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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Comment fait-on pousser les fleurs du mal?

Très tôt le jeune Charles Baudelaire a choisi d'être un poète. Dans cette biographie romancée, Jean Teulé raconte comment Les Fleurs du mal ont fini par avoir la peau de ce stupéfiant personnage. le premier roman des éditions Mialet Barrault est une réussite!

Il arrive au bout du chemin. À Namur, en sortant d'une église, il fait une mauvaise chute qui lui fait lâcher ce juron: et, soutenu par deux amis, va regagner Bruxelles où des religieuses le prennent en charge avant qu'il ne puisse regagner Paris.
Nous sommes en 1867. Voici venu le temps de se retourner, de regarder le chemin parcouru. Enfant, c'est dans les jupes de sa mère que Charles Baudelaire se sentait heureux. À tel point qu'il se réjouit du décès de son père, car désormais la femme de sa vie ne sera que pour lui! Un bonheur qui sera toutefois éphémère, car après quelques mois sa mère a retrouvé chaussure à son pied. Elle épouse le chef de bataillon Jacques Aupick. Charles, qui se sent trahi, n'est pas au bout de ses peines. Car ce beau-père entend faire son éducation. Après son renvoi du Lycée Louis le rand, il décide de le faire embarquer sur un navire partant vers les Indes pour une année qui doit l'aguerrir, en faire un homme.
À bord, il n'apprécie guère la compagnie des passagers, pour la plupart des commerçants, et préfère se consacrer à la poésie dont il est persuadé qu'elle fera sa gloire. Il réussira à Dépasser Hugo. L'escale à l'île Maurice lui donne l'opportunité de rebrousser chemin. Après six mois en mer, il débarque à Paris. Désormais majeur, il va pouvoir mener la grande vie avec l'héritage que lui a laissé son père. Il prend un appartement, achète des toiles et des toilettes et s'offre des femmes et de la drogue. Mais la fille de joie sur laquelle il a jeté son dévolu, Sarah la Louchette, va lui offrir une blennorragie. Qu'il va s'empresser de soigner en changeant de partenaire. Il s'acoquine alors avec Louise Duval, une grande tige à la peau d'ébène, qui lui fera un autre cadeau, la syphilis. Il n'a guère plus de vingt ans et déjà ses jours sont comptés. Car au milieu du XIXe siècle la vérole encore fait des ravages. Alors les médecins prescrivent du laudanum. Et Baudelaire en use et en abuse, ajoutant un cocktail d'autres drogues à son médicament.
Le poète va brûler la vie ou la sublimer, c'est selon.
Après avoir exploré l'univers de François Villon, la plume de Jean Teulé se régale de celui de Baudelaire en revisitant le Paris en pleine mutation de l'époque, au moment où Haussmann redessine l'architecture à coups de démolitions et de saignées dans les rues un peu tortueuses. Mais suivre Baudelaire, c'est aussi faire la connaissance du milieu artistique de l'époque. On y croise Gustave Courbet, Maxime du Camp, les frères Goncourt, Théophile Gautier, Manet ou encore Hugo qui tonne depuis son exil anglo-normand contre ce Napoléon III qui vient de prendre le pouvoir. Si Baudelaire n'aime guère le grand écrivain – mais qui aime-t-il vraiment ? – il le rejoindra dans ce mépris, ainsi que Gustave Flaubert.
Parmi les anecdotes les plus croustillantes retrouvées par l'auteur de Entrez dans la danse, il y a ces séances de pose chez Courbet pour son tableau L'Atelier du peintre. Baudelaire y pose avec Jeanne Duval puis demande à son ami de l'effacer de sa composition avant de revenir sur son choix.

L'Atelier du peintre de Gustave Courbet (1855), avec à droite, au premier plan, Baudelaire lisant assis sur une table et Jeanne Duval réapparaissant, à la gauche de la porte, par exsudation du liant et de la peinture au bout d'une cinquantaine d'années. © Commons Media – Musée d'Orsay

Mais le point fort du livre réside dans la mise en scène des Fleurs du mal. Grâce à Jean Teulé, on retrouve les poèmes dans leur contexte, de leur genèse à leur écriture et la volonté hallucinée de l'auteur de rompre avec les codes classiques du sonnet, de renouveler la thématique mais aussi de choquer. Les pérégrinations du manuscrit et les déboires de son éditeur Auguste Poulet-Malassis montrent à quel point il aura réussi. le procès et la ruine viendront mettre un terme à la première édition de ce recueil aujourd'hui considéré comme une pierre angulaire de la poésie française. Crénom !


