Ce petit recueil contient deux nouvelles : La voix de l'eau (1975), et le parc en haut de la montagne (1982) dont le point commun est la disparition d'un enfant. La nouvelle éponyme se déroule après l'annonce du décès tandis que la deuxième se situe pendant les recherches de la disparue.
La voix de l'eau :
"Un dimanche de beau temps pendant la saison des pluies, une petite fille de quatre ans s'est noyée dans un lac de retenue en pleine montagne, à trois kilomètres environ du grand ensemble où elle vivait."
4 mois après la mort accidentelle de Mariko, sa mère Shoko est contactée par une association qui fait de la prévention sur les dangers de la vie quotidienne qui peuvent menacer les enfants. Toujours choquée, en proie à de récurrents cauchemars, elle pense qu'on est "capable d'aller n'importe où pour échapper à la douleur de la perte d'un enfant." Recrutée comme bénévole, Shoko tente d'apaiser ses plaies en faisant preuve de beaucoup (trop) de zèle dans ses nouvelles attributions : distribution de tracts, porte à porte, mise en garde auprès des enfants et de leurs parents.
Le parc en haut de la montagne :
" La femme, après le départ de son mari, resta plantée là, les yeux rivés sur le sol. Il n'y avait pourtant pas de traces à cet endroit. Si sa petite fille avait été brûlée par le soleil, sans doute y serait-il resté au moins une tâche. "
Nous sommes dans une station de montagne durant l'été. Une petite fille de 2 ans tombe et fait un caprice. Elle réclame les bras de sa mère qui, impatiente, fait mine de rentrer à l'hôtel. Elle lui tourne le dos quelques instants. Quand elle se retourne, la petite n'est plus là. Disparue, des recherches sont entreprises.
Voilà donc deux nouvelles douce-amères autour de la mort et/ou de la disparition d'un enfant. Courtes, simples, sans grand effet de style, ces deux récits aborde un sujet difficile avec un certain détachement, presque de la froideur. Pas d'épanchement dégoulinant, pas de descriptions détaillées des sentiments mais une émotion qui n'en est pas moins palpable. le mal-être, la douleur de ces mères passent par de petites choses subtiles, des non-dits sous-jacents. Ces femmes basculent d'une certaine manière dans une autre dimension où le temps ne s'écoule plus de la même façon, où l'irréel pourrait faire irruption. Cette pudeur des sentiments donne finalement une grande force à ces récits.
Alors que l'association tente d'utiliser son deuil, Shoko tente de trouver rédemption dans un exutoire de bonnes actions préventives. Elle extériorise sa douleur par les gifles qu'elle distribue aux enfants imprudents.
La deuxième mère, dont nous ne connaîtrons pas le nom, présente de son côté une approche plus fataliste.
D'autres personnages gravitent autour de ces mères, particulièrement dans la deuxième nouvelle. Il rappelle que le monde ne s'arrête pas de tourner. Que la souffrance des uns n'efface pas la joie des autres, ni n'évite d'autres drames. L'un d'eux rappelle que "la douleur fait partie de la joie".
La voix de l'eau est un joli recueil qu'il ne faut pas avoir peur d'ouvrir. Son côté sombre est contrebalancé par sa simplicité et de petites touches évanescentes liées à la mort présente et inévitable. Deux histoires qui restent longtemps en tête et s'avère une excellente porte d'entrée pour découvrir
Kiyoko Murata, auteur du roman
le chaudron, adapté au cinéma par Kurosawa sous le titre Rhapsodie en Août.
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