Je n'avais encore jamais lu ce grand classique de la littérature anglaise que tout le monde connaît notamment grâce à Disney ou à
Steven Spielberg (j'ai beaucoup d'affection pour Hook et son
Peter Pan devenu adulte). Mais j'étais très curieuse de découvrir l'oeuvre originale et, quand j'ai vu passer la superbe édition illustrée de MinaLima (le célèbre duo de graphistes qui a notamment oeuvré sur les films Harry Potter), je me suis dit que c'était l'occasion.
Alexandra (Les Blablas de Tachan) et Audrey (Light and Smell) se sont jointes à moi pour une lecture commune qui nous a bien souvent enchantées. D'abord, on ne s'attendait pas à un texte aussi drôle. L'écriture est très libre et très fantaisiste. le narrateur, omniprésent, saute du coq à l'âne par moments, nous obligeant parfois à revenir en arrière pour vérifier qu'on n'a pas loupé un truc, ce qui pourrait être agaçant mais ajoute au charme de l'histoire en lui donnant un petit côté farfelu. On est clairement dans un récit destiné aux enfants, puisque les aventures que vivent Wendy, Peter et John aux côtés de
Peter Pan semblent sortir tout droit de notre enfance, quand on jouait à être des fées, des pirates, des Indiens ou encore… une maman. (Barrie nous dit bien pourtant que c'est un piège et qu'on croule sous les responsabilités ! ^^)
Mais là où l'oeuvre devient très forte, je trouve, c'est qu'elle montre qu'on a beau grandir, on continue de faire semblant de savoir ce qu'on fait (n'est-ce pas, monsieur Darling) ou de jouer un rôle dans lequel on se sent enfermé, comme James Crochet, qui se remémore de façon plutôt touchante l'enfant qu'il a été et les valeurs morales auxquelles il a renoncées. Dans
Peter Pan comme dans la vraie vie, les adultes sont bien plus perdus que les enfants parce qu'ils ont égaré, non pas leur ombre, mais leur imagination…
Mes camarades de lecture et moi nous sommes souvent extasiées sur la modernité du texte, bien plus critique que le dessin animé de Disney. Il convient cependant de signaler que la manière dont
J. M. Barrie dépeint la tribu de Lily la Tigresse et l'emploi du terme « Picanninies » sont problématiques et, pour le coup, très représentatifs du point de vue d'un auteur blanc vivant dans une puissance coloniale à son apogée. Si cela vous intéresse, je vous invite à lire The Racist History of
Peter Pan's Indian Tribe, un excellent artiste du Smithsonian Magazine sur le sujet.
Et si vous décidez de lire
Peter Pan à vos enfants, c'est une excellente occasion de leur expliquer comment on a tendance à « mal-traiter » les autres justement parce qu'ils sont « autres », à savoir différents de nous au niveau de leur couleur de peau ou de leur culture (mais pas que, évidemment). Les histoires servent justement à ouvrir l'esprit et à faire travailler l'imagination et la compréhension, et
Peter Pan, avec ses défauts et ses qualités, en est un parfait exemple.
Je ne peux terminer cette chronique sans mentionner la beauté de cette édition illustrée qui a le mérite de mettre en avant le côté à la fois farfelu et brillant de l'oeuvre. Ca a vraiment enrichi mon expérience de lecture, et j'achèterai probablement d'autres titres de la collection, en plus du Jardin Secret que j'ai commandé en même temps que
Peter Pan. (C'était impossible de résister, je l'aime trop, ce livre !)
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