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Nicole Savy (Traducteur)
EAN : 9782742755912
371 pages
Actes Sud (02/06/2005)
3.89/5   38 notes
Résumé :
C'est en 1850, à la fin de sa vie, que la marquise de Franqueville écrit ses Mémoires. A la veille de la Révolution, la petite Nanon, pauvre paysanne illettrée, devient l'amie du "petit moine" Emilien de Franqueville, bientôt rendu à l'état laïque par la fermeture des couvents. L'écho de la Révolution ne parvient que très assourdi dans ces campagnes reculées, mais la vieille société féodale chancelle, les biens nationaux sont vendus et Nanon va pouvoir, à force de c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Nanon nous raconte son histoire de 4 à 75 ans. Elle était orpheline à l'âge de 4 ans, adopté par son grand-oncle, un homme bon, pauvre qui aura éduqué Nanon dans la droiture.

George Sand exprime à travers Nanon, son cher Berry, la campagne, les paysans à l'époque de la révolution française. Elle se montre attachée aux gens simples, sans le sou, qui ne pense qu'à posséder un pré, un bois, un jardin.

La vie de Nanon, basculera, s'enrichira le jour où son grand-oncle, lui achètera un mouton en lui disant, tu as onze ans, tu t'en occuperas. Il deviendra beau et avec l'argent qui me revaudra, je t'en achèterai deux puis quatre… Tu deviendra fier de l'argent que tu apporteras à la famille par ton travail.

Nanon dit : « Ce qui est sûr, c'est que j'étais née pour soigner, servir, partager. Je commençais ma vie par le souci d'un autre être que moi. Il était écrit que mon amitié pour mon mouton déciderait du reste de ma vie.

Il faisait très sec et la brebis Rosette n'avait plus rien à brouter. Comme Nanon en prenait grand soin elle amena Rosette vers de vert pâturages. Nanon trouve ou plutôt son mouton trouve de l'herbe touffue et verte dans une prairie du monastère. le mouton arrive à y pénétrer. Ma conscience dit Nanon, ne me permet pas de suivre mon mouton dans un bien qui ne m'appartient pas. Oh surprise, à cette occasion Nanon rencontra un novice du monastère. Elle dit au jeune novice ne pas être contente parce que Rosette mange le bien d'autrui. « Ne t'inquiète pas petite » lui dit le novice, « l'herbe de la prairie est à Dieu qui la fait pousser pour tous les troupeaux. » Ce novice, Emilien était fils d'une famille de trois enfants. Son frère aîné bénéficiait du droit d'ainesse ― l'héritage familial ― les autres étaient relégués au couvent. Dès cette rencontre, Emilien apprit à Nanon les chiffres et les lettres et la cultiva dans le sens général du terme.

La loi rompait les voeux et décrétait la liberté des religieux. le devoir de la municipalité était de faire respecter la loi. Ainsi, les faits ramenait Emilien à la vie civile occasion de côtoyer Nanon.

Il y avait de grandes disputes à Paris entre le parti du roi et l'Assemblée nationale que les nobles et les prêtres se moquaient des décrets de l'année 89 et menaçaient de se faire battre ensemble ces communes que l'on croyait si bien d'accord entre eux. La commune n'allait pas, on sentait plus de misères qu'auparavant et on recommençait à avoir peur des brigands.

Emilien se dit être le fils de personne lorsqu'il s'agit de trahir la France. Il ce dit ne plus être noble mais un paysan, un Français ! Il deviendra attaché à la république.

L'agir d'Emilien et de Nanon était dicté par leur conscience.

J'ai apprécier l'écriture de George Sand. C'est un roman social, une belle histoire que je vous recommande.

