Décidément, j'aime beaucoup ce Monsieur, qui pour moi est un grand de la littérature allemande.
Les
Couleurs de l'adieu est une réunion de neuf nouvelles,, de longueurs différentes.
J'aime les nouvelles en général, quand elles ont cette construction digne et singulière d'une longue exposition puis d'une chute brutale qui surprend le lecteur mais lui laisse une porte de sortie où il pourra imaginer...
Bernhard Schlink excelle en la matière.
En revanche, difficile d'écrire une chronique car chaque nouvelle mériterait à elle seule sa petite chronique.
Donc pour l'ensemble : que de tristesses, que de douleurs, une vie qui n'a pas été, un fil qui s'est rompu et qui a mis fin à un espoir, à une rencontre, une relation déjà construite mais qui s'interrompt parce qu'un fil (encore) si ténu la coupe ou l'altère.
Tout est terriblement triste, endeuillé, raté, loupé, trop tard.
A quoi ça tient le bonheur ? A rien ? A un fil ? A un truc qu'on a mal ou pas vu ? et son contraire ? Pareil ?
Chaque nouvelle est admirable à montrer le "peu" du "tout". Et lorsque le regret vient, la fin est là.
Comment dire adieu ou faire son adieu en toute connaissance de
l'autre, celui qui part pour ne plus jamais être là ?
Que de questions que posent chacune de ces neuf nouvelles bouleversantes, dérangeantes.
Parmi elles, j'ai été particulièrement remuée (et ce n'est rien de l'écrire) par celles intitulées "Daniel my brother" et "L'amulette". Elles sont terribles, douloureuses, sur la mort, l'absence, la mémoire.
Bernhard Schlink, je crois, à avoir lu plusieurs de ses oeuvres, trace sur ces questions. Et il écrit si bien sur ces mêmes questions. Si ces pages sont emplies d'émotions douloureuses, la plume reste légère tant que les ressentis n'en deviennent que plus lourds.
Il est aussi capable d'écrire pour toute génération, en toute sincérité, avec pudeur mais avec réalisme.
J'aime cette écriture des émotions et des sentiments, qui est tout en pudeur, tout en retenue et qui vibre pourtant.
Couleurs de l'adieu, c'est comme si vous visitiez un cimetière, chaque nouvelle, une tombe, fleurie ou pas, entretenue ou abandonnée.
A chaque tombe, une histoire, une photo, un amour, des amours. Triste ? oui sans doute. Mais à chacun de rester vivant. Merveilleux.