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Voilà une biographie romancée qui ne peut laisser de marbre ! Á la découverte de ce Baudelaire détestable et antipathique à foison, certains seront sans doute heurtés, mais le talent de Jean Teulé est tel qu'il finit par nous faire aimer ce poète scandaleux, inadapté à son époque. Á travers une vie de débauche et de vices, il laisse entrevoir le génie sublime d'un poète tourmenté. Sa souffrance provoquée par la syphilis, son addiction au laudanum et à l'opium le rendent vulnérable mais jamais il ne se départit de sa certitude d'être un génie incompris.
Lorsqu'on aime l'oeuvre de ce grand poète, il est passionnant de la voir inscrite dans une histoire pleine d'humanité, même si la figure baudelairienne en prend un sacré coup. La misanthropie et le vice de son auteur n'enlève rien à la beauté de l'oeuvre et l'on apprécie davantage « Les fleurs du mal » en plongeant dans sa genèse.
Jean Teulé est un remarquable conteur qui, sous nos yeux, sait recréer une époque et son ambiance. On retrouve là un Paris bouleversé par les travaux d'urbanisation du baron Haussmann, on y croise aussi de nombreux artistes de l'époque comme Courbet, Manet, ou encore Lamartine, du Camp ou les frères Goncourt.
Le récit est rythmé, l'écriture mêle parler de l'époque et tournures plus contemporaines. Çà et là quelques extraits de « Fleurs du mal » sont bien amenés et j'ai bien aimé les anecdotes qui les accompagnent. C'est dialogué, avec une once d'humour, ce qui rend la lecture réjouissante et vivante.
Avec « Crénom, Baudelaire » Jean Teulé apporte un éclairage particulier à un grand monument de la poésie du 19e siècle.
Une lecture délectable et réjouissante que je vous conseille chaudement.

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Cette lecture n'est pas la résultante de la disparition récente du regretté Jean Teulé ; ce livre faisait partie de ma PAL ( acronyme djeun... sourire ) et s'il figurait dans ces livres en attente d'une mise en relation, c'est qu'après avoir lu - Ô Verlaine - et - Je, François Villon -, j'avais décidé de poursuivre mes aventures dans l'univers singulier de cet auteur iconoclaste.
Ce que beaucoup qualifient ( à raison ) de biographie, est plus à mon sens le récit de la vie de Baudelaire vue à travers le regard ( certes globalement respectueux des faits avérés par les biographes et historiens du poète ) très imaginatif de cet écrivain tout à la fois homme de plume, homme de cinéma et de télévision et auteur de bandes dessinées.
Il ne faut pas approcher cette lecture, ce serait une mauvaise approche, comme on aborde la biographie scrupuleusement étudiée et quelquefois ennuyeusement rapportée de la vie de l'auteur des - Fleurs du mal -.
La meilleure approche, à mon sens, consiste à embarquer pour un film télé ou ciné, un conte, une BD sur la vie de ce génie que "ses ailes de géant" ont empêché de marcher comme les "autres"...
Et là, croyez-moi, débarrassé de tout formalisme académique, de tout a priori "intellectualisant" on entre en 3D dans ce Paris de la Restauration et du second Empire que Teulé parvient à restituer de manière palpable, charnelle... et si l'on se balade dès potron-minet près d'un hôtel "interlope", on peut avoir la chance de voir soudain se dessiner deux silhouettes quittant à la ficelle ledit hôtel.
Et si, la chance et une bonne vue aidant se mettent de la partie, l'une des deux silhouettes, celle d'un petit bonhomme d'1,65m et l'autre celle d'une immense mûlatresse d'1,84m, pourraient bien être les silhouettes d'un dénommé Charles Baudelaire et d'une supposée nommée Jeanne Duval...

