"Un homme pressé" est un conte d'homme furibond.
En pétard, furibard, berzerker, il déboule sur le sentier, sortant de chez lui hurlant son ras-le-bol, se plaignant de la goutte d'eau de trop dans le vase et du tant va la cruche à l'eau et tout et tout." Ne faudrait pas lui demander l'heure, se dirait-on en le voyant passer comme une locomotive fumante.
Et pourtant, malgré toute sa masse de malheur - "J'ai perdu mes parents, il y a trois mois.
Mon travail, il y a trois semaines.
Ma maison, il y a trois jours.
Mon lapin, il y a ...11 heures et quart.
Ça ne peut pas continuer comme ça ! ..." - ,
l'homme pressé trouvera le temps d'écouter.
Le rythme est effréné sur le rythme d'un conte randonné, l'homme se répétant à haute voix après avoir trouvé aussi écho sur le chemin avec d'autres personnages aussi dans le désoeuvrement (l'indienne sans amoureux, l'arbre qui ne grandit pas, le loup traqué par les chasseurs etc...).
Tout le monde en aura gros mais c'est à l'homme pressé que l'on confiera de parler pour tout le monde et de questionner celui qui sait tout "Seuluikissait" sur le sens de la vie si elle se répète dans le malheur.
S'entendre répondre : "Tu attends quoi ? Autre chose ? Des précisions ? Fais-toi confiance ! Je t'ai dit tout ce que je pouvais te dire. Rentre chez toi !
Sur le chemin du retour, ta vie va changer !". Ça c'est ce qui s'appelle envoyer bouler, paitre, inviter l'autre à retrouver son jumeau à un autre endroit que celui-là. Nous vérifions et non, il ne figurera pas le fameux et énigmatique "Aide-toi et le ciel t'aidera".
L'homme pressé arrivera t-il à écouter un conseil venant de sa propre boutique à sagesse, à voir poindre au dessus de sa tête le bon ciel bleu avec tout ce ras-la-casquette qui lui couvre les yeux et cache son soleil?
C'est une forme déja vue, qui fonctionne bien sur l'humour et parfois sa fin est même redoutable. Vous rappelez-vous le conte "
Le chevalier à la courte cervelle" d'
Anne Jonas et
Bérangère Delaporte (Milan)?
"Il étauit une fois un homme pressé" est finalement également un conte de patience finalement.
Lisez, vous verrez et méditez.