J'ai du mal à croire que, dans un passé qui me semble aujourd'hui tellement lointain, j'aie pu avoir lu ce livre .
Car
Eric-Emmanuel Schmitt a tant de raisons de m'être insupportable!
Je lui reproche notamment en premier lieu d'avoir cédé facilement à la vacuité de l'uchronie lorsqu'il avait imaginé un
Adolf Hitler admis à l'Académie des Beaux-Arts de Vienne. Il me paraît en effet vain de réécrire l'histoire à grands coups de suppositions gratuites. Et de persister dans pareille futilité, puisqu'après le caporal autrichien,
Schmitt a récidivé en réservant un sort identique au préfet (et non pas procurateur) de Judée Ponce-Pilate, dans un exercice de psychologie fiction, totalement bidon , qu'on qualifiera d'inutile si l'on se montre clément, de falsification de l'histoire sous couvert de roman si l'on opte pour la sévérité. Staline faisait retoucher les photographies afin de faire disparaître à jamais des archives les sbires du régime tombés en disgrâce par sa volonté d'autocrate tout puissant.
Schmitt retouche à sa façon les personnages historiques dont il se saisit. le résultat est le même, la vérité est falsifiée, la substance du sujet dénaturée dans le but fallacieux de lui conférer des attributs en accord avec les présupposés de l'auteur . On m'objectera que la liberté de l'écrivain est sacrée. Y compris pour raconter n'importe quoi?
Dans le cas présent, j'ai le sentiment d'avoir perdu mon temps en lisant la description ennuyeuse de cette expérience toute personnelle qui pourrait n'être somme toute que la conséquence d'un mauvais coup de soleil. Car si
Schmitt est transformé au point qu'il le prétend, alors je peine à comprendre pourquoi aussitôt après il ne retient de cette révélation que ce qu'il lui convient et écarte tout le reste . J'en déduis qu'il se fait le promoteur de la spiritualité à la carte. Mais j'y vois aussi une manière de constance dans la falsification: ne s'applique-t-il pas à lui-même ce qu'il applique à ses sujets?
J'ai refermé ce livre dont je me suis infligé malgré tout la lecture jusqu'à la dernière page (par masochisme?) en me jurant cependant qu'on ne m'y reprendrait plus.