L'histoire commence par la fin ( procédé narratif on ne peut plus classique et banal ). Baudelaire sort de l'église Saint-Loup de Namur ( Belgique ) et s'écroule victime d'un AVC ; il a 46 ans.
Il est hémiplégique et aphasique ; le seul mot qu'il parvient à articuler encore et toujours est " crénom", interjection utilisée comme juron ( sacré nom de Dieu ! ), censé exprimer la surprise, l'impatience, la colère...
Point mort encore, il est placé à l'institut-couvent Saint-Jean-et-Sainte Élisabeth de Bruxelles d'où une petite dame de 72 ans, sa mère, vient le libérer, libérant par la même occasion les soeurs et le personnel que ce personnage outrancier a malmené durant son séjour de tout ce qui lui reste de venin à distiller sur ce genre d'institution et celles et ceux qui le servent ; un monde et des êtres qui sont aux antipodes de ce qu'est Baudelaire.
Jean Teulé n'a plus qu'à dérouler le fil de vie du poète... de sa naissance à sa mort.
Pour celles et ceux qui connaissent la vie de Baudelaire, inutile de rééplucher ici son CV... la naissance dans un milieu aisé, l'adoration mortifère pour sa mère, le décès prématuré de son père deux fois plus âgé que son épouse, l'héritage de 100 000 francs-or qui l'attend à sa majorité ( 21 ans ), le remariage de sa mère avec le commandant Aupick ; une trahison qu'il ne pardonnera jamais à "la femme de sa vie", le sabotage de ses études avec comme punition un voyage d'un an sur le Paquebot-des-Mers-du-Sud, voyage écourté par l'écoeurement du jeune Baudelaire pour l'ennui, pour la mer, pour la vie en communauté, pour la privation de liberté. Puis c'est le retour à Paris, un an et demi de folle liberté et de dépenses somptueuses grâce à l'héritage de son père, la fréquentation des bordels, des prostituées, de la bohême, sa rencontre avec la "grande" Jeanne Duval qui lui colle la syphilis, son addiction aux drogues ( haschich, opium, éther à des doses chevalines ), la mise sous tutelle du poète et de son héritage, sa vie devenant alors une course contre les huissiers et les dettes, sa lente descente aux Enfers entouré de ses démons... avec comme point d'orgue l'accouchement dans la douleur de son oeuvre majeure - Les fleurs du mal -, le procès qui s'ensuit avec la condamnation de son éditeur... qui fait faillite, son exil en Belgique jusqu'à l'accident de l'église Saint-Loup, sa mort le 31 août et ses obsèques entre canicule oppressante et violent orage.
Son dernier voeu non respecté concernant son épitaphe qu'il avait libellée ainsi :
"Ci-gît, qui pour avoir trop aimé les gaupes,
Descendit jeune encore au royaume des taupes"
En gros, c'est ce que tous ceux qui ont un peu fréquenté l'école savent sur la vie du poète.
Bien évidemment Jean Teulé y introduit des éléments plus riches, plus denses... des anecdotes et des "détails" moins connus où vérité historique et extrapolation fictionnelle se mêlent de manière tout à fait plausibles.
Je citerai sa "liaison" éphémère avec Apollonie Sabatier, la "femme piquée par un serpent", rendue célèbre par le sculpteur Clésinger ( sculpture après moulage...), dont Baudelaire s'entiche comme on le fait d'une Déesse, lui envoyant des poèmes anonymes, et lorsqu'il est découvert et que la Déesse ( "la plus belle femme de Paris") s'offre à lui, redevenue simple mortelle,dans la chambre d'un hôtel parisien, c'est le flop pour les deux, la brouille et la rancoeur ; un albatros n'a rien à faire sur terre...
Je peux ajouter les épisodes ayant trait à la fresque de Courbet, fresque pour laquelle Charles et Jeanne ont posé côte à côte et qu'au gré des ruptures et des retrouvailles avec Jeanne, Charles exige de l'artiste tantôt qu'il efface Jeanne, puis lui demande de la repeindre et ainsi de suite...
Et il y a l'exemplaire original des - Fleurs du mal - que le fils a fait relier d'une peau et d'un téton de femme morte ( obtenu(e)s grâce à un interne de ses amis ) à l'intention de sa mère et qui lui est offert en cadeau posthume...
Tout ça relève de l'Histoire et de ce que Teulé le conteur a "interprété" de cette Histoire pour nous la rendre contemporainement vivante.

