"L'amour", c'était "n'importe quoi", nous disaient des héros de
Mathieu Pierloot.
D'ailleurs, ça craint toujours autant avec ce roman adressé cette fois aux grands ados.
Ça craint, enfin ou presque, car à chaque fois au final, on ne peut y résister après chacune de ses lectures.
Quel drôle de supplice...
Antoine, fraichement majeur mais toujours chez maman, nous remet en perspective son échec amoureux ( vous voyez, ça craint).
On ne tourne pas autour du pot, c'est un gros regret, le roman commence par ça, la rupture avec Hannah.
Une amour d'enfance hors d'atteinte, puis à portée de main, en copains et enfin consommé, le pas franchi.
Les grands lecteurs expérimentés diraient que Hannah est un joli fantasme, une évocation de l'amour à un jeune âge ado.
Les fantasmes sont faits, selon les personnes, pour être réalisés ou pas, Antoine aura eu sa chance.
Et après, qu'est ce qui l'attend?
Nous, lecteurs, pouvons nous interroger sur la nouvelle perspective du jeune Antoine.
Arrivera t-il à se sortir Hannah de la tête pour aller de l'avant dans la grande vie?
Est-il éternel cet amour ou appartient-il déja à une autre époque malgré Antoine?
Le personnage, un peu déguingandé, est plutôt touchant et drôle.
Son ton cynique un brin désabusé ne nous fait jamais glissé dans le pathétisme d'un amoureux éconduit.
Antoine a du mordant mais il ne le sait pas encore.
Que vas-tu faite de ta vie, brave Antoine?
Nous sommes dans l'histoire à un vrai tournant pour le personnage, c'est l'été, après le lycée et avant la fac et Antoine est plein de doute et délicieusement maladroit.
Malheureusement pour lui, il y va de la bourde de trop avec Hannah et sur un texto envoyé par cette ex-copine et à priori ex-amie aussi, il est écrit:
" Va te f# f", Antoine!".
Antoine n'avait pas souvenir de ce qu'il avait bien pu laisser sur le répondeur d'Hannah, à la suite d'une fête entre copains trop arrosé (aïe!).
Ça ne sera que le début d'une petite remise en question.
Hannah semble être bien mieux connue par les meilleurs amis d'Antoine, Alice et Mehdi, que par lui-même.
Est-il plus naïf qu'il pouvait l'imaginer ou bien l'amour l'a t-il rendu un peu aveugle?
Le ton est intime, juste et drôle pour nous permettre d'accompagner ce jeune paumé de l'amour qui réalise que l'heure du changement pour le groupe d'amis est arrivé, avec les grandes décisions.
Antoine doit dire définitivement au revoir à l'enfance.
Et d'ailleurs, nous sommes dans la collection Medium+, lecteurs ados, où les grands ados et jeunes adultes boivent, jurent et parlent de la chose sans complexes, une lecture pour 16 ans avertis donc.
Le verbe et le point de vue sont forcément plus assurés que sur du Medium, où il y a l'appréhension des 1ères fois pour toutes ses expériences de vie citées plus haut.
On ne s'ennuie pas une seconde et les personnages ont la vanne facile pour nous détendre.