Cette histoire m'a fait penser à « Des dentelles de charbon » de Michel Lacombe où il est également question d'une jeune fille pauvre, dépourvue de culture qui par sa volonté, sa détermination, ses efforts, sa bonne relation aux autres, son intelligence s'élève dans la société de façon bien méritée.
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A travers une petite paysanne, bergère, illettrée mais voulant apprendre à lire et écrire, George Sand nous fait vivre l'atmosphère dans les campagnes pendant que le vent de la révolution sévit dans les villes. La chute de la monarchie se vit d'abord avec beaucoup d'ignorance, tout se focalise sur les ouï-dire, tout le monde a peur, il est question de fuir, c'est la panique, et on ne sait pas pourquoi! L'écriture est paisible, d'un calme plat comme si on marchait dans un chant de maïs malgré les perturbations qui surviennent dans la campagne et aussi dans la vie de nos personnages notamment la vie d'Émilien, un moine révoqué qui est tout le temps en opposition avec ses parents royalistes en fuite...
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Une jeune paysanne traverse la période de la terreur avec sagese et dignité. Ce roman, écrit juste après la commune de Paris, est une sorte de testament politique, une condamnation sans appel de la terreur et de la violence révolutionnaire en général. Les principes d'égalité, de liberté de de fraternité de la déclaration des droits de l'homme sont réaffirmés. L'ancien despotisme de l'aristocratie et de l'église sont bien sûr rejetés fermement. La terreur précédente a engendré la haine envers les nobles et les prêtres, mais ne peut en aucune façon être un levier pour construire une sociét plus juste. Bien au contraire, elle ne peut que se retourner contre les principes même ayant inspiré la révolte des opprimés et contre ceux-la mêmes qui utilisent la haine du peuple pour éliminer les anciens oppresseurs. Etrangement, le livre fait rétrospectivement écho à des interrogations plus modernes, voire contemporaines après les échecs du communisme. On ne peut s'empêcher de penser à l'homme révolté, dans lequel Camus oppose la révolte, légitime et humaniste, et la révolution, qui trahit trop souvent ses généreuses origines et dérive vers des tyrannies plus terribles encore que celles qu'elle a renversées. Les passages donnés en citations illustrent très bien comment les révolutionnaires romantiques deviennent des tyrans en voulant conserver à tout prix le pouvoir, en confiant les basses besognes à des cohortes de bourreaux, préoccupés plus d'éliminer leurs adversaires et ennemis personnels ou simples concurents et rivaux, sous le prétexte de lutter contre les ennemis du peuple. Les leaders qui parviennent à se maintenir au pouvoir en se débarassant successivement de leurs "amis" politiques" ne sont d'ailleurs jamais des romantiques. Je trouve que le roman est d'une actualité brûlante, au moment ou la haine des riches et des patrons, le ressentiment contre les polliticiens, censés être "tous pourris", tous complices d'un grand complot contre les humbles, semblent consituer le seul programme d'une masse déboussolée ayant perdu toute confiance en nos institutions démocratiques. Certains partis (à droite comme à gauche, pas seulement à l'extrême droite ou à l'extrême gauche d'ailleurs) surfent allègrement sur cette vague de poujadisme franchouillard et propose, à défaut de solutions, de couper à nouveau les têtes pour appaiser la colère du peuple, symboliquement d'abord, juridiquement aussi, avant de les couper "pour de vrai". Décidément, aujourd'hui comme hier, l'enfer totalitaire et souvent pavé de bonnes intentions progressistes. Les passages donnés en citation devraient convaincre aisément ceux qui les liront de l'actualité et de la pertinence des propos tenus par les protagonistes des dialogues.