La technique narrative de Jean Teulé n'a rien non plus de très original. Il reprend dans "Crénom", les outils qu'il avait utilisés pour "Verlaine" et "Villon"... probablement aussi pour "Rimbaud", que je n'ai pas encore lu.
Chapitres scandés par quelques-uns des illustres poèmes de Baudelaire : - L'albatros -, - À une passante -, - Les petites vieilles -, utilisant d'autres poèmes pour faire vivre la narration sous forme de lettres, de dialogues, de pensées : - La charogne -, - La muse vénale... tu mettrais l'univers entier dans ta ruelle -, - La servante au grand coeur -, - le vin de l'assassin -, - À celle qui est trop gaie -, - Enivrez-vous -, - L'aube spirituelle -, - L'irréparable -, - L'ennemi -, - N'importe où hors du monde - etc...
Certains sont proposés intégralement, d'autres ne le sont que partiellement... surtout lorsqu'ils sont prétexte à exprimer une pensée ou utilisés comme éléments de dialogues.
J'ajoute les illustrations, photos, peintures ou les "copies" des interminables annotations des feuillets du manuscrit de - Les fleurs du mal -.
Au milieu de cette syntaxe baudelairienne d'insère avec plus ou moins de bonheur celle du conteur. Et je dois avouer que l'ensemble est plutôt inégal, quelquefois heurté, en tous les cas de moins bonne facture que ne le fut la plume inspirée qui écrivit la biographie de François Villon.

Reste le portrait de Baudelaire tel que perçu par Teulé et dépeint dans cet ouvrage.
Un enfant unique débordant d'une passion malsaine (?) pour une mère "infidèle", devenu un adulte fantasque, caractériel, asocial capable de violence, de cruauté, un misanthrope débauché, un homme à la sexualité que certains qualifieraient de "perverse", "déviante", un polytoxicomane défoncé H/24.
Un génie maudit totalement décalé et inadapté à un monde qu'il ressent comme un coup de poignard, dont il ne peut se passer des plaies que lui cause la lame qu'il s'obsède à effiler obstinément.
Un des plus grands poètes dans le panthéon de la poésie mondiale.

J'ai lu ce livre avec le plaisir qu'offre la plume de Jeant Teulé, toute de malice, de truculence, de verve, de gouaille, de savoir-faire, de trouvailles, de travail, de talent pour son art et pour la vie.

PS : au terme de cette lecture, je me suis demandé si le procédé narratif de Teulé consistant à utiliser les textes composant - Les fleurs du mal - comme éléments de récit, de mise en scène, de décor, de dialogues, de pensées etc, n'était pas un vaste puzzle contenant toutes les pièces de l'oeuvre du poète. Je ne me suis pas livré à ce listage... si quelqu'un l'a fait et a une réponse à me proposer...
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« Comme il est doux d'être haï des sots »

