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Judith Kauffman (Traducteur)Marc Saporta (Préfacier, etc.)
EAN : 9782070308804
448 pages
Gallimard (07/09/2006)
3.78/5   36 notes
Résumé :
Que de passe-t-il dans un kibboutz israélien à trois kilomètres de la frontière jordanienne ? La vie de tous les jours avec ses petits drames et ses joies naïves noyées dans la fraternité d'une collectivité au travail pour une même cause. Reouven Harich, poète et instituteur, abandonné par sa femme, Eva, qui lui a préféré le luxe tapageur d'un Juif retourné en Allemagne, reporte toute son affection sur sa fille Noga et son fils Gaï. Et puis, il a une liaison avec la... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Après avoir lu Mon Michaël (1968) j'ai trouvé le premier roman d'Amos Oz, Ailleurs peut-être (1966) qui se déroule dans un kibboutz à la frontière jordanienne. Amos Oz, lui-même, était membre du kibboutz Houlda.Il raconte la vie au kibboutz à la fin des années 60 .

La première partie du livre commence tout doucement par une description de la vie du kibboutz, de sa situation géographique à 3 km de la frontière, du cadre de vie. L'auteur présente ensuite les personnages de l'histoire : le poète Réouven Harich et ses enfants et la famille Berger, Ezra le camionneur, Bronka, l'éducatrice, leurs enfants et les frères d'Ezra, Néhémia, l'intellectuel et Zakharia-Siegfried qui est retourné en Allemagne. Au fil des chapitres d'autres membres du kibboutz interviendront…et toute la vie de la communauté se déroulera au cours d'une année. J'ai goûté cette évocation par petites touches délicates, en lecture lente et gourmande.

Puis l'intrigue va se nouer. Intrigues amoureuse, ou sexuelles. Relations sans passion pour Reouven et Bronka. Adultère sous le regard des commérages. Flirts, hésitations amoureuses pour Noga, 16 ans qui interroge les transformations de son corps et son pouvoir de séduction, qui voue son amour le plus pur à son père. Hésitation et déconvenue pour le jeune Rami qui aimerait coucher avec Noga mais qui ne sait comment s'y prendre. Ces relations se déroulent au vu et au su de tous et intervient la médisance.

Les saisons changent, que les fêtes animent la vie du kibboutz, que l'été devient écrasant, que l'automne puis l'hiver arrivent. Amos Oz sait nous faire vivre cette pluie de 1 er Mai inattendue, la chaleur de l'été, les travaux des champs…la proximité de la frontière, les incidents, les fusillades et les passages de l'aviation. La vie se déroule avec toute sa complexité et son idéologie.




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Dans ce roman qui a pour cadre un kibboutz situé à la frontière jordanienne au début des années 60, Amos Oz dépeint la vie de quelques uns des membres de cette communauté , liés par des liens affectifs complexes, dont l'enchevêtrement crée une tension qui va crescendo, de même que celle qui oppose les kibboutznik à leurs voisins arabes.
Cette situation inquiétante, va déboucher sur un conflit explosif entre membres de la communauté, mais aussi avec les jordaniens qui fourbissent leurs armes patiemment.
Le conflit éclate, meurtrier, mais au terme du combat, et après le décès de certains d'entre eux, victimes expiatoires désignées, la paix reviendra et l'affection, qui relie chacun d'entre eux, reprendra sa place.
Ce récit mêle avec justesse, sensibilité et talent, la petite à la grande Histoire.
Amos Oz s'interroge, et nous interroge sur la générosité et ses limites, sur la faculté de chacun à surmonter ses traumatismes.
L'écriture est vive, les descriptions comme toujours percutantes, mais s' il s'agit de sentiments, la délicatesse et la finesse du trait reprennent la première place, permettant de cerner au plus près les émotions des protagonistes.
Ces derniers, dessinés par un auteur doté d'une empathie exceptionnelle, de même que les descriptions très vivantes du cadre de vie, des paysages, et de l'atmosphère imprégnant les lieux, font de ce beau roman une oeuvre attachante, qui accompagne le lecteur, une fois celle-ci replacée sur les rayons de la bibliothèque.
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Découverte de la vie quotidienne du kibboutz, réaliste et sans dérive idéologique ; vie qui s'étend sur près d'un an, avec ses coups de sang et ses commérages, si importants dans une petite communauté où tous s'observent et se jugent.
Pourtant, ce roman n'a rien d'ennuyeux et le réalisme de l'ouvrage n'a pas cette lourdeur que l'on peut craindre parfois en lisant nos bons classiques du XIXème.

