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EAN : 9782070348435
144 pages
Gallimard (29/11/2007)
2.94/5   41 notes
Résumé :
Vingt-trois courts récits qui ont pour cadre le monde du travail. Vingt-trois personnages recrutés à contre-emploi ou exposés aux paradoxes de leur statut social. Et à chaque fois, un détail inattendu qui, mettant le quotidien en porte-à-faux, excite, comme par accident, notre imagination...

Les « petits métiers » d'aujourd'hui portant de drôles de noms, on croisera, au fil des pages, un consultant d'entreprise, une hôtesse d'accueil, un télévigile, u... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
J'ai découvert cet auteur grâce à un manuel scolaire. Son court texte intitulé "L'unanimité moins une voix" m'ayant conquise, je me suis laissée tenter par tout le recueil. le thème principal est le travail. Yves Pagès mélange avec brio réalité et fiction. Tous ses personnages sont enfermés, engoncés dans une situation dramatique. On sent une profonde tristesse. C'est notamment le cas de Mado, personnage principal de la nouvelle dont je parlais. L'auteur part d'une réalité : l'accident du 12 juillet 2008 sur les Champs-Elysées. En effet, alors que la foule est en liesse, victoire oblige, une voiture folle remonte "la plus belle avenue", laissant dans son sillage un mort et plus de 80 blessés. Ce véhicule est conduit par une fonctionnaire d'une quarantaine d'années.

Yves Pagès va alors, par le ton employé, transformer ce critique fait divers pour en faire une nouvelle dont la chute surprendra, comme il se doit, le lecteur. Il appuiera sur le côté psychologique afin de donner à son texte une atmosphère mimétique de la dépression dans laquelle semble s'enfermer son personnage.

Si ce texte est un de mes préférés, il n'en reste pas moins que les vingt-deux autres sont également de qualité. Dénonciation des petits boulots aliénants, ce recueil fait la part belle au ressenti des personnes face à ce problème de société. Les jeux de mots enrichissent ces courts récits. Yves Pagès est un auteur à découvrir !
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Une vingtaine de courts tableaux liés au travail. J'y ai trouvé quelques pépites qui me poussent à continuer à découvrir cet auteur atypique, mais dans l'ensemble, je n'ai pas trop accroché à ce recueil-ci.

Après une thèse consacrée à Louis-Ferdinand Céline, Yves Pagès s'est exercé à plusieurs genres : textes courts, romans, fictions radiophoniques, théâtre,... Je l'avais découvert lorsqu'il avait édité « Sorbonne 68 », qui reprend les slogans de Mai 68 que ses parents avaient méticuleusement retranscrits des murs de la Sorbonne, où ils travaillaient à l'époque. Yves Pagès reste visiblement intéressé par le sujet car il a récemment fait paraître « Tiens, ils ont repeint ! 50 ans d'aphorismes urbains de 1968 à aujourd'hui ».

D'après les quelques livres que j'ai lus de lui jusqu'à présent, il me semble prendre plaisir à observer la société dans laquelle il évolue et à la dépeindre en mode de croquis. C'est du moins le cas dans ce recueil-ci, qui pousse le réel aux frontières de l'imaginaire ou qui compose des tableaux surréalistes en créant des associations inattendues. Je citerai par exemple «  Les camelots du moi » où l'auteur commence par présenter un mendiant dans une rame de métro. En quelques phrases, il se présente aux voyageurs, espérant gagner leur compassion pour récolter quelques pièces. L'auteur compare ensuite cette situation à un entretien d'embauche, dans lequel certains voyageurs ne manqueront pas de se reconnaître. «  Cadres supérieurs ou petits intérimaires, venus mendier un emploi, tous ont dû résumer leur curriculum vitae en deux cents mots piégés et justifier leur passage à vide entre deux dates d'activité. »

Dans «  Police de caractères », le narrateur fait passer une dictée lors d'un examen d'entrée à la police. Il rapproche le texte de la dictée avec les graffitis qu'il trouve dans les toilettes du centre d'examen: « ‘Nike ta grammaire', ‘pd de ta rasse', ‘bande de cus nuls', ‘toi-m'aime'... Et tant d'autres interpellations qu'aspirant policiers et cancres suspects s'étaient échangés dans l'anonymat ».