Le Baudelaire que présente Jean Teulé n'est pas le Baudelaire que je connais.
Il est décrit comme un « olibrius toxicomane », un « dandy sans sens moral, méprisant les femmes », un « poseur », un consommateur de thé à la « confiture verte » ( le hashish ), déménageant « à la ficelle » ( à la cloche de bois ) etc.
Pour moi, Baudelaire est le poète que j'ai étudié en classe, auteur de "L'albatros", entre autres.
J'ai donc découvert la face cachée de ce génie. L'auteur utilise un mélange étonnant ( détonnant ? ) de tournures de phrases alambiquées accolées à d'autres plus actuelles et surtout... plus osées. Ses poèmes ponctuent le récit et l'on s'aperçoit qu'il s'inspire souvent des évènements qu'il vit. Les chats courent aussi au milieu des pages, ce qui n'est pas pour me déplaire.
Un roman dérangeant pour moi qui ne connaissait rien de la vie de Baudelaire.
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La vie de Charles Baudelaire est digne d'un feu d'artifice et les toutes premières lignes vont donner le ton du roman. Charles alors âgé d'une quarantaine d'années, s'étale de tout son long sur le parvis d'une église en criant « Crénom », puis nous remontons dans le passé alors qu'il n'a que cinq ans. Il est déjà un enfant étrange, totalement énamouré de sa mère. Lorsque son père décède, celle-ci se remarie et c'est la pire épreuve qu'il ait à subir. Sa relation avec les femmes va dès lors être, des plus conflictuelles. Charles grandit blasé par la vie. Méprisant et cynique, il se délecte d'une mélancolie qui l'assassine. Pour le remettre dans le droit chemin, son beau-père qu'il hait, l'envoie pendant un an à bord d'un navire marchand. Il y écrit son premier poème l'Albatros. Mais Charles regrette « la crasse de Paris », il le sait, son destin sera celui d'un « poète de la grande ville ». À 18 ans, il hérite de son vrai père, la rondelette somme de 100000 francs qu'il s'empresse de dilapider en luxure et en paradis artificiels. Il fait la honte de sa mère en s'éprenant d'une mulâtresse, son « soleil noir », qui le rendra malade mais qu'il aimera toute sa vie. Charles Baudelaire s'enorgueillit de l'indécence et du monstrueux. Ce sont les idées choquantes qui l'inspirent, le reste l'ennuie. Il est néanmoins reconnu comme talentueux par ses écrits et côtoie d'autres artistes et poètes. Fidèle à sa réputation, Baudelaire a toujours été un étranger parmi les siens et « l'étranger c'est l'ennemi », mais il le leur rend bien. Jean Teulé retranscrit à merveille la personnalité égocentrique et le langage fleuri de Baudelaire ainsi que la haine du monde qui suinte du personnage. Cet homme détesté et envié aura marqué l'histoire de la littérature ! Qui aurait cru qu'un jour l'auteur des scandaleuses « Fleurs du mal » serait étudié en classe !
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Jean Teulé nous offre une biographie romancée oh combien extravagante et loufoque d'un des plus grands poètes français ! Irrévérencieux, drôle, vraiment il fallait oser ! le style peut choquer, le ton grivois (parfois plus) aussi mais ce roman ne laisse pas indifférent ! Dans tous les cas, il donne envie de redécouvrir Les Fleurs du Mal.
J'ai aimé cette relation toxique décrite par l'auteur entre notre poète et sa mère, cette relation de dépendance qui peu à peu l'a fait sombrer dans les affres de la drogue.
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Jean Teulé ouvre ce roman biographique sur la chute de Charles Baudelaire à la sortie de l'église de Namur en 1866. Cette scène d'ouverture résume bien la vie du poète, une longue chute le menant à sa déchéance. Comme quoi le génie ne conserve pas !

On apprend beaucoup sur la vie de l'auteur des Fleurs du mal, ce bouquet vénéneux et tellement éloigné de la poésie alors en vogue. L'auteur nous trace un portrait à charge de cet homme de lettre drogué, syphilitique, perclus de dettes et de mépris, aussi misanthrope que ses vers sont sublimes.

Heureusement, la plume incisive et pleine d'humour de l'auteur nous permet de passer un bon moment avec le poète maudit. L'occasion de (re)découvrir sa poésie torturée, mêlant splendeur des sens et charognes putrides. Les vers sont plutôt bien intégrés dans le reste de l'histoire et la lecture est fluide.

L'on y croise d'autres personnalités de l'époque : son ami fidèle Charles Asselineau, sa muse noir Jeanne Duval, Gustave Courbet et Edouard Manet, entre autres, dans le Paris en chantier d'Haussmann sous un Second Empire pétri de bienséance.

La publication des Fleurs du mal, entreprise par l'éditeur Poulet-Malassis - ce qui lui vaudra des démêlés avec la justice - est une véritable bombe et un outrage aux bonnes moeurs.

J'ai écouté ce livre dans sa forme audio, superbement lu par Dominique Pinon qui apporte la gouaille nécessaire au texte enlevé de Teulé.

Je me suis très souvent amusée, j'ai même ri à certains passages mais j'ai trouvé quelques longueurs et répétitions aux péripéties de Baudelaire.

Je salue le travail de recherche tant sur l'artiste lui-même que sur le Paris du 19e siècle.


