Voilà bien longtemps que je n'avais pas relu Rousseau. Ce petit notule rustique et poétique nous invite à une promenade solitaire à travers bois et guérets ,campagnes et forêts, vallons et champs, pour herboriser en compagnie de Jean-Jacques Rousseau, mais c'est aussi une amicale invite à nous poser pour rêver, savourer la nature
« loin du bruit du monde » , apprendre à regarder, réfléchir, nous initier à la patience en composant un herbier…
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À travers ce court ouvrage épistolaire, Rousseau tente d'initier l'une de ses amies à la botanique. Des différentes parties de la fleur à sa famille, nous sommes subitement plongés dans cette science passionnante.
On connaît Rousseau à travers ses écrits philosophiques, bien moins pour son indéfectible passion pour la botanique. Se disant « débutant », ce dernier tente toutefois de faire partager cet amour du monde végétal au travers de ces quelques lettres. J'ai apprécié cette initiation dans les yeux et les mots de notre grand auteur suisse mais le manque de croquis ajoutés au texte rend la lecture fastidieuse lorsque l'on n'est pas renseigné sur le sujet. de longues descriptions scientifiques ou des fleurs parfois inconnues nous poussent sans cesse à consulter internet pour comprendre l'essence du texte. Je vous conseille toutefois ce livre qui est extrêmement intéressant si quelques notions de botaniques vont ont déjà été enseignées.
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Rousseau en quelques pages, c'est supportable. Il a le grand mérite ici de décrire la manière d'observer les fleurs, en commençant par une famille pourtant bien difficile, avec un souci didactique évident. le vocabulaire botanique a évolué bien sûr, mais la manière de faire sécher les fleurs pour réaliser un herbier peut occuper les enfants!
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J’ai oublié de vous dire que les mêmes papiers peuvent servir plusieurs fois pourvu qu’on ait soin de les bien
airer *et dessécher auparavant. * (orthographe respectée
Prenez une de ces petites fleurs qui dans cette saison tapissent les pâturages et qu’on appelle ici Pâquerettes, petites Marguerites, ou Marguerites tout court. Regarde la bien ; car son aspect, je suis sûr de vous surprendre en vous disant que cette petite et si mignonne est réellement composée de deux ou trois cents autres fleurs toutes parfaites, c’est-à-dire, ayant chacune sa corolle, son germe, son pistil, ses étamines, sa graine, en un mot aussi parfaite en son espèce qu’une fleur de Jacinthe ou de Lys.
Où trouver, me direz-vous, le Chardon-roland ? Par toute la campagne. Tous les grands chemins en sont tapissés à droite et à gauche : le premier paysan peut vous le montrer, et vous le reconnaîtrez presque de vous-même à la couleur bleuâtre ou vert -de-mer de ses feuilles, à leurs durs piquants, et à leur consistance lisse et coriace comme du parchemin. Mis on peut laisser une plante aussi intraitable ; elle n’a pas assez de beauté pour dédommager des blessures qu’on se fait en l’examinant ; et fut-elle cent fois plus jolie, ma petite Cousine avec ses petits doigt sensibles serait bientôt rebutée de caresser une plante de si mauvaise humeur.
On prétend que la botanique n'est qu'une science de mots qui n'exerce que la mémoire et n'apprend qu'à nommer des plantes. Pour moi, je ne connais point d'étude qui ne soit qu'une science de mot ; et auquel des deux, je vous prie, accorderai-je le nom de botaniste, de celui qui sait cracher un nom ou une phrase à l'aspect d'une plante, sans rien connaître à sa structure, ou de celui connaissant très bien cette structure ignore néanmoins le nom très arbitraire qu'on donne à cette plante en tel ou tel pays ?
Voilà, me direz-vous, une belle notion générale des Ombellifères : mais comment tout ce vague savoir me garantira-t-il de confondre la Ciguë avec le Cerfeuil ou le Persil, que vous venez de nommer avec elle ? La moindre cuisinière en saura la-dessus plus que nous avec toute notre doctrine. Vous avez raison. Mais cependant si nous commençons par les observations de détail, bientôt accablés par le nombre, la mémoire nous abandonnera, et nous nous perdrons dès les premiers pas dans ce règne immense ; au lieu que si nous commençons par bien reconnaître les grandes routes nous nous égarerons rarement dans les sentiers, et nous nous retrouverons partout sans beaucoup de peine. Donnons cependant quelque exception à l'utilité de l'objet, et ne nous exposons pas, tout en analysant le règne végétal à manger par ignorance une omelette à la Ciguë.
*RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE* :
« Neuvième promenade », _in Les confessions de J.-J. Rousseau,_ suivies des _Rêveries du promeneur solitaire,_ tome second, Genève, s. é., 1783, pp. 373-374.
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