Le roman contient également de très beaux passages descriptifs sur une région que je connais bien pour l'avoir sillonnée de long en large dans mon enfance et mon adolescence et dont je parle dans mon roman, le Prince des parquets salons. Cela fait toujours plaisir de voir des paysages banals, connus des seuls autochtones, embellis sous la plume d'un écrivain célèbre. Cela leur donne une "légitimité", une existence même dans le coeur de ceux qui les chérissent mais n'osaient, sans cette caution littéraire, les élever au rang de sites dignes d'intérêts. Il s'agit en l'occurence d'une région comprise entre la Creuse, l'Allier et le Berry, où sont situés d'autres romans de Sand, et notamment le meilleur de ses roamns champêtres à mon avis : Les maîtres sonneurs. ans Nanon, il est beaucoup question du village de Crevant, où l'on trouve des pierres granitiiques disposés comme des dolmens, sorte de refuge celtique et druidique pour Nanon et ses compagnons qui fuient les violences et les persécutions. Je recommande la lecture des passages donnés en citations, qui donnent une bonne idée du lyrisme de Sand lorsqu'il s'agit de parler de cette région.
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Nanon est jeune, orpheline, illettrée, et pauvre comme Job, ne devant le toit qu'elle a sur la tête, et c'est un bien pauvre toit, qu'à la bonté du grand oncle, tout aussi pauvre qu'elle, qui l'a recueillie et fait de son mieux pour l'élever, elle et ses deux petits-fils. Lorsque commence ce récit, notre petite Nanon est toute excitée car, à force d'économie, le grand oncle a réussi à acheter un mouton qui sera la responsabilité de la petite. Et c'est ainsi que tout commence, car en poursuivant cette brebis contrariante, Nanon rencontre un jeune garçon que ses parents, pour éviter de diviser l'héritage, viennent d'expédier au couvent. Ce sera Émilien, et l'élément déclencheur de grands bouleversements dans sa vie.
Têtue, courageuse, Nanon traverse la révolution sans toujours bien comprendre ce qu'il se passe, car l'information se déforme de Paris aux campagnes, sans parler du temps qu'elle met à arriver, et affronte les épreuves avec une ténacité admirable.
Cette histoire mi-champêtre mi-politique, car Émilien est d'une famille noble et se retrouve, fils d'émigré, à devoir choisir entre ses parents et ses idéaux, est un roman agréable, où l'auteur a mis dans le coeur de Nanon beaucoup de ses propres opinions, et qui mériterait d'être plus connu, surtout pour sa description de la Révolution dans les classes paysannes les plus pauvres.
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Georges Sand , nous montre dans ce roman, la détermination et la volonté
d' une petite fille de la campagne, qui ne sait ni lire, ni écrire c' est à dire
illettrée d' apprendre et à avancer dans la vie .Cette réussite dans la vie en
tant que femme et femme lettrée, elle les doit, avant tout, à son intelligence, sa ténacité et sa volonté inflexible d' arriver au but qu' elle voulait atteindre .
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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
Eh bien, vous me demandez ce que c’est que les jacobins. Autant que je peux le savoir et en juger, ce sont des hommes qui mettent la Révolution au-dessus de tout et de leur propre conscience, comme les prêtres mettaient l’Église au-dessus de Dieu même. En torturant et brûlant des hérétiques, le clergé disait : « C’est pour le salut de la chrétienté. » En persécutant les modérés, les jacobins disent : « C’est pour le salut de la cause », et les plus exaltés croient peut-être sincèrement que c’est pour le bien de l’humanité. Oh ! mais, qu’ils y prennent garde ! c’est un grand mot, l’humanité ! Je crois qu’elle ne profite que de ce qui est bien et qu’on lui fait du mal en masse et longtemps quand on lui fait un mal passager et particulier. Après ça, je ne suis qu’un pauvre homme qui voit les choses de trop loin, et qui mourra bientôt. Vous jugerez mieux, vous autres qui êtes jeunes ; vous verrez si la colère et la cruauté qui sont toujours au bout des croyances de l’homme réussissent à amener des croyances meilleures. J’ai peine à le croire, je vois que l’Église a péri pour avoir été cruelle. Si les jacobins succombent, pensez au massacre des prisons, et alors vous direz avec moi : On ne bâtit pas une nouvelle Église avec ce qui a fait écrouler l’ancienne.
Émilien lui observa que les massacres de et les persécutions n’étaient peut-être pas l’oeuvre des jacobins, mais celle des bandits qu’ils n’avaient pu contenir.
