Emilie, milieu de vingtaine, arrive chez ses grands-parents pour fêter, en famille, leur anniversaire de mariage : évènement joyeux, festif, familial, empli de douceur, de convivialité, de retrouvailles...
Sauf que des retrouvailles, il y en a une ... qu'elle n'aurait pas imaginé et qu'elle ne comprend pas.
A 9 ans, Emilie a été violée par son oncle, pendant des mois. Quand elle a eu le courage de se confier à sa mère, elle a eu la chance que ses parents la croient (ce n'est malheureusement pas toujours le cas), un procès a eu lieu, plusieurs victimes dans la famille d'ailleurs, le monstre s'étant attaqué aussi à sa propre fille...
Mais quelques années plus tard, l'anniversaire de mariage des grands-parents, évènement fédérateur, familial... il est là, à profiter tranquillement des festivités, au milieu de la famille, proche de sa propre fille qui lui a pardonné, après tout, la famille considère qu'il a payé sa dette, il a fait quelques mois de prison avec sursis et payé des dommages et intérêts, tout le monde à droit à une seconde chance, non ? Quand Emilie s'indigne, questionne "mais pourquoi il est la ?", personne (à part sa mère et son frère) ne comprend, elle non plus d'ailleurs ne comprend pas, avec cette sensation amère que sa famille l'a choisi lui...
Adapté de la propre histoire d'
Héloîse Martin, actrice, cette BD condense en une seule réunion familiale plusieurs fêtes où la jeune femme a du faire face à son agresseur, entre l'apéritif et le champagne, à se demander pourquoi, qu'est ce qu'il fait là, avant de couper les ponts avec sa famille, pour se préserver.
L'histoire est forte, les dessins, un peu naïfs, rendent bien l'atmosphère familiale empreinte de joie, de cette atmosphère festive qu'elle devrait avoir, avec les enfants qui jouent, les adultes qui plaisantent, ... mais aussi les reproches faits à Emilie, parce que le plus fort, c'est que c'est à elle que la famille reproche de vouloir "faire des histoires".
Je salue cette BD qui peut permettre, contrairement à son titre, d'ouvrir les yeux, parce qu'elle peut être lue justement par des ados, le dessin suggère et ne "montre" pas. Par contre, j'avoue avoir été perdue par les personnages qui pour moi se ressemblent un peu trop, même en ayant fini et vu le pédophile, je n'ai pas réussi à le repérer au début... mais c'est peut-être une volonté de la dessinatrice.
Je remercie NetGalley, les éditions Dupuis et les auteurs pour ce service presse.
Je suis de tout coeur avec Héloïse, pour sa résilience, son courage, et si je dois conclure, je dirais que je ne pardonne pas.