"
Armance" ou la passion refoulée ! Comme j'adore... J'ai toujours trouvé un côté très shakespearien à
Stendhal, il parvient de manière magnifique, et tellement naturelle, à mettre en scène le tragique amoureux, et cette impression et plus que confirmée avec ce délicieux roman purement et parfaitement stendhalien, où règne un romantisme douloureux – et ce toujours sur fond historique, ici le sortir de la révolution. L'intrigue repose sur la lutte dans la souffrance contre un amour qui dépasse et submerge, l'amour impossible entre deux cousins,
Armance et Octave ; ou plutôt rendu impossible par les deux protagonistes que pourtant tout tend à lier, y compris la famille des deux partis. Ils ne vivent que de leur amour, par et pour lui, mais ils sont bien trop aveuglés par leur orgueil et leur sens du sacrifice, pour être heureux et vivre en paix. Je trouve Octave en amant rêveur et solitaire merveilleux, le héros romantique par excellence… Qu'il est tourmenté et mélancolique ! Peut-être trop idéaliste dans sa vision du monde et
de l'amour, et trop impulsif dans ses sentiments, c'est ce qui lui fait apparaître l'imperfection de toute chose encore plus grande, et ce qui fait de lui un héros souffrant magnifique. Mais celle qui me touche le plus, c'est incontestablement la jeune
Armance, impuissante face à la grandeur de ses sentiments, et si magnifique dans sa souffrance et son abnégation ! Un couple malheureux à la hauteur des Fabrice del Dongo/ Clélia Conti ("
La Chartreuse de Parme") et Julien Sorel/Madame de Rénal ("
Le Rouge et le Noir"). D'ailleurs, la fin d'"
Armance" fait écho de manière troublante à celle de "
La Chartreuse de Parme", écrit bien plus tard que le premier...
Bref, pour moi, une très belle découverte, courte mais intense, et la première petite merveille sur l'amour contrarié née de la plume du grand
Stendhal !