– C’est possible, et Dieu le veuille ! répondit le prieur. Il peut y avoir de bonnes intentions chez ceux qui nous paraissent les plus terribles : mais retenez ce que je vous ai dit, quand vous aurez à les juger par la suite. Ceux qui auront trempé leurs mains dans le sang ne feront rien de ce qu’ils auront voulu faire, et, si le monde se sauve, ce sera autrement et par d’autres moyens que nous ne pouvons pas prévoir. Ma conclusion à moi, c’est que tout le mal vient du clergé, qui a entretenu si longtemps le régime de terreur que ses ennemis exercent à présent contre lui. Comment voulez-vous que les victimes de la violence soient de doux élèves reconnaissants ? Le mal engendre le mal !
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C’est que, vois-tu, Nanette, ce n’est pas une tête de plus ou de moins qui changera le cours des destinées ; meurtre inutile, fatalité plus pesante ; la guillotine fait plus de mal à ceux qu’elle épargne qu’à ceux qu’elle supprime. Si on ne faisait que de tuer des hommes ! mais on tue le sens humain ! on cherche à persuader au peuple qu’il doit voir sacrifier une partie de lui-même déclarée mauvaise, pour sauver une autre partie réputée bonne. Rappelle-toi ce que nous disait le prieur : c’est avec cela qu’on recommence l’inquisition et la Saint-Barthélemy, et ce sera comme cela dans toutes les révolutions, tant que régnera la loi du talion. Moïse avait dit : « OEil pour oeil et dent pour dent » ; le Christ a dit : « Tendez la joue aux insultes et les bras à la croix. » Il faudrait bien une troisième révélation pour mettre d’accord les deux premières. Se venger, c’est faire le mal ; se livrer, c’est l’autoriser. Il faudra trouver le moyen de réprimer sans punir et de combattre avec des armes qui ne blessent point. Tu souris ? eh bien, ces armes sont trouvées et il n’est besoin que d’en connaître l’usage : c’est la discussion libre qui éclaire les esprits, c’est la force de l’opinion qui déjoue les complots fratricides, c’est la sagesse et la justice qui règnent au fond du coeur de l’homme et qu’une bonne éducation développerait, tandis que l’ignorance et la passion les étouffent. Il y a donc un remède à chercher, une espérance à entretenir. Aujourd’hui, nous n’avons que des moyens barbares et nous les employons. La cause de la Révolution n’en est pas moins bonne en elle-même, puisqu’elle a pour but de nous donner ces choses, et peut-être Robespierre, Couthon et Saint-Just rêvent-ils encore la paix fraternelle après ces sacrifices humains. En cela, ils se trompent ; on ne purifie pas l’autel avec des mains souillées, et leur école sera maudite, car ceux qui les auront admirés sans réserve garderont leur férocité sans comprendre leur patriotisme ; mais ils n’auront pu persuader le grand nombre, et le besoin de se tolérer et de s’aider mutuellement renaîtra toujours à tout prix dans le peuple. Il perdra plutôt la liberté que la charité, et il appellera cela vouloir la paix. Les jacobins sont puissants aujourd’hui, tu as vu rendre à leurs fantaisies religieuses un culte imbécile ; eh bien, il n’y a rien de vrai et de durable au fond de cette prétendue rénovation. À l’heure qu’il est, je suis bien sûr que d’autres partis ruinent la toute-puissance de ces hommes, et le peuple, épouvanté de leur cruauté et de celle de leurs agents, est prêt à acclamer leur chute. Il y aura une réaction tout aussi sanguinaire et elle se fera au nom de l’humanité. Le mal engendre le mal, il faut toujours en revenir à l’idée du prieur. Mais après cela viendra le besoin de s’entendre et de sacrifier les sophismes de la fièvre à la voix de la nature. Peut-être qu’en ce moment Robespierre fait mourir Danton, il écrase son parti ; mais souviens-toi de ce que je te dis : l’année ne se passera pas sans qu’on fasse mourir Robespierre. Forcés d’attendre, attendons ! Puisse-t-il ne pas emporter la République ! mais, si cela arrive, ne nous étonnons pas. Il faudra, pour qu’elle renaisse, qu’elle soit humaine avant tout et que le meurtre soit devenu un crime aux yeux de tous les hommes.
