Henrik Pontoppidan est un écrivain danois né en 1857 et mort en 1943. Fils de pasteur, il s'inscrivit dans une fratrie de 16 enfants et parvint à faire des études d'ingénieur malgré le budget serré de sa famille.
Sur le plan littéraire, il fut à la fois, ou alternativement, réaliste et néo-romantique (bien que ces dénominations ne recoupent pas exactement la même chose au Danemark qu'en France).
Il reçut le prix Nobel de littérature en 1917. Son oeuvre s'inscrit dans une ligne conservatrice.
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Le visiteur royal" comporte quatre nouvelles : la première a donné son titre au recueil, puis viennent "L'ours", "Le bourgmestre Hoeck et sa femme", et enfin "Jeune amour".
L'écriture est belle, classique, sans fioritures inutiles (les traductrices sont Marguerite Gay et Ulla Morvan). Les thèmes abordés le sont avec infiniment de délicatesse et de compassion envers la condition humaine : sont dessinés toute la gamme des sentiments que peuvent ressentir un homme et une femme dans les relations qui les unissent : l'envol de la passion, l'ennui et les tentations dans le mariage, la funeste jalousie, le mariage de raison. L'ensemble de l'oeuvre est une splendide réflexion sur la conjugalité. Comme je l'ai dit plus haut,
Henrik Pontoppidan
est un conservateur qui se défie fort de la passion amoureuse. On peut être en désaccord avec ses thèses, mais on ne peut nier que sa démonstration soit très convaincante.
Il donne d'ailleurs les mots de la fin à de simples femmes.
La fille, interrogée par le narrateur sur son bonheur conjugal :
"Je crois qu'en ces temps-là, nous attachions trop d'importance à ces histoires sur l'amour - comme nous en lisions dans les livres -
Et la mère de conclure :
"Mettez un gars en face d'une fille, et ça marche toujours, pourvu qu'ils soient gentils l'un avec l'autre".
Le régal de lecture est pour moi comparable à celui de la bonne littérature russe, ce n'est pas peu dire.
Thomas Mann écrivit d'ailleurs à son sujet : " C'est un poète épique né… un conservateur vrai, qui dans un monde essoufflé a préservé le modèle grand dans le roman."