Ces vies ordinaires sont racontées par un narrateur qui fait partie de la petite communauté, et l'on serait bien tenté, au départ, d'y voir Reouven Harish, poète et premier personnage rencontré. Mais ce narrateur, qui prétend se dévoiler à la fin sans rien en faire, est plutôt une entité supérieure et omnisciente qui se faufile dans les esprits de nombreux personnages, et donne de la voix pour chacun d'entre eux. La narration passe ainsi d'un personnage à l'autre, parfois dans une même phrase. Cet effet, ponctuel, mêle ces deux narrations le plus naturellement, glissant du « il » au « je » pour s'approcher au plus près de l'intimité des personnages, et brouiller l'énonciation : qui nous parle, finalement ?

L'écriture est par ailleurs riche, dynamique et se fait intense lorsque des personnages banalement mauvais apparaissent ou que des situations banalement sordides se mettent en place. A d'autres moments, elle a des accents poétiques qui atténuent la crudité de cette vie.

C'est une bonne lecture, qui se lit facilement, avec plaisir.
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Le premier roman d'Amos Oz se déroule dans un kibboutz, non loin de la frontière jordanienne, dans les années 60. L'histoire est racontée par un mystérieux narrateur dont nous ne saurons rien. Il connaît bien la communauté et doit donc en faire partie. Il semble survoler les évènements et donne son avis sur les uns et les autres, avec compréhension et une légère ironie.

L'auteur prend son temps pour décrire la vie au quotidien et la philosophie du kibboutz. Une partie des habitants est venue d'Allemagne, une autre de Russie. Ils travaillent dur dans un climat difficile, avec la présence de l'ennemi tout près. Si la solidarité est la règle, elle n'empêche pas la médisance. Tout le monde est au courant de tout ce qui se passe chez les voisins, rien ne peut rester secret bien longtemps.

Nous nous attachons particulièrement à la famille Harich et et à la famille Berger. Reouven Harich est poète et élève seul sa fille Noga et son fil Gaï, depuis que sa femme l'a quitté pour aller vivre en Allemagne. Il a une liaison avec Bronka, femme d'Ezra Berger. Lequel Ezra Berger séduira la jeune Noga, sous le nez du jeune Rami, qui voudrait devenir son petit ami.

L'auteur ne nous décrit donc pas une communauté idéale, mais des humains semblables à tous les autres, en proie à leurs pulsions, leurs émotions, se débrouillant comme ils le peuvent. Un drame va se nouer, dont nous nous demandons comment il pourra se résoudre. Les personnages en cause sont nombreux, chacun a son avis sur la question et cherche à apaiser les tensions, ou à les envenimer, c'est selon ..

Au cours de ma lecture, j'ai surtout apprécié la description de la vie au kibboutz, les menaces qui pèsent sur lui, la dureté du travail, l'histoire des uns et des autres. Je suis restée par contre plus extérieure au drame et à la tension qui monte jour après jour, peut-être à cause de la distance du narrateur inconnu. J'avais préféré "Entre amis" qui se passe aussi dans un kibboutz. L'écriture est superbe et les personnages complexes.
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L'auteur nous raconte la vie quotidienne d'un kibboutz à quelques kilomètres de la frontière jordanienne. À la lecture des premières lignes, on pourrait croire qu'il nous en fait une description idyllique et sereine, mais on comprend très vite que comme "ailleurs", les passions et les drames couvent et éclatent. Surtout, on est surpris de voir que la "médisance" est encouragée au sein de la communauté, le jugement d'autrui est autorisé pour pousser chacun à s'améliorer et toujours oeuvrer pour le bien du groupe...
Pourtant, à aucun moment Amos Oz ne juge ce choix de vie, il le décrit avec bienveillance, tolérance mais sans angélisme excessif.
La langue est très belle, très forte bien que traduite.
Grâce à ce livre, j'ai découvert et beaucoup apprécié cet écrivain.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Ezra estime qu'une guerre générale, avec toutes les armes modernes, n'est plus possible matériellement, non que se soit réalisée la prophétie d'Isaïe « Le loup cohabite avec l'agneau », il ne voudrait pas qu'on le prenne pour un naïf, mais tout bêtement parce qu'il n'y a plus d'agneau parmi les hommes. La seule possibilité restée aux hommes sera la cohabitation du loup avec le loup. Et pour une fois , ce n'est pas qu'une simple figure de rhétorique. […] Sa femme remarque qu'il suffirait d'un seul fou, et d'un seul, pour détruire l'humanité entière.
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Ne pas aimer la médisance, c’est avouer que l’on est incapable de comprendre, dans tout son ampleur, l’essence de notre vie en kibboutz. La médisance – ne faites pas ces yeux ronds – remplit, chez nous un rôle très important, très noble : elle contribue à sa façon à transformer le monde. Pour étayer cette théorie, nous nous permettrons de rappeler, au lecteur, le propos tenu par Reouven Harich: « notre raison d’être est de nous purifier ». Et, selon lui, le secret de cette purification, c’est que nous nous jugeons sans pitié , sans sympathie. Ici, chacun est juge et partie. Il n’est pas de faiblesse que nous puissions cacher longtemps au jugement d’autrui. Toute notre vie, on nous juge. A chaque instant. Il n’est pas de recoin secret. Voilà pourquoi chacun, au kibboutz est forcé de lutter contre sa nature. Pour se purifier. Nous nous polissons les uns les autres à l’image des galets d’un torrent. nous limons notre nature….. »

