Ayant adoré Les chroniques lunaires, il était impossible de passer à côté de
Gilded. Je n'avais aucune idée de quoi le roman parlait, mais je faisais confiance à
Marissa Meyer sur ce coup-là. J'avoue que j'apprécie de plus en plus ce genre de lecture quand je peux me le permettre. Les résumés ont tendance à spoiler beaucoup d'éléments maintenant, et même si j'en suis friandes, j'aime aussi garder un peu de mystère et de surprises. Et avec
Gilded, même si Serilda notre héroïne a eu du mal à trouver mon petit coeur, j'ai fini par plonger dans cet univers plutôt sombre où personne n'est à l'abri.
Comme je le disais, j'ai eu un peu de mal avec Serilda. Les personnages qui crient au loup... Ça me fait grincer des dents, surtout quand ils n'apprennent pas de leurs erreurs. Parce que Serilda adore raconter des histoires et qu'elle aime aussi rendre ses récits plus palpitants, changeant de version de ci, de là. Et si les plus jeunes adorent cela, les adultes eux le voient d'un tout autre oeil. Comment croire un seul des mots qui sortent de la bouche de la jeune femme ? Et nous savons tous qu'à un moment donné, notre héroïne va se retrouver face à de très gros soucis, ça lui pend au nez ne nous voilons pas la face. Et quand elle aura besoin de quelqu'un ? Qui la croira ?
Un peu agacée, certes, mais très curieuse. L'univers qui se construit autour de Serilda a de quoi charmer. Des dieux, des êtres des forêts, des créatures obscures, La chasse sauvage... avec un côté très sombre et parfois horrifique qui changent un peu de ce que l'on peut lire dans le même genre. Même si je n'aime pas voir les héros d'un roman souffrir, exploiter la noirceur typique des contes d'autrefois a quelque chose de plus réaliste en soi. Et j'avais hâte de voir jusqu'où l'auteur allait pousser cela. En modelant l'histoire de Rumplestiltskin pour en faire quelque chose de tout à fait différent, j'ai senti que j'allais accrocher et que très rapidement, je ne pourrais pas lâcher
Gilded. Ce qui s'est en effet passé.
Je ne dirais pas que Serilda a réussi à totalement me convaincre par contre. La jeune femme évolue, et on sent que la fibre héroïque qu'il y a en elle va conduire à pas mal de choses intéressantes, mais j'ai parfois eu du mal avec sa naïveté et son manque de maturité qui ne collent pas du tout avec son passif. Elle est dans l'action, du genre à réfléchir après, et bien entendu cela engendre des problèmes. A côté de cela, elle a aussi un très grand coeur et on ne peut pas la blâmer de vouloir enjoliver sa vie. Abandonnée par sa mère, considérée comme maudite par les villageois, ayant du mal à se conformer à ce que l'on attend d'elle... On peut la comprendre. Sa curiosité aide aussi à "l'enquête" qui se met en place. Je mets des guillemets, car personnellement, il n'y a eu aucun suspens pour moi à ce niveau-là. Mais l'élément ajoute une touche de mystère pour les personnages et les pousse à l'action. Je ne vais donc pas m'en plaindre. Là où Serilda se révèle, c'est avec Gild. Dès que le personnage apparait, il y a comme une nouvelle respiration dans le roman. Sa vulnérabilité est tout de suite touchante, tout comme son sarcasme. Il donne un très bon équilibre face à Serilda et les deux vont apprendre l'un de l'autre de la plus jolie des façons. Mon chouchou haut à la main de
Gilded.
L'intrigue est divisée en plusieurs parties, et petit à petit,
Marissa Meyer nous donne des pièces du puzzle qui nous permettent de grapiller des éléments qui nous permettent d'avoir une vue d'ensemble plus globale. Les enjeux deviennent aussi de plus en plus grand au fur et à mesure de la lecture. La fin nous laisse d'ailleurs vidé devant tous les obstacles que nos deux héros vont devoir affronter. L'ensemble est vraiment bien tourné. le roi des Aulnes, empereur de la chasse sauvage est aussi un antagoniste des plus réussi. Il est méchant jusqu'à la moëlle et n'a aucun problème avec cela. On ne sait jamais comment il va réagir, et j'adore cela. Ce n'est pas plaisant à lire certaines fois, mais assumer le monstre en lui ne nous donne aucun espoir. On retrouve le côté horrifique qui chamboule tout. Fort heureusement, il y a des passages plus sympathiques, je ne vais pas dire légers car rien ne l'est dans
Gilded, mais on peut respirer à certains moments.
Marissa Meyer prend aussi le temps de développer tout le mystère autour de Serilda. J'ai eu l'impression qu'on effleurait à peine tout cela, mais clairement, ma curiosité est attisée et quoi demander de plus.
J'ai été en apnée durant le dernier quart du roman. Tout se précipite et on a l'impression que nos héros ne vont jamais pouvoir s'en sortir. C'est sadique dans le bon sens du terme car clairement, je n'ai qu'une envie lire Cursed. Mais c'est aussi à double tranchant, car j'ai de très grandes attentes maintenant pour la fin de la duologie et j'espère ne pas être déçue.
Gilded a été une très bonne surprise malgré quelques éléments que j'ai moins appréciés. L'histoire est originale à souhait, et j'adore retrouver l'idée des Chroniques lunaires avec l'utilisation d'un conte pour la base du récit. le roman est sombre et cruel sans pour autant nous faire perdre espoir. J'ai aussi beaucoup aimé toute la mythologie ancrée à ce monde qui sort de l'ordinaire et qui donne un socle des plus solides à l'univers. On sent que l'auteur a travaillé cette partie-là et qu'elle la maîtrise. Je croise maintenant fort les doigts pour que la suite me plaise tout autant !
Un petit mot sur la traduction de
Gilded... on y est malheureusement habitué avec
De Saxus mais encore beaucoup trop d'erreurs : des mots oubliés, des pronoms inversés, des tournures de phrases qui ne veulent rien dire ou trop alambiquées, des mots que personne n'utilise... Et ça ne vient pas de l'auteur car c'est quelque chose que je n'avais pas du tout ressenti avec Les chroniques lunaires. C'est franchement dommage car devoir lire plusieurs fois une phrase pour la comprendre, c'est tout sauf agréable et cela casse la lecture.