- Le jour, je dois gagner ma croûte, celle de ma mère et de mes enfants. Le matin, je cours à Montparnasse faire de la Littérature pharmaceutique. L'après-midi, c'est le dispensaire avec les pauvres bougres de malades à la chaîne. Ensuite, je vais au cinéma, place Clichy. J'avale tout, les muets, les parlants, les bons, les navets. Une sorte d'ivresse.Et la nuit, sur mon perchoir, là-haut à Montmartre, j'écris .J'écris et je souffre.J'ai mal à ma tête et au bras blessé, à mes mains.Je suis très vieux, vous savez à trente- huit ans.Heureusement, la loufoquerie me sauve...Mais j'y peux rien, j'ai tout de même dans mon cerveau cette machine à fabriquer du cauchemar et il faut bien évacuer !
(**Lucien Descaves)
- Après notre repas de la semaine dernière, tu as vu, je suis parti avec lui, dans son fiacre.Je lui ai dit : " Souvenez- vous de " L'Assommoir".
Vingt- cinq ans déjà. Pour vous comme pour moi, ça a été le coup de foudre.Vous avez été l'un des premiers et des plus fideles disciples de Zola. L'occasion se présente aujourd'hui de nous retrouver du même côté de la barricade.Si ce " Voyage au bout de la nuit" n'est pas un Chef-d'oeuvre , convenez qu'il mérite qu'on s'y intéresse !
Il révèle un fameux tempérament. Notre devoir vis-à-vis des Goncourt est, je vous le rappelle, d'encourager les tentatives nouvelles et hardies de la pensée et de la forme.Sous ce rapport, nous ne trouverons pas mieux.De plus, admettez que je suis reconnaissant à Céline d'avoir réveillé notre jeunesse lointaine, le temps où je découvrais " L'Assommoir"..."
Mazeline rêve éveillé. Il sait qu'à trente- deux ans le Goncourt lui apportera une éclatante confirmation de romancier.C'est une profession qui ne nourrit pas toujours son homme mais qui l'endimanche pour la vie.
( p.70)
Guy (*Mazeline) à toujours aimé les bateaux parce qu'on lui appris à les construire.Dresser une quille, c'est bâtir un rêve .
Et la grande route de l'imaginaire, c'est là-bas, de l'autre côté du port (...)
( p.81)
Borsalino, film culte de Jacques Deray avec Jean-Paul Belmondo et Alain Delon dans les rôles principaux. Film réalisé d'après "Bandits à Marseille" écrit par Eugène Saccomano. (extrait)