réclamer le prix de son silence : 30 000 dollars. Marié, cinq enfants, prêcheur intégriste, toujours prompt à invoquer la figure de Satan pour stigmatiser les homosexuels, embarqué dans une croisade pour la prohibition de l?alcool, Richard va tout faire pour préserver la façade de respectabilité qu?il a patiemment construite. A n?importe quel prix. Au nom du bien. Au bout de ce samedi noir, la petite ville sera à feu et à sang, mais Richard Weatherford aura réussi à sauver sa réputation?
Fils d?un prêcheur baptiste, Jake Hinkson continue à régler ses comptes. Après L?Enfer de Church Street et Sans lendemain, Au nom du bien enfonce le clou avec une rage jouissive. Admirateur de Flannery O?Connor et de Jim Thompson, Hinkson livre un texte polyphonique, radicalement noir, portrait au tranchoir d?une petite communauté étouffante, prisonnière de valeurs hypocrites et d?une morale d?un autre âge. En bon auteur du Sud, il pousse le jeu jusqu?à son paroxysme. La fin, qui se déroule un an plus tard et montre le pasteur dans son prêche de Pâques, droit devant l?armée des âmes bien pensantes, est un monument de cynisme ravageur. Entre-temps, Donald Trump est arrivé à la Maison-Blanche. Michel Abescat Dry County, traduit de l?anglais (Etats-Unis) par Sophie Aslanides, éd. Gallmeister, 320 p., 22,60 ?.
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