«
Ils ont abattu l'orme de la place » est un recueil composé de 45 récits courts (entre 2 et 5 pages) écrits pendant le premier confinement.
Le narrateur, je - il - elle, rend compte de ses déambulations dans la ville et dans la vie. le temps qu'il fait, le ciel, le soleil, les nuages, la pluie, la neige, le silence, les bruits, les odeurs, le chant des oiseaux, la chute régulières des marrons, des personnages familiers ou de rencontre accompagnent ces errances et donnent corps à ses impressions.
En exergue de chaque récit, une citation en souligne le propos ou s'en démarque.
On y trouve pêle-mêle, « la lune large et pâle »
De Maupassant ; les « roseaux aquatiques, les herbes de la berge, les petits bosquets de saule » de
Dino Buzzati ; le ciel de
Philippe Djian « ni rose ni honnête pour la peine », ; « Le ciel lisse comme une pierre de lavoir » de
Giono et sa route qui « sait généralement ce qu'elle fait » et qu'il « n'y a qu'à suivre ».
Sur les arbres sont perchés, le chardonneret de l'Evangile selon
Saint Marc de
Jorge Luis Borgès ; le chardonneret qui chante de
Eduardo Mendoza ; Adèle le passereau « trempé comme une soupe » de
Andréa Camilleri.
Dans les villes on retrouve ces foules qu'évoquent « Les tramways lourdement chargés » de
Joseph Roth ; mais aussi l'envie de fuir comme
Julien Gracq « Il y a un grand charme à quitter au petit matin une ville familière pour une destination ignorée » ; et « Les cafés qui éclatent d'atmosphère » de
Léon Paul Fargue.
Le narrateur a également rencontré
la femme de trente ans du XXème siècle, la même que celle décrite par
Balzac ; et ses propres Bouvard et Pécuchet…
La musique est un lien fort entre certains des récits, comme ces « mystérieuses résonances » empruntées à
Miguel Torga ou à la voix de Joséphine la cantatrice de Kafka.
Les souvenirs permettent de conserver ces choses familières bientôt disparues, qu'il est parfois impossible de garder en mémoire, comme ces « quelques mesures très connues qu'il n'arrive pas à identifier, justement parce qu'il les a trop entendues » de
Bernard Pingaud.
Ces différents récits rappellent, comme le dit
Michele Mari, que nous sommes qu'on le veuille ou non, « dilapidateur » de notre enfance…et responsables de la disparition de tous les signes qui constituent notre quotidien. Ces signes dans lesquels se réfugie notre âme et dont nous mesurons la disparition sans pouvoir rien y faire.
Espoir, fuite, nostalgie, regrets…et après ?