A priori, ce recueil avait tout pour me plaire : de l'imagination, parfois un peu de surréalisme, parfois de la poésie et de l'émotion, souvent de l'humour. Néanmoins, à part pour quelques textes, j'ai eu du mal à accrocher. Je ne sais pas trop pourquoi... Un manque de fluidité dans la langue et les idées, je pense. Ma lecture précédente d'Yves Pagès, «  Encore heureux », m'avait beaucoup plus enthousiasmé, tant par la forme que par le fond. Malgré ma déception pour ce recueil-ci, je vais continuer à suivre cet auteur atypique. J'ai réservé « Le Théoriste » à la bibliothèque, je vous en donnerai des nouvelles...
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Depuis la parution en 2000 de ce livre ironique et mordant dès son titre, les «Petites natures mortes au travail», ces travailleurs fragiles qui résistent mal aux petits métiers, sont sans doute plus mortes que jamais, car la précarité et le chômage n'ont pas cessé de gagner en vivacité.

«cdd d'aujourd'hui, dcd de demain, videurs posthumes de greniers, ex-psychiatrisés en rééducation taylorienne, retourneurs de crêpes en hiver, cracheurs de white-spirit, fleuristes itinérantes, opératrices de saisie bancaire, licencies en sociologie du licenciement, yogi à grande flexibilité horaire, porteurs de perche hors champ, pigistes pigeonnés sous presse, junkies sevrés à la tâche…»

Après un premier chapitre en forme de liste de petits métiers pas si improbables que ça, Yves Pagès nous décoche vingt-trois flèches, vingt-trois courts récits saisissants entre témoignage et fiction, des portraits qui dénoncent l'aliénation et la précarité du salariat moderne, mais sans simplification outrancière, tout en montrant les contradictions ou continuités surprenantes dans lesquels nous sommes nous-mêmes plongés, à l'image de cette femme ayant choisi l'agritourisme pour ses vacances et qui se retrouve dans une ferme concentrationnaire, élevage de 28 000 poussins. Epouvantée, elle passe ses vacances alitée, avant de retourner à son poste de travail.

«À l'autre extrémité de ce cauchemar à la chaine, quand Alice retrouvera son poste de caissière et les vingt-huit mille codes-barres mémorisés par le lecteur optique de l'hypermarché, elle se sentira presque soulagée de s'en être sortie vivante.»

Un homme étouffant dans un costume de Pluto à Disneyland, des consultants réducteurs d'effectifs, une femme africaine sans papiers embauchée au noir pour faire de la figuration au cinéma, la femme enquêtrice pour un institut d'études qui remplit elle-même tous ses questionnaires, ou encore le clochard acteur face à son public dans le métro : Avec une virtuosité pour tordre le langage et nous faire profiter de son pouvoir de subversion, un sens aigu de la provocation, les shots du travail précaire d'Yves Pages seraient totalement jubilatoires, si tout ceci n'était pas si familier.

Touchée, coulée.
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(...)

Littérature pâlotte sous la lumière blafarde des néons d'usines, c'est un réalisme qui donne prétexte aux délires les plus variés, du syndrôme delphinien aux Vigiles exposés aux soldes monstres.
Hotesses d'accueil à grossesse rétroactive, correcteur alcoolique, Pluto étouffant sous son costume, bref...

La misère et les déserts affectifs, bien réels et navrants, donnent lieu à une série d'élucubrations fictionnelles sombres et drôles. On nous offre ici une véritable "ethnologie" (Dabitch précité) du boulot précaire, vil et crasseux.

Mais c'est truffé de clichés, plus agaçants les uns que les autres.

