Payot et Rivages [corriger]

Je découvre l’œuvre de Javier Marías (1951-2022) avec ce court roman qui le fit connaître en 1986. « L’Homme sentimental est une histoire d’amour dans laquelle l’amour n’est ni montré ni vécu, mais annoncé ou remémoré », annonce l’écrivain espagnol dans la préface.



Le narrateur est un ténor espagnol célèbre, surnommé le Lion de Naples. Il a rêvé le matin même alors qu’il faisait déjà jour, à ce qui lui était réellement arrivé quatre ans auparavant et a choisi de l’écrire, repoussant l’éveil et le moment du petit déjeuner.



Il se trouve alors dans un train se rendant à Madrid où il répètera puis interprètera le rôle de Cassio dans l’Othello de Verdi au théâtre de la Zarzuela. Face à lui, sont assis deux hommes encadrant une femme endormie qu’il scrute à loisir. Le premier homme a de toutes petites mains et se regarde dans le reflet de la fenêtre du train ; L’autre homme lui semble riche, froid et arrogant. Le visage de la femme est recouvert d’épais cheveux mais lors d’ une secousse soudaine du train, il peut l’apercevoir et sentir « qu'elle se défaisait dans la mélancolie ». Au bar de l’hôtel, il fait la connaissance de Dato l’homme aux petites mains. Il lui apprend que ses deux compagnons de voyage forment un couple marié. L’homme arrogant est un très puissant homme d’affaires flamand nommé Jeronimo Namur. Dato est un accompagnateur chargé par le mari apparemment omnipotent de distraire et de surveiller son épouse, Natalia. Natalia et Dato assistent bientôt à toutes les répétitions du ténor. Ils dînent ensuite comme des amis et se disent au revoir au crépuscule avant que Natalia ne rejoigne le banquier…

Le narrateur imagine Natalia avec un souci du détail obsessionnel. Il les imagine tous les deux, il se pose mille questions sur les habitudes, les pensées, l’imaginaire de Natalia et la vie qu’elle mène avec le banquier froid dans les hôtels de luxe. Et il émet des hypothèses sur ce que Namur ressent ou ne ressent pas. Le ténor imagine différents scenarios de leurs retrouvailles et décide de la conquérir...





J’ai beaucoup aimé ce roman d’une efficacité redoutable qui m’a fait penser parfois à du Nabokov (en particulier à Roi, Dame, Valet) par sa narration ludique. Le lecteur sait que le narrateur est peu fiable et doit lire entre les lignes. Les doutes du narrateur sur l’exactitude de ses souvenirs se doublent de celles du lecteur sur ses motivations et ses interprétations. Le lecteur peut aussi comparer les personnages du roman à ceux d’ Othello. Le roman réserve bien des surprises, jusqu’à la fin.

C’est un livre sur le désir, la passion et la jalousie, le mariage mais aussi sur le Temps. Javier Marías brouille les frontières entre le rêve et la réalité, entre ce qui est vécu, ce dont on se souvient et ce qui pourrait être imaginé. L’écriture est dense, sinueuse, digressive mais on ne perd jamais le fil conducteur du récit. Le narrateur-ténor, qui ne descend que dans les hôtels de luxe, prend le temps de réfléchir à l'existence solitaire d'un chanteur d'opéra, se déplaçant sans cesse d'une ville à l'autre. Sa vie nous explique-t-il ressemble à celle d'un voyageur de commerce, une comparaison à l'humour pince-sans-rire. La solitude est l’autre grand thème du livre. Les quatre personnages principaux sont seuls, les personnages secondaires également. La description tragi-comique des excentricités pathétiques du grand Hörbiger, ténor principal en fin de course avec lequel le narrateur-Cassio se produit lors de sa tournée, est terriblement édifiante. Le Lion de Naples devrait se méfier.



Je poursuivrai ma découverte de l’oeuvre de Javier Marías avec grand plaisir.

#jamesleeburke est un auteur que j’ai beaucoup croisé en librairie sans pour autant oser le découvrir.



J’ai découvert une plume d’une beauté incroyable, empreinte d’une mélancolie saisissante.



Il aurait pu écrire une recette de tarte aux pommes que j’aurai apprécié ma lecture tellement j’ai été séduite par sa plume.



On plonge ici dans un roman noir qui se passe en 1962 dans l’ouest américain et alors au delà de l’intrigue, j’ai été impressionnée par son amour de l’Amérique, des grands espaces vides, des petites villes miteuses, des paysages …



Pour ce qui est de l’intrigue, j’avoue ne pas avoir trop accroché, sans doute parce que j’ai eu un peu de mal avec le personnage principal qui est Aaron.



Aaron est un voyageur en quête de quelque chose, il se cherche, il cherche à guérir aussi.



C’est à Denver qu’il va poser ses bagages et travailler dans les champs pour un homme bon et loyal.



Il va vite tomber sous le charme de Jo Anne, une jeune étudiante en art.



Et nous allons suivre Aaron dans son cheminement entre amours, beatnik, stress post traumatique et morts mystérieuses.



Roman d’ambiance avant tout, j’avoue avoir peu compris l’intégralité de l’intrigue tellement la plume est onirique.



Une découverte qui m’a plu.

Joe Egan a rencontré la mort, à 11 ans .C’était une jolie blonde glamour vêtue de noir .Elle venait chercher un voisin mais elle lui a dit en le quittant : « on se reverra » . Banal, on finit tous par la revoir un jour,la donzelle. Mais Joe Egan décide de lui échapper :de ville en ville , de femme en femme ,parfois clochard ,parfois prospère ,armé de son talent (fluctuant) au poker , sa vie ne sera plus qu’une longue fuite. Cet argument appartenant au genre fantastique (variante humoristique) est assez classique , donne ,dans cet ouvrage ,un récit rythmé ,souvent amusant mais tout de même très répétitif . Un peu décevant.