Puis tout s’emballe vers le milieu du roman. Le drame se noue quand Noga tombe enceinte. Enceinte à 16 ans, elle refuse d’avorter. Sera-t-elle jugée par les commères? Rejetée de la communauté? Choisira-t-elle de quitter le kibboutz, le pays pour suivre Siegfried Berger en Allemagne? Toute la communauté s’implique dans ce choix…..
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Il y a une certaine justice en ce monde, pour parler comme les philosophes, une certaine logique qui fait que l’intelligence ne va pas avec la bonté, et que la beauté et la bonté font chacune bande à part. Sinon, il y en a qui seraient parfaits, des créatures immaculées, et les autres, des cochons. Voilà pourquoi il a été décrété qu’une jolie femme aurait une cervelle d’oiseau.
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Plus tard, quand un léger vent d'ouest berce les arbres et soulage le village assoiffé, la famille Harich sort dans le jardin, sur la pelouse. C'est le moment que Reouven consacre à la lecture du journal. Gaï arrose consciencieusement les rosiers. Noga, tournant le dos à son père, fait de la broderie très fine. Si elle lève la tête et pose une question, qu'est-ce que Reouven pourra lui répondre ? Ses longues jambes sont repliées sous elle. Sa natte, tombant sur l'épaule gauche, va s'étaler sur sa poitrine. Ses jolis doigts s'affairent sur le tissu. Voilà une image paisible et tendre. Gardons-là précieusement dans notre coeur.
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Le crépuscule adoucit le tableau et fait du charme aux objets inertes, éparpillés dans la cour du kibboutz. Des ombres minces s'inclinent entre les maisons ; elles donnent aux arbres une lourdeur solennelle et atténuent la violence des angles formés par le tracé rectiligne du paysage. Les prairies ont l'air moins carrées qu'à l'ordinaire. Même les chemins bétonnés, sous le ballet mouvant des ombres, ont perdu leur agressivité coutumière de lignes droites. Alentour, les champs et les arbustes se soumettent à la caresse du vent frais, avec les gémissements d'une femme séduite ou séductrice. (p.75
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Vidéo de Amos Oz
1/10 Amos Oz : Ailleurs peut-être (France Culture - Adaptation radiophonique). Diffusion sur France Culture du 20 juin au 1er juillet 2016. Photographie : Arad. Amos Oz. 2004 © MICHA BAR AM / MAGNUM PHOTOS. La vie de tous les jours dans un kibboutz imaginaire des années 60, décrite par un des plus grands écrivains israéliens contemporains. Roman traduit de l’hébreu par Judith Kauffmann. Adaptation : Victoria Kaario. Réalisation : Jean-Matthieu Zahnd. Conseillère littéraire : Emmanuelle Chevrière. Ce feuilleton en dix épisodes est l’adaptation du premier roman d’Amos Oz, « Ailleurs peut-être », publié aux Éditions Gallimard. Amos Oz y dépeint la vie des membres d’un kibboutz imaginaire, celui de Metsoudat-Ram, dans les années soixante. Sur le fil d’une année, Ezra, Reouven, Bronka, Noga et les autres, s’aiment, se trompent, se quittent, font des enfants, légitimes ou pas. Et ces drames intimes qui jalonnent le récit n’entravent en rien la marche de la vie collective, rythmée tant par les célébrations communistes que par les rumeurs qui empoisonnent la vie des villageois. 1er épisode : Un village idyllique, Messieurs-dames 2ème épisode : Le charme de la banalité quotidienne 3ème épisode : Le Premier Mai 4ème épisode : Puissance du mal 5ème épisode : Deux femmes 6ème épisode : Soirées poétiques 7ème épisode : Un personnage diabolique 8ème épisode : Tu es à nous 9ème épisode : Idylle familiale 10ème épisode : Tableau final Avec : Violaine Schwartz, Quentin Baillot, Jean-Gabriel Nordmann, Evelyne Guimmara, Mohamed Rouabhi, Christine Culerier, Rebecca Stella, Nicolas Lê Quang et bien d’autres Bruitage : Sophie Bissantz Equipe de réalisation : Bernard Lagnel et Anil Bhosle Assistante de réalisation : Julie Gainet Source : France Culture
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