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Charles Baudelaire était un enfant insolent et affolé d'amour pour sa mère. Il a évidemment mal supporté le remariage de cette dernière avec un militaire ambitieux et brusque. Très vite, le jeune homme s'imbibe des drogues les plus diverses et fréquente les pires prostituées de Paris. « Je sens maintenant en moi une préférence pour les femmes viles, sales, monstrueuses, que ce sont elles qui m'inspireront. J'aime les idées choquantes, le reste m'ennuie. » Ne lui parlez pas d'Hugo : il n'a que faire d'égaler le maître des lettres françaises. Lui veut fouiller l'immonde et le crasseux pour faire sa poésie. Toujours plus saturé d'alcool, de haschich et d'opium, Baudelaire refuse la réalité médiocre. « Ça me métamorphose en poète augmenté qui saura pétrir de la boue pour en faire de l'or. » Sa relation tempétueuse avec Jeanne Duval, la pression de ses créanciers, ses liens malsains avec sa mère ou encore les lents et impitoyables ravages de la syphilis, tout cela compose l'identité du poète qui révolutionne le monde littéraire. « Il m'est agréable que ma vie et mon oeuvre soient déplaisantes aux bourgeois français. »

Le roman est ponctué des poèmes de Baudelaire et de fac-similés de documents écrits de sa main. Après avoir écrit sur François Villon, Arthur Rimbaud et Paul Verlaine, Jean Teulé ne pouvait pas ne pas consacrer un ouvrage à ce poète, maudit parmi les maudits. La plume de l'auteur est toujours plaisante à lire, enlevée et impertinente. Toutefois, même si je sais que les sources sont maigres, je déplore le portrait que Teulé fait de Jeanne Duval. J'ai préféré celui d'Yslaire dans son roman graphique, Mademoiselle Baudelaire.
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C'est avec une grande tristesse, après avoir commencé ce livre que j'apprends que Mr Teulé n'est plus!

C'est grâce à cet homme que j'ai aimé me replonger dans les romans historiques, Villon, Verlaine, Montespan, Charles IX et j'en passe…
Que de bons moments passés aux côtés des protagonistes .

Crénom Baudelaire ne déroge pas, on retrouve l'un des plus grand poète, tout aussi talentueux que torturé.
Comme nombreux artistes, la drogue a contribuée à développer son talent et son art au détriment de sa santé et de son entourage.

Et c'est là où la plume de Teulé était géniale à mon sens, de réussir à ressortir le positif et à nous faire rire malgré un acte ou une situation très noire.

Bref bon vent et merci pour vos oeuvres Mr Teulé.
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Jean Teulé nous propose une rencontre originale et sans ambages avec ce dandy du XIXème siècle. Baudelaire, le poète "maudit". Une oeuvre fascinante. Un homme détestable. 

Plutôt que de cueillir les lauriers scolaires comme l'espérait son beau-père, Baudelaire, qui s'est vu dérober le vert et doux paradis maternel de son enfance par ce même beau-père, préfère partir à la cueillette des hallucinations et se prend dans les mailles du cannabis et de l'opium. Il fréquente les Bohèmes, traite mal les femmes, vit avec extravagance (teinte des cheveux en vert, se promène avec un mouton rose...) dilapide tellement vite son héritage paternel qu'il est mis sous tutelle judiciaire. 

Fasciné par la laideur, la pourriture, ses écrits s'en ressentent, et c'est sous les bienfaits hallucinogènes des opiacés qu'il écrira toute sa vie durant, ses Fleurs du Mal. Des Fleurs qui lui valurent un procès, puis une dépression. « Il se sent sale, inutile et laid comme une chose usée. »

Jean Teulé dépeint un personnage à la plume brillante et novatrice mais aux comportements vertigineusement irrévérencieux. Un portrait plutôt cru et vulgaire, truffé d'anecdotes, mais que j'ai trouvé étonnamment humain. Je ne sais pas si Baudelaire a été ce personnage aussi détestable, mais j'ai aimé parcourir sa vie sous la plume de Jean Teulé (son voyage sur les mers du Sud imposé par son beau-père qui ne voulait plus le voir mener la mauvaise vie, son amitié avec Asselineau, sa vie de débauche, sa mise sous tutelle judiciaire, le procès des Fleurs, son exil en Belgique...), de même que j'ai aimé cette plongée dans un Paris du début du XIXème siècle en pleine transformation. 


Je me suis noté la lecture de la biographie de l'auteur écrite par Marie-Christine Natta.

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