http://lelabo.blogspot.com/2006/09/yves-pags-petites-natures-mortes-au.html
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Très bon livre de Yves Pagès qui nous parle du monde du travail en 23 petites histoires dans lesquelles les personnages se retrouvent exclus, licenciés, en tout cas hors du circuit normatif que la vie en société nous impose. Mais à travers ces tableaux, c'est un féroce coup de griffe au système qui égratigne le capitalisme qui méprise l'humain au profit du rendement tous azimuts et n'autorise aucune faiblesse, aucune maladie, aucune absence, aucun état d'âme. Ce livre dénonce les dysfonctionnements de nos sociétés modernes tout en gardant la poésie que recèle le quotidien.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Il est presque minuit, Mado sort du Fouquet's, avenue des Champs-Élysées. Elle vient d'y claquer un dixième de sa mensualité d'institutrice. Et alors ? Ces petites folies dépensières ont un goût de revanche. Et puis, quitter une banlieue déserte pour le centre ville, c'est le moindre des dépaysements en période estivale. Disons qu'elle s'est payé un dîner d'anniversaire. Pour fêter quoi ? Le trou noir des vacances scolaires. Quand les congés payés ressemblent à deux longs mois d'arrêt maladie. Au menu, ni gâteau, ni bougie, juste un kir et quelques gélules en guise d'apéritif. Pour s'en sortir, son thérapeute lui a conseillé de sortir. C'est fait. Dans le haut lieu du noctambulisme parisien, elle espérait croiser, du regard au moins, une vedette. Chou blanc, plutôt salé à l'addition. Après le repas, un filin, n'importe lequel, pour distraire son célibat.
Au cinéma, on aurait dit une salle de e, mais sans élèves. Vingt-cinq rangées de fauteuils vides, tant mieux.
Deux heures plus tard, Mado rejoint son automobile, sans prendre garde à la foule tapageuse qu'elle traverse en somnambule. Tant pis, elle n'a plus le courage de tourner la clé du contact. Un autre cachet, et elle s'endort au volant, le corps en panne sèche. Mais les désœuvrés du samedi soir sont plus nombreux que d'habitude, et agités d'une joie unanime. La belle endormie, au point mort, les met en rage. Par dizaine, comme en apesanteur, ils marchent sur le toit de sa bagnole. Mado se réveille soudain en Enfer. Ce chahut juvénile lui rappelle certaines fins de cours... à moins que ce ne soient ses échecs scolaires qui reviennent la hanter. Les yeux mi-clos, elle démarre. Personne ne s'écarte. Au contraire, la multitude se densifie à mesure qu'elle revient à la réalité.
Des cris, des fanions tricolores, et puis du sang sur le pare-brise.
Madame X. a donc commis un crime. Avec ou sans préméditation ? Difficile d'en juger.

Extrait : (L'Unanimité moins une voix)
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DÉBAUCHÉE n. f. : 1. Vulg. Se dit d'une fille qui, vivant du commerce de ses charmes, change à sa guise de protecteur. 2. Mot autrefois en usage pour désigner l'heure de la cessation générale du travail des ouvriers des arsenaux. 3. Abusiv. Employée délaissant les devoirs de sa profession pour le plaisir. 4. Techn. Personne licenciée. (Voir syn. Infidèle, libertine, chômeuse.)
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La consigne vient d’en haut : soigner les moments de convivialité. À midi, on bouffe ensemble. Après, on digère les conflits en interne. Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. Le temps des repas aussi, gastrothérapie oblige. Fini la pause égoïste, les sandwichs au café, bienvenue au réfectoire pour une cure d’intersubjectivité. Un vague sourire, un appel du pied sous la table, même un rot mal étouffé, tout cela peut optimiser le contact relationnel. D’ailleurs, le management nutritionnel n’a rien inventé. On en revient toujours à la Cène primitive - lorsque le Christ, petit patron fils-à-papa, gueuletonnait avec ses directeurs de filiale.
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Ici, je me tiens coi vu que, dans mon contrat de travail, je n'ai pas l'usage de la parole. Ils ont acheté mon silence, alors je signe des autographes. A Marne-la-Vallée, je suis l'un des plus connus, employé pour signer six cents fois par jour Pluto avec seulement trois doigts à chaque main.
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[À propos d’un homme déguisé en Pluto dans un parc d’attraction]
Maintenant que les camps de travail sont ouverts au public, les comédiens domestiques doivent suer sous leur seconde peau et se taire jusqu’à faire disparaître en eux la trace obscène du labeur. L’attraction moderne a sa loi : si tu veux abolir le prolétariat, donne-le en spectacle.
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Vidéo de Yves Pagès
Parmi les machines qui hantent nos vies quotidiennes, le tapis roulant est celle qui traverse le plus insidieusement tous les secteurs d’activité : des tapis mobiles sur chaîne d’assemblage aux tapis de caisse de la moindre supérette en passant par ceux dévolus à l’exercice corporel du fitness. Travail posté, rituel consumériste et souci hygiénique de soi : trois postures qui, chacune à sa manière, nous condamnent à l’éternel recommencement d’une marche forcée. Pour cette rentrée et ce lundisoir, nous avons invité Yves Pagès à venir parler de son dernier livre : Les chaînes sans fin, histoire illustrée du tapis roulant.
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