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Un jour, nous sentant plus confiants que de coutume, et ne pouvant nous défendre du plaisir d’explorer, nous montâmes dans une région qui nous sembla, d’après le cours des ruisseaux, devoir être la plus élevée du Berry et confiner à notre pays marchois. Il n’y avait plus guère de rochers à fleur de terre. Le terrain se moulait par-dessus en grosses buttes, et, sur une des plus hautes, qui était couverte d’arbres énormes, nous vîmes enfin autour de nous, une grande étendue de pays. Ce qui nous frappa fut que c’était partout la même chose. S’il y avait quelques chaumières au loin, on ne les voyait pas, cachées qu’elles étaient sous les arbres ou dans des creux pleins de grands buissons. On n’apercevait même presque pas les nombreux ruisseaux qui sillonnent ce terrain tout déchiré, ils se perdaient sous les feuillages. Le sol se creusait en mille petits vallons qui formaient en somme une grande vallée, et ensuite il se relevait en buttes arrondies comme celle où nous étions et montait très haut. c’était toujours pareil, toujours un désert de belle et grande verdure, des arbres monstrueux, de l’herbe fraîche, des bruyères roses, des digitales pourpres, des genêts en fleur, des hêtres dans les fonds, des châtaigniers dans les hauts, un horizon tout bleu à force d’être vert, et noir à force d’être bleu. On n’entendait que le chant des oiseaux, pas un bruit humain. On n’apercevait pas même la fumée d’une habitation.
– Sais-tu, me dit Émilien, que c’est un pays surprenant ? Dans notre pauvre Creuse si aride, dès qu’il y a un petit vallon tant soit peu fertile, un coin où le rocher ne perce pas la terre, on voit un chaume, une étable, un misérable petit verger avec ses arbres tortillés par le vent ; et voici une terre profonde, légère, noire, excellente puisqu’elle nourrit cette profusion d’arbres, ces châtaigniers dont la souche se renouvelle depuis trois mille ans, peut-être davantage, car tu sais bien que le plant du vieux châtaignier ne meurt jamais à moins d’accident comme le feu du ciel : et pourtant ce pays est comme inconnu au reste du monde. Nous avons pu y vivre plus de six mois sans relations avec personne. Il ne s’y est rien construit, il n’y a pas seulement de chemins tracés sur des espaces qui échappent à la vue. Qu’est-ce que cela veut dire, Nanon ? Y as-tu songé, toi qui, en cherchant tes chèvres, avait déjà vu comme notre désert est grand et beau ?
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On s’occupa aussi d’une hutte bien solide pour l’âne. Il avait remplacé Rosette dans mes affections ; car, au milieu du drame de ma vie, j’étais restée bien enfant, ou plutôt je le redevenais au premier jour de répit. C’était un bon âne, très intelligeant, très fort et même ardent au travail malgré sa petite taille et son air tranquille. Il était dressé comme un chien et je ne pouvais faire un pas qu’il ne fût à mes côtés, toujours prêt à jouer ou accepter le service. Il nous fut bien utile pour porter le bois et la terre de nos constructions, car ce qu’il y avait de moins facile à nous procurer, c’était la terre grasse, nous étions forcés d’aller la chercher loin dans les fossés.
Malgré toutes nos prévisions et nos provisions, il nous manquait encore bien des choses, mais nous avions l’essentiel pour le moment, et nous eûmes la chance de faire notre installation, qui dura huit jours, sans apercevoir une figure humaine.
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Nous revînmes, ce jour-là, par le bois de la Bassoule, et, comme nous étions en train d’admirer, nous fûmes frappés de l’étrangeté de ce bois. Il était traversé par un joli ruisseau qui s’arrêtait dans le côté creux et formait un marécage plein de plantes folles : le terrain était si frais et si bon, que tout voulait pousser pêle-mêle. À de grands arbres que le trop d’humidité avait forcés de perdre pied et qui vivaient encore tout couchés à terre, de belles fougères avaient monté sur le corps ; et puis, se trouvant bien là, elles s’étaient ressemées sur les arbres voisins qui étaient encore hauts et droits, elles les avaient couverts jusqu’au faîte et s’y épanouissaient comme des palmiers. Sur la hauteur du bois, de grandes éclaircies s’étaient faites toutes seules, car les arbres morts n’avaient point été enlevés et rien n’était entretenu ni recueilli. Les gros cailloux reparaissaient dans cette région. Il y en avait que d’antiques châtaigniers avaient enlevés de terre en étendant leur chair à l’entour, et qu’ils portaient fièrement dans leur ventre ouvert, montrant cet oeuf monstrueux avec orgueil, comme pour accuser la force de leur sève.

