Le front de Ting Ting était posé le long de l'écorce de l'arbre, les mots restaient toujours logés au fond de la gorge de la petite enfant désoeuvrée.
Les petits pieds juchés sur les grosses racines, quelques aiguilles de pin venant tomber sur sa petite chevelure noire de jais, Ting Ting hésitait encore à utiliser ce drôle de recours recommandé par sa Grand-Mère Li. Un Héron blanc tournoyait au dessus de la cime de l'arbre comme pour l'encourager dans son entreprise. Ce héron-ci semblait lui être attaché, le dos barré d'un trait noir.
Les arbres pouvaient garder les secrets, écouter et soulager les coeurs gros, disait sa Grand-mère.
L'image de sa petite poupée bleue de bois occupait toutes ses pensées. Elle revoyait son papa lui cercler les joues d'une touche d'émotion toute rouge. Sa poupée était différente des autres, elle ne finirait pas sur le marché, son papa l'avait fait juste pour elle. Un cadeau aujourd'hui précieux depuis.
Depuis quoi ? Qu'est-il arrivé à cette petite poupée ?
Ting Ting approcha ses petites lèvres près du creux de l'arbre et lui raconta son histoire...
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La poupée de Ting Ting » de
Ghislaine Roman est un album jeunesse qui aborde le deuil. Ting Ting se raccroche au souvenir de son papa grâce à cette fameuse poupée, cadeau privilégié qui le conserve dans sa mémoire et qui porte aussi le chagrin de la petite fille. Les choses se compliquent le jour où par accident, la poupée disparaît. La Grand-Mère Li lui offre un moyen sensible de se délivrer doucement et l'apparition du héron apporte un caractère presque magique à l'histoire. Ce dernier semble veiller sur la petite fille et sur sa poupée par ailleurs. La maman ne sera pas dupe non plus de la mine triste de Ting Ting. Les illustrations au pastel et retravaillés au numérique par
Régis Lejonc rappellent les estampes japonaises. Délicat à tous points de vue.