L’éminent historien frappe les esprits avec son ouvrage sur la crise de Munich en 1938, dont les similitudes avec la guerre actuelle devraient nous alerter.
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Dans un premier temps, Hitler s'était opposé à tenir les Jeux olympiques à Berlin, en aoùt 1936, d'abord parce qu'il s'agissait d'une décision prise par la honnie république de Weimar, ensuite parce qu'il redoutait l'afflux de délégations et de journalistes du monde entier alors que son régime était encore en phase de consolidation. Goebbels réussit à le convaincre qu'il s'agissait au contraire d'une grande occasion de propagande, martelant le slogan selon lequel le sport est apolitique et rassemble les hommes et les femmes de bonne volonté : une excuse qui a été ressortie encore récemment pour la dernière Coupe du monde de football...
Après la dissolution de l'empire, deux blocs vont se constituer en Europe centrale, aux contours incertains, au-delà même du tracé des nouvelles frontières, ainsi que nous l'avons anticipé. D'une part, les révisionnistes », insatisfaits du sort que leur ont infligé les traités de paix, Autrichiens, Hongrois, Bulgares, Albanais, se tournent vers I'Italie agressive de Mussolini pour parrainer leurs revendications. De l'autre, les « bénéficiaires » des traités, Yougoslaves, Roumains et Tchécoslovaques, réunis dans la Petite Entente, se réclament de l'aide occidentale pour renforcer des régimes dont seul celui de Prague peut se prétendre démocratique. Enfin, un cas à part est celui de la Pologne renaissante qui, sous la férule autoritaire du maréchal Józef Piłsudski, réclame avec panache d'assumer à nouveau son rôle historique entre Orient et Occident.
Après 1933, estimer que quelques concessions pourraient suffire à Hitler relevait de la cécité pure et simple.
Le remodelage de l'Europe centrale et danubienne, après les traités de paix, constitue une manifestation de virtuosité diplomatique dont les chancelleries des pays victorieux ne tireront qu'une satisfaction de courte durée. Il est impressionnant de relire, dans les dépêches et les Mémoires de cette époque, l'euphorie qui s'est emparée des capitales au moment de la Finis Austriae : la dissolution d'un empire qui, malgré son refus obstiné de se réformer, avait longtemps contrôlé la partie la plus instable du Vieux Continent. Si le Reich des Hohenzollern avait envisagé en 1914 de conquérir un pouvoir mondial, ou tout au moins l'hégémonie continentale, l'Autriche-Hongrie s'efforçait obstinément de sauvegarder un « monde d'hier», selon la célèbre formule de Stefan Zweig, condamné par l'histoire. L'empire devait périr pour qu'un nouveau Printemps des peuples resurgisse des cendres de l'autocratie et de l'obscurantisme. On oubliait ainsi que Vienne, bien plus que Berlin, et à l'égal de Paris, avait représenté un phare de la modernité. dès le tournant du XXe siècle.
Si ce monde avait cessé d'exister, lequel le remplacerait ?
Au cours de la fatidique année 1933, un étudiant britannique entreprend, sac au dos, une traversée à pied du continent qui doit le conduire de Vienne à Istanbul en logeant chez l'habitant au gré des rencontres. Il se plait tout particulièrement dans la région qui borde la Ruthénie subcarpathique, la Moravie et la Slovaquie dans un brassage de langues et de dialectes, et il en décrit les mœurs pittoresques : les ours dressés par les Tziganes, les marchés où des Juifs barbus vendent des oiseaux encagés et des colifichets, les jeunes filles en robes brodées qui dansent le dimanche dans les villages. Pourtant, au détour d'une conversation ou d'une beuverie, par quelques signes avant-coureurs, des mots péjoratifs prononcés en patois dans une taverne, la hargne d'un grand seigneur dépossédé, il perçoit que ce monde idyllique et paisible « is rife with future trouble », est mûr pour l'orage qui va éclater.
Ce témoignage, parmi d'autres, nous montre à quel point les enjeux la grande politique se greffent toujours sur des préjugés ancrés et des rancunes longtemps enfouies, qui n'attendent que le moment tétu exploser au grand jour.
Echange entre le biographe de « Le mystère Mussolini » (éditions Perrin) et Xavier Fos, président de stratégies françaises. L’auteur répond à de nombreuses questions, dans un grand entretien.
Quels sont les liens entre Benito Mussolini et le fascisme dans l’Europe des années 20 et 30 ? Quelles sont les étapes de la prise de pouvoir par le « Duce » ? Celui qui vient d’être élu à l’Académie française en 2020 réagit à l’invasion de l’Ukraine et donne son avis sur la personnalité de Poutine. Xavier Fos interroge Maurizio Serra. L’académicien décrit la manière dont Mussolini a réussi à rester populaire en Italie pendant plus de 16 ans. Xavier Fos, président de stratégies françaises fait l’interview du diplomate. Maurizio Serra porte un regard sur les personnages sulfureux de l’Histoire et leur part d’ombre. L’auteur évoque le mariage de Mussolini avec Rachele, et le rôle de sa maîtresse Margherita Sarfatti. Maurizio Serra reçoit le club stratégies françaises. Quelle est la part pathologique du caractère de Mussolini (mensonge, manque de sens de l’humour) ? Quel rôle joue le roi Victor-Emmanuel III ? Pourquoi le livre d’Oswald Spengler « Le déclin de l’Occident » a joué un rôle important dans cette époque ? Maurizio Serra évoque l’agression contre l’Ethiopie en 1935, conquête coloniale avec un temps de retard. L’historien explique comment le fascisme devient antisémite en 1938 avec une série de lois excluant les juifs de l’administration, l’enseignement, la culture. Le biographe de Malaparte essaie d’expliquer l’étrange rapport entre Mussolini et Hitler. Quelle est l’influence du gendre Ciano, qui sera son ministre des Affaires étrangères ? Quelle est la nature du régime de la République de Salo ? Quelles premières impressions à l’Académie française ?
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