Mais le plus beau, c’était la partie moyenne du bois, qui, n’ayant ni trop de rochers ni trop d’eau, avait produit des hêtres d’une taille colossale, droits comme des cierges et tellement feuillus à la cime, que la clarté du jour semblait verte sous leur ombrage, comme un clair de lune. Un moment, Émilien en fut saisi.

– Est-ce que c’est la nuit ? me dit-il ; il me semble que nous sommes dans une forêt enchantée. Peut-être que les forêts vierges dont j’ai ouï parler sont faites comme cela, et que, si nous allions bien loin pour les voir, nous serions surpris d’en avoir déjà vu un échantillon au coeur de la France.

Ce bois merveilleux a existé longtemps encore
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Vidéo de George Sand
Des lettres inédites de la célèbre écrivaine, révélant des échanges inconnus avec de grandes personnalités du XIXe siècle. Un livre exceptionnel ! Lettres réunies et présentées par Thierry Bodin.
Ces 406 nouvelles lettres retrouvées couvrent presque toute la vie de George Sand, depuis ses quinze ans jusqu'à ses derniers jours. La plupart, du court billet à la longue missive, sont entièrement inédites et viennent s'ajouter au corpus de sa volumineuse correspondance. D'autres, dont on ne connaissait que des extraits, sont ici publiées intégralement pour la première fois. Plus de 260 correspondants — dont une cinquantaine de nouveaux — sont représentés, des moins connus aux plus illustres, comme Barbey d'Aurevilly, Hector Berlioz, Henri Heine, Nadar, Armand Barbès, Eugène Sue, Victor Hugo, Louis Blanc, Eugène Fromentin, Jules Favre, Pauline Viardot, la Taglioni, ainsi que les plus divers : parents, familiers, éditeurs, journalistes et patrons de presse, acteurs et directeurs de théâtre, écrivains, artistes, hommes politiques, domestiques, fonctionnaires, commerçants, hommes d'affaires... On retrouve dans ces pages toute l'humanité et l'insatiable curiosité de l'écrivain, que l'on suit jusqu'à ses toutes dernières lettres, en mai 1876, quelques jours avant sa mort. Les auteurs : George Sand (1804-1876) est une romancière, dramaturge et critique littéraire française. Auteure de plus de 70 romans, on lui doit également quelque 25 000 lettres échangées avec toutes les célébrités artistiques de son temps. Thierry Bodin est libraire-expert en lettres et manuscrits autographes. Ses travaux sont consacrés au romantisme français, en particulier Honoré de Balzac, Alfred de Vigny et George Sand.
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George Sand est